OPINIONS SUR LE VIF

Jumanji : bienvenue dans la jungle (Jake Kasdan, 2017).


Je m'attendait à une comédie d'aventure avec une morale bienveillante et positive et c'est ce que j'ai eu.

Par rapport au premier (Jake Kasdan, 1995), on perd la dimension tragique douce-amère (le temps passé dans le jeu de société est définitivement perdu IRL, ce qui n'est pas le cas dans le jeu vidéo). Et le dispositif est bien sûr à comparer avec eXistenZ (David Cronenberg, 1999), en particulier dans le traitement des PNJ et des actions obligatoires, ou, dans une moindre mesure, à Avalon (Mamoru Oshii, 2001) pour le jeu à missions et à niveaux. Bien sûr, dans Jumanji : bdlj, on n'a pas le côté expérimental mais on a quand même une certaine réflexion méta pas inintéressante : en particulier, dans eXistenZ, on est dans un bac à sable et les joueur·euses ne sont pas contraint·es par des archétypes et dans Avalon, l'archétype détermine les actions possibles mais les joueur·euses gardent la totale maîtrise du PJ.

Ici, on a des personnages archétypaux IRL (dans la pure veine hollywoodienne : le geek, la rebelle, le cancre membre de l'équipe de foot US, la blonde) qui se fondent dans d'autres archétypes (ceux du jeu vidéo) et c'est pas inintéressant. Et Jack Black jouant avec le caractère d'une blonde vaut le détour.

Les personnages jouent de manière méta, c'est-à-dire utilisent les règles du jeu à des fins de stratégie et par exemple, la mort n'est pas qu'un échec mais est aussi utilisée pour contourner des obstacles.

Bref, plutôt une bonne surprise.

Bumblebee, Travis Knight, 2018.


Le seul film potable de la licence Transformers. Putain, je me suis tapé les cinq Michael Bay, deux fois chacun. Faites des gosses qu'ils disaient. J'en ai encore les neurones qui saignent deux ans après. Là, c'est très potable. Pas démentiel mais un bon équilibre entre problèmes d'adolescent (sans en faire des caisses sur l'humour masturbatoire et sans bombasse les seins à la portière) et baston, en plus ça fait 30 minutes de moins que les autres bouses.

Et pis Optimus Prime, le peu qu'on le voit, ressemble à la version dessin animé.

Bref, celui-là vous pouvez y aller.

Pourquoi est-ce que tu t'es intéressé à transformers ? Raisons historiques, nostalgie ? Pourquoi s'être infligé un 5 supplices Deux fois ?

Pour faire plaisir aux enfants. La parentalité est un sacerdoce. En échange, je leur ai infligé Le Jour où la Terre s'arrêta, La Guerre des mondes et bientôt 2001

J'ai vu le premier Jumanji avec Dwane Johnson et j'ai été à la fois déçu (comme tu le dis c-dang, la perte de la dimension tragique, qui affadi grandement le propos) et plutôt surpris par l'aspect ludique, aventure décomplexée, qui offre un moment correcte de divertissement. Pas vu l'autre. Faut dire que j'étais allé au ciné pour le premier Transformer.

C-Dang a écrit:

En échange, je leur ai infligé Le Jour où la Terre s'arrêta, La Guerre des mondes et bientôt 2001

Les premiers en noir et blanc, hein, dis ?

Le Jour où la Terre s'arrêta de Robert Wise est en N&B, oui. Les autres sont en couleur (le technicolor date de 1916 et a commencé à décoller à la fin des années 1930, avec par exemple Blanche Neige en 1937).

Alors justement La Guerre des mondes, Byron Haskin, 1953.


C'est en fait un film apocalyptique, catastrophe, alors qu'on aurait pu s'attendre à un film d'action. Les martiens écrasent tout le monde, après une période de curiosité puis de sidération, le film bascule dans un épisode de survie (les deux héros se réfugient dans une maison en ruine) puis dans une dernière partie de désespoir (pillages, émeutes, fuite effrénée).

Il y a un fond religieux assez marqué.

Sinon, l'intro est assez amusante : des images d'archive des deux guerres mondiales puis une exploration des différentes planètes avec les connaissances de l'époque (on ne savait manifestement pas que les géantes gazeuses étaient gazeuses).

C'est un film assez court (1h25) mais avec un rythme pas très soutenu.

On s'est regardé Soul et Pete Docter (Pixar, 2021).


Le thème : Joe un prof de musique de collège, pianiste talentueux de jazz mais qui n'a jamais percé, meurt le jour où il doit justement accompagner une grande saxophoniste dans une boîte New-Yorkaise. Son âme refuse de disparaître dans le Grand Au-Delà et il se retrouve à tutorer l'âme n°22 qui, depuis l'aube de l'humanité, refuse de s'incarner et préfère rester dans le Grand Avant. Ils trouvent un accord : 22 accepte de se laisser tutorer et l'âme de Joe récupèrera son laisser-passer pour sortir du comas.

On est un peu dans la lignée de Vice-versa (du même, 2015) et de Coco (Lee Unkrich, 2017). Comme on connaît normalement le lancement du film (la mort du personnage principal), il y a un jeu pour savoir quand ça va arriver (et les occasions sont légion). Autre truc rigolo, les entités quantiques Michel et Terry sont dessinées à la manière de Cocteau, le côté légèrement cubiste retranscrivant la notion de superposition d'état. Et puis buis bien sûr du jazz.

Je suis un bon public pour les Pixar et du coup,il n'est pas au-dessus du lot mais je l'ai bien aimé.

Je n'ai vu que 5 Pixar (Toy Story, Les Indestructibles, Wall-E, Vice-versa, et Les Indestructibles 2), donc je ne sais pas si je suis, moi, un bon public avec les Pixar, mais je les avais tous trouvés plutôt bien, voir très bien. Wall-E et Les Indestructibles sont mes préférés. Mais j'avoue avoir au final peu accroché à Vice-versa, même s'il y a de très bons passages, indéniablement. Là, je dois bien reconnaître que le pitch ne me tente pas du tout.

Enfin vu Solo, a Star Wars Story (Ron Howard, 2018).


Un collage de films de genre pas désagréable — polar années 1970, film de guerre 2e GM, une pointe de western, et quand même un peu de Star Wars —, du fan service un peu trop appuyé par moments, une incohérence à la fin (si Darth Maul est encore vivant c'est qu'Anakin est encore enfant donc que l'écart d'âge entre han et Luke est d'au moins 30 ans). Ah, mais il paraît qu'en fait Darth Maul est ressuscité dans Clone Wars du coup ça pourrait coller, putain, faut vraiment suivre.

Clairement au-dessus des I-III et VII-IX, un peu en dessous de Rogue One (je ne comparerai pas avec IV-VI, j'ai pas le logiciel).

Vu aussi Beauté cachée (Colateral Beauty) (David Frankel, 2016)


Une palanquée de célébrités (Will Smith, Kate Winslet, Edward Norton, Helen Mirren, Michael Peña, Keira Knightley) au service d'un conte de Noël mélo. Howard (Will Smith) est un brillant directeur et fondateur d'une agence de com mais depuis la mort de sa fille, il se mure dans la construction de chutes de dominos. Comme certains gros clients n'acceptent de travailler qu'avec lui, l'agence périclite, seule une vente de l'agence permettrait de sauver les emplois, ce qu'Howard refuse.

Ses associés décident donc d'embaucher des actrices pour incarner ses démons, façon Ebenezer Scrooge. Mais les choses sont ambigües, entre psychothérapie sans consentement et manipulation pour le faire passer pour fou tandis que chacun affronte ses propres problèmes. Une pointe de fantastique version Todorov (on est encore dans le plausible réaliste mais avec une possibilité de surnaturel). Très propre et calibré mais aussi très bien joué (vu en VF), Will Smith en dépressif est assez étonnant.

Astre*Solitaire a écrit:

Par contre, je ne comprends pas ta remarque sur les IV-VI : j'ai pas le logiciel ?

Ça veut dire que mon cerveau est incapable de comparer quoi que ce soit avec la trilogie de base. Trop de subjectivité là-dedans. Solo comme les IV-VI ont des éléments positifs et des défauts mais ça serait limite impossible pour moi de dire que je préfère Solo ou Rogue One à la trilogie même si c'est peut-être le cas.

Happiness Therapy (Silver Lining Playbook), David O. Russell (2012)


Le titre VO, Silver Lining Playbook, signifie « carnet de tactiques pour avoir un rayon de soleil ». Le titre VF (sic !) signifie « thérapie du bonheur ».

Pat Solitano Jr. (Bradley Cooper) a été arrêté pour avoir agressé violemment l'amant de sa femme. Diagnostiqué bipolaire, il est interné en hôpital psychiatrique.

Huit mois plus tard, sa mère, Dolores (Jacki Weaver), le fait sortir pour l'héberger à la maison. Son père, Pat Sr. (Robert De Niro), est un parieur compulsif banni des stades de football US pour des bagarres multiples ; perclus de superstitions, il est persuadé que son fils est son porte-bonheur.

Sous la supervision de son psychiatre, le Dr. Patel (Anupam Kher), et de son officier de probation, l'officier Keogh (Dash Mihok), il tente de mettre en place des stratégies pour gérer ses accès de violence et avoir des rayons de soleil dans sa vie. Il se met aussi à lire et à faire du sport pour tenter de reconquérir sa femme Veronica (Julia Stiles).

Il rencontre Tiffany (Jennifer Lawrence) qui le convainc de préparer avec lui un concours de danse, en échange de quoi elle fera l'entremetteuse avec sa femme (qui est la meilleure amie de sa sœur). Ah oui, Tiffany est la veuve d'un policier et s'est consolée en couchant avec tous et toutes ses collègues, ce qui lui a valu un licenciement, et elle a à peu près aussi peu de filtres sociaux que Pat.

Cet environnement vous semble légèrement dysfonctionnel ? Alors rajoutons son pote d'HP, Danny (Chris Tucker), qui s'échappe régulièrement pour venir le voir avant de se faire repincer.

C'est un film éminemment positif comme savent le faire les états-uniens. D'après la propagande le documentaire en bonus, il a été très bien accueilli par les bipo et de manière générale les personnes souffrant de troubles du comportement parce qu'il donne une autre image des malades, sans pour autant gommer les accès de violence (mais en en montrant le mécanisme d'escalade).

Plein de bons sentiments mais pas désagréable.

Mazinger Z Infinity, Junji Shimizu (2017), 1h35


Avant le début du film : Koji Kabuto (Alcor) pilote Mazinger Z, Tetsuya Tsurugi (Antarès, frère adoptif de Koji) pilote Great Mazinger, Shiro Kabuto (frère cadet de Koji) pilote Robot Junior, Jun Hono pilote Venus A, Sayaka Yumi pilote Aphrodite A (Venus A et Aphrodite A, les Mazinger Angles, sont des robots à l'apparence féminine qui lancent des missiles par les seins, ah cette bonne vieille ambiance 70's), Boss et ses deux comparses Mucha et Nuke pilotent le Boss Robot. Ces mazin (robots géants) ont combattu et vaincu les mécamonstres du Dr. Hell (le général en chef de l'empire souterrain mycénien).

Après la guerre, Jun et Tetsuya se marient et Jun est enceinte. Koji a démissionné de l'armée et avec Sayaka, ils travaillent pour le projet de photo-énergie, une nouvelle source d'énergie qui a permis à l'Humanité de se redévelopper sans le pétrole et le nucléaire, au centre du mont Fuji (oui, ils ont excavé une partie du mont sacré pour se débarrasser du nucléaire, le symbole est fort) ; ils n'arrivent pas à fonder un couple, accaparés par leurs responsabilités. Boss et ses comparses ont ouvert un restaurant de ramen. Tetsuya et Shiro restent dans l'armée.

Début du film : lors des travaux du mont Fuji, les ouvriers mettent à jour Mazinger Infinity, un mazin gigantesque : le pilote serait de la taille de Mazinger Z. D'Infinity apparaît Lisa (Large Intelligence System Agent), une gynoïde dotée d'une intelligence artificielle. Cette découverte permet de faire des bonds technologiques. On se demande comment Mazinger Infinity a pu se retrouver là, une des hypothèses est une collision entre dimensions.

Et là : Dr. Hell n'est pas mort et les mécamonstres mycéniens attaquent. Tetsuya et Great Mazinger sont portés disparus, les mécamonstres prennent le dessus et imposent une paix à l'Humanité : ils ne veulent plus conquérir le monde, ils veulent juste pomper la photo-énergie et profiter de la vie à la surface de la Terre. L'ONU n'arrive pas à se mettre d'accord sur la réponse à faire à cet ultimatum et Koji et Sayaka flairent un marché de dupe, la photo-énergie pourrait activer le Goragon, la fusion des dimensions, et conduire à l'apocalypse.

Bon, alors : n'ayant pas suivi les séries (j'ai juste vu les moyens métrages du coffret AB), j'ai eu du mal à prendre pied avec tous ces personnages. Esthétiquement, ça oscille entre les mécamonstres aux couleurs flashy ambiance 70's et le traitement très moderne des Mazinger, le contraste est assumé et amusant. J'ai trouvé dommage que l'ambiance post-guerre n'ait pas été rendue de manière plus dure : on voit la ville ravagée et l'évacuation de la population, le désespoir des héros mais ça reste un peu trop propre. Sinon, on a de la baston de mecha en criant le nom des armes, ça c'est cool (disons que c'est dans le contrat, c'est pour ça qu'on regarde le film), et une dimension métaphysique (Akira a vraiment révolutionné le genre, ya pas à dire). Mais les noms d'arme sont en anglais et ça c'est dommage.

Au final, un bon moment mais il manque peu de chose pour que le film soit génial à mon goût.

Je ne suis pas du tout fan des zombies épileptiques que l'on peut voir dans la plupart des films du genre récent, mais le dernier train pour Busan a été pour moi une vraie bonne surprise. Plus qu'un film de contaminés basique on est avant tout dans le drame et la lâcheté humaine. De ce que l'être humain peut faire de pire (la lâcheté, la haine) et de meilleur (l'entraide, la solidarité) c'est très bien retranscrit dans ce film.
Après contrairement à ce qu'a dit Astre pour moi on peut clairement s'attacher à certains personnages (les deux vielles, l'enfant, le couple des jeunes). C'est l'un des meilleurs films de zombies de ces dernières années, apprécié par les amoureux du cinéma horrifique. Enfin le huis clos dans le train, tient en haleine, avec le suspense et les rebondissements qu'il faut.
Si je devais le noter ce serait un très bon 16/20.

Ouaip, mes trois lignes c'est ici et je suis d'accord avec vous deux.

Astre*Solitaire a écrit:

Pourquoi ne pas faire un film de momies karatékas tant qu'on y est !

Bah, t'as pas vu la scène du cimetière dans Braindead ?

C'est pas des momies certes, et non c'est une scène bien avant la tondeuse : avec le prêtre dans le cimetière de l'église. Let's call for divine intervention!

Sinon, dans Evil Dead 3, Ash enseigne aussi des mouvements de king fu aux fantassins.

C'est effectivement un point de vue qui se défend Astre et une question de goût et de ressenti personnel. Perso à la base les films de Zombies coureurs épileptiques c'est pas mon délire, mais avec le Dernier train pour Busan j'ai bien accroché. Après j'ai toujours apprécié les films se déroulant dans les moyens de locomotion (train, bateau, avion) ça donne souvent des huis clos intéressants. Et en plus on voyage, partant d'un point A vers un point B. Avec Busan pour moi on est avant tout dans le drame humain plus que dans la satire sociale. Le ton est avant tout dramatique, désespéré, presque nihiliste sur la nature humaine, seul point positif la fin.
Et puis j'aime bien le cinéma coréen, un cinéma qui sait se renouveler, prendre des risques, et nous sortir des petites petites.

C'est peut être aussi pour ça que tu n'as pas accroché avec ce film.

Le cinéma asiatique et notamment coréen est particulier, c'est un cinéma avec certains genres, approches, tons, couleurs, sonorités, et style de jeu dont on a pas forcément l'habitude chez nous, ça peu rebuter parfois.

On est plus habitué par le cinéma français et américain, alors si on est pas accoutumé au cinéma asiatique ça peut décontenancer et faire sortir du film.

Vu Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - Le film : Le train de l'Infini (Haruo Sotozaki, 2020).


Tiré d'un manga et une série animée dont le thème est : durant l'ère Taisho (1912-1926), des démons (oni) attaquent et tuent les humains, mais ils ne peuvent agir que la nuit car ils sont tués par la lumière du soleil ; ils sont dirigés par les Douze Lunes démoniaques. L'humanité est défendue par les Pourfendeurs de démons ; ils sont encadrés par les Piliers.

Thème du film : trois Pourfendeurs sont envoyés seconder le Pilier de la flamme pour défendre un train de nuit régulièrement attaqué :

• Tanjiro a vu sa famille massacrée par des démons, il est le seul survivant avec sa sœur Nezuko mais celle-ci s'est transformée en démon, il la transporte donc dans une boîte sur son dos ;
  
• Inosuke est un enfant sauvage élevé par des sangliers dans la forêt ; il porte en permanence un masque de sanglier ;
  
• Zenitsu est le petit fils de l'ancien Pilier de la foudre mais est plutôt lâche et manque de confiance en lui ;
  
• Rengoku est le Pilier de la flamme.
  

NB : Le titre japonais comporte un jeu de mots entre « 無限 » (mugen) qui signifie « infini » et « 夢限 » (mugen également) qui signifie « la limite des rêves ». Le premier terme est utilisé pour le titre du film, le second est inscrit sur les tickets du train.


Le film : esthétiquement, on oscille entre des décors photo-réalistes et des personnages typés bande dessinée, avec parfois des représentations caricaturales des émotions. Étonnamment, je trouve que l'articulation fonctionne plutôt bien, sous la forme de parenthèses humoristiques. Point de vue rythme, on a une situation qui prend le temps de s'implanter et l'on a des ruptures de rythme détonantes, typiquement une scène de combat débridée interrompue par une analepse (flash back) zen ou le monologue du méchant qui s'étire sur le toit du train. Moralement, on a du tragique et du sacrifice, de la faiblesse et du renoncement.

J'ai plutôt bien adhéré au dispositif et mes enfants (11 et 14 ans) ont été emballés.