Alors, la Dark Fantasy, j'aime. Beaucoup même. Mais à petites doses...
Je n'aime pas le concept de décadence, de pourissement, de décrépitude. Peur inconsciente de vieillir, de mourir ? Sans doute. J'aime les mondes jeunes et sauvages, les héros débordant de vitalité, les héroines pulpeuses aux formes pleines et voluptueuses, les grandes chevauchées impétueuses remplies de vent et de ciel pur...
On comprendra donc que la Dark Fantasy... Pourtant, j'adore les récits de Smith. C'est somptueux, immersif, envoûtant. Rien que la sonorité des noms, des mots, ses tournures archaïques sont une invitation au plus vénéneux des voyages. Et puis, il y a cette tentation de se rouler dans le stupre et l'or, de briser les interdits, de s'adonner à la luxure, aux plaisirs. Un peu comme une sage jeune fille qui ose se lâcher pour un soir.
C'est païen, flamboyant, envoûtant comme le charme du serpent tentateur. Allez, on se dit que pour une fois, on va se rouler dans la soie et l'or, s'adonner à l'orgie et aux excès dans un monde de pourpre et d'or. "J'aime le mot de décadence, tout ruissellant de pourpre et d'or" écrivait Verlaine. On reste fasciné par ces cités crépusculaires, ces caveaux oubliés où rodent de mystérieux occupants, ces mondes millénaires qui agonisent sous des soleils presque éteints... On se dit que puisqu'il faut en finir, autant partir en beauté. C'est la fin, mais c'est beau. C'est la mort, mais c'est beau.
C'est tout ça que je ressens avec la Dark Fantasy en général et l'oeuvre de Smith en particulier : la tentation de l'interdit, un monde qui n'est pas le mien et qui justement à cause de ça, m'attire irrésistiblement. Les fameux "opposés complémentaires" sans doute.
La Dark Fantasy n'est pas mon univers, mais j'y plonge toujours avec délices.