LE MONDE MEDIEVAL

Extraits des Vies des Troubadours

• Gaucelm Faidit était d’un bourg qui a nom Uzerche dans l’évêché de Limousin. Il était fils d’un bourgeois.
Il chantait pis que personne au monde, mais il composa beaucoup de bonnes mélodies et de bons vers. Et il se fit chanteur ( joglar ) pour avoir perdu tout son avoir au jeu de dés.
C’était un homme de grande taille et très glouton de manger et de boire, aussi devint-il gros outre mesure.
Pendant longtemps il fut très malheureux, marchant vingt ans de par le monde sans recevoir ni dons ni honneurs, car ni lui ni ses chansons n’étaient estimés ni appréciés.
Il épousa une prostituée qu’il emmena longtemps avec lui à travers les cours, et qui s’appelait Guillelma la Nonne. Elle était très belle et très instruite, mais elle devint aussi grosse et grasse que lui. Et elle était d’un riche bourg nommé Alès, dans la marche de Provence, dans la seigneurie de Bernard d’Anduze.
Et finalement messire Boniface de Montferrat donna des vêtements et des biens à Gaucelm, et témoigna de son estime pour lui et ses chansons.

• Guillem de Berguedan était un noble baron de Catalogne, vicomte de Berguedan, seigneur de Madorna et de Riechs, bon chevalier et bon guerrier.
Et il eut une grande guerre contre Raimon Folc de Cardona, qui était plus riche et plus puissant que lui. Et un jour [ après cette guerre ] il advint que Guillem se trouva avec Raimon Folc et le tua perfidement. Et pour cela il fut dépossédé de ses biens.
Ses parents le soutinrent longtemps, mais à la fin ils l’abandonnèrent tous parce qu’il les déshonorait tous, les uns avec leur femme, les autres avec leur fille ou leur sœur. De sorte que nul ne voulut plus le soutenir, sauf Arnaut de Castelbon, qui était un vaillant homme, noble et puissant, de cette contrée.
Guillem composa de bons sirventes où il disait du mal des uns et du bien des autres, et où il se vantait de touts les dames qui acceptaient son amour. Il eut beaucoup d’aventures d’armes et de dames, et aussi de grandes mésaventures. Puis un valet le tua.

• Guillem Figuera naquit à Toulouse; fils de tailleur, il fut tailleur lui-même.
Et quand les Français occupèrent Toulouse, Guillem s’en alla en Lombardie. Il savait bien trouver et chanter, et devint chanteur parmi les citadins. Ce n’était pas un homme qui savait s’introduire et demeurer chez les barons ou les gens de qualité; mais il était très bien accueilli par les ribauds, les prostituées, les aubergistes et les taverniers. Et s’il voyait un homme de cour ( bon hom de cort ), il devenait triste et malheureux; et aussitôt il s’efforçait de le rabaisser et d’exalter les ribauds.

• Jaufré Rudel de Blaye fut un homme de très grande noblesse, et prince de Blaye.
Et il devint amoureux de la comtesse de Tripoli sans la voir, pour le grand bien qu’il entendit les pèlerins d’Antioche dire d’elle. Et il fit sur elle beaucoup de poèmes, de belle mélodie, mais de mots très simples ( ab bon sons, ab paubres mots ).
Et voulant la voir, il se croisa et partit sur la mer. Mais par malheur il tomba malade sur le navire, et il fut conduit à Tripoli, comme mort, dans une auberge.  Et on le fit savoir à la comtesse et elle vint à lui, près de son lit, et le prit dans ses bras.
Et il sut que c’était la comtesse et aussitôt il recouvra l’ouïe et la vue, et il loua Dieu qui l’avait maintenu en vie assez longtemps pour la voir; et il mourut entre ses bras. Et elle le fit ensevelir avec honneur dans la maison des Templiers; puis elle se fit nonne à cause de la douleur qu’elle éprouva de sa mort.

• Peire Vidal était de Toulouse, fils d’un pelletier. Il chantait mieux que personne au monde. Ce fut un des hommes les plus fous qu’il y eut jamais au monde, car il croyait vrai tout ce qui lui plaisait et qu’il désirait. Il trouvait plus facilement que personne au monde et ce fut lui qui composa les plus riches mélodies et dit les plus énormes folie en fait d’armes, d’amour et de médisance. Et véritablement un chevalier de Saint-Gilles lui fit tailler la langue pour avoir dit qu’il était l’amant de sa femme; et Uc des Baux le fit soigner.
Et quand il fut guéri, il s’en alla Outre-Mer. À Chypre il épousa une Grecque, et on lui fit croire qu’elle était nièce de l’empereur de Constantinople et qu’ainsi il avait droit à l’empire. Et donc il dépensa tout ce qu’il avait à armer une petite flotte, avec laquelle il pensait conquérir l’empire. Et il portait les armes impériales et se faisait appeler empereur, et sa femme impératrice.
Et il courtisa toutes les nobles dames qu’il voyait et les priait toutes d’amour; toutes lui disaient de faire et de dire ce qu’il voulait. De sorte qu’il se croyait  l’amant de toutes et que toutes mouraient d’amour pur lui. Il menait toujours de riches destriers, portait de riches armes, et un trône impérial. Et il se croyait le meilleur chevalier du monde et le plus aimé des femmes.

• Raimon de Durfort et Turc Malec furent deux chevaliers du Quercy qui composèrent des sirventes à propos d’une dame nommée dame Aïa, celle qui avait dit au chevalier de Cornil qu’elle ne l’aimerait point s’il ne lui cornait au derrière ( si el no la cornava el cul )

Etonnante galerie ! Après, quelle est la part de fable et la part de vérité dans ces descriptions...

Voyageur Solitaire a écrit:

Etonnante galerie ! Après, quelle est la part de fable et la part de vérité dans ces descriptions...

Il y avait un véritable "star-system" autour des troubadours, comme il en existait un avec les gladiateurs à Rome.

Nombre de rois, d'empereurs, de seigneurs locaux, étaient prêt à débourser des fortunes pour s'offrir les services d'un troubadour réputé. Parce que la réputation d'un seigneur ne se faisait pas seulement sur le champ de bataille mais aussi dans la manière d'organiser ses fêtes et ses spectacles. Alors avoir le numéro 1 des troubadours de l'époque, c'était un "plus" non négligeable.

L'ENIGME DE LA MORT DU ROI EDOUARD II D'ANGLETERRE

Pour les chroniqueurs du temps, il fut assassiné dans son cachot à Berkeley, en 1327. Trente ans après sa mort, d'horribles supplices furent même rajoutés aux récits.

Mais, dans les années 1990, la découverte, dans un cartulaire d'une note écrite par un prêtre génois (de surcroît notaire pontifical) qui aurait confessé, beaucoup plus tard, Edouard, pourrait remettre ce fait en cause.

En effet, ce dernier se serait enfui de sa prison en tuant un gardien dont le cadavre aurait été enterré à sa place. Il aurait ensuite gagné l'Irlande, la France, puis Cologne et enfin les Alpes italiennes où il aurait fini ses jours comme ermite.
Le récit est frappant de détails et l'on ne voit pas ce que ce prêtre aurait gagné à inventer une telle histoire. De plus, les meurtriers présumés du père d'Edouard III n'ont jamais été ni condamnés ni même poursuivis.

Alors ?

Beaucoup de légendes courent sur la fin de certains rois. Ainsi, une rumeur tenace prétend que Saint Louis ne serait pas mort de maladie en terre sainte : las de régner, il se serait secrètement entendu avec le sultan et retiré comme hermite en un lieu secret. Ce genre de rumeurs participe toujours à la légende de ces personnages...

On sait qu’entre autres activités le roi d’Angleterre Henri II a fait la guerre au comte de Toulouse Raymond V de 1168 à 1173; la chose a plutôt tourné à la déconfiture du comte, d’autant que le roi d’Aragon Alphonse II « le Chaste » en profitait pour recevoir l’hommage de plusieurs seigneurs en France tels que les vicomtes de Béziers et Carcassonne ou la vicomtesse de Narbonne. Voulant asseoir sa domination une bonne fois, Henri II proposa qu’ait lieu à Beaucaire ( appartenant au comte de Toulouse ), en 1172, une cour plénière où les trois pourraient se réconcilier.

Malheureusement, le comte vint seul au rendez-vous, les deux rois s’étant trouvé mieux à faire. Pour Henri, il avait il me semble à régler l’affaire Becket avec le pape; quant à Alphonse, le dernier comte de Roussillon venait de mourir sans enfants en lui léguant son comté.

À défaut d’autre chose, ce fut une fête magnifique et un grand rassemblement de nobles de tout le sud de la France dont chacun s’efforçait d’impressionner les autres par sa suite nombreuse et somptueuse. Raymond V voulait faire les choses en grand et plusieurs, pris dans l’ivresse de la compétition et de la fête, rivalisèrent de folle prodigalité.
• Raymond V ayant fait un don de cent mille sols à Raymond d’Agout, celui-ci les distribua sur-le-champ à l’assistance, soit ( dit-on ) près de dix mille chevaliers.
• Bertrand Raimbaud fit labourer tous les environs du château par douze paires de bœufs, et y fit semer trente mille sols en deniers, prenant grand plaisir à voir la foule se disputer avec acharnement cette aumône d’un nouveau genre.
• Guillaume-Gros-Martel, dont la suite se composait de 500 chevaliers ( d’autres disent 300 ), fit préparer tous les mets de sa cuisine au feu de flambeaux de cire.
• Raymond de Venous fit brûler vifs, devant toute l’assemblée, trente de ses chevaux.

C’est là une illustration assez extrême du rapport de la noblesse à l’argent à cette époque.

Pour ce qui est de la politique, Raymond V dut se reconnaître vassal de Henri II en 1173; en 1176, il faisait par traité d’importantes concessions à Alphonse d’Aragon en retour d’une grosse somme dont il devait avoir besoin…

Voyageur Solitaire a écrit:

Beaucoup de légendes courent sur la fin de certains rois. Ainsi, une rumeur tenace prétend que Saint Louis ne serait pas mort de maladie en terre sainte : las de régner, il se serait secrètement entendu avec le sultan et retiré comme hermite en un lieu secret. Ce genre de rumeurs participe toujours à la légende de ces personnages...

Tous les personnages qui eurent un certain charisme ou qui accomplirent de hauts faits dans l'histoire, ont donné lieu à ce genre de légendes sur leur compte.

Ainsi, Frédéric Barberousse ne serait pas mort en Orient noyé dans une rivière qu'il tentait de traverser, mais continuerait de dormir au sein d'une montagne en attendant de se réveiller.

Et que dire aussi du roi Arthur, vérité ou légende d'ailleurs, qui, comme Barberousse, attendrait en sommeil dans sa grotte pour conduire un jour le peuple Breton à la victoire ?
D'ailleurs, à ce propos, il n'est pas exclu que l'histoire du roi Arthur ne soit que pure propagande galloise, inventée au XIIIe siècle, pour des motifs politiques.

Dans les temps antiques, également, on a jamais retrouvé la tombe ni le corps d'Alexandre le Grand. Ce qui a laissé libre cours à toutes les imaginations et autres fantasmes.

Maintenant, concernant le roi Edouard II d'Angleterre, c'est certainement plausible, même s'il est difficile d'imaginer un roi déchu s'enfuir, même en secret, de sa prison et voyager sur tout le continent, après franchi les mers, incognito et venir se réfugier dans des grottes des Alpes italiennes...

C'est dégueulasse le coup des 30 chevaux brûlés ! Pauvres bêtes... Il avait oublié la viande pour le barbecue ou quoi ?

Le saviez-vous ? Certains historiens affirment que saint Louis descend à la 21e génération du prophète Mahomet. Voici la lignée :

http://roglo.eu/roglo?lang=fr;em=R;ei=3520653;et=S;color=;i=959828

Si cette lignée était vraie, ce serait très politiquement correct !

Ce qui est étonnant au vu de cet arbre généalogique, c'est qu'ils arrivent à se reproduire sans femme...
Blague à part, je me demande quel crédit on peut apporter à ce genre d'arbre...

D'autant qu'il n'y a aucune preuve crédible de l'existence véridique de Mahomet. Or sans registre je ne vois pas comment on pourrait prouver son existence. Les sources premières de la vie de Mahomet se trouvent principalement dans des textes hagiographiques d'historiens musulmans qui datent du IXe et Xe siècles. Soit plus de deux siècles après sa mort.
Historiquement ça reste vague et flou, comme souvent avec les prophètes et autres messies.

Je n'accorde que peu de crédibilité à ce genre d'arbre généalogique, qui se veut plus dans le sensationnel qu'autre chose.  Un peu comme la merde du da vinci code et la descendance des mérovingiens avec Jésus.  Bref du grand n'importe quoi historiquement.

La clef de l'interconnexion arabo-européenne réside dans le mariage en l'an 845 du roi de Navarre Fortún Garcés avec la princesse Aurea. Qui était la princesse Aurea ? Certains disent que c'était la petite-fille de Musa ibn Musa Banu Qasi. Si c'est le cas, alors saint Louis descend de Mahomet : les Banu Qasi descendent des Omeyyades, qui descendent d'une fille de Mahomet ; le couple Fortún Garcés-Aurea a, parmi ses descendants, Blanche de Castille, la mère de saint Louis.

Certains remettent en cause l'origine Banu Qasi de la princesse Aurea.

La page Wikipédia consacrée à Fortún Garcés propose des hypothèses sur l'identité de cette Aurea.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fort%C3%BAn_de_Navarre

Pour avoir la lignée de Mahomet à saint Louis avec les conjoints, c'est ici :

http://roglo.eu/roglo?lang=fr&em=R&ei=959828&m=NG&select=input&n=Mahomet&t=PN&spouse=on&bd=0&color=&et=S

Je n'ai plus le lien, mais j'avais été bluffé : que ce soit M. Hollande, Louis XIV, Saint Louis, Mahomet, Jésus ou encore Moïse, ils descendent tous à la 30 000e génération de Lucy...
M'enfin !

Astre*Solitaire a écrit:

Je n'ai plus le lien, mais j'avais été bluffé : que ce soit M. Hollande, Louis XIV, Saint Louis, Mahomet, Jésus ou encore Moïse, ils descendent tous à la 30 000e génération de Lucy...
M'enfin !

Aujourd'hui beaucoup de scientifiques remettent en cause l'affiliation de Lucy à la branche la plus ancienne de l'humanité.

En fait, l'australopithèque serait une sorte d'espèce hybride de primate. D'autant que l'on a trouvé d'autres squelettes qui pourraient aussi être nos ancêtres communs.

Henri le Navigateur

Henri le Navigateur, Infante Dom Henrique (4 mars 1394 - 13 novembre 1460), prince du Portugal, est souvent considéré comme la figure la plus importante du début de l'expansion coloniale européenne. Il est le troisième fils de Jean Ier de Portugal, le fondateur de la dynastie d'Aviz. Sa mère est Philippa de Lancastre, fille de Jean de Gand et soeur d'Henri IV d'Angleterre. Henri le Navigateur ne s'est jamais marié et n'a pas eu de descendance.

En 1414, alors qu'il n'avait que 20 ans, on signale qu'il convainquit son père de monter une campagne pour prendre le port de Ceuta aux musulmans. Des pirates maures harcelaient en effet les côtes sud du Portugal depuis ce port, vendant les habitants sur les marchés aux esclaves. Ce fut fait en août de l'année suivante et Henri vit alors les biens apportés par les routes commerciales du Sahara dont Ceuta était une étape. Ces échanges ne passèrent alors plus par cette ville, mais cela suscita chez Henri le désir d'avoir sa part de cette richesse. Il était par ailleurs également inspiré par la légende du Prêtre Jean.

Selon João de Barros, il commença à repeupler en 1416 un village, Terçanabal, sur la péninsule de Sagres dans l'extrême Sud-Ouest du Portugal. Ce village, qui sera bientôt appelé Vila do Infante (la ville du prince), devint rapidement une base de haute technologie (pour l'époque) avec un arsenal naval, un observatoire, ainsi qu'ensuite une école pour l'étude de la géographie et la navigation. Jehuda Cresques, un cartographe connu y fut invité et compila les connaissances ; il y obtint un poste permanent. Le port proche de Lagos fournit un abri pratique et devint un centre de construction navale. En 1419, il fut nommé gouverneur de l'Algarve, la province où se trouve Sagres.
Le premier fruit de cet effort fut la redécouverte de l'archipel de Madère par João Gonçalves Zarco et Tristão Vaz Teixeira, qui fut colonisé par les Portugais.

Le 25 mai 1420, Henri fut nommé le gouverneur du très riche Ordre du Christ, le successeur portugais des chevaliers du Temple dont le siège était à Tomar. Il gardera ce poste toute sa vie. Cette place fut importante pour les revenus qu'elle conférait, et fut nécessaire aux explorations et campagnes menées par le prince. Il convient également d'ajouter que, le temps passant, il devint de plus en plus dévot.
De plus, quand son père Jean Ier mourut, le fils aîné de celui-ci, Édouard, devint roi et versa à Henri un cinquième de tous les profits du commerce dans les zones découvertes ainsi que le droit exclusif d'autoriser des expéditions au-delà du cap Bojador. Il détenait également divers monopoles en Algarve.



En 1427, l'un de ses navigateurs découvrit les Açores, peut-être Gonçalo Velho Cabral ou Diogo De Silves. Elles furent rapidement colonisées, mais leur reconnaissance complète se déroula jusqu'en 1452.

Jusqu'à Henri, le cap Bojador était le point le plus méridional de la côte de l'Afrique connu des Européens. Gil Eanes, le commandant de l'une des expéditions d'Henri, fut le premier européen répertorié à l'avoir passé en 1434.
Quand Édouard mourut cinq ans plus tard, Henri soutint son frère Pedro pour la régence, pendant la minorité d'Alphonse V, et il reçut la confirmation de ses privilèges. Il fit mettre au point un nouveau type de navire, la caravelle, qui permit d'aller plus loin. Le Cap Blanc fut atteint en 1441 par Nuno Tristão et Antão Gonçalves. La Baie d'Arguin fut en vue en 1443, et l'on y édifia un fort important en 1448.

Dinis Dias rencontra bientôt le fleuve Sénégal et passa le Cap-Vert en 1444. Alors la frontière sud du désert avait été franchie et ensuite Henri eut un de ses souhaits exaucé : les lignes commerciales contrôlées par les musulmans étaient contournées et l'or et les esclaves devinrent rapidement disponibles.

À partir de 1452, l'arrivée de l'or était suffisante pour que les premiers cruzados pussent être frappés. La même année, Henri le navigateur missionne le navigateur portugais Diego de Teive, pour aller découvrir et reconnaître la mythique île d'Antilia qu'on imagine située au-delà de l'archipel des Açores.
En 1460, le rayon d'action s'étendait jusqu'à l'actuelle Sierra Leone.

Henri fut aussi le principal organisateur d'une attaque sur Tanger en 1437. Ce fut un échec désastreux et son plus jeune frère Ferdinand fut capturé et mourut en captivité onze années plus tard. La réputation militaire d'Henri en souffrit et il se concentra sur ses explorations et dans la politique de la cour du Portugal.

Henri le navigateur mourut entouré de la vénération générale. On a de lui une longue lettre de sa jeunesse (22 septembre 1428), très intéressante pour connaître l'état de la cour brillante des rois du Portugal au début du XVe siècle.

L'impact d'Henri sur l'Histoire est très important, ayant déclenché l'intérêt des Européens pour la colonisation (intérêt renforcé par la perte de Constantinople, en 1453) qui transformeront le monde pendant les quatre siècles suivants. L'école de Sagres permit le progrès dans plusieurs domaines de l'art de la navigation.

Moins de trente ans après sa mort, le cap de Bonne-Espérance fut passé et Vasco de Gama atteignit l'Inde la décennie suivante.

Il ne fut jamais roi et pourtant il est plus connu que son père, Jean Ier. Il faut dire que ce dernier lui faisait confiance dans son projet.

Effectivement, il était membre de l'Ordre du Christ - ex-Templiers. Et on dit même que les grands voyages de découverte furent planifiés et organisés avec l'argent du Temple.

C'est la revanche de 1314 ...

Toujours cette légende du Prêtre Jean... Elle aura décidément été l'inspiratrice des rêves et projets les plus fous...

Voyageur Solitaire a écrit:

Toujours cette légende du Prêtre Jean... Elle aura décidément été l'inspiratrice des rêves et projets les plus fous...

Mais le royaume du Prêtre Jean a existé puisque c'était l'Ethiopie. Comme quoi cette légende n'était pas vraiment dénuée de fondement.

Après, cela ne correspondait peut-être pas vraiment à ce qu'ils s'étaient imaginés...

Si vous n'étiez pas sage, au moyen age, on vous emmenait vous faire pendre à Montfaucon...


La butte sur laquelle s'élevait le célèbre gibet, dont on a à tort attribué la construction à Enguerrand de Marigny, était située à l'extrêmité du faubourg Saint-Martin, à Paris.

Une rampe de fer, fermée par une porte solide, conduisait à une plate-forme où se dressaient des piliers unis entre eux par des poutres de bois.
Aux poutres étaient fixées des chaînes de fer destinées à supporter les pendus.
Au centre de la plate-forme, une sorte de cave servait de charnier aux corps.

En avant s'élevait une croix devant laquelle les condamnés étaient confessés in extremis par les moines qui les accompagnaient ordinairement au supplice.

LA BATAILLE DE ROOSEBEKE (1382)

Les Gantois, révoltés contre Louis de Mâle, comte de Flandre, qui avait favorisé les Brugeois, prirent pour chef le fils du célèbre Jacques Artevelde, Philippe, et occupèrent Bruges.

Ces insurgés, en signe de reconnaissance, portaient un chaperon blanc avec pour devise : "Aide-toi, le ciel t'aidera."


Le comte, obligé de fuir, invoqua le secours de son gendre, le redoutable Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. En outre, ce dernier avait des droits éventuels à la succesion de Flandre.

Les deux armées se rencontrèrent dans une vaste plaine, entre Roosebeke et Courtrai. Les Flamands, peu familiarisés avec les mouvements stratégiques, s'étaient rangés en bataille dans l'ordre des différents métiers dont les symboles se déployaient sur leurs bannières. En même temps, ils n'avaient formé de tous ces corps qu'un seul bataillon dont la masse énorme, dans leur pensée, devait broyer les chevaliers.


En face d'eux, le connétable de France, Olivier de Clisson, commence à diviser ses troupes en trois corps, qui devaient assaillir les Flamands de plusieurs côtés à la fois. Puis il ordonne à Pierre de Villiers de déployer l'oriflamme, et aussitôt la bataille s'engage avec le plus furieux acharnement.

Les Flamands reçurent leurs ennemis sans reculer et ouvrirent sur eux le feu de leurs bombardes. Pour ne point se laisser entamer, ils s'étaient attachés les uns aux autres mais sans comprendre, qu'en faisant cela, ils enchaînaient aussi leur liberté de mouvement et se condamnaient à une destruction complète.

Ce bloc humain résista pendant quelque temps aux assauts furieux de la chevalerie franco-bourguignonne. Mais une multitude indisciplinée et sans ordre ne peut, à la longue, résister à une machine de guerre bien huilée et expérimentée. Forcés de se serrer de plus en plus les uns contre les autres, se heurtant mutuellement et paralysant leurs mouvements respectifs, cernés de tous côtés, ils furent tués, massacrés sans pitié ou périrent étouffés, écrasés sous les sabots des chevaux.

La masse finit par rompre. Et tous ceux qui n'étaient pas tombés sous la hache d'arme des chevaliers cherchèrent leur salut dans la fuite. Mais ils laissèrent 2500 morts sur le champ de bataille, et parmi les cadavres se trouvaient celui de Philippe Artevelde, qui fut ramassé et pendu à un arbre.

La victoire n'avait coûté que quelques hommes aux Franco-Bourguignons.

Les Valois ont toujours été des rois aimant les fêtes et le faste, en cela ils étaient différents des premiers capétiens qui n'avaient cessé de conserver un caractère de simplicité toute patriarcale.
Deux rois, cependant, firent exception à la règle : Charles V et Louis XI.



Philippe VI, dans son château de Vincennes, encadré d'une forêt magnifique et giboyeuse, ne cessait d'y donner des fêtes splendides, à peine dérangé par les désastres militaires de son armée et la Peste noire.



Son fils, Jean II le Bon, redoubla la folie des plaisirs et la passion des vêtements les plus originaux et raffinés : c'est sous son règne, par exemple, que parurent les fameux souliers à la poulaine.

Les chevaliers se couvrirent de pierreries, de perles, de découpures, de papillotes, de broderies, de plumes, etc.

Un duc de Bourbon, prisonnier à Londres après la bataille de Poitiers (1356), vendit sa cotte de mailles pour 5200 écus d'or : les broderies dont elle était parée contenaient 600 perles, sans compter les nombreux saphirs et rubis.

Charles V, lui, n'aimait ni le faste ni la légéreté. Mais il ne dédaigna pas pour autant ce goût du luxe si cher aux Valois. Il se traduisit, chez lui, dans l'architecture.


Il fit de la forteresse du Louvre la demeure digne d'un roi et de l'hôtel de Saint-Pol une résidence commode et agréable.

Il étendit sa sollicitude à toutes les manifestations de la culture générale de son temps, y compris les arts du luxe mais sans les prodigalités excessives de ses prédécesseurs. Charles V resta dans la mesure et le raisonnable.

Paris, déjà, était le centre européen des loisirs.

Tous les princes du sang royal y entretenaient une cour nombreuse, souvent composée de jeunes gens avides de réjouissances et d'éclat, sans cesse occupés aux "esbattements" de ce temps : belles musiques, bals, festins, mascarades et premières représentations scéniques.


Les rois de Sicile et de Navarre résident habituellement à Paris. Les ducs de Berry, de Bourgogne et de Bourbon ne vont que rarement, et seulement pour quelques jours, dans leurs terres.



La reine Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI, donne le spectacle de cette cour aux moeurs légères en joignant, à ses intrigues politiques, le scandale de ses débauches et de son luxe.

Les habillements de cour se nomment alors des costumes de folie, et c'est un concours permanent à qui sera le plus excentrique.

Ainsi, le duc Charles d'Orléans portait une robe où l'on pouvait lire, en broderies, les paroles d'une chanson qu'il avait lui-même composée : celle-ci était notée tout au long sur chacune des deux manches à l'aide de 568 perles.


Aux 800 créanciers que la nouvelle de sa maladie avaient amenés dans son hôtel, il fait porter ce message par son valet : "Le prince vous fait beaucoup d'honneur de vous devoir ; vous devez être bien fiers qu'il pense quelquefois à vous."

Tous les Sires des Fleurs de Lys mensaient une vie pour le moins dissolue.

Les orgies du régent de France, Jean de Berry, au XIVe siècle pendant la minorité du jeune Charles VI atteignaient des débordements de vices fastueux. Le désordre s'y étalait sans vergogne, et le vice sans retenue n'y recherchait même plus le huis-clos des nuits de débauche entre quelques intimes, non, il levait le front, au grand jour, avec une impudence encore jamais égalée, le tout mêlé aux mascarades imitées de l'Italie là où les fêtes libertines étaient les plus licencieuses.

Seuls, les moines osaient encore, du haut de leurs chaires, stigmatiser les "coupables", quels qu'ils fussent. L'un d'eux, Jacques Legrand, ne craignit pas d'interrompre son sermon pour cingler de ses critiques acerbes la reine Isabeau qui venait d'entrer dans l'église dans une mise jugée trop immodeste.

Venait d'abord une armée solennelle de potagers, de hasteurs, de porte-tables, saulciers, gardes-vaisselle, sommiers de bouteille, verduriers, panetiers, echansons, queux, manoeuvrant aux cris d'un huissier de cuisine.

Puis suivaient les valets, pages et écuyers, qui formaient le cercle, portant à la main des torches dans des candélabres d'or et d'argent.

Dès que le bénédicité a été prononcé, les convives s'assoient et une accorte servante portant une aiguière vient proposer à chacun de se laver les mains. Chose importante, d'autant que pour manger, on utilise ses doigts.

Les services étaient apportés au son des instruments de musique ; les convives entonnaient des chansons de table, dont les refrains se répétaient en choeur ou bien chacun disait son conte badin.
Pendant tout le temps du repas, des ménétriers jouaient de la musique, chantaient ou récitaient des poèmes d'amour ou des épopées. Les jongleurs faisaient des tours, jouaient des gobelets, représentaient des pantomimes appelées entremets et qui régalaient tous les yeux.

Enfin, on apportait les vins aromatisés, et les épices, qui se prenaient debout et achevaient le festin.

Personnage atypique parce que Gilles de Rais représente une énigme pour l'histoire. Qui était-il vraiment ? Comment un noble issu de bonne famille a t-il pu basculer dans l'horreur la plus noire ?

Gilles de Rais est le fils du comte Guy de Laval, de la maison des Montfort de Bretagne. Il a été un des compagnons de Jeanne d'Arc et fut fait maréchal de France à Reims, le jour même du sacre de Charles VII, en 1429. Il avait alors 26 ans.

Il s'est ensuite éloigné de la cour, vivant en grand seigneur sur ses terres de Tiffauges, Machecoul et Champtocé.

Remarquablement cultivé, très instruit, Gilles de Rais fut aussi d'une prodigalité extraordinaire et dilapida presque toute sa fortune. Et pour avoir de l'or, il se livra à des pratiques de magie noire en appelant auprès de lui des sorciers italiens. Il fit alors un pacte avec le Diable et se mit à immoler des enfants qui gardaient les bêtes ou qui mendiaient.

Ce fut l'évêque de Nantes, cousin du chancelier du duc de Bretagne, qui fut mis au courant de tous ses crimes. Aussitôt, ce prélât institua une commission pour juger Gilles de Rais.

Rais tuait par plaisir de tuer. Il tranchait lui-même la gorge des enfants en poussant de grands éclats de rire quand il les voyait leur corps se tordre de dernières convulsions avant de s'effondrer. Il s'asseyait ensuite sur ses victimes agonisantes pour achever de les étouffer.

Le 20 octobre 1440, le tribunal ecclésiastique prononça sa sentence contre Gilles de Rais : il fut condamné à périr par le feu.

Son bûcher fut dressé dans la prairie de la Madeleine, près de Nantes.

Par considération toutefois pour celui qui fut jadis son soldat le plus dévoué, le duc Jean V ordonna que Rais fût étranglé avant d'être dévoré par les flammes.

Gilles de Rais inspira, plus de deux siècles plus tard, le personnage de "Barbe-Bleue" à Charles Perrault.

Et plus récemment, un film du réalisateur Eric Dick :