LA CATHEDRALE DU DIABLE (équateur)

Son véritable nom est "cathédrale San Francisco". Située à Quito, capitale de l'Equateur, c'est l'une des plus belles et plus richement ornées du continent sud-américain. Mais elle est surnommée la cathédrale du Diable en raison d'une légende tenace : Satan lui-même en aurait inspiré les plans à l'architecte...

Au XVIème siècle, l'architecte Cantuña est chargé de construire et aménager l'intérieur de la future cathédrale. Mais il réalise très vite qu'il ne pourra tenir les délais. Il se tourne alors vers Dieu qu'il implore avec ferveur à plusieurs reprises mais sans réponse. Notre homme se tourne alors vers le Diable qui lui apparaît et lui promet de l'aider en échange de son âme. L'architecte accepte mais à une condition : si au jour fixé, le bâtiment n'est pas achevé comme convenu, il conservera son âme. Satan accepte et aurait donc inspiré les plans à notre homme. Mais alors que les travaux se terminent, l'architecte parvient à discrètement ôter une pierre d'un des murs et à la cacher sous son poncho. Le jour et l'heure prévus, le bâtiment est terminé, les délais sont tenus et Satan vient réclamer son dû. L'architecte objecte alors que le travail n'est pas terminé en montrant le trou laissé par la pierre manquante. Furieux, le Diable ne peut que s'incliner et notre homme conserva son âme tout en ayant terminé dans les délais impartis...

Au-delà de la légende, l'endroit mérite le détour pour les amateurs d'art et d'architecture.
C'est en fait tout un complexe architectural qui se déploie autour de la place San Francisco, avec une église, un monastère, plus de 13 chapelles, des décorations splendides et abritant une superbe collection d'œuvres d'art. La construction de l'ensemble a débuté vers 1530 pour s'étaler sur 150 ans. L'église fût bâtie sur les fondations d'un ancien temple inca et des représentations des divinités solaires incas furent intégrés à la décoration afin d'inciter les locaux à se convertir. L'ensemble s'étend sur plus de trois hectares et renferme plus de 3 500 œuvres d'art. La décoration intérieure est d'une incroyable richesse :
















Plus de 13 chapelles différentes se succèdent, chacune décorée et ornée dans un style différent.
Parmi elles, la chapelle de Cantuña :













Les couloirs des bâtiments sont ponctués, à intervalles réguliers, de somptueux autels richement ouvragés et peints :





On trouve également des dizaines de petits autels fermés révélant, une fois ouverts, des personnages peints, comme celui de la Vierge de Quito, aussi nommée La Vierge de l'Apocalypse ou encore La Vierge ailée ou La Madone dansante :




Au total, des dizaines, des centaines de peintures, d'icônes, de sculptures, dans une profusion colorée et dorée à donner le vertige.
Inspiré par le Diable ou pas, l'ensemble religieux de San Francisco est en tout cas d'une richesse architecturale et artistique incroyable, considéré comme le plus beau et le plus important d'Amérique du Sud. C'est aussi le plus ancien du catholicisme sur le continent. Etant bâtie sur un ancien temple inca, l'église est la plus haute de la ville, contrairement aux autres, plus basses et plus trapues, afin de mieux résister aux séismes.
L'endroit est accessible au public bien sûr, l'église étant en activité, un musée rassemblant de nombreux trésors est également disponible. On y trouve aussi le dortoir des moines, une bibliothèque, le réfectoire, l'herboristerie, l'infirmerie, les cuisines... Tout ce qui permettait aux moines de vivre et pratiquer leurs dévotions au quotidien. Bien se renseigner à l'avance pour savoir ce qui est visible et ce qui ne l'est pas. L'autorisation de photographier est très limitée. Et pour éviter la foule, évitez les vacances scolaires et les festivités religieuses, Pâques surtout. Le site reçoit environ un million de visiteurs par an.

Le nom et l'histoire sont étonnants. Après, l'extérieur comme l'intérieur ne sont pas dans mes goûts... sauf la cour intérieure justement, mais avec jardin et loggia, c'était déjà quasi gagné pour moi tant j'en suis friand.
Côté église d'Amérique du Sud, c'est curieux, mais j'apprécie les petites églises avec tout en haut des cloches sous des arches, peut-être est-ce un souvenir fantasmé de western. Ceci dit j'en ai vu des comme ça, en Grèce de mémoire.

Parmi les particularités de ce que l'on n'hésite pas à surnommer "le Vatican d'Amérique du Sud" :
- Les marches des escaliers extérieurs sont très larges, ce qui oblige à baisser la tête pour regarder ses pieds. Et donc à faire preuve de respect avant d'entrer...
- Dans la nef principale, le superbe parquet est en pente douce, presque imperceptible. Il s'élève doucement au fur et à mesure que l'on approche de l'autel.
- A un certain endroit, on peut chuchoter et le chuchotement s'entend jusqu'à plusieurs mètres plus loin. Ce phénomène d'acoustique, selon la légende, était utilisé par les prêtres pour confesser à distance les malades et ainsi ne pas être contaminés...
- On trouve dans la décoration, ici et là, des symboles incas ou païens laissés par les ouvriers locaux. Les chrétiens, ne connaissant pas ces symboles, n'ont pas fait attention et les ont laissés.
- Plus prosaïquement, les prêtres cultivaient du blé sur place pour faire de la bière. L'église est donc équipée de ce qui fût la première brasserie du continent après la conquête espagnole.