LE MONDE ARTHURIEN

Le monde du roi Arthur et de son entourage est devenu un mythe célèbre, qui a inspiré nombre d'artistes et d'écrivains, mais aussi de réalisateurs ou de dessinateurs et scénaristes de BD.
Pourtant, il y a souvent une erreur récurrente dans les représentations qui en sont faîtes : on représente souvent ce monde comme un monde de chevaliers aux armures étincelantes, joutant lors de grands tournois sous les yeux admiratifs de gentes dames bercées par la musique des troubadours. Bref, une vision d'un monde médiéval idéalisé.
Or, la véritable époque du roi Arthur est toute autre : son père, Uther Pendragon a combattu les dernières légions romaines stationnées en Bretagne (la Grande-Bretagne). Dans le trésor de Camelot, on trouvait les aigles de bronze pris par Uther aux légions romaines. On a donc un monde arthurien situé beaucoup plus tôt, dans cette époque sombre et mal définie entre la fin de l'empire romain et les royaumes barbares, bien avant le Moyen Age. Un monde barbare et sombre, où les derniers vestiges de la civilisation romaine côtoient les premiers rois "barbares" et où le christianisme doit faire face à un paganisme bien enraciné et solide.
Car effectivement, le monde d'Arthur est puissament païen, ne serait-ce qu'avec des personnages comme Merlin ou la fée Morgane.

Si le roi Arthur a vraiment existé, c'est donc probablement à la fin du Vème siècle ou au début du VIème. Il aurait été un chef courageux, héritier d'une civilisation romano-anglaise, ayant obtenu la soumission des roitelets alentours. Il se serait entouré d'une garde d'élite qui pourrait être à l'origine des fameux chevaliers de la Table Ronde. Rapellons que le chevalier n'est pas l'exclusivité du monde médiéval : les romains utilisaient déjà ce terme qui désignait le soldat suffisament riche pour entretenir un cheval.
Les rares documents de l'époque laissent apparaître un "trou" de 22 ans entre la victoire des Anglos- Saxons en 530, lorsqu'ils prirent l'île de Wight et 552 où ils remportèrent la bataille de Salisbury. Cette période pourrait correspondre à celle d'un règne heureux, sans troubles majeurs. Celui du roi Arthur ?
Qu'en est-il de Camelot, la "capitale" d'Arthur ? Certains affirment qu'il s'agissait de Winchester, ville Anglo- Saxonne proche de Southampton, en face de l'île de Wight. Beaucoup penchent pour une implantation dans le Somerset, particulièrement du côté de Glastonbury, une position stratégique pour faire obstacle aux Saxons établis sur les côtes de la Manche. De plus, la région était bien pourvue par un réseau routier légué par les romains, permettant un déplacement rapide des troupes.
Au risque de blesser les tenants d'un Camelot médiéval hérissé de tourelles, de puissants remparts de pierre crénelés et d'oriflammes, il faut admettre que Camelot fût certainement un oppidum, une place fortifiée avec une palissade de rondins et un groupe de maisons regroupées autour de celle du roi, avec peut-être une tour en pierre...

C'est vrai qu'on retrouve des traces d'une légende attachée à la défaites des bretons, chassée de la Grande-Bretagne par les invasions saxonne au Ve siècle, soit à l'époque des invasions barbares, le crépuscule de l'antiquité et l'avènement de l'époque médiévale.
les chroniques latines de l'époque mentionnent alors un chef de guerre breton nommé Arthur vainqueur des saxons en 516 et tué en 537 par la suite, son peuple alors ne croyant pas à sa mort attendrait son retour pour reconquérir l'île.
Et c'était ainsi qu'au XIIe siècle, la soi disant découverte de sa tombe et le fait qu'il soit bien mort, devait ainsi montrer aux bretons qu'ils ne pouvaient plus reconquérir l'île tombée aux mains de Normands et des Saxons.
Et de toute façon dans l'esprit et dans le reflet de la société du XIIe siècle, Arthur serait le roi idéal, un roi faible, une sorte d'anti Philippe Auguste (le plus grand roi de son époque).
Le tout bien retranscrit dans les écrits de Chrétiens de Troyes, ne le montrant pas en roi voulant renforcer son pouvoir, mais seulement à être entourer des meilleurs chevaliers, ce qui à l'époque était considérer comme un signe de faiblesse et non de grandeur royale.

Quand à Camelot ça devait surement ressembler à peu de chose près à ça, loin de la légende du XIIe siècle.

Les images qui suivent sont tirées du film "Tristan and Isolde". Vous pouvez les retrouver sur un trés bon site (en anglais) spécialisé sur les costumes de films : "Pirates cave", dont je poste le lien dans "Le caravansérail". Je les poste pour donner une "idée" de ce que pouvaient être (plus ou moins) les tenues de l'époque du roi Arthur, entre fin du monde romain et émergence des royaumes "barbares" :







On est trés loin du Camelot médiéval d'un John Boorman dans "Excalibur"...

• Uther Pendragon est apparemment une erreur de traduction: on aurait lu Artor mab utr comme "Arthur fils d'Uther" quand le vrai sens serait "Arthur fils horrible."
Peut-être qu'il avait une sale tête…

• On a soutenu que l'histoire du roi Arthur se rattacherait au souvenir de troupes Sarmates installées en Grande-Bretagne et qui auraient combattu les saxons.
- le héros ossète Batradz a une relation à son épée très similaire à celle d'Arthur et d'Excalibur: il ne peut mourir que si elle est jetée dans la Mer Noire, et il l'indique volontairement aux siens, souhaitant mourir. Or Ossètes et Sarmates sont des Iraniens du Caucase ( se reporter aux travaux de Dumézil ).
- les sarmates étaient des cavaliers équipés de lourdes armures, leur tactique favorite était la charge à la lance.
- ils avaient un étendard en forme de dragon ce qui est le cas d'Arthur à l'occasion.
Il est vrai que c'est dans Geoffroy de Monmouth et pas avant que l'on trouve le coup d'Excalibur jetée à l'eau, cependant c'est lui je crois qui écrit le premier une histoire d'Arthur, les sources antérieures ne nous donnant que des allusions ou des épisodes disjoints, ou peut-être utilisant la célébrité du personnage pour l'entraîner dans une histoire initialement sans rapport avec lui ( Culhwch et Olwen vient à l'esprit… )