STEFAN ZWEIG / Lettre d'une inconnue

C'est un auteur que j'adore. Zweig est un homme hors du commun qui a su imposer sa personnalité dans ses oeuvres. Disciple de Freud, il eut le courage d'affirmer son moi dans un monde où la règle générale semble être l'adhésion à l'opinion générale. L'égotisme est cette affirmation de la personnalité et, selon Zweig, une attitude défensive, une réserve orgueilleuse refusant toute concession à la société en renonçant par là même à tous les biens qu'elle peut offrir.

Chacun de ses livres est comme une symphonie, dans un ton choisi et en plusieurs morceaux. On peut diviser l'oeuvre de Zweig en plusieurs séries, chacune est comme un polyptique, dont chaque livre est un volet qui se relie au panneau central.

Je vous recommande vraiment Stefan Zweig.

Dès le début de cette nouvelles d'une centaine de pages, il devient extrêmement difficile de décrocher avant d'en connaître la fin. Ce livre nous aspire littéralement, nous invite à explorer les recoins de l'âme, de la folie. Il y a un sentiment d'urgence dans ce livre, comme si toutes les pièces du puzzle allaient se rassembler vers la fin pour former une nouvelle perspective.

Les échecs servent de toile de fond au récit, ce n'est qu'un prétexte qui ne doit pas rebuter ceux qui ne savent pas y jouer. Non ici le thème des échecs est plutôt pour servir le côté "duel" psychologique. On pense que l'on se dirige vers une simple partie, et bien non. L'on découvre une mise en abîme de l'âme humaine, des flash-backs, et un contexte historique grave. Comment l'âme humaine peut-elle s'échapper d'un carcan idéologique, l'oppression et l'incarcération. Comment l'être humain peut-il s'adapter à la torture mentale, et que reste-il de sa liberté ?

Les échecs ne sont donc pas le thème principal de ce livre. Plutôt que ce noble jeu aux froides combinaisons mathématiques, il s'agit d'explorer les ressources psychologiques des joueurs humains. Un duel qui oppose deux visions du monde, deux époques. Un monde révolu face à un monde moderne et barbare, peut-être, à vous de juger. Qui est réellement fou ? La victime, ou bien ses bourreaux ?
Et si la folie était la seule réponse sensée ?

Stefan Zweig a répondu à sa manière. Face au nazisme à son apogée, il décide de se donner la mort avec son épouse. Ce livre est son ultime récit.

Je vois que je ne suis pas le seul à avoir été "marqué" par le Joueur d'Echecs.

C'est vrai que c'est son oeuvre majeure. La plus aboutie, peut-être, la plus mystérieuse aussi.

Sinon, y a aussi "Brûlant Secret" que j'ai bien aimé, "Printemps au Prater", "Vingt-Quatre heures dans la vie d'une femme", "Amok ou le fou de Malaisie".

A chaque fois, on sent l'analyse freudienne dans ses romans. C'est toujours très psychologique, le moi et l'inconscient y tiennent une place importante.

Ils ont essayé, un moment, d'en faire des téléfilms. Mais ça n'a pas vraiment pris. Il faut dire qu'adapter du Zweig sur petit ou grand écran, c'est pas évident.