LIVRES ET ROMANS POLICIERS

J'ouvre le bal des divers LIVRES ET ROMANS POLICIERS avec :

Citation :

Durant l'âge d or du roman policier, nombreux furent les détectives a marcher sur les traces d'un Sherlock Holmes, mais afin de se trouver une originalité, leurs caractéristiques se firent de plus en plus excentriques. Naquirent ainsi des détectives de l'étrange (chasseurs de fantômes et de crimes impossibles), des détectives ferroviaires, des détectives milliardaires, des détectives ratés, des détectives cambrioleurs...

Au sommaire de cette anthologie, 15 nouvelles issues des sources les plus rares. Il s'agit de la crème de la crème des détectives d'antan, réunissant des enquêtes de C. Auguste Dupin, Maurice Parent, Nick Carter, Flaxman Low, Eugène Valmont, Cecil Thorold, Toto Fouinard, Thorpe Hazell, Peter Ruff, Harry Dickson, etc.

Mon avis :
Une très bonne anthologie pour découvrir ces fameux "détectives rétro" qui sont les enfants de Sherlock Holmes, et que ce dernier a non seulement influencé, mais parfois occulté pour la postérité.
Chaque texte est présenté sur une page.
J'y ai appris toutefois que le premier grand détective serait en fait le français Chevalier Auguste Dupin, qu'on découvre dans 3 nouvelles de Poe (Double assassinat dans la rue Morgue en 1841, La Lettre Volée,  et Le Mystère de Marie Roget). D'après les auteurs, Poe serait tout simplement le précurseur des nouvelles policières, et ce avant le célèbre détective de Sherlock Holmes.
J'avais complètement ignoré cela lors de mes lectures des Histoires Extraordinaires.
Dupin, Nick Carter, et Harry Dickson ont réussi à tirer leur épingle du jeu dans l'ombre de Sherlock Holmes, mais tous n'ont pas eu cette chance. L'anthologie est là pour nous présenter ces autres détectives, principalement Anglais, Français ou Américains.

L'un d'entre eux m'a particulièrement plu : Toto Fouinard. Un nom improbable pour un Parisien pur jus aux accents populaires et dont j'ai appris par la suite que les 12 fascicules originaux étaient assez recherchés. Hélas, ses histoires semblent ne pas être encore rééditées à ce jour.
J'ai également apprécié la touche surnaturelle et fantastique de certaines nouvelles, plus tardives. Notamment ces détectives spécialistes de l'étrange et du surnaturel.
Mention spéciale aussi à la dernière nouvelle où H.Dicskon est repris dans une nouvelle écrite spécialement pour l'anthologie, mettant en scène André Breton et Robert Desnos dans une histoire bien surréaliste. (Tant que j'y suis, il ne pouvait pas y avoir de masques Thaï à l'époque du récit, puisque le Royaume du Siam n'a adopté ce nom qu'en 1939 : un petit détail que je pardonne volontiers vu les nombreuses références et recherches qui ont du parsemer cette nouvelle).

Ce que je pardonne moins pour cette anthologie, ce sont les 2 (ou 3 ?) fautes d'orthographe repérées et surtout au moins une demi-douzaine de coquilles qui me font croire que les textes n'ont pas été relus correctement, y compris ceux de présentation.
Dommage que Sherlock Holmes avec sa loupe ne soit pas passé par là pour corriger tout ça.


En dehors de cela, si vous avez envie de découvrir ces fameux détectives rétro, cette anthologie est un joli panorama du genre.

Merci pour ces "précieuses précisions", Astre*Solitaire.   
Décidément, à la manière de Doyle/Holmes citant Poe/Dupin, il semble que les écrivains de roman policiers aiment à se comparer.
Nous allons voir ci-dessous un procédé similaire avec l'admiration d'Agatha Christie/Hercule Poirot pour Le Mystère de la chambre jaune...




Le Mystère de la chambre jaune est un roman policier de Gaston Leroux, paru en 1907.
Il s'agit de la première aventure de jeune reporter Joseph Rouletabille, limier surdoué d'à peine 18 ans qui raisonne par « le bon bout de la raison ».
Il est accompagné de son ami Sainclair, le narrateur du récit.


Leroux, avec Conan Doyle et Poe comme prédécesseurs, a construit une intrigue à la rigueur géométrique qui sera justement admirée par Agatha Christie. Cette dernière, dans Les Pendules, fera dire Hercule Poirot un éloge sur le roman de Gaston Leroux :

Citation :

«Tenez, continua Hercule Poirot en s’emparant d’un volume: Le Mystère de la chambre jaune. Un véritable classique qui me satisfait entièrement. Avec quelle logique c’est mené… Tout au long de l'intrigue la vérité est là, sous-jacente, enrobée de mots pertinents. Tenez, ... Un véritable chef-d'œuvre... »

John Dickson Carr, grand spécialiste des énigmes de chambre close, dans Trois cercueils , rendra aussi d'hommage à l'œuvre de Leroux.
Mais au-delà de son intrigue, le grand succès remportée par Le Mystère de la chambre jaune tient également aux quelques éléments poétiques, voire absurdes, qui émaillent le récit et qui furent encensés par les surréalistes. Ainsi, une phrase mystérieuse dans le roman « Le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat » prendra rapidement pour les amateurs le statut de citation culte, tout particulièrement pour les surréalistes, comme Jean Cocteau, auteur d'une préface élogieuse pour le roman de Leroux :

Citation :

Je lis beaucoup de romans policiers. Je n'y cherche plus, hélas, le lyrisme absurde et magnifique de Fantômas, le charme naïf d'Arsène lupin, la tendresse mélancolique de Rouletabille... Jean Cocteau (1955)

Depuis l'âge de 16 ans et demi, Joseph Joséphin travaille comme petit reporter au journal L'Époque où il attire très vite l'attention sur lui en retrouvant « le pied gauche de la rue Oberkampf », reste démembré d'une femme coupée en morceaux. Ses collègues le surnomment Rouletabille car sa tête est ronde comme un boulet et son teint rouge comme une tomate.

Rouletabille n'est pas le premier nom du personnage : Le Mystère de la chambre jaune est le premier épisode des Aventures extraordinaires du reporter Joseph Joséphin dit Boitabille. Mais suite à la protestation d'un journaliste qui portait déjà ce pseudonyme, Boitabille devient Rouletabille, nom qu'il ne quittera plus à partir du deuxième épisode, Le Parfum de la dame en noir, suite quasiment directe du premier roman.  
Les origines de Rouletabille sont d'ailleurs révélées dans les deux premières aventures du personnage, principalement dans Le Parfum de la dame en noir. Gaston Leroux, journaliste de profession, va s'inspirer de sa propre enfance pour le personnage de Rouletabille, et fait de son personnage un journaliste comme lui. Détail amusant : dans Le Parfum de la dame en noir, Gaston Leroux se met lui-même en scène à la manière d'un caméo, et croise son propre personnage de fiction à qui il prodigue quelques conseils.




Mon avis :




Romans de la série Rouletabille :

   Le Mystère de la chambre jaune (1907)
   Le Parfum de la dame en noir (1908)
   Rouletabille chez le Tsar (1913)
   Le Château noir (Rouletabille à la guerre I) (1914)
   Les Étranges Noces de Rouletabille (Rouletabille à la guerre II) (1914)
   Rouletabille chez Krupp (1917)
   Le Crime de Rouletabille (1921)
   Rouletabille chez les bohémiens (1922)


Toutes mes sources sont celles de Wikipédia, enfin presque...

L'histoire : en 1905, Rouletabille est envoyé en Russie pour y effectuer un reportage. Le Tsar lui demande de veiller sur le général Trébassof, menacé par des révolutionnaires, qui fomentent des attentats contre lui.

Ce troisième roman de la série des Rouletabille est paru en 1913.
Gaston Leroux était parti en Russie en juin 1904, et y vécut l'année 1905, la quittant en mars 1906.
Il s'est inspiré de son séjour en Russie pour dépeindre différentes couches de la société russe.

Mon avis : une lecture décevante par rapport aux deux premiers volets. Notamment à cause de certaines lourdeurs : début lent, profusion de personnages et de dialogues qui m'ont donné l'impression que l'auteur était payé à la ligne. Et qu'il retranscrivait certaines scènes vécues, voire des dialogues entiers. Si c'est le cas et que l'auteur n'a pas versé dans la caricature, certains traits de caractères russes donnent vraiment le vertige. Un torrent de paroles, de sentiments, un maelström d'émotions frisant un peu l'hystérie. J'ai été un peu surpris par l'histoire, où le héros semble totalement parachuté. Difficile aussi de rendre sympathique le général, malgré les efforts louables de Leroux, ce qui fait qu'on se sent relativement indifférent à son sort et à toute cette histoire, au final. Je n'ai pas vraiment adhéré. Par contre, il s'agit d'un témoignage romanesque intéressant sur la Russie de l'époque, mais on peut se demander dans quelle mesure Leroux n'a pas forcé le trait.

Sans tomber dans les clichés, les Russes et les Slaves passent en général pour avoir un caractère passionné et des sentiments plutôt exacerbés...

Oui, mais là, j'ai trouvé que ça faisait vraiment too much. Il faudrait d'autre témoignages pour corroborer ça à ce point là. Parce que certains personnages, alors qu'ils n'abusaient même pas de vodka (qui coule à flot dans le récit d'ailleurs), semblent être sous l'effet d'un cocktail d'amphétamines et d'extasy par moment.

Il s'agit d'un recueil de deux histoires opposant Arsène Lupin et Herlock Sholmès. Il fait suite à Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur, notamment à la dernière nouvelle, Herlock Sholmes arrive trop tard.

Les deux histoires sont publiées pour la première fois à partir de novembre 1906 dans le journal Je sais tout.


Une rumeur selon laquelle Pierre Lafitte, éditeur de Maurice Leblanc, lui aurait un jour dit, pour l'encourager, « Vous serez le Conan Doyle français ». Sherlock Holmes en effet en 1906, connaît déjà un très grand succès en France, ses aventures étant publiées depuis 1902.

Maurice Leblanc fait donc un pastiche du détective anglais, avec un ton humoristique en décalage avec certains de ses autres récits plus sombres.

Ici, Herlock Sholmes est hélas une pâle copie de l'original, qui manque cruellement de charisme et de relief. Néanmoins, il est tout aussi compétent que le vrai Holmes. Shlomes est ici accompagné de son fidèle ami Wilson, qui remplace donc Watson.

Mon avis :

Deux aventures légères et sans prétention. On sent que Leblanc ne s'est pas pris au sérieux, loin de là ! Si j'ai trouvé le personnage de Sholmes inintéressant, Wilson est au contraire bien mieux loti. En fait, Leblanc fait de Wilson un personnage complètement soupe au lait qui subit l'aventure et les remarques de Sholmes, ou plutôt son indifférence totale. Wilson est un looser. Difficile de trouver plus improbable duo : un génie égocentrique et égoïste, accompagné de son un ami fidèle qui n'a pas inventé l'eau chaude et qui s'en prend plein la poire. Ce contraste comique est assez réussi, pour ceux qui savent lire entre les lignes, car cela reste quand même discret : l'humour est sous-jacent.
L'idée de fournir un adversaire à la hauteur de Lupin, un alter ego du côté des forces de l'ordre, est plutôt bonne. Nous avons donc un duel franco-anglais qui se révèle assez récréatif.
On est toutefois très loin du niveau de profondeur psychologique de la Cagliostro du premier volume, un personnage qui était beaucoup complexe et riche.

Au final, une lecture facile et distrayante sous forme de pastiche, assez ludique, mais qui ressemble plus à un entremets, car on reste quand même sur sa faim, en attendant le plat de résistance avec un prochain volume, peut-être...