Le Krak des Chevaliers 
Le Krak des Chevaliers est un château fort qui a marqué l’époque des croisades. Situé dans l’ouest de la Syrie, dans le djebel Ansariyya, le Krak des Chevaliers domine la plaine d’El-Bukeia, un point stratégique sur les routes reliant Homs, Tortose (ou Tartous), Antioche, Tripoli et Beyrouth.
Le site fut occupé depuis fort longtemps comme l’en atteste la bataille de Qadesh entre les égyptiens et les Hittites en 1214 avant J.C., à 50 kilomètres environ du Krach. Mais c’est pendant l’occupation musulman que la forteresse se développa, remaniant les fortifications byzantines.
Avec l’arrivée au pouvoir de Al Hakim, dit le “calife fou”, une vague de persécution contre les chrétiens d’orient se produit au début du 11ème siècle, ce qui sera à l’origine les croisades organisées pour reconquérir Jérusalem.
C’est en 1099 qu’arrive la première croisade dans l’objectif de prendre Jerusalem. La citadelle que l’on appelée à l’époque “Forteresse des kurdes” tombera après plusieurs assauts en 1110. Rapidement les armées chrétiennes comprirent l’importance de ce point stratégique qui fut confier en 1142 à la garde des Hospitaliers. C’est à partir de ce moment que la citadelle sera connue comme le Krach des Chevaliers.
Mais en 1271, le fort tomba entre les mains de Baybars Ier, Sultan des Mamelouks, après avoir résisté à de nombreuses attaques durant près de 130 années, repoussant même les assauts du valeureux Saladin.
Aujourd’hui le Krak des chevaliers est sans doute le plus célèbre ouvrage défensif d’orient. C’est l’un des châteaux de l’époque des croisés les plus prestigieux et les mieux conservés.
En découvrant cette forteresse on imagine immédiatement les récits de nos livres d’histoire et les films retraçant les grandes épopées des chevaliers. En entrant dans le fort par une rampe voutée on découvre les salles de garde, les écuries, le fossé séparant les deux enceintes fortifiées, les tours, les vestiges d’un hammam, un très beau cloître, la Salle des Chevaliers couverte de voutes en ogives, et en se promenant sur le chemin de garde, sur les murs extérieurs, on peut découvrir l’ensemble de la citadelle d’un côté et le magnifique paysage de la “trouée de Homs”.
Le cœur du château était une véritable ville on y accédait par un long couloir souterrain, il pouvait abriter 2000 personnes. Grâce aux réserves de ses caves et à ses vastes citernes le Krak pouvait supporter des sièges très longs.

Le Krak des Chevaliers est devenu en un siècle de construction l'un des exemples d'architecture militaire défensive les plus aboutis de son époque et même du Moyen Âge. Une utilisation intelligente de la topographie et d'éléments d'architecture empruntés aux cultures européenne, byzantine et arabe ont rendu cette place imprenable pour peu qu'elle soit défendue par une garnison suffisante (Baybars utilisa la ruse plutôt que la force car il savait cette stratégie vouée à l'échec alors que le krak n'était plus défendu que par 300 hommes). Son système d'entrée était révolutionnaire: il consistait en un long corridor, entrecoupé de "sas", et percé dans son toit de nombreuses meurtrières servant à bombarder les assaillants à coups de pierre, et possédant de lourdes portes en bois à l'entrée et à la sortie, munies d'un système de poulies, et servant à bloquer le passage des attaquants qui auraient réussi à survivre assez longtemps pour parvenir jusque-là... Ce corridor débouchait dans la salle d'arme de l'enceinte extérieure.
La forteresse est construite sur une colline de 750 m de haut aux flancs abrupts, ce qui rend la poliorcétique de l'époque inefficace. En outre, de gros travaux de terrassement ont encore renforcé cet avantage naturel. Elle est très haute et domine les alentours.
Le Krak est un nœud principal dans le maillage de forteresses qui assurent la défense et la domination des territoires francs. Du haut de ses tours, on aperçoit les places fortes de Chastel Blanc à l'est et d'Akkar au sud. Des feux d'alarme pouvaient être allumés et prévenir de proche en proche en cas d'attaque toutes les forteresses du comté de Tripoli.
Un autre avantage de la position géographique du Krak est paradoxalement qu'il n'est pas situé sur une route principale, ce qui rend plus difficile une attaque de grande envergure. Fort de sa victoire à Hattin, et disposant d'un armée de près de 40 000 hommes, Saladin, lors de sa remontée vers le nord, décida de ne pas attaquer le Krak car il savait l'entreprise hasardeuse. Les hospitaliers organisèrent ensuite de nombreux raids sur les convois d'approvisionnement de l'arrière-garde ce qui gêna considérablement la suite de la reconquête musulmane.
De par sa localisation géographique à la frontière entre les royaumes croisés et les terres musulmanes, sa puissance défensive et sa taille (il a pu accueillir jusqu'à 2000 cavaliers en armes) le Krak est une base idéale pour mener des attaques et des raids contre les villes et les forces musulmanes. Ainsi, en 1230, l'émir de Homs refusant de payer son tribut au comte de Tripoli, Templiers et Hospitaliers rassemblent au Krak une armée de 300 cavaliers et 2700 piétons puis lancent une série de raids et de pillages qui ravageront les terres autour de Homs jusqu'à ce que l'émir cède. Ces raids sont destructeurs et leur rapidité les rend imparables, le krak servant de point de repli une fois le pillage effectué.
C'est l'un des châteaux croisés les plus prestigieux et les mieux conservés, et une merveille, peut être même le plus beau château médiéval du genre.