LES TOILES DE PIERRE AUGUSTE RENOIR

Réalisée en 1870, c'est mon oeuvre préférée de Renoir, qui reste pour moi l'un des plus grands impressionistes. Je trouve le traitement de la lumière incroyable, en harmonie avec le vert des feuillages, le blanc de la robe et du pantalon. Magistral.
Cette toile se trouve au J. Paul Getty Museum's de Malibu, en Californie.

Cette oeuvre, l'une des plus célèbres de l'artiste, est une des dernières de Renoir dans le style impressionniste. Elle fût réalisée d'avril à juillet 1880, sur la terrasse de la Maison Fournaise, à Chatou.

Le tableau aborde un thème très présent à cette époque dans le milieu impressioniste, celui des guinguettes. Des "auberges" à la bonne franquette, au bord de l'eau, où se retrouvait une clientèle mélangée et populaire dans une ambiance généralement bon enfant. Les tenues étaient plus décontractées, les hommes arborant parfois maillot de corps et le fameux chapeau canotier. Après le déjeuner, on allait se promener en canot ou le long des berges au bord de l'eau, on fumait une cigarette (les femmes aussi parfois, chose très mal vue à l'époque)...

Sur ce tableau, Renoir a représenté une bonne partie de ses ami(e)s et connaissances. D'après Tatie Wikie :

Au premier plan, à gauche, Aline Charigot (sa future épouse) joue avec son petit chien. Derrière elle, se tient Hippolyte-Alphonse Fournaise, fils du propriétaire de l'auberge. Accoudée à la rambarde, Alphonsine Fournaise, sa sœur, écoute le baron Raoul Barbier assis dos tourné. Ce dernier, ami proche de Renoir et ancien officier de cavalerie, avait la réputation d'être amateur de canots, de chevaux et… de jeunes femmes. Le personnage au premier plan, à droite est souvent cité comme étant Gustave Caillebotte, représenté ici plus jeune, ami de Renoir, peintre et mécène des impressionnistes. Gustave Caillebotte portait barbe et présentait de profil un menton prognathe, Renoir l'a représenté en 1879 dans son tableau Les Canotiers à Chatou, ce qui permet de comparer. Assis à califourchon sur une chaise, il écoute discrètement l'actrice Ellen Andrée tandis qu'Adrien Maggiolo, directeur du journal La France nouvelle se penche vers elle. Derrière eux, le petit groupe est formé du journaliste Paul Lhote avec un pince-nez, d'Eugène-Pierre Lestringuez et de l'actrice de la Comédie-Française Jeanne Samary. Au centre, le modèle Angèle Legault boit, assise à côté d'un homme, peut-être Maurice Réalier-Dumas, dont on aperçoit juste le profil. Quant au jeune homme, l'inconnu du tableau dont on ne découvre que le visage, on raconte qu'il pourrait s'agir de Renoir qui se serait planté là pour éviter une composition à treize personnages qui aurait rappelé La Cène. Derrière Angèle se tient le financier Ephrussi, coiffé d'un chapeau haut de forme. Éditeur de La Gazette des Beaux-Arts, il converse avec le poète Jules Laforgue.

Un tableau plein de vie et de bonheur, une ambiance chaleureuse et détendue entre amis. Au niveau technique, on retrouve des jeux d'ombre et de lumière, des tons bleus et des reflets, un ensemble aux couleurs pastel, aux traits fondus. Les femmes ont le visage caractéristique des sujets féminins de Renoir, douces et avenantes.
Une certaine idée du bonheur...

Cette toile est exposée à Washington.

Sur cette toile, j'ai toujours été intrigué par cette femme, au second plan :


La seule qui, apparemment, ne s'amuse pas... elle se contente de boire, perdue dans ses pensées, écoutant à peine ce que dit son voisin de table.

Elle semble perdue dans sa propre solitude.

Pourquoi ne parle-t-elle pas ? Quel est le secret qu'elle se réserve pour elle seule ?

C'est là le plus grand mystère de ce tableau, je pense.

Je suis plus intrigué par la femme tout à droite : elle porte ses mains gantées à ses oreilles, comme si elle avait mal à la tête ou voulait ne pas entendre... L'homme à côté d'elle la soutient par un bras passé autour de sa taille... Elle tranche avec l'attitude plus nonchalante des autres.

Oui, effectivement. Mais ce n'est pas la femme qu'on remarque en premier. Moi, mes yeux sont directement attirés par cette buveuse au second rang, qui semble me fixer. J'ai beau ensuite tourner mon regard vers les autres personnages, il reviendra, presque malgré moi, à cette femme.

C'est presque hypnotique.

Peut-être que, comme elle, au milieu d'une foule, je me sens aussi perdu. Et du coup, j'aurais presque envie d'aller lui parler.
J'ai même l'impression qu'elle n'attend que ça.

On a tous une vision différente. Moi je remarque en premier la femme accoudée au rebord. Décontractée, charmeuse, mutine, avec une sorte d'insouciance. Une image de la beauté et de l'indépendance. Contrairement aux autres femmes elle a une certaine indolence, à l'aise, elle profite du moment présent.

Celle de droite me met plus mal à l'aise, on a l'impression qu'elle est contrariée, malade, pas à sa place ni à son aise. Quand à celle qui boit on a l'impression qu'elle s'ennuie, comme si elle n'avait qu'une envie, partir.

Moi j'aime bien Aline, qui joue avec son petit chien... La scène a été esquissée sur place, puis terminée dans l'atelier de l'artiste, de mémoire. Il s'agit du déjeuner donc, un dimanche, au retour d'une promenade en canot sur la Seine.
Si cette oeuvre reflète un certain bonheur, une certaine insouciance, Renoir était pourtant dans une situation financière très difficile à l'époque, il n'était même pas certain de pouvoir finir le tableau. Il pouvait heureusement compter sur le soutien de ses amis, dont Caillebotte (assis à califourchon à droite), lui-même peintre et mécène généreux, dégagé de tout souci matériel par un riche héritage. Un peintre que j'aime beaucoup et sur lequel je ferai un sujet prochainement d'ailleurs.

L'atmosphère de ces guinguettes était très prisée des parisiens. Dans une société très rigide, elles offraient un moment de détente à l'atmosphère bon enfant. Bien que populaire, l'endroit était également fréquenté par des bourgeois et des gens aisés, on y croisait ouvriers endimanchés, étudiants, artistes connus ou pas, bons bourgeois venus en famille, journalistes, directeurs de théâtres... Ces guinguettes où l'on dansait aussi sont un thème récurrent des peintres impressionistes qui s'y retrouvaient volontiers.

Le tableau représente une scène familiale, deux jeunes filles jouant du piano. Les deux jeunes filles ont déjà le corps charnel des femmes que Renoir aimait peindre. Cette toile n'est plus du pur impressionnisme mais on n'y retrouve plus les traits de pinceau précis de la période ingresque. Les vêtements des filles n'ont pas été embellis ce qui rend cette toile plus réelle.
Cette œuvre a été réalisée de cinq manières différentes, car Renoir savait que l'État Français souhaitait faire un achat. Grâce à cette toile, Renoir est enfin reconnu.



À la même époque, Renoir peint un autre tableau, vision sensiblement différente de ce tableau, moins détaillée, peut-être une version préparatoire. Il est aujourd'hui conservé au musée de l'Orangerie à Paris.



J'aurai un avis différent concernant les deux jeunes filles. Autant j'apprécie la concentration de la blonde dans le premier tableau, autant dans le second son visage est moins agréable, moins détaillé. Au contraire de l'autre demoiselle, qui a une attitude plus rêveuse dans le second tableau, j'aime moins les traits de son visage dans le premier.
J'aurai bien aimé voir la moue de la brune du second tableau dans le premier. Néanmoins c'est une oeuvre sympathique, la belle jeunesse féminine.

Le premier ne m'emballe pas par ses couleurs, dominante de jaune et de vert, couleurs que je n'apprécie pas particulièrement. Je préfère donc largement le second avec sa dominante de bleu clair, presque pastel. L'ensemble est plus vaporeux, plus éthéré quelque part. Ce qui ressort des deux, c'est bien une certaine douceur, celle de l'enfance, effectivement accentuée par les contours arrondis des deux jeunes filles.
C'est joli, gracieux et sans faire trop sucré ou gnan-gnan je trouve.

Auguste Renoir fait partie des plus grands portraitistes du XIXe siècle avec Degas et Cézanne. Cette peinture nous prouve toute l'excellence de son art et de son talent. On y voit une femme accoudée et rêveuse, peut-être une des nombreuses groupies que comptait l'artiste et qui prenait l'habitude, à l'époque, de venir régulièrement visiter son atelier.
Auguste Renoir l'a représentée ici, dans un moment de surprise avec une expression rêveuse sur un fond de verdure printanière. La toile est inachevée, ce qui montre toute l'importance que revêtait le modèle pour l'artiste qui a n'a pas pris le temps de finir le décor.