LE NECESSAIRE DE VOYAGE DE MARIE-ANTOINETTE

Il date de 1788, créé par les orfèvres Charpenat Jean-Pierre et Joubert François, le coutelier Lethien et l'ébéniste Palma Jean-Philippe.

De forme rectangulaire, il est en acajou à angles de cuivre doré et poignée en cuivre sur chaque côté. Le couvercle porte une plaque de cuivre ovale gravée des initiales de la reine, M et A entrelacées dans une couronne de lauriers. A l'intérieur, plusieurs compartiments s'emboîtent les uns dans les autres.
Il contient 94 objets, en argent, porcelaine, cristal, métal, ivoire et ébène. Des objets de toilette, d'autres pour les repas et d'autres enfin pour écrire. On y trouve même un petit compas, dont la reine, fort adroite de ses mains, se servait pour les travaux d'aiguille qu'elle affectionnait. Le nécessaire contenait d'ailleurs bobines de fil, boutons de rechange, aiguilles...
Ses dimensions : 19 cm de hauteur, 82 cm de largeur, 48,5 cm de profondeur. Un poids de 50 kilos quand il est plein.














Marie-Antoinette aimait énormément ce "meuble" (c'était ainsi qu'on nommait ce genre de nécessaire à l'époque). A tel point qu'elle voulût l'emmener avec elle lorsque la famille royale s'enfuit pendant la Révolution avant d'être arrêtée à Varennes. Mais la souveraine craignait qu'on la reconnaisse à cause des initiales sur le meuble et sur chaque objet. Elle en fît donc faire un double, plus discret, plus léger (50 pièces) et surtout sans ses initiales et c'est ce double qu'elle prît avec elle lors de la fameuse fuite. Et ce en dépit des craintes de Mme Campan, sa fidèle femme de chambre, qui craignait que la commande de ce double n'éveilla les soupçons des révolutionnaires sur le projet de fuite. Marie-Antoinette fît alors croire qu'elle commandait ce nouveau nécessaire pour l'offrir à sa soeur aînée, Marie-Christine, Gouverneur des Pays-Bas. Un prétexte plutôt léger, tout le monde sachant que les deux soeurs ne s'aimaient guère...
Il manque au nécessaire deux écuelles en argent que la reine offrît à un maître de poste, lors d'une halte à un relais, pour le remercier de sa gentillesse et de sa rapidité à changer les chevaux.

Ça fait sa petite impression quand même...
Est-ce qu'on sait où l'objet est conservé de nos jours ?

Le nécessaire original, celui de 1788, aux initiales de la reine, est exposé au Louvre.
Le second exemplaire, plus sobre et moins fourni, est exposé au musée de la parfumerie à Grasse, de mémoire.

A l'époque, les voyages étaient longs (5 jours entre Lyon et Paris, 11 jours entre Marseille et Paris) et on s'arrêtait chaque soir dans un relais pour passer la nuit. Sans compter les nombreuses haltes pendant le trajet pour changer ou laisser se reposer les chevaux. Ceux qui en avaient les moyens emportaient donc avec eux tout ce dont ils pouvaient avoir besoin.
Quand il faisait froid, on installait sous les banquettes des "chaufferettes", de petites boîtes en métal percées d'orifices, qu'on remplissait de braises pour chauffer l'intérieur de la caisse. Une poignée permettait de la manipuler sans se brûler.


La fameuse "bassinoire" vue plus haut était aussi indispensable : la majorité des chambres d'auberge n'était pas chauffée (à l'époque, il n'y avait comme moyen de chauffage que la cheminée et le poêle).

Merci pour ces infos. Je le découvrirai peut-être un jour au Louvre...

Marie-Antoinette n'était pas la seule à utiliser un nécessaire de voyage...








Il est en acajou avec des renforts en laiton et date du début de la période révolutionnaire (1789-1793).
Ce nécessaire ne comprend pas moins de 56 pièces, à savoir :

2 boîtes couvertes en argent, 4 flacons en cristal taillé, un gratte-langue, une boîte à cure-dents, 2 tasses, 2 boîtes à onguent en cristal, un bassin en argent, un blaireau en argent, 2 paires de rasoirs en ivoire, un canif en écaille à deux lames, un compas en acier, 2 paires de ciseaux en acier, une règle pliante en ivoire à charnière d’argent, un porte-crayon en ivoire avec anneau de fermeture en or, une pincette en acier formant cure-oreilles, une paire de tire-bottes en acier guilloché, un tire-bouchon pliant en acier, un aiguiseur de rasoir dans son étui de cuir, un couteau plat en argent, une brosse à dents en ivoire, 2 peignes, une aiguille passe-lacet, un entonnoir et un "bain d’œil" en argent, une petite boîte ronde en argent, 2 encriers en cristal à couvercle d’argent, 2 cuillères à café en argent, un service à café complet en porcelaine, un passe-thé en argent, une boule à thé en argent...




Il a été conçu par Pierre Dominique Maire, qui était le plus réputé "tabletier" (c'est comme ça qu'on nommait ces artisans) de l'époque. Il continuera sous l'Empire mais sera éclipsé par Biennais qui deviendra le fournisseur de Napoléon. Maire avait en effet refusé de faire crédit au général Bonaparte, de retour d'Egypte, pour une commande. Devenu Napoléon, l'empereur, rancunier, n'avait pas oublié...

Ce qui n'empêcha pas Maire de continuer : il réalisa entre autres le nécessaire de voyage du médecin personnel de Napoléon qui comprenait également de quoi panser et soigner le cheval de l'empereur... Une de ses pièces maîtresses reste ce magnifique nécessaire de 1807, contenant 180 pièces :



Biennais, lui, réalisa entre autres le nécessaire à dents de l'empereur :



En loupe d'amboine, orné des armoiries impériales, avec deux griffons d'or se faisant face de chaque côté de la serrure, il contenait tout le nécessaire pour soigner les impériales quenottes...