MACADAM COWBOY (1969)

Réalisé par John Schlesinger, Macadam Cowboy (dont le titre original est Midnight Cowboy) est resté dans les mémoires pour sa chanson titre et pour la prestation époustouflante de Dustin Hoffman, bien avant celle de Rain Man.

En 1969, Joe Buck, un beau gosse bien foutu à la gueule d'ange, décide de quitter son Texas natal où il végète pour New York, avec la ferme intention de s'y établir et d'y connaître la grande vie comme gigolo pour femmes fortunées. Naïf, débarquant de sa campagne perdue, notre homme va vite tomber de haut, découvrant une New York crade, cynique et égoïste. Mais il va y rencontrer Rico, un clochard italien, petit escroc minable et infirme, avec qui il va se lier d'une très forte amitié. Les deux compagnons de galère décident alors de réaliser leur rêve : partir vivre en Floride, à Miami.

Un film fort, cru (classé X à l'époque pour ses scènes de nu, ce qui ne peut que faire hurler de rire aujourd'hui) avec deux acteurs : Jon Voight (futur père d'Angelina Jolie) en beau gosse naïf et Dustin Hoffman, incroyable dans le rôle d'un SDF infirme, rongé par la maladie, escroc à la petite semaine. Une virée de deux loosers magnifiques et pathétiques dans une New York très différente de celle d'aujourd'hui. Une New York crade, malsaine, où s'agite toute une faune de loosers, de magouilleurs, entre drogués, putains des deux sexes, clodos et cinémas porno. Au milieu de cette saleté, morale comme physique, l'amitié de nos deux compères brille d'un éclat insolite. On suit les péripéties de ces deux perdants attachants et pathétiques, dont le rêve américain a volé en éclats, jusqu'à la fin, poignante.

A voir absolument pour la prestation de Dustin Hoffman, pour voir aussi l'envers du rêve américain de la fin des années 1960, la réalité de ce qu'était New York à l'époque par certains aspects. Trois Oscars à la clef, dont celui du meilleur film.

Et aussi bien sûr, la musique de John Barry et la chanson phare du film, incontournable, Everybody's talking par Harry Nilson.

Je suis passé à côté du film et je le regrette vraiment à la lecture de ton article. Je le connaissais de nom mais ne savais pas qu'il était aussi bon potentiellement.

En-dehors des deux acteurs et de l'histoire, c'est pour moi le début d'un certain cinéma des années 1970, sombre, sans concessions et qui dégomme le rêve américain avec un réalisme cru. La New York dépeinte ici ne fait pas rêver, c'est celle de Taxi Driver : crade.
Le rêve Kennedy a volé en éclats un jour de novembre 1962 à Dallas, la guerre du Viet Nam s'enlise, les revendications et contestations sociales commencent à monter... Le réalisateur aborde une face cachée de la Grosse Pomme : la prostitution masculine, le monde underground des drogués, des paumés et marginaux, des cinés porno miteux, des clodos...

Grâce à ton sujet, j'ai acheté le DVD de ce film lorsque je l'ai trouvé d'occasion. J'ai trouvé le film un peu long, comme très souvent, mais c'est récurrent chez moi. Le thème principal transcende le film dont la musique a été supervisée par John Barry, mais d'autres morceaux présents m'ont également séduit.
Un film à voir effectivement, entre les acteurs, la rétrospective du NY by night de l'époque, son atmosphère particulière.
Tu ne t'es pas trompé dans l'analyse du tournant proposé par le film. C'est un passage de témoin. John Wayne cède sa place.
Spoilers ci-dessous :
La fin renforce encore cela avec Jack qui se débarrasse de ses vêtements de cowboy.
Par ailleurs, le film montre des flashbacks dérangeants sur deux points différents, avec la grand mère de Jack, puis son premier amour. Tout comme les errances sexuelles de Jack, et quelques galeries de personnage étranges (O'Daniel, etc...) cela contribue à sortir le spectateur de sa zone de confort.
Au final, une atmosphère unique totalement servie par le théme principal absolument incontournable.

Content que le film t'ai plu.
C'est l'envers des années 1960 américaines, de l'american way of life avec le joli pavillon de banlieue, Monsieur qui travaille au bureau pendant que Madame gère son foyer et les enfants dans la prospérité générale. Une New York crade, malsaine, avec une belle galerie de marginaux et pas mal d'illusions perdues. Et le mythe du cowboy qui vole en éclats.

- Du côté de Dustin Hoffman, il a beaucoup hésité avant d'accepter le rôle, craignant que ce genre de film ne nuise à son image. Perfectionniste, il a donné rendez-vous au directeur du casting dans une rue de New York, déguisé en clochard et l'a abordé en lui faisant la manche. Le directeur ne l'a pas reconnu jusqu'à ce que Hoffman se dévoile.
Pour mieux jouer le fait de boîter, l'acteur avait un caillou dans sa chaussure.
La scène où un taxi freine dans les jambes des deux héros n'était pas prévue. L'équipe n'avait pas eu l'autorisation de faire stopper la circulation et filmait en conditions réelles. Le taxi a grillé le feu rouge et Hoffman s'est emporté, ayant eu peur d'être renversé. La scène a alors été gardée au montage.

- Pour le thème du film, c'était Lady, Lady, lay de Bob Dylan qui était prévue mais la chanson ne fût pas terminée à temps.

Je n'ai plus revu depuis longtemps mais, en effet, il s'inscrit parfaitement dans la décennie des années 70 au cinéma marquée par un fort sentiment de pessimisme.

Il faudra que je me le revisionne, ne serait-ce que pour la performance de Dustin Hoffman, que j'aime bien et qui me parait assez oublié aujourd'hui.