UNE GOURMANDISE - M. BARBERY (2000)

Le pitch : C'est le plus grand critique culinaire du monde, le Pape de la gastronomie, le Messie des agapes somptueuses. Demain, il va mourir. Il le sait et il n'en a cure : aux portes de la mort, il est en quête d'une saveur qui lui trotte dans le coeur, une saveur d'enfance ou d'adolescence, un mets original et merveilleux dans il pressent qu'il vaut bien plus que tous les festins de gourmet accompli.
Alors il se souvient. Silencieusement, parfois frénétiquement, il vogue au gré des méandres de sa mémoire gustative, il plonge dans les cocottes de son enfance. Il en arpente les plages et les potagers, entre campagnes et parfums, odeurs et saveurs, flagrances, fumets, gibiers, viandes, poissons et premiers alcools... Il se souvient - et il ne trouve pas. Pas encore.


Mon avis :

C'est l'histoire d'une rencontre avec une autrice que je m'en veux de ne pas avoir découvert plus tôt tant son style est délicieux à entendre. De même que le délice est dans la saveur de ses mots qui se mangent comme une tomate juteuse un soir d'été. J'ai donc découvert ce roman, "Une Gourmandise" - dont je vous invite à la lecture - de Muriel Barbery et qui parle de gastronomie et de plaisirs culinaires. Au seuil de la mort un critique gastronomique réputé cherche la - ou les saveurs - de son enfance, celles dont il a envie de souvenir et lesquelles il a envie d'emporter avec lui. C'est savoureux à lire, c'est riche de métaphores, d'images, toutes liées à l'univers de la cuisine et de la gastronomie ; des simples plats préparés par nos grands-mères jusqu'aux mets raffinés des restaurants étoilés. C'est vraiment un livre à croquer, un régal pour les bons vivants et un bel hommage à la gastronomie si délicate de notre pays. Je vous le conseille. Vraiment.

Un petit extrait pour vous mettre l'eau à la bouche :

Citation :

La tomate crue, dévorée dans le jardin sitôt récoltée, c'est la corne d'abondance des sensations simples, une cascade qui essaime dans la bouche et en réunit tous les plaisirs. La résistance de la peau tendue, juste un peu, juste assez, le fondant des tissus de cette liqueur pépineuse qui s'écoule au coin des lèvres et qu'on essuie sans crainte d'en tacher ses doigts, cette petite boule charneue qui déverse en nous des torrents de nature : voilà la tomate, voilà l'aventure.

En te lisant j'ai l'impression que c'est l'équivalent du Parfum de Suskind mais appliqué au goût. Je me suis demandé quels autres livres m'évoquaient aussitôt un autre sens et rien ne m'est venu sur la vue ou l'ouïe. Par contre sur le toucher j'ai gardé de bons souvenirs du Voleur de Corps, d'Anne Rice, 4ème opus de sa saga vampirique. Et peut être aussi le scaphandre et le papillon pour le côté emprisonné dans son propre corps.