PIERRES ET BIJOUX EN GENERAL

Commençons avec un petit lexique du vocabulaire bien particulier du monde de la joaillerie :

Pour mémoire donc (liste non exhaustive) :

- Un alliage est un mélange entre un métal précieux et d'autres métaux, précieux ou non.

- Un brillant est un diamant taillé de manière à ce que la lumière se reflète parfaitement dans la pierre.

- Un cabochon est une pierre taillée en dôme, lisse, sans facettes. On surnomme certaines bagues aux pierres taillées ainsi "bagues d'évêque".

- Un camée est une pierre fine gravée, ciselée, en relief, pour en faire ressortir strates de couleurs et formes.

- Le carat est l'unité de mesure du poids d'une pierre précieuse (01 carat = 0,2 grammes).

- Le chaton d'un bijou est la partie qui accueille la pierre (ou l'inscription pour certaines bagues).

- On parle de l'eau d'une pierre précieuse pour déterminer sa limpidité.

- L'électrum est un alliage à l'état naturel d'or et d'argent. L'Antiquité l'utilisait pour frapper ses monnaies. De loin, on le confond facilement avec l'or. Les égyptiens en recouvraient la pointe de leurs obélisques.

- Le filigrane est un assemblage de minces fils de métal (fils d'or et d'argent le plus souvent) soudés sur une plaque de métal avec des espaces vides entre eux. On obtient alors souvent un effet de broderie.

- Gemme (attention, le mot est féminin) est le nom qui regroupe toutes les pierres précieuses et fines.

- La girandole est une boucle d'oreille constituée d'un assemblage de diamants ou pierres précieuses, souvent en forme de gouttes, assemblées autour d'une pierre centrale. On parle aussi de pendants d'oreilles.

- Le gorgerin est à la base une pièce d'armure. En joaillerie, c'est un large collier qui part du cou et enserre les trapèzes, couvrant les clavicules et descendant jusqu'à la naissance de la poitrine. C'est le collier typique des Pharaons et anciens égyptiens.

- Insculper : graver au moyen d'un poinçon.

- Intaille : pierre fine gravée, ciselée, en creux.

- Un diamant jonquille est un diamant jaune. On parle aussi de diamant "canari".

- L'orfèvrerie est l'art de fabriquer des objets en or ou en argent massif.

- On parle de l'orient d'une perle pour déterminer son reflet, sa teinte, qui peut comprendre plusieurs variantes (nacrée, rosée, arc-en ciel...).

- Un pectoral est un bijou, souvent un ornement suspendu, plus ou moins grand, plus ou moins élaboré, qui descend jusqu'au thorax. A l'origine, c'est un bijou magique, censé protéger coeur et poumons.

- Pierres précieuses. Ne cherchez pas, elles sont quatre uniquement : diamant, émeraude, rubis et saphir.

- Une rivière de diamants est un collier composé d'une suite de chatons reliés les uns aux autres et dans lesquels sont enchâssés des diamants.

- Le sang de pigeon est la teinte des rubis les plus rares et les plus recherchés. Ils sont d'un rouge franc rehaussé d'une pointe de bleu ou de fushia. Un rouge plus sombre, plus mat, est un sang de boeuf.

- Un sautoir est un collier de mi-longueur (55 centimètres environ) que l'on porte généralement enroulé une ou deux fois autour du cou avant de le laisser pendre sur la poitrine (il est souvent en perles).

- Le sertissage consiste à fixer la pierre sur le bijou. Très souvent, la pierre est maintenue par de minuscules griffes en métal, surtout pour les bagues.

- Un solitaire est un diamant monté seul sur un bijou, le plus souvent une bague.

Nous avons déjà rencontré le Maharaja de Patiala dans le sujet sur les diamants avec le fabuleux collier qu'il commanda à la maison Cartier, lors d'un séjour à Paris en 1928.



Mais l'extraordinaire parure n'était que la face immergée de l'iceberg...
Au cours de ce même séjour, le Maharaja est allé faire ses courses chez la maison Boucheron également. Personnage atypique que ce Maharaja, colosse imposant de deux mètres, alors un des hommes les plus riches du monde, épris de modernité (il s'est offert un avion), ayant combattu avec bravoure en France pendant la Première Guerre Mondiale et ayant comblé son petit royaume d'infrastructures modernes, écoles, ponts, hôpitaux, chemin de fer... Il vient de s'installer au Ritz avec sa suite, arrivé à la tête d'un cortège de 20 voitures, 40 serviteurs et 20 danseuses...

Grand amateur de femmes (il en aurait plus de 500), il adore les combler de bijoux. Le 2 août 1928, notre homme quitte sa suite du Ritz et traverse la place Vendôme pour rejoindre la maison Boucheron où il a rendez-vous. Il est suivi de douze colosses sikhs enturbannés qui portent six grands coffres en métal.  A l'intérieur se trouvent, enveloppés dans des écharpes de soie, 7571 diamants, 1432 énormes émeraudes, des rubis et des perles. L'ensemble vaut plus de deux milliards de francs de l'époque...

A partir de ce trésor, les artistes de la maison Boucheron vont imaginer, dessiner et créer 149 parures exceptionnelles. Douze sont destinées au Maharaja lui-même dont un collier de 85 émeraudes en forme de poires et trois larges émeraudes plates. Les autres parures sont destinées à ses femmes.







Collier de rubis sur une monture de platine, enrichi de diamants et perles.
Il était destiné à la première épouse du Maharaja, la Maharani Sri Bakhtawar Kaur Sahiba :

It's good to be the marahaja aussi.

Tu m'étonnes !
Ils vivaient vraiment dans un autre monde. Je ne suis pas spécialiste de l'Inde et n'y suis jamais allé mais je pense que c'est l'une des civilisations où il y a le plus grand gouffre entre le niveau de vie des masses et leurs élites de l'époque. Une copine qui y a passé plusieurs mois m'a dit que dans les palais des anciens Maharajas, on atteignait un niveau de luxe et de raffinement inconcevable, dans les moindres détails.

Tout le monde a entendu parler de cette aventure des trois Mousquetaires, sous la plume d'Alexandre Dumas : Louis XIII offre à sa reine de superbes ferrets en diamants, ferrets que l'imprudente souveraine remet à son amoureux, le duc de Buckingham. Richelieu, qui cherche à perdre la reine, vole les parures et insiste alors auprès du roi pour que la reine les porte lors du prochain bal de la cour, tout proche. Heureusement, les braves mousquetaires vont venir à l'aide de la souveraine et lui ramener les précieux ferrets juste à temps.

Mais que sont exactement des ferrets ?
A la base, les ferrets ne sont pas des bijoux mais des pièces de vêtement. En fait, de petits objets de métal, qui étaient le plus souvent en fer (d'où leur nom) et en forme de petit tube. Ils désignent particulièrement les petits embouts métalliques fixés à l’extrémité d’un lacet :



Ils servaient bien sûr à passer le lacet plus facilement dans l'œillère mais servaient aussi de décoration sur les chaussures des élégants et élégantes.
Ils devinrent alors, en joaillerie, des petites broches en pierres précieuses ornant un lacet que la dame portait à son corsage. C'est ce qu'étaient donc les fameux ferrets en diamants de la reine : plusieurs lacets à l'extrémité enrichie de diamants et fixés verticalement, en rangée, à son corsage.

Ces ferrets sont parfaits pour décorer mon sapin, je recommande, livraison rapide et efficace 5/5

Un bracelet orné de rubis et de sept camées représentant des empereurs romains, bijou qui aurait appartenu à la dernière reine de France.

Tout commence avec la famille Mellerio, des colporteurs et marchands qui quittent l'Italie pour venir travailler à Paris sous le règne de François Ier. Ils seront à l'origine d'une maison de joaillerie réputée qui existe encore aujourd'hui.
En 1780, Jean-Baptiste Mellerio vient installer son étal à l'entrée du château de Versailles. Le château était un véritable moulin, il y avait foule devant les grilles et beaucoup de colporteurs et petits marchands y installaient leurs étals, espérant attirer l'attention de riches seigneurs ou grandes dames. Notre homme sait que la reine Marie-Antoinette aime énormément les bijoux. Ne s'est-elle pas endettée sur des années au début du règne pour des pendants d'oreille en diamants, puis pour des bracelets assortis ? La légende veut que la reine, revenant de promenade, ait aperçu l'étal de notre colporteur et ait demandé à une de ses dames d'aller voir ce qu'il avait à proposer. La dame en question aurait alors acheté le bracelet pour la souveraine. L'effet "boule de neige" aurait alors joué à plein et, rapidement, notre colporteur aurait eu de nombreux clients et serait parvenu à monter sa maison.
Réalité ou légende ?
Ce qui est certain, c'est que sous l'Empire, la maison Mellerio fournît en bijoux Napoléon Ier, l'impératrice Joséphine, les sœurs de l'empereur, les maréchaux d'empire et même... le corsaire Surcouf. Un succès qui perdurera auprès de toutes les têtes couronnées jusqu'à nos jours.

Mais revenons à notre bracelet...
Suite à la tempête révolutionnaire, il disparaît pour réapparaître bien plus tard, en 1935, lors d'une exposition, prêté par une grande dame. Cette dernière produit un document stipulant que Marie-Antoinette aurait offert le bracelet à une comtesse en 1786, la dame en question serait la descendante de cette comtesse et aurait donc prêté le bijou pour cette exposition. Et puis, il disparaît à nouveau.
En 2004, la nouvelle responsable de la communication de la maison Mellerio, intriguée, décide de retrouver le bijou et en diffuse largement la photo dans tous les médias consacrés à la haute joaillerie. Et c'est en 2014 qu'un homme la contacte pour lui annoncer qu'il possède le bracelet. Sa grand-mère maternelle l'aurait acheté au cours d'une vente aux enchères chez Drouot en 1970. L'homme accepte de vendre le bijou qui revient ainsi, des siècles plus tard, à la maison Mellerio.

Ceci étant, le bracelet a-t-il vraiment appartenu à Marie-Antoinette ? Et si oui, est-ce bien celui-ci ?
Des experts ont certifié que le métal et la monture datent bien du XVIIIème siècle. La reine offrait de petits cadeaux à ses amis et ses dames, souvent de petits objets précieux ou des bijoux, c'était l'usage à l'époque. Mais les camées n'étaient pas dans ses goûts, il n'y a aucun portrait de la reine avec le bracelet et il n'existe aucun acte de vente.
Le mystère demeure donc, il est toujours impossible d'affirmer avec certitude que ce bracelet orna autrefois le poignet de la dernière reine de France.



Perso, j'ai un peu de mal avec cette histoire.
Marie-Antoinette aimait surtout les diamants et, en tant que reine, pouvait s'offrir de somptueuses parures. Au début du règne, elle s'était endettée sur plusieurs années pour de superbes pendants d'oreilles en diamants et leurs bracelets assortis. Les plus grands joailliers lui proposaient leurs créations. Je la vois mal s'intéresser à l'étal d'un colporteur en passant... Peut-être effectivement une grande dame a-t-elle acheté ce bracelet, lançant ainsi la carrière de notre homme mais était-ce vraiment la reine ?