LE LAC ALAOUDIN ET AUTRES LACS DU TADJIKISTAN

Le joyau naturel du Tadjikistan se mérite. Situé au cœur des monts Fanskye (communément appelés "Fann"), isolé, il est difficilement accessible autant que méconnu (pas des habitants du pays qui s'y rendent volontiers). Mais la récompense est au bout de l'effort, devant ce paysage magnifique, sauvage et ces eaux bleues, turquoise, incroyables :





Pour l'atteindre, il faut prendre le col de Bodkhona (3420 m) avant de redescendre vers le lac, enchâssé entre les montagnes et entourés par les pics de Bodkhona (4500 m) et de Tchapdara (4200 m). On peut faire du camping sur les bords du lac et également s'y baigner. Les amateurs de randonnée seront comblés avec de nombreux sentiers serpentant entre les montagnes, les forêts et les glaciers.

Les monts Fanskye offrent un spectacle époustouflant de canyons, de prairies, de forêts et de glaciers, paysage farouche où les bergers veillent jalousement sur leurs troupeaux de chèvres. La région, qui culmine à plus de 5000 mètres, abrite aussi plusieurs lacs magnifiques en- dehors du Alaoudin, comme le lac Iskanderkoul ou le Koulikalon :












L'Iskanderkoul, "le lac d'Alexandre", tient son nom d'Alexandre le Grand, qui s'y serait reposé avec son armée, lors de son voyage vers l'Inde. Alimenté par la rivière Saritag et des petits torrents, il affiche une profondeur de 72 mètres. La rivière Iskander-Daria prend sa naissance au sein du lac et possède une cascade de 43 mètres. Un autre petit lac, le "lac aux Serpents", est séparé de l'Iskanderkoul par une bande de terre de 300 mètres. Par contre, l'Iskanderkoul n'abrite quasiment aucune vie aquatique en ses eaux bleues, naturellement très chargées en minéraux.

Pour atteindre le Koulikalon, il faut partir du lac Alaoudin et franchir le col du même nom, à 3800 mètres, avant de redescendre vers le lac, une fois de l'autre côté. Si l'on parle du lac Koulikalon, ils sont en fait plusieurs, s'étalant aux pieds des glaciers suspendus de la chaîne du Pamir.

N'oubliez pas non plus de faire un détour par le lac de Kara-kul, lac salé qui vous donnera l'impression d'être quelque part en Utah ou dans les Andes :




Situé à 3 900 mètres au-dessus du niveau de la mer, sa très forte salinité empêche le développement d'une vie en son sein, à l'exceptions de quelques échassiers. Entouré d'ocre et de paysages aux allures de désert brûlant, il serait dû à l'impact d'une météorite tombée il y a 25 millions d'années, créant ce cratère de 45 kilomètres de circonférence. Profond de 238 mètres, il est si isolé qu'il n'a été vraiment mondialement découvert que par des images satellite…
Bien qu'il soit situé dans une des régions les plus arides du pays, d'octobre à mai, il est néanmoins entièrement gelé, formant un œil blanc/bleu au coeur des montagnes.
Vous y serez seul au monde, à l'exception des habitants du village de Kara-Kul, où une petite communauté de bergers survit par l'élevage de chèvres, de moutons et de yaks.

Toujours au Tadjikistan, voici maintenant le lac Sarez, à 3600 mètres d'altitude :



Un lac "artificiel" d'une certaine manière : en 1911 se produit une violente secousse sismique (7,4 degrés sur l'échelle de Ritcher). La montagne entière s'effondre sur le cours de la rivière Murghab, ravageant au passage quatre villages entiers, balayés en quelques instants. Une fantastique masse de pierre, de roche, de terre et de gravats s'abat sur la rivière, créant un barrage naturel, le plus haut du monde, 567 mètres de haut pour une surface de 2,2 kilomètres cube.
C'est ce barrage qui va créer une vaste retenue d'eau qui se remplit régulièrement, d'année en année, jusqu'à former le lac de Sarez (surnommé "la perle bleue"). 70 kilomètres de long pour 505 mètres de profondeur.

Ici, on voit le fameux barrage au centre et à droite, le début du lac qui en a résulté :



Ici, on voit à droite la totalité du lac :



En 2015, le gouvernement autorise à nouveau la visite des lieux, après 15 ans d'interdiction. Il faut cependant un permis spécial. De nombreux sentiers de randonnée existent, bien que certains aient été endommagés par une nouvelle secousse, en 2015.
D'ailleurs, la région entière vit dans la crainte d'un nouveau séisme majeur qui ferait sauter ce barrage naturel : le lac Sarez se viderait alors et engloutirait des régions entières, agricoles, industrielles et densément peuplées. Au total, six millions de personnes pourraient être impactées, d'autant plus que le lac continue à s'étendre et son niveau à monter chaque année... C'est pour cette raison qu'il est également surnommé "le dragon endormi".

En attendant, le fait d'être complètement "enfermé" entre les montagnes confère au lac un écosystème propre et des eaux d'une pureté intacte :