Yaa Asantewaa, la reine rebelle
Yaa Asantewaa, née en 1840 (date sujette à caution), était la reine-mère de l'empire
Ashanti, qui correspond à l'actuel Ghana. Elle est restée célèbre pour avoir combattu avec détermination et courage la domination anglaise qui menaçait son peuple.
Elle règne d'abord aux côtés de son frère mais à la mort de ce dernier, en 1894, elle se fait accorder les pleins pouvoirs, ce qui ne plaît guère aux anglais qui convoitent les mines d'or de la région. Ces derniers ont d'ailleurs déjà obtenu une concession importante sur certains gisements et ils proposent au nouveau roi, Pempreh Ier, de prêter allégeance à la Couronne britannique. Ce que le jeune souverain refuse. Informés que le roi cherche secrètement à nouer alliance avec le redoutable chef de guerre Almamy Samory Touré, les anglais s'arrangent pour faire exiler aux Seychelles le nouveau roi. Le gouverneur anglais, Frederik Hodgson, décide alors de réclamer aux Ashanti le trône d'or, symbole politique et religieux du pouvoir royal en échange de sa libération. Les membres du gouvernement restants et les seigneurs Ashanti se réunissent en secret mais ne font qu'afficher leurs divergences et leur indécision. C'est alors que la reine, qui participe à la réunion s'exclame : "Je vois que certains d'entre vous ont peur d'aller se battre pour notre roi. Si c'étaient les jours glorieux d'Osei Tutu, Okomfo Anokye, ou Opoku Ware I (précédents souverains Ashanti), les chefs ne regarderaient pas leur roi se faire enlever sans faire feu. Aucun Européen n'aurait pu parler aux chefs Ashanti comme le gouverneur vous a parlé ce matin. Est-ce vrai que la bravoure Ashanti n'est plus ? Je ne peux pas le croire. C'est impossible ! Je dois dire ceci : si vous, les hommes d'Ashanti, n'y allez pas, alors nous le ferons. Nous, les femmes, le ferons. J'en appellerais à mes camarades femmes. Nous nous battrons ! Nous nous battrons jusqu'à ce que la dernière des nôtres tombe au champ de bataille !"
Galvanisés par ces paroles, les seigneurs Ashanti se rangent avec 5000 hommes derrière la bannière de la reine-mère.
La rébellion éclate en 1900, connue sous le nom de "la guerre du trône d'or". Le fort de Kumasi, où les anglais, surpris, s'étaient retranchés, est assiégé dans les règles pendant 11 mois, contraignant le gouverneur à dépêcher des renforts en urgence. 1400 hommes d'abord auxquels il faudra en rajouter 1200 pour en finir avec la rébellion. Alors qu'elle se bat avec courage, fusil en main, la souveraine est capturée avec quinze de ses fidèles et sera déportée avec eux aux Seychelles. En 1902, l'empire Ashanti devient protectorat britannique. Le fameux trône d'or, lui, fût mis en sécurité et caché dans la forêt par des fidèles de la souveraine.
Yaa Asantewaa ne reverra jamais son pays : elle meurt en exil aux Seychelles en 1921. Trois ans plus tard, le roi Ashanti Pempreh Ier, autorisé à rentrer chez lui, demande et obtient que la dépouille de la souveraine et celles de ses fidèles soient rapatriées également. Ils seront alors inhumés avec tous les honneurs.
Il faudra attendre 1957 pour que le protectorat Ashanti gagne son indépendance, réalisant ainsi le rêve de la défunte reine guerrière.
Aujourd'hui encore, cette dernière reste une figure de l'histoire du Ghana. Elle possède son propre musée où une effigie la représente, siègeant en souveraine tandis que son buste accueille les visiteurs à l'entrée. Elle a également de nombreuses statues qui la représentent très souvent en guerrière, le fusil en main. Elle est présente sur certains billets de banque et une école portant son nom a été créée, pour l'éducation des jeunes filles.