LES MYSTERIEUX PEUPLES DES STEPPES

C'est une civilisation méconnue qui révèle aujourd'hui ses trésors...

Nous sommes à Arzhan, en Sibérie, dans une région isolée et farouche, loin de tout. Il y a 2 600 ans régnaient ici les cavaliers scythes, éleveurs nomades, redoutables archers à cheval et merveilleux orfèvres.
C'est ici, dans cette zone marécageuse, à cinq heures de route du premier village, que les archéologues ont découvert un tumulus renfermant le tombeau d'un prince et de sa compagne.

Un tumulus funéraire de 150 mètres de diamètre, aménagé intérieurement en plusieurs chambres aux parois en rondins de mélèzes. Dans ces chambres, les restes de pas moins de 34 personnes (16 hommes, 13 femmes et 5 enfants) et de 14 chevaux, chacun de race différente,  richement harnachés et sellés d'or, de bronze et de fer. Des personnes et des chevaux qui, selon les experts, furent sacrifiés pour accompagner le défunt dans l'autre monde, étranglés ou empoisonnés...
Le défunt ? Non, les défunts. Car dans la chambre principale, c'est bien un couple qui repose, depuis 2 600 ans, entouré de plus d'un millier d'objets en or...  Des armes, des bijoux, des épingles à cheveux d'une incroyable finesse, des vases... Le couple est en position foetale,  enlacé, la femme blottie contre l'homme. Les deux crânes sont tombés et ont roulé sur quelques centimètres, ce qui laisse penser que les têtes reposaient sur des coussins, tombés en poussière avec le temps. Le couple était somptueusement paré et vêtu.



Les scientifiques sont parvenus à reconstituer les vêtements de cet homme et de sa compagne :



Détail fabuleux : on a retrouvé près d'eux 2 500 figurines en or, identiques, de 2 à 3 centimètres, représentant des panthères et qui ornaient leurs manteaux, de façon à y figurer des ailes.



La femme portait des bijoux d'or et de turquoise et, plus surprenant, à son côté une dague dans son fourreau ouvragé d'or.
Au total, le couple portait plus de 20 kilos d'or pur en parures et bijoux.









Qui étaient cet homme et cette femme ?
Probablement un seigneur scythe, un roi même, et son épouse ou sa favorite. Accompagnés par leurs serviteurs sacrifiés pour leur ultime voyage et également par leurs chevaux, animal sacré pour ces cavaliers nomades.
Les études des deux corps ont démontré que l'homme est mort entre 40 et 50 ans d'un cancer de la prostate probablement et que la femme était âgée de 30 ans environ, d'une ethnie différente de celle de son compagnon. Si les tissus et vêtements ont disparu, ces fabuleux objets restés intacts permettront peut-être aux scientifiques d'en savoir plus sur ces mystérieux nomades qui régnaient sur les plaines de Sibérie vers le VIIème siècle avant J.C.
En attendant, ils ont réussi, par l'étude des crânes du couple, à reconstituer leur apparence et morphologie faciale, nous les faisant découvrir tels qu'ils étaient il y a 2 600 ans...



Pour rappel, les chefs-d'oeuvre de l'orfèvrerie scythe, c'est par ici :
https://les-terres-de-vs.forumgratuit.org/t2389-tresors-scythes

J'aime beaucoup ces vêtements traditionnels. Tout cela enflamme l'imagination avec ces mystères. Cela me donne envie de rejouer à Pillards de Scythie, présenté sur le forum dans la rubrique jeu de plateau...

Le raffinement et la beauté des épingles et des petits ornements sur les manteaux est incroyable. On est quand-même sept siècles avant J.C... On pense toujours à l'Egypte des Pharaons, à Babylone, à la Grèce et là, au milieu des steppes gelées et des toundras, on a un tel raffinement, une telle maîtrise.

La région est riche en tombeaux de ce genre, au point d'être surnommée "La vallée des rois sibérienne". Mais les autres tumulus funéraires découverts étaient moins riches et avaient été pillés, celui-ci semble avoir été intact.
Les scientifiques s'interrogent également sur cette jeune femme... Concubine, favorite, épouse ? Le fait qu'elle porte de si riches vêtements et parures et surtout, une arme au côté, semblerait indiquer un rang élevé. Par contre, il semble probable qu'elle fût également sacrifiée pour suivre son compagnon dans l'autre monde...

Toujours en Russie mais dans le sud-ouest du pays cette fois, une autre tombe vient d'être découverte. Vieille de 2 500 ans, elle a réservé une belle surprise aux archéologues et scientifiques...

A l'intérieur, quatre squelettes, inhumés séparément. Quatre squelettes de femmes.
Les analyses sont formelles, il s'agit bien de deux femmes âgées entre 20-29 ans et 30-35 ans, d'une adolescente de 13 ans environ et une dernière femme âgée entre 45-50 ans. Visiblement, quatre femmes scythes. Et surtout, quatre guerrières. Trente pointes de flèche, des couteaux, des restes de harnais et rênes de chevaux... Les quatre défuntes étaient certainement des guerrières et des cavalières. N'oublions pas que les auteurs anciens considéraient les femmes scythes comme étant les mystérieuses Amazones. Les écrits de l'époque rapportent que les femmes des scythes montaient à cheval et étaient aussi redoutables au tir à l'arc que leurs hommes.

Ce n'est pas la première fois que des tombes féminines sont trouvées dans cette région. Onze sépultures du même genre ont été déjà découvertes, avec à chaque fois des armes, des objets et parures et tous les rituels de rigueur.
Ici, la première était en position de cavalier, accompagnée pour son dernier voyage d'un miroir en bronze et de deux lances. La plus âgée portait un calathos, une sorte de couronne composée de bandes d'or ciselées de fleurs. Une coiffe caractéristique, réservée aux femmes de haut rang. Certaines, retrouvées intactes, sont de véritables chefs-d'oeuvre :






Dans les montagnes de l'Altaï, non loin de la frontière chinoise, c'est la dernière demeure d'une autre femme, surnommée "la princesse des glaces", qui a été mise à jour.
Une femme richement vêtue et parée, entièrement tatouée (chose habituelle dans ces régions et à son époque) y reposait depuis 2 500 ans, entourée d'un trousseau complet. Et surtout, sa dépouille a été préservée par les températures glaciales, l'empêchant de devenir squelette ou de tomber en poussière. Une occasion en or pour les scientifiques d'en savoir plus sur cette belle inconnue.

Ses tatouages ont été remarquablement exécutés et surtout conservés. Ils représentent des animaux (daims, chèvres...) se transformant progressivement en motifs floraux.
A ses côtés se trouvait une "trousse" contenant produits de beauté et cosmétiques. L'analyse de sa dépouille a révélé l'usage de substances hallucinogènes, utilisées pour peut-être entrer en transe au cours d'un rituel. Des indices laissant à penser qu'elle fût une chamane. Elle portait également des marques sur ses os, indiquant une possible chute de cheval. Les analyses suggèrent également qu'elle mourût des suites d'un cancer du sein qui l'aurait emporté en trois ans. Elle serait morte très jeune, vers 25 ans. Encore plus étonnant, on a retrouvé en elle du cannabis, qu'elle utilisait peut-être pour soulager les douleurs dues à sa maladie...

La belle reposait dans une sorte de sarcophage en bois, peint d'animaux, ses objets usuels placés à côté dans une chambre funéraire en bois également, enfouie au coeur du tumulus. Pour son dernier voyage, elle fût soigneusement momifiée à l'aide de tourbe et d'écorce, couchée sur le côté comme endormie. Ses cheveux étaient rasés, couverts d'une perruque surmontée d'une haute coiffe de 90 cm. Elle mesurait environ 1,67 m et portait une longue robe de laine à bandes horizontales rouges et blanches ainsi que des bas en feutre blanc et un manteau en poils de marmotte. Son cou portait un torque ciselé de léopards. A côté de son bras se trouvait un miroir d'argent orné d'un daim.

Détail étonnant, elle fût momifiée trois mois après sa mort. Son corps fût sans doute exposé lors de cérémonies ou rituels avant d'être momifié et déposé dans son tombeau. Autre détail significatif, on a retrouvé dans sa tombe six dépouilles de chevaux, richement harnachés, probablement sacrifiés pour l'accompagner dans son dernier voyage. Au-dessus de sa tombe se trouvait la dépouille d'un homme en armes, un guerrier entièrement tatoué également, visiblement sacrifié lui aussi (présence d'une profonde blessure à l'arrière de la tête) pour veiller sur le repos éternel de la défunte.



Sa momie est depuis soigneusement préservée dans un caisson stérilisé. Le musée d'Anokhine offre une reconstitution de la chambre funéraire, avec le mannequin du guerrier sacrifié qui devait veiller sur elle :




La politique s'est emparée de la mystérieuse défunte depuis. Les peuples de la région ont intenté une demande en justice afin que la momie soit enlevée du musée où elle est conservée désormais pour être à nouveau inhumée selon les rites dans son tombeau et ce dernier à nouveau scellé. Pour les plaignants, il est indécent et sacrilège d'avoir enlevé cette femme de sa dernière demeure et certains disent même craindre sa "colère" ou sa "vengeance". Pour eux, la défunte est la gardienne de la porte du monde des morts et sa colère expliquerait tremblements de terre, maladies et même réchauffement climatique. De leur côté, les scientifiques indiquent que la momie repose maintenant dans un espace stérile et préservé et qu'il serait dangereux pour sa préservation de l'en faire sortir. Ce à quoi les plaignants répliquent que la momie a été préservée pendant 2 500 ans sans dommages dans sa tombe...
Aux dernières nouvelles, la plainte a été rejetée et la justice a confirmé que la momie de la Princesse des glaces devait rester au musée.

Suite de notre découverte de "la princesse des glaces".

La voici, dans le caisson sécurisé et stérile qui la protège désormais :



Ses tatouages, intacts et parfaitement visibles après 2 500 ans :



Tatouages qui ont depuis fait fureur dans les salons des tatoueurs, qui ont vu la demande exploser pour les reproduire sur certains clients, en partie ou totalité. Surtout le daim sur son épaule, qui a suscité un véritable engouement, principalement chez les jeunes femmes. Des tatouages "d'une incroyable modernité" selon les tatoueurs.



"Cartographie" de ses tatouages :



Grâce aux études morphologiques et à l'informatique, une possible reconstitution de son visage :



Nous avons vu plus haut la controverse au sujet de son lieu de repos. Mais voici que, durant l'épidémie de Covid, très forte en Russie, la région où repose la princesse des glaces a été épargnée, avec aucun cas de contamination enregistré. Et plusieurs membres des autorités locales (dont un député) ont déclaré officiellement que c'était grâce à la protection "divine" de la princesse des glaces, protectrice de la région. Argument de plus pour ceux qui désirent la conserver dans le musée qui lui est consacré.
2 500 ans après sa mort, la princesse des glaces a gardé son aura intacte...

Nous voici au nord-est de la Chine où a été découverte une tombe émouvante.

Car dans cette sépulture repose un couple enlacé. Les archéologues ont découvert les squelettes très bien conservés d'un homme et d'une femme, enterrés ensemble et étroitement enlacés :



Ils seraient des Xianbei, un peuple nomade ayant arpenté les steppes eurasiennes, l'actuelle Mongolie et le nord-est de la Chine autrefois.
L'homme et la femme reposent enlacés, face à face. La tête de l'homme est penchée sur celle de sa compagne tandis que cette dernière pose sa tête sur l'épaule de son compagnon. L'homme devait mesurer 1,60 m et devait avoir entre 30 et 35 ans. Sa compagne, qui mesurait environ 1,57 m, était plus âgée, entre 35 et 40 ans. Ils sont morts il y a environ 1 500 ans et ont été enterrés avec soin, bien que leur tombe soit très simple. La femme portait à l'annulaire gauche un anneau d'argent.

La cause de leur mort reste mystérieuse. L'homme présente de nombreuses blessures dont une fracture au bras et un morceau de doigt manquant. La femme, elle, ne présente que quelques problèmes dentaires et semblait en bonne santé au moment de sa mort.
Les scientifiques suggèrent que l'homme serait mort en premier et que sa compagne se serait donné la mort pour le suivre dans l'Au-Delà. Il est possible également qu'ils aient succombé ensemble à une maladie. Difficile de savoir car, émus par leur découverte, archéologues et scientifiques ont refusé de bouger et séparer les corps pour les examiner plus soigneusement.

D'autres tombes avec des corps enlacés ont été découvertes chez d'autres civilisations mais celle-ci est la première (et la seule) découverte en Chine.
Selon les scientifiques, ces amants ont été enterrés à une époque où la région s'ouvrait à des croyances étrangères qui prônaient la vie après la mort. Les mentalités changeaient, les sentiments s'exprimaient plus ouvertement dans l'art et, apparemment, dans les pratiques funéraires...

Devenu un symbole et la fierté du Kazakhstan, sa tombe a été découverte en 1969. Son occupant était un très jeune guerrier, mort vers 18 ans, d'après les analyses de son squelette. Il a été inhumé il y a au moins 2 500 ans.

Sa tombe, intacte, recélait tout un trousseau funéraire pour l'accompagner dans l'autre monde, la plus grande partie en or. Armes, ornements, bijoux, vêtements mais aussi squelettes de chevaux, probablement sacrifiés pour l'accompagner dans son ultime voyage. Sans oublier une importante vaisselle de céramique et de nombreux récipients dont un bol en argent orné d'inscriptions runiques. Le tout préservé par les températures glaciales de la région.

A partir des débris retrouvés, les scientifiques ont pu reconstituer les vêtements portés par le défunt lors de ses funérailles. Une tenue sur laquelle ont été replacés les nombreux ornements d'or retrouvés sur les restes des vêtements originaux, ornements représentant majoritairement des animaux, léopards, panthères des neiges, daims, cerfs....







Qui était ce mystérieux "guerrier d'or", mort si jeune et enterré avec un tel faste ? En tous cas, il est devenu un véritable symbole national pour tout le Kazakhstan. Les trésors de sa tombe sont visibles au Musée National du Kazakhstan qui vous proposera également les trésors d'autres tombes, dont de nombreuses reconstitutions de vêtements ornés des parures retrouvées dans des sépultures semblables.
Une exposition qui a voyagé avec un grand succès à travers l'Asie Centrale ainsi qu'en Turquie et en Grèce.
Les ossements du défunts, eux, ont été replacés dans sa tombe au cours d'une cérémonie rituelle.

Un trésor d'un autre genre, exhumé en 2018, dans le nord-est de la Russie, parfaitement préservé par le froid glacial de ces régions, parmi les plus froides du monde. Les scientifiques l'ont nommé Dogor (ami), c'est un mâle âgé d'environ deux mois au moment de sa mort.
Dogor n'est pas tout jeune puisqu'ayant vécu à la fin du dernier âge glaciaire, il a plus de 18 000 ans... Les scientifiques eux-mêmes ont d'abord refusé de croire les résultats des analyses de datation. Il est intact, avec ses poils, ses moustaches, ses dents de lait, ses griffes et même ses cils...



Une batterie d'analyses a toutefois révélé que Dogor n'est pas un chien mais un loup.
Pour être exact, il serait le spécimen d'une race intermédiaire, entre le loup et le chien, même si son génome se rapproche plus de celui du loup et le rattache donc à cette espèce. Il a été trouvé dans une gangue de glace par des chasseurs, en partie à cause du réchauffement climatique, qui réchauffe et met à découvert des zones gelées jusque là intactes. Le froid intense l'a protégé de toute infection bactérienne ou microbienne et a préservé ses tissus de manière exceptionnelle.

Excellent. Merci pour le partage.

D'après ce que j'en ai lu, les chasseurs qui l'ont trouvé ont d'abord cru qu'il s'agissait d'un chiot et, n'arrivant pas à déterminer sa race, l'auraient alors emmené chez un vétérinaire. Ce dernier, pas plus avancé et intrigué, aurait alors alerté les scientifiques.
Ces derniers ont d'abord pensé à un animal mort quelques siècles plus tôt et sont restés sidérés devant les résultats des analyses. Pour eux, l'animal pourrait être "le chien le plus vieux du monde" ou "le premier loup à devenir chien", ou encore une "créature à mi-chemin entre les deux espèces".

Peut-être Dogor était-il le compagnon de jeu d'un enfant ? Sa découverte ramène à celle de dizaines de corps de mammouths laineux retrouvés eux aussi intacts dans les glaces de Sibérie dont Yuka, bébé mammouth âgé de 28 000 ans...