Il fait partie des derniers Howard que j'ai réussi à trouver dans cette collection. Je dois l'avouer, les histoires recueillies dans la collection NEO ne comptent pas parmi mes préférées, qu'il s'agisse de
Cormac Fitzgeoffrey, des aventures de
Steve Harisson et
Steve Costigan, ou encore du
manoir de la terreur ,
Kirby O'Donnell ou
l'île des épouvantes...
Le seigneur de Samarcande est l'exception. On y trouve :
- Le petit peuple
- La cabane hantée
- Noirs sortilèges
- Les doigts de la mort
- Les démons du Lac Noir
- Le vol des aigles
- Le seigneur de Samarcande
Des histoires et des époques très différentes, mais qui ont toutes en commun d'être du pur Howard, superbement traduit, une fois encore, par le remarquable François Truchaud.
Le petit peuple, parue pour la première fois en janvier 1970, ne fait que.... sept pages ! Et pourtant, dans un ensemble si court, Howard nous livre une histoire étonnante, à la première personne et dont il est visiblement le héros. S'inventant une soeur, logique et rationnelle qui traite de balivernes les lectures "Fantasy" de son frère, solitaire et rêveur, Howard nous livre en fait un pan de lui-même, de sa dualité entre son côté féminin et masculin, son côté "civilisé" et son côté "fantastique".
La cabane hantée est parue en 1969, dans le numéro 2 de Weirdbooks. Là aussi, c'est très court : cinq pages et demie ! Mais tout y est. Un récit d'épouvante et d'horreur, du vaudou, des marais nauséabonds... Phrases courtes, sèches, pas d'envolées lyriques pour un impact certain.
C'est en 1973, dans le numéro 6 de Weirdbooks cette fois, que paraît
Noirs sortilèges. Là, Howard se lâche dans une sombre histoire vraiment morbide, avec mutilations, massacres, charniers... dans une Afrique de cauchemar. Pas la meilleure histoire du recueil...
Les doigts de la mort, parue en février 1930 dans Weirdtales est bien meilleure. A nouveau une histoire très courte où Howard nous interroge sur la peur qui tue, le pouvoir de l'esprit qui en arrive à créer de toutes pièces ses propres peurs, angoisses et phobies qui finissent par avoir un impact réel... et fatal. Notre pire ennemi est bien en nous-mêmes. Howard avait déjà exploré cet aspect avec
Le cobra du rêve.
Les démons du Lac Noir (parue en décembre 1973) voit le maître retomber dans ses histoires de massacres et de carnages, lassantes il faut bien l'avouer... Femme empalée sur un pieu, pyramide de têtes tranchées, tortures... et un final où le héros pête un câble et massacre tout le monde à la hache. Franchement, on peut passer...
Le vol des aigles, parue en 1979, est une aventure "double" : elle fût reprise par Sprague de Camp dans les années 1950 et adaptée pour devenir une aventure de Conan,
La route des aigles, dans
Conan le flibustier chez
J'ai lu. On a donc ici l'original si l'on peut dire et la différence entre les deux éclate au grand jour. 1595, les rives de la Mer Noire, les cosaques, un prince prisonnier, pour une histoire orientale perdue dans les steppes et les montagnes. Un récit intrépide et haletant qui ne souffre pas de l'absence du côté fantastique rajouté dans
La route des aigles (avec les goules) par Sprague de Camp. Et un très beau personnage de femme avec Ayesha.
Du très bon !
Et c'est enfin l'histoire qui donne son titre au recueil,
Le seigneur de Samarcande, parue en 1932 dans Oriental Stories. Howard nous brosse une histoire orientale, flamboyante et tumultueuse, épique et grandiose, digne de
La route d'Azraël. Un fabuleux voyage en compagnie d'un héros gaélique, de Bagdad à Samarcande, à travers les steppes et les déserts, le choc de deux civilisations, de deux empires, deux souverains étonnants... Un héros puissament mélancolique et desespéré, romantique et tragique, marqué par la fatalité et le destin. C'est bourré de péripéties, de paysages grandioses, de personnages incroyables et à la fin, tout bascule, tout s'effondre dans le feu et le sang. Vanité, tout est vanité... Un sentiment final d'inutilité, de lassitude, de dérision... A noter, l'incroyable personnage féminin de Zuleïka, si pathétique, fragile et dérisoire, si insignifiant, et qui sera pourtant l'une des raisons de cet effondrement général et de cette fin tragique. Une histoire digne d'une tragédie grecque, pleine d'orgueil, de destin et de rêves impossibles. Somptueux.