TABOO (2017)

Série télévisée britannique créée et écrite par Steven Knight, Tom Hardy et son père, produite par Ridley Scott, Taboo offre un très bon moment.

Présumé mort dans les profondeurs de l'Afrique depuis de nombreuses années, James Delaney revient à Londres en 1814. Homme tourmenté et profondément marqué, il apprend à son retour que son père Horace est mort, et constate que son pays, l'Angleterre, est en guerre avec la France et les États-Unis.
L'arrivée de James menace de perturber les ambitions de sa demi-sœur Zilpha et de son époux Thorne Geary, ainsi que les ambitions politiques et financières de la Compagnie des Indes orientales, présidée par Sir Stuart Strange. Car James a hérité d'un domaine dont la situation géographique est au centre de formidables intérêts et ambitions...





Portée par un Tom Hardy charismatique et solide, Taboo mêle adroitement politique, vengeance, aventure et intrigues avec un fond de fantastique, pas toujours indispensable mais qui apporte une touche bienvenue.
Le grand intérêt de la série, c'est de nous proposer une Londres sale, crade, sordide, aussi bien dans l'esprit que le décor. On suit le héros à travers les ruelles sombres, les bouges et les bicoques enfumées, on se mêle à l'envers du décor : voleurs, magouilleurs, putains et escrocs, salauds et assassins dans une Londres des bas-fonds immersive, prenante, qui s'accroche au spectateur comme une crasse. Pour venger son père et bâtir son propre empire, James va devoir naviguer en eaux troubles, fangeuses même, là où l'argent est manipulé par des mains tâchées de sang.
Au niveau des défauts, certains épisodes des deux saisons sont parfois lents et il y a souvent trop d'intrigues et d'histoires parallèles qui se croisent et qui peuvent perdre le spectateur, l'éloignant de la trame principale. Clairement, l'ensemble manque de fluidité et d'unité par moments.





Mais c'est visuellement superbe. Une plongée en apnée dans une contre-société sordide et amorale, agrémentée de scènes d'actions violentes et crues, avec des personnages tourmentés, un peu fêlés. Un thriller historique, noir et glauque, mâtiné d'ésotérisme et d'un peu de Fantastique. On est dans du Charles Dickens, errant dans une Londres crépusculaire, entre drame historique, thriller fantastique, tragédie familiale. Et une ambiance incroyable, portée par une esthétique imparable et un Tom Hardy omniprésent mais charismatique à mort. Loin des bluettes sentimentales pour adolescents émotifs, Taboo se savoure serrée, bien amère, sombre et corsée.
J'ai aimé, énormément.

Autant le dire, ici aussi, notre bon vieux Tom porte la série à lui tout seul. Mais ce serait injuste de réduire Taboo uniquement à son acteur principal. L'atmosphère est prenante, les costumes et décors immersifs et le parti pris de montrer une Londres sordide est réussi.
Il y a un peu de tout dans Taboo : le film d'aventures, le film d'ambiance, le thriller, du Fantastique et un soupçon de Gothique même parfois. Des profondeurs de l'Afrique aux docks de Londres, des grands voiliers aux bouges crasseux et enfumés, des salons dorés d'affairistes véreux aux régions sauvages, on voyage et avec des personnages atypiques.

J'ai constaté également que la série plaisait beaucoup aux dames… Bien sûr, elles seront satisfaites d'apercevoir le beau Tom nu de temps à autres mais j'ai constaté que son personnage leur plait beaucoup : le héros cabossé, tourmenté, le mec fort, intrépide mais en même temps un peu paumé, fragile sous la cuirasse… En tous cas, j'ai été un peu surpris par le nombre de connaissances féminines qui ont apprécié cette série en dépit de son atmosphère glauque (ou alors, c'est moi qui ai des idées et clichés bien arrêtés et dépassés sur les jeunes femmes d'aujourd'hui, c'est possible de la part d'un vieux garçon endurci…).

Deux saisons seulement, c'est très bien je trouve. On échappe aux sagas interminables où tout s'épuise et se dilue très rapidement et qui accumulent les péripéties et rebondissements improbables pour tenter de se maintenir.

Quand je pense à Hardy je pense au dernier Mad Max ou il est aussi charismatique qu'un ticket de metro étant le faire valoir des personnages féminins forts. N'est pas Mel Gibson qui veut…

Alors depuis Tom Hardy j'ai du mal… Mais bon je ne vais pas l'enterrer non plus.

Après j'aime beaucoup les productions à l'ambiance gothique XIXeme, alors pourquoi pas.