MAX GALLO / Le roman des Rois

Un extrait qui selon moi est tout-à-fait représentatif du style Max Gallo :

... en ces années qui suivent la naissance de Philippe Auguste, j'entends ces voix qui viennent de toute la terre de France et qui s'assemblent, se recouvrent pour constituer comme une cotte de mailles, celle d'un grand royaume de France allant du Languedoc à la Flandre, de la Bourgogne à la Bretagne.
J'écris ceci en 1322, après les règnes de Philippe Auguste, de Saint Louis et de Philippe le Bel, après que ces grands rois, ces fondateurs du royaume, ont chacun à leur manière martelé, pour l'unir et la durcir, cette cotte de mailles.

Franchement, après avoir lu ça, on a qu'une chose qui vient à l'esprit : c'est brandir son épée et monter son destrier pour suivre son auguste souverain.

Dans ce livre, on sent que Max Gallo a du s'éclater. Il s'exprime à la première personne, se glisse dans la peau d'un seigneur provençal qui raconte l'épopée, s'enflamme à chaque chapitre. Je l'ai connu plus mesuré dans la plupart de ses oeuvres.

Mais dans le "roman des rois", on le sent inspiré. En tout cas, je partage son inspiration, à le lire, il m'a aussi enflammé l'esprit.

Astre*Solitaire a écrit:

Je possède de Max Gallo le premier volume des Les patriotes et je ne suis jamais parvenu à la fin. Je ne crois pas - à quelques rares exceptions près - que l'on puisse être doué, ou même simplement bon, dans tous les domaines. Max Gallo est avant tout un historien, ce qui ne suffi pas pour en faire un (bon) romancier.

C'est vrai qu'il a parfois un peu de mal à dissocier ses anecdotes et les fondre dans un récit qui ne soit pas saccadé. L'historien, chez lui, reprend le pas sur l'écrivain.

Mais là, en l'occurrence, son récit est plutôt fluide et on entre facilement dans l'épopée.

Citation :

Si l'on veut lire des romans sur l'histoire, je conseillerais plutôt Maurice Druon que Max Gallo.

Maurice Druon est un peu une exception dans ce domaine. A la fois écrivain et historien, il réussit à allier la connaissance à un récit agréable à lire. Il sait mettre en scène ses personnages et on a l'impression de les côtoyer de très près. C'est vrai qu'avec Gallo, généralement, on est souvent détaché des personnages, un peu comme si on les regardait de haut.

Citation :

La même considération me vient tout de suite à l'esprit avec Christian Jacq, d'une rare insipidité. C'est surement un bon universitaire - mais quel épouvantable écrivain.

J'ai pourtant appris pas mal de choses sur les Pharaons avec Christian Jacq. Il est vrai qu'on a du mal à rentrer dans ses histoires. Pareil que pour Gallo, il regarde l'histoire avec un oeil scrutateur et détaché. Ils narrent une histoire sans vraiment nous la faire vivre à fond.

Ce qui n'empêche pas que, au niveau de la connaissance historique, ils sont formidables. Et j'apprends beaucoup de choses avec eux.

Citation :

En tous les cas, de mon point de vue, ce ne sont pas des auteurs qui n’emmènent ; ils auraient plutôt tendance à me laisser au port, malgré le succès indéniable de leurs ventes.

Ben, pour le "Roman des rois", celui-là est pourtant bien écrit. Pour une fois, Gallo s'insère dans le récit, regarde l'histoire un peu dans la peau d'un chroniqueur de l'époque écrivant ses souvenirs. C'est assez vivant, on "sent" l'histoire et on la touche de près.

J'ai retrouvé cela un peu dans "La statue du Commandeur" :



La présentation qu'il fait de De Gaulle est vraiment bien amenée. On a l'impression d'être à côté du Général dans ses moments les plus solennels. C'est assez touchant.

Sinon, Max Gallo, c'est, comme je l'ai dit, un très bon historien mais dont le récit, ponctué d'anecdotes ou de narrations diverses, relève davantage de l'exposé, aussi brillant soit-il, que de l'oeuvre littéraire.

Grosse méfiance envers cet auteur... J'ai lu un de ses livres sur le règne de Néron et le supplice des chrétiens et je l'ai trouvé bourré de clichés et très partial, loin d'être vraiment objectif. Néron est "la bête", "L'Anthéchrist" et les chrétiens sont bien sûr les "tout gentils"... Sans être salaud, c'est quand-même eux qui apellaient à "brûler Rome, la nouvelle Babylone..." Quand on joue avec le feu...
Même chose pour son livre sur le martyre des chrétiens sous Marc Aurèle. Certes, l'empereur ordonna le supplice de certains chrétiens à Lyon en 177, à l'amphithéâtre de la Croix Rousse, mais rien à voir avec la véritable inquisition, les déportations et exécutions de masse ordonnées par Dioclétien bien plus tard.
Quand à Christian Jacq, quel ennui !

Voyageur Solitaire a écrit:

Sans être salaud, c'est quand-même eux qui apellaient à "brûler Rome, la nouvelle Babylone..." Quand on joue avec le feu...

Ils appelaient à incendier Rome dans leurs sermons, mais l'auraient-ils fait en vrai ? Rien n'a jamais pu prouver que les Chrétiens ont mis le feu à la Ville Éternelle... on sait aussi que Néron, contrairement à ce que l'on a dit, n'est coupable en rien de l'incendie dont on l'a accusé. Rome était une ville qui craignait les incendies, de toute façon, mal construite, avec beaucoup de maisons en bois, une étincelle, un coup de vent et hop, c'était vite parti.

On ne saura jamais certainement les causes de l'incendie de Rome. Les Chrétiens ont servi de bouc émissaire idéal, plus tard c'est Néron qui est passé pour le méchant de service. Ce qu'il faut retenir aujourd'hui, c'est que ni les uns ni l'autre ne sont aucunement coupables.

Citation :

Quand à Christian Jacq, quel ennui !

Ses livres fourmillent de plein d'anecdotes, plein de renseignements, c'est bien documenté. Mais à lire, au niveau du récit, c'est assez plat.

Voyageur Solitaire a écrit:

Quand à Christian Jacq, quel ennui !

J'aime pas non plus, c'est chiant et vraiment insipide... En gros de la lecture grand public...

En ce qui concerne Max Gallo il est plutôt bon pour tout ce qui concerne la seconde guerre mondiale et le Nazisme, mais j'accroche moins avec ses écrits antérieurs à cette époque, ou effectivement c'est plus clichés qu'autre chose.
Cela étant son livre sur le nuit des longs couteaux, est bien écrit et très intéressant, et sans clichés.

Au niveau du mélange roman/histoire Maurice Druon et surtout le grand Joseph Kessel sont bien au dessus en terme de qualité et de crédibilité.

Warlock a écrit:

En ce qui concerne Max Gallo il est plutôt bon pour tout ce qui concerne la seconde guerre mondiale et le Nazisme.

Ce qui est un peu logique vu que que sa spécialité, au départ, c'est l'histoire contemporaine. Effectivement, ses récits illustrant la période de la Seconde Guerre mondiale sont excellents à lire.

Son "De Gaulle" est sublime. Mais aussi sur son "Napoléon", il s'en tire pas si mal.