ANTIQUITE

Elle rêvait de changer le monde et de régner aux côtés de Marc Antoine, sur un empire unissant Orient et Occident, comme l'avait fait Alexandre le Grand. La bataille d'Actium en a décidé autrement...
Octave, le futur Auguste, marche sur Alexandrie, tout est perdu. Cléopâtre a fait fuir Césarion, le fils quelle a eu de César, vers les Indes (Il sera intercepté et tué), puis elle s'est enfermée dans son mausolée, encore en construction, avec ses deux fidèles suivantes de toujours, Iras et Charmion. Marc Antoine, la croyant morte, se suicide. Agonisant, il apprend que Cléopâtre est toujours vivante. Les derniers fidèles l'emportent au mausolée où il expire dans les bras de celle qu'il aimait avec tant de passion, au point d'avoir abandonné Rome pour elle, au point de l'avoir épousé, au point d'avoir rêvé avec elle d'un monde nouveau sur lequel ils auraient régné ensemble.

Le fier imperator est mort maintenant, Cléopâtre attend, retranchée dans ce mausolée devenu forteresse. Octave entre enfin dans Alexandrie la "très brillante". Il pourrait bien sûr donner l'assaut au mausolée, mais il redoute par-dessus tout que Cléopâtre se donne la mort. Il la veut vivante, il la lui faut vivante pour l'exhiber à son triomphe à Rome, enchaînée à son char... Elle fait partie de sa victoire, de son triomphe au même titre que le reste... Et puis, Rome a besoin du blé et des richesses de l'Egypte, il veut éviter les troubles que pourraient causer la mort de la reine... Les égyptiens ne doivent rien avoir à lui reprocher... Il demande à lui parler, elle accepte. Les voilà, face à face. Se souvient-il de l'époque où elle séjournait à Rome, triomphante et radieuse maîtresse de César, recevant comme une reine dans sa belle villa aux jardins embaumés ? Se souvient-il de la statue en or que César avait fait faire d'elle ? Peu importe : aujourd'hui, elle est à sa merci. Elle tente de négocier, de gagner du temps mais le futur empereur reste inflexible. Elle doit se préparer à le suivre à Rome. Pensant qu'il est sans danger de la laisser seule avec deux servantes, il se retire.

Cléopâtre est décidée à mourir. Elle, la reine d'Egypte, la fille d'Isis, ne sera pas traînée comme une vaincue, comme une esclave, derrière le char de son vainqueur, exposée aux quolibets de la foule. Elle se prépare donc pour le grand voyage, se fait coiffer, habiller et farder avec grand soin. Ses deux fidèles servantes, qui ont compris, demandent à l'accompagner. Emue, la reine accepte et les embrasse. Elle se fait servir un somptueux repas (Octave a donné son accord) qu'elle partage avec elles.
Au dessert, un paysan s'approche des légionnaires postés à l'entrée du mausolée. Il apporte un panier de figues pour la reine. Sous le regard méfiant des sentinelles, il ouvre le panier, leur fait admirer les fruits, superbes, et les invite même à se servir. L'homme peut entrer. Il pose le panier au fond duquel sommeille, sous les fruits et les feuillages, un aspic noir, s'incline et se retire...
Cléopâtre fait alors parvenir un message à Octave : elle lui demande comme dernière faveur de reposer aux côtés de Marc Antoine pour l'éternité et qu'Iras et Charmion soient embaumées et reposent avec eux deux. Le message est transmis, il faut faire vite, très vite : dès qu'Octave l'aura lu, il comprendra.
Cléopâtre, vêtue de ses atours de reine, s'allonge dans le sarcophage destiné à la recevoir, une de ses fidèles suivantes ouvre le panier et le lui tend, la reine y plonge la main... Le serpent... Celui dont la morsure donne la mort, c'est à dire pour les égyptiens la vie éternelle... Le venin est redoutable, la mort assez rapide, quelques minutes. Iras et Charmion saisissent à leur tour le reptile courroucé...

Octave vient de lire le message, il a compris, il court vers le mausolée, suivi par son ami fidèle le général Agrippa et ses hommes. Il arrive, on ouvre les portes, il se précipite... Trop tard : Cléopâtre repose, calme. Morte. Iras est morte aussi. Charmion, agonisante, est en train d'arranger le diadème royal sur le front de sa maîtresse. Agrippa s'exclame, furieux :
- Voilà qui est beau Charmion !
La fidèle servante sourit et répond :
- Très beau. Et digne de la descendante de tant de rois.
Puis elle meurt à son tour et roule sur les dalles où l'aspic se tord, siffle et ondule.
Octave reste figé, silencieux et livide. Il ne la traînera pas, vaincue et attachée à son char à travers les rues de Rome. Elle a gagné.

Octave Auguste, bientôt premier empereur de Rome, tiendra parole : les corps de la reine, de Marc Antoine et des servantes seront embaumés et transférés en un lieu secret. Aujourd'hui, tous les égyptologues et archéologues du monde entier rêvent de découvrir le lieu où repose la dernière reine d'Egypte.
Cléopâtre, elle, s'en moque. Elle a gagné. Ce jour là, elle est devenue immortelle.

Elle était beaucoup plus une princesse grecque qu'une reine d'Egypte.

Même sa fin est digne d'une tragédie grecque.

Oui, elle était en fait la dernière descendante de la dynastie des Ptolémée, fondée par un des généraux d'Alexandre le Grand.
Elle se voulait déesse. Avec son suicide, elle a eu ce qu'elle voulait, elle est devenu un mythe, immortelle.

Puisque l'on reconnait les courants néo-païens, quand est-ce que l'on reconnaîtra, de même, la croyance officielle au panthéon des anciens dieux grecs ?

Par exemple, pour la cérémonie de l'allumage de la flamme des J.O à Olympie, les organisateurs sont forcés de faire appel à des actrices. Et non à des prêtresses ou des prêtres parce que ce n'est pas une église officielle.

J'ai entendu dire qu'une association grecque milite pour faire reconnaître officiellement le culte des anciens dieux de la Grèce. Mais l'Eglise, qui n'est pas séparée de l'Etat, refuse.

J'espère quand même qu'un jour ils obtiendront satisfaction. Ce serait bien de revoir les Panathénées ou les Bacchanales dans les rues d'Athènes, non ?   

J'ai entendu parler de cette association mais bon, vu l'emprise de l'Eglise sur la société grecque...
Et puis franchement, même si la mythologie grecque est incroyablement poétique et enchanteresse, qui croirait aujourd'hui sincèrement à Zeus se transformant en cygne pour séduire Léda, Atlas portant le monde sur ses épaules ou aux 12 travaux d'Hercule ?

Voyageur Solitaire a écrit:

Et puis franchement, même si la mythologie grecque est incroyablement poétique et enchanteresse, qui croirait aujourd'hui sincèrement à Zeus se transformant en cygne pour séduire Léda, Atlas portant le monde sur ses épaules ou aux 12 travaux d'Hercule ?

En même temps pourquoi croire à Moïse ouvrant la mer Rouge en deux ou à Jésus ressuscité, c'est tout aussi extravagant.

La mythologie grecque fait partie de l'histoire du passé et de la culture de la Grèce. Donc pourquoi pas avoir de véritable croyants lors de la cérémonie de l'allumage de la flamme olympique. C'est tout aussi folklorique qu'on y croit ou pas.

Voyageur Solitaire a écrit:

Et puis franchement, même si la mythologie grecque est incroyablement poétique et enchanteresse, qui croirait aujourd'hui sincèrement à Zeus se transformant en cygne pour séduire Léda, Atlas portant le monde sur ses épaules ou aux 12 travaux d'Hercule ?

Mais à l'époque, personne n'y croyait non plus. C'était des mythes allégoriques servant d'exemple aux hommes. Il fallait imiter les dieux.

De même, les paraboles de Jésus sont là pour nous enseigner quelque chose. C'est le symbole qui compte. C'est là le sens de toutes les religions.

Malheureusement, il y aura toujours des gens étroits d'esprit à prendre tout au pied de la lettre. C'est ce qui cause le fanatisme.

Pythéas (en grec ancien Πυθέας) est un navigateur grec originaire de Massalia (l'antique Marseille), astronome, naturaliste, il est également auteur, et est considéré comme l’un des plus anciens explorateurs scientifiques ayant laissé une trace dans l’histoire.
Il effectue vers 340-325 avant J.-C. un voyage dans les mers du nord de l'Europe. Pythéas est le premier explorateur de l'Antiquité à avoir notamment décrit les phénomènes polaires ainsi que le mode de vie des tribus celtes de la Grande-Bretagne actuelle et des tribus germaniques des rives de la mer du Nord et peut-être de la mer Baltique.

Pendant très longtemps, il est considéré comme un affabulateur. C'est en particulier l'opinion du géographe grec Strabon, pour qui il est inconcevable qu'une mer puisse être entièrement gelée. Puis la véracité de son périple est reconnue. Il est considéré à présent comme l'un des premiers explorateurs scientifiques. Les astronomes ont donné son nom à un cratère lunaire.
Beaucoup trop en avance sur son temps, fut traité de hâbleur. Son nom pratiquement inconnu de tous les manuels d’histoire de nos écoles et collèges. Et pourtant, Winston Churchill disait que son périple était au moins comparable à celui de Christophe Colomb. Surtout quand on pense qu’il a été réalisé environ mille huit cents ans auparavant.

À son retour d’un voyage d’exploration dans l’Atlantique Nord il décrivit la Grande-Bretagne :
« L’île est fortement peuplée… son climat est extrêmement frais » ; de son peuple, il parle ainsi : « Ils sont extrêmement hospitaliers et de manière aimable… Leur alimentation est bon marché et frugale… Elle (la Grande-Bretagne) a de nombreux rois et potentats qui vivent la plupart du temps en bonne intelligence…

Le peuple de la Grande-Bretagne est de mœurs simples, fort éloigné de la duplicité de l’homme moderne… il ne boit pas de vin, mais une liqueur fermentée à partir de l’orge, qu’il appelle curmi. »
Bien entendu, personne ne le crut. Cela se passait en 304 av. J.-C. Ce navigateur se nommait Pythéas et il était de Marseille. Pendant deux mille ans, les historiens le cataloguèrent comme charlatan, appréciant néanmoins sa relation de voyage, tenue pour un chef-d’œuvre d’imagination.

Pythéas fut pourtant le premier Grec à visiter la Grande-Bretagne, à décrire l’île et son peuple et, probablement, à naviguer en vue de l’Islande et de la Norvège. Les eaux de l’Atlantique Nord étaient alors inconnues des contemporains de Pythéas. Comment pouvaient-ils – familiers seulement avec les eaux tièdes de la Méditerranée - croire que celui-ci avait vu des morceaux de glace flottants plus gros que son bateau ? Ou que, plus au nord encore, la mer était entièrement gelée et que le soleil ne s’y couchait jamais ?

Pythéas fut déconsidéré, même si plus tard les historiens ont fait références de son voyage dans leurs écrits, l’attitude de Strabon (né vers 58 av. J.-C.) à son égard est caractéristique. Il écrivait :
«Pythéas nous raconte que Thulé (qu’on croyait alors être une terre non explorée à l’extrême septentrion) est à un jour de voile d’une mer de glace… et cela, Pythéas l’a vu de ses propres yeux – du moins est-ce ce qu’il veut nous faire croire.»
Ce que Pythéas avait vu était sans doute la côte de Norvège, ensevelie sous ses brumes épaisses. La «mer de glace» n’était peut-être, selon certains érudits, qu’un énorme banc de méduses.
Il ne reste aucun fragment des deux livres de Pythéas, l’Océan et Une description de la terre. Mais ses contemporains ont suffisamment écrit sur lui pour que ses exploits puissent y être reconstitués avec un maximum de précisions. On pense que son voyage, à partir de Marseille, dura six ans. Pythéas fit le tour de la Grande-Bretagne et débarqua en plusieurs endroits, ce qui lui permis d’observer des moissonneurs et des bergers. En Cornouailles, il visita des mines d’étain.

À son retour à Marseille, il affirma que l’Irlande s’étendait à l’ouest de la Grande-Bretagne. Strabon n’était pas de cet avis, il la plaça au nord de l’Écosse… et c’est lui que l’on a cru.  Pythéas passa le reste de sa vie à tenter de convaincre ses contemporains. En vain.

Assez étonnant ! L'image qui vient en tête à la lecture de ton message en est presque anachronique : on imagine d'un côté des mers gelées, la glace et la neige, le froid, et de l'autre un type bronzé et brun en jupette et sandales plutôt familier des eaux tièdes et bleues de la Méditerranée...
Il est vrai que la plupart des peuples antiques pensaient au sud, aux sources du Nil, à l'Afrique ou portaient leurs regards vers l'Est, les Parthes, la Mésopotamie, l'Inde... Les terres du Nord ne les attiraient guère.
J'aime bien la remarque sur "la duplicité de l'homme moderne" dans la bouche d'un homme ayant vécu 300 ans avant J.C...

Rome : des débuts bien difficiles...

Les Romains conquirent l'Italie de 509 à 270 av. JC.
Une oeuvre assez lente, difficile et dont de nombreux détails nous échappent encore.
Mais on sait qu'il fallu deux siècles et demi pour que cette cité puisse finalement s'imposer à toute l'Italie. Paris ne s'est pas faite en un jour, dit un vieux proverbe, Rome non plus apparemment.

Et oubliez l'histoire de Romulus et Rémus, les deux jumeaux élevés par une louve. Une belle légende mais sans aucun fondement historique réel.

On pense que Rome a pu émerger grâce aux Etrusques et c'est encore grâce à eux qu'elle a pu imposer son autorité sur tout le Latium. L'expulsion des rois étrusques correspond d'ailleurs à une profonde décadence et il faudra un siècle et demi à Rome pour venir à bout de ses voisins et retrouver sa prépondérance.

En 400 av. JC : la prise de la ville étrusque de Veies, après quand même un long siège de 10 ans (!), permet aux Romains d'être enfin maîtres de toute l'Etrurie.
Mais, quelques années plus tard, ils subissent une lourde défaite face aux Celtes installés en Gaule cisalpine sur les bords de l'Allia. Ceux-ci pillent et occupent Rome, ne se retirant qu'après avoir exigé une énorme rançon.

Un autre peuple - les Samnites - semaient l'effroi dans les Apennins. La ville de Capoue (Campanie) appela à son secours les Romains.
Il leur faudra pas moins de cinquante ans pour s'en débarrasser !
Au cours de ces guerres samnites (qui durèrent de 340 à 290 av. JC), deux épisodes restèrent célèbres : l'humiliation des Romains aux Fourches Caudines et l'héroïsme des Samnites de la légion du lin.
Les Samnites tentèrent même de former une vaste coalition formée de quelques Etrusques, de Gaulois et d'Ombriens : au bout du compte, Rome finit par l'emporter et vers 300 av. JC domine toute l'Italie centrale.

Au sud de la botte, une seule cité grecque entendait maintenir son indépendance et continuer à profiter de ses richesses : c'était Tarente, dont le monopole commercial en mer Adriatique la mettait en conflit ouvert avec Rome.
Mais Tarente n'avait pas d'armée. Les Tarentins embauchèrent donc à leurs frais un général grec, cousin d'Alexandre, et stratège réputé : Pyrrhus, le roi d'Epire (l'actuelle Albanie).


Bien avant Hannibal, ce Pyrrhus fit trembler Rome. Grâce à sa bonne cavalerie et à ses éléphants de combat, il mit bien à mal les armées romaines. Mais ses victoires, si chèrement payées, ne furent pas décisives. De là vient notre expression : "une victoire à la Pyrrhus" pour désigner une lutte où le vainqueur sort presque aussi épuisé que le vaincu.
Il partit ensuite batailler en Sicile et lorsqu'il revint en Italie, ce fut à son tour d'être vaincu. Découragé, il rentra dans sa patrie et Tarente finit par capituler.

En 270 av. JC, on peut dire que toute l'Italie est enfin soumise à Rome.

Effectivement, on l'oublie souvent, au début de son histoire, Rome ne fût qu'une cité parmi d'autres et qui mît des années avant de s'imposer à ses rivales. Une Rome fruste et presque "primitive", un peuple d'agriculteurs un peu engourdis, bien peu préoccupés d'art, de science ou de littérature.

Dans le même temps, le sud de la botte italienne était territoire grec, la "grande Grèce", colonisée par les grecs trop à l'étroit chez eux et qui y avaient implanté une civilisation plus évoluée, principalement au niveau artistique et culturel.

Voyageur Solitaire a écrit:

Effectivement, on l'oublie souvent, au début de son histoire, Rome ne fût qu'une cité parmi d'autres et qui mît des années avant de s'imposer à ses rivales. Une Rome fruste et presque "primitive", un peuple d'agriculteurs un peu engourdis, bien peu préoccupés d'art, de science ou de littérature.

Des paysans. A la différence des Grecs qui étaient tournés vers la mer, les Romains sont des terriens, bien enracinés au sol.

Plus habitués à manier l'araire que le glaive, apparemment, parce que 10 ans pour s'emparer d'une ville, c'est un record... cela montre bien qu'ils n'étaient pas encore au fait de l'art militaire à leurs débuts. Ils se sont bien rattrapés par la suite...

En fait les Romains ont tout appris des Etrusques. Mais ils devaient avoir honte d'avouer qu'ils avaient été ainsi "éduqués". C'est pourquoi ils ont inventé cette légende de Romulus et Rémus afin de se créer une histoire "officielle" à eux.

Homme étrange que ce Sylla, qui passa aisément de la vie de plaisirs aux travaux les plus rudes.

Violent, cruel, vindicatif, mais fin tacticien et habile politicien.

Il connu le succès au cours de deux guerres : contre les Alliés de Rome (guerre sociale) et contre Mithridate.

Les Alliés (en latin socii) s'étaient toujours montrés loyaux envers les Romains durant les guerres puniques, car ils espéraient obtenir la citoyenneté romaine. Mais le Sénat ne leur concéda aucun droit, rien, et pire : il se montra méprisant et arrogant à leur égard.
Indignés, les Italiens se soulevèrent et mirent le coeur des Appenins à feu et à sang.
Sylla fut appelé pour mater la révolte et s'empara des places fortes des assiégés. Toutefois, le Sénat revint sur sa décision et accorda finalement la citoyenneté à tous les Italiens au sud du Pô.
Pour la première fois, Rome devint la capitale de l'Italie (88 av. JC)

Sylla fut ensuite désigné pour faire la guerre à Mithridate, le roi d'Arménie. Un choix à l'origine de la rivalité Marius/Sylla.
Marius avait obtenu - illégalement - du peuple une loi qui le privait de son "impérium" (commandement) pour se l'attribuer.
Sylla osa entrer dans Rome avec ses troupes, ce qui constituait un sacrilège, et força Marius à s'enfuir.
Puis, il partit en Asie Mineure, battit Mithridate et rentra en Italie.
Entre-temps, Marius était mort mais ses partisans terrorisaient le pays.
Sylla les battit : pour la seconde fois il entra dans Rome avec son armée. Cette fois, il se fit nommer dictateur à vie avec droit de vie et de mort sur tous les citoyens et le pouvoir de changer la Constitution.

Il inaugura sa dictature par des proscriptions : moyen pour lui de se débarrasser de ses opposants et les remplacer par ses partisans.
Il doubla l'effectif du Sénat, réduisit les pouvoirs des tribuns de la plèbe et réorganisa les magistratures.
Il interdisit aux chevaliers de siéger aux tribunaux mais en compensation, il en fit entrer 300 au Sénat.

Quelles étaient les intentions de Sylla ? A vrai dire on n'en sait rien... peut-être le désir de gouverner Rome en maître absolu, à la mode des rois d'Orient. Il fit frapper des monnaies d'or à son effigie et édifia sa statue sur le Forum. Il prit officiellement le surnom de Felix (Bienheureux), terme d'ordinaire réservé aux dieux.

Mais il comprit qu'il allait trop loin et ne voulait pas s'aliéner le Sénat, il en avait déjà trop fait, trop obtenu... alors, il préféra abdiquer et se retirer dans sa villa de Campanie où il termina ses jours.

Dix ans plus tard, il ne restait quasiment rien de l'oeuvre de Sylla...

Sylla reste assez ambigu... Sous la République, le rang de dictateur était accordé assez rarement, il donnait les pleins pouvoirs à un homme pour une durée limitée, le temps de régler une crise majeure.
A l'époque où Sylla l'obtient, Rome est au bord du gouffre, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. La République se déchire entre clans rivaux, on s'égorge joyeusement dans les rues entre partisans de politiciens contraires, le Sénat est incapable de réagir, c'est l'époque des réglements de comptes, des intrigues, des proscriptions et des exils. Sur le plan extérieur, c'est tout aussi bordélique, les grands généraux travaillent pour leur compte, chacun gère ses petites guerres à lui...
Sylla n'a pas été un tendre, loin de là, mais il a su remettre de l'ordre dans tout ça, sans trop regarder à la casse il est vrai. Le sang a coulé sous son "règne", mais le résultat final a été globalement positif, débouchant sur une sérieuse remise en ordre. Aux grands maux les grands remèdes... Comme il l'avait annoncé et comme le prévoyaient les institutions, une fois les affaires réglées, il abandonna sa charge de dictateur et se retira.
Certains ont vu en Sylla l'empire avant l'empire, une sorte de roi républicain aux pleins pouvoirs. Pas sûr... Il a en tous cas démontré que la République était à bout de souffle, ses institutions dépassées par rapport à ce qui devenait un empire. Il avait surtout accrédité le fait qu'un seul homme, un homme fort et intelligent, pouvait très bien diriger cette Rome qui se lançait à la conquête du monde. Crassus, Pompée et César n'avaient plus qu'à suivre...

Voyageur Solitaire a écrit:

Certains ont vu en Sylla l'empire avant l'empire, une sorte de roi républicain aux pleins pouvoirs. Pas sûr...

L'empire ? non. C'était trop tôt. Mais il a peut-être eu quelques aspirations à la monarchie, telle qu'elle était pratiquée en Orient. De toute façon, tout n'est que supputation vu qu'il a abdiqué de son plein gré.

Peut-être cherchait-il à laisser son empreinte dans l'histoire de Rome, tout simplement, d'une manière plus extraordinaire que les autres ?

Il a eu ce qu'il voulait, il a acquis la gloire, la renommée, touché presque à l'immortalité. Et il s'est retiré.

C'est justement là l'ambiguité de Sylla. Il avait toutes les cartes en mains pour prolonger sa dictature mais il s'est retiré. Par honnêteté et fidélité aux institutions, par peur d'aller trop loin, par lassitude ? Les historiens en débattent encore.
La République était déjà à bout de souffle, la société romaine avait profondément changé, il avait les moyens de continuer et d'assurer son pouvoir personnel de façon plus forte encore. Pourtant, il ne l'a pas fait. Estimait-il que le fruit n'était pas encore assez mûr ? Dans ce cas, il aurait été un sacré visionnaire, s'évitant la fin d'un César qui tenta le coup après lui pour finir de la façon que l'on sait...

Rome, la ville éternelle... essai de reconstitution en 2D comme elle devait se présenter aux temps des glorieux Césars.

Très sympa ! On trouve énormément de reconstitutions en 3D de la Rome antique et d'autres civilisations sur le net et certaines sont très bien faîtes, de véritables promenades à l'intérieur d'une villa romaine, des bains de Caracalla ou des temples de Louxor...

Et spécialement pour toi qui habite la capitale des Gaules, voici un petit clin d'oeil extrait du "Tour de Gaule d'Astérix" :


N'empêche que c'est avec cette BD que j'ai appris à connaître la géographie de la France du haut de mes 10 ans... comme quoi...

QUI ÉTAIT VRAIMENT VERCINGÉTORIX ?

Jusqu'aux dernières années du XIXe siècle, Vercingétorix était totalement ignoré dans les ouvrages historiographiques : l'histoire de la France commence avec les Mérovingiens et Clovis. Quant à la conquête de la Gaule, elle concerne l'histoire romaine et son héros César. Il fallut donc attendre le renouveau des études historiques qui s'opère après les secousses de la fin de l'Ancien Régime et après celles de la Révolution française pour que Vercingétorix apparaisse timidement d'abord dans les ouvrages.

Mais c'est lorsque Napoléon III fait entreprendre des fouilles sur le site d'Alésia que se précise l'histoire de Vercingétorix. La débâcle de 1870 et le développement du sentiment national qui lui fait suite font de ce chef gaulois un héros aux dimensions de la nation.

Alors que menace la Première Guerre mondiale, Vercingétorix est inséparablement lié à tout ce qui concerne "la patrie en danger".
L'historien Camille Julian contribue à populariser le personnage. On donne son nom aux rues de nombreuses villes, à des enfants ; on écrit des poèmes, des pièces de théâtre sur son épopée ; peintures, gravures, images d'Epinal se diffusent dans le pays.

Une telle exaltation suscita des réactions, dès la fin du XIXe siècle. Ainsi l'historien allemand Mommsen émit des doutes sur la valeur du héros : s'il a échoué, n'est-ce pas à cause de ses médiocres capacités guerrières ? D'autres historiens, d'opinion proche, eurent toutefois une position plus nuancée : la grandeur de Vercingétorix ne serait-elle pas due à la volonté de César, qui avait intérêt, pour sa propre gloire, à magnifier son ennemi ?

Aujourd'hui, il est excessif de faire de Vercingétorix un héros national, car la réalité nationale n'existait pas encore en Gaule. Néanmoins, il est tout aussi excessif de nier le sens de son action.

Vercingétorix fait partie de ces "intouchables" de l'histoire de France, comme Jeanne d'Arc ou Henri IV qu'il est mal vu de critiquer ou de remettre en cause de manière objective. Il est devenu le symbole d'une certaine résistance, une figure patriotique, brandie dès que la patrie est en danger.
Alors difficile de savoir qui il était vraiment. Pas évident non plus de se fier aux commentaires de César qui écrivait pour son compte et pour servir sa propagande. Vercingétorix fût certainement un guerrier dont la bravoure et l'envergure ne sont pas à remettre en cause. Après, en faire un héros triomphant et indomptable, je resterai plus mesuré... La Gaule de l'époque n'était pas unie, loin de là, c'était une vague fédération de peuplades qui se tapaient volontiers sur la gueule entre elles et certaines s'allièrent aux légions romaines sans faire la fine bouche. Le sentiment d'unité nationale n'existait pas, Vercingétorix fût un chef de clan parmi d'autres, pas le héraut d'une Gaule soudainement unie autour de lui contre les méchants romains.

Voyageur Solitaire a écrit:

Vercingétorix fût un chef de clan parmi d'autres, pas le héraut d'une Gaule soudainement unie autour de lui contre les méchants romains.

Je pense que Vercingétorix voulait créer un "empire" gaulois. Mais il était peut-être plus diplomate que guerrier. En outre, son projet avait peu de chances d'aboutir car non seulement les Gaulois n'étaient pas unis mais en plus, ils n'avaient pas tous les mêmes relations avec les Romains. Certains s'accommodaient très bien des Romains, faisaient du commerce avec eux, échangaient des produits.

A Vesontio, capitale des Séquanes (aujourd'hui Besançon), il y avait un Sénat composé des chefs locaux et organisé sur le modèle romain.

En revanche, plus on s'éloignait des "frontières" du territoire romain, et plus on trouvait des peuplades assez hostiles aux Romains : les Ménapiens, les Nerviens, les Eburons, dans le nord de la Belgique, par exemple.

Mais le XIXe siècle a trop fait de Vercingétorix une figure "nationale" de la France, ce qui est bien évidemment un anachronisme absurde.

En plus, on ne sait même pas si le site d'Alésia en Bourgogne est vraiment le bon ou pas ...

DRUIDES ET RÉGENTS, LES PRINCES CELTES DE GLAUBERG :

Il y a 2 500 ans, à Glauberg, au-delà du Rhin, vivait un prince celte. Pour protéger son territoire, il avait établi son village fortifié au sommet d'un éperon rocheux. En 1987, les archéologues allemands ont mis au jour sa statue en grès et de nombreux objets et bijoux, dans son tombeau enterré au sommet d'un tumulus. On a bien affaire à un monument funéraire. Mais, en 2006, non loin de là, ils exhument vingt-quatre squelettes. L'enquête commence. Qui étaient ces hommes et ces femmes jetés sans sépulture dans une fosse commune ? Et de quoi sont-ils morts ?

LES ANTONINS FURENT DES EMPEREURS MODELES

Les meilleurs souverains qui aient jamais gouverné un empire furent Trajan, Hadrien, Antonin et Marc-Aurèle.

Tous les quatre appartenaient à des familles italiennes établies dans les provinces les plus romanisées de l'Empire : l'Espagne et la Gaule.

Ils formèrent une dynastie appelée les Antonins.

Les Antonins continuaient de s'appuyer sur le Sénat en respectant les magistratures républicaines mais ils fortifièrent le gouvernement impérial. Ainsi, l'Empereur faisait les lois, décidait en appel des procès, disposait à son gré du revenu des impôts et des taxes.
Hadrien institua, pour l'assister, un Conseil du Prince.
Les "bureaux" établis du temps de Claude continuaient de diriger l'administration, la justice et les finances.
Mais, sous les Antonins, le nombre de fonctionnaires augmenta, ne laissant guère plus de pouvoirs pour les magistratures traditionnelles.
Le régime évoluait, lentement mais sûrement, vers une monarchie absolue.

Les Antonins avaient cependant le souci d'améliorer la justice et la rendre plus équitable :

Ainsi, Trajan interdit de prendre en compte les dénonciations anonymes et de condamner un inculpé sans un corpus de preuves convaincantes. "Mieux vaut laisser échapper un coupable que de punir un innocent", avait-il coutume de dire.
Antonin, lui, posa, pour la première fois, le principe de la présomption d'innocence et restreignit l'emploi de la torture.

Avec les Antonins, la loi cessa d'être l'instrument de domination des riches et des puissants et commença de protéger les plus faibles : esclaves, veuves et orphelins.
- Trajan et Marc-Aurèle créérent des oeuvres de charité.
- Trajan, seul, fonda l'institution alimentaire : celle-ci avait pour but de favoriser l'agriculture et venir en aide aux familles nombreuses.
Cette innovation est un peu l'ancêtre des aides agricoles et des allocations familiales.

Enfin, Marc-Aurèle, qui aimait profondément son épouse, eut énormément de chagrin lorsqu'elle disparut. Mais plutôt que de lui élever un monument splendide et coûteux à sa gloire, il préféra honorer sa mémoire en fondant un office de charité afin de venir en aide à 5000 petites filles pauvres.

Voilà des dirigeants qui avaient le sens du bien public et qui faisaient passer le bien-être des citoyens avant leurs intérêts personnels.
Un modèle dont ferait bien de s'inspirer bon nombre de chefs d'Etat et de politiciens aujourd'hui...

SEPTIME SEVERE, UN BERBERE SUR LE TRÔNE DE ROME :

Septime Sévère, chef de l'armée du Danube, devient empereur en 197.

D'origine africaine, dont la famille était romanisée de fraîche date, il était marié à une Syrienne. Méprisant et dur à l'égard du Sénat, Septime Sévère fut toutefois un bon soldat et un bon administrateur. Il rétablit l'ordre dans l'Empire, promulgua des lois excellentes et éleva de nombreux monuments.

Il battit les Parthes et mourut en Bretagne (Angleterre) à la tête de ses légions en 211.

Leptis Magna, dont les ruines se trouvent aujourd'hui en Libye, est sa ville natale :