THE GILDED AGE (2022)

Vous avez aimé Downtown Abbey ?
Vous aimerez sûrement The Gilged Age.

C'est la nouvelle série de Julian Fellowes, le créateur de Downtown Abbey. Il y reprend ses classiques, transposés cette fois dans le Nouveau Monde, à New York plus précisément, durant le Gilded Age. C'est le nom donné par Mark Twain à cette période, des années 1880 aux années 1900, où règne la révolution industrielle qui change la vie : développement des villes, du train, de l'électricité, des transports, apparition du téléphone, progrès de la médecine... L'époque aussi à laquelle se constituent, souvent en peu de temps, de colossales fortunes, celles des grands magnats du fer, du charbon, du train... Mais c'est aussi le début des luttes ouvrières, du travail des femmes et de leur émancipation, des questions sociales... Après le traumatisme de la Guerre de Sécession, la société américaine change. Deux mondes se croisent et pas toujours en douceur...

Voici donc l'histoire de Marian Brook (incarnée par Louisa Jacobson, fille de Meryl Streep), fille d'un général sudiste qui, à la mort de son père, quitte sa campagne traditionnaliste pour s'installer dans le tourbillon de New York. Accompagnée de Peggy Scott, sa servante noire, une auteur en herbe, la voici installée chez ses vieilles tantes, très "vieille Amérique". Ces dernières ont de nouveaux voisins, des "nouveaux riches", un magnat du chemin de fer arriviste et sa femme, ambitieuse. Dans une New York en plein bouillonnement, à l'aube du monde moderne, notre jolie provinciale devra faire son chemin.

A découvrir en janvier 2022, 10 premiers épisodes pour les amateurs d'intrigues romantiques en beaux costumes.
D'après les premières images, comme pour Downtown Abbey, la reconstitution de l'époque semble très soignée :

C'est le genre de série qui m'attire pour sa reconstitution soignée, les décors, les costumes... Passionné d'histoire, c'est ce que je cherche en général dans une série historique, l'impression pour un moment d'être vraiment "dedans", dans l'époque, dans son atmosphère. Après, aucune n'est parfaitement rigoureuse bien sûr, mais aujourd'hui, il y en a de bien réalisées, assez authentiques, loin des Péplums kitch avec jupettes, sandalettes et colonnes en carton-pâte (pour rire). C'est pour ça que j'ai aimé regarder un film comme Titanic par exemple : l'histoire d'amour m'a laissé de marbre mais la reconstitution minutieuse du navire et pouvoir le découvrir à travers le film m'a emballé. Une série comme Hercule Poirot avec David Suchet est un régal : avec les décors, les costumes, les voitures, le très bon jeu des acteurs/actrices, tu as vraiment l'impression d'être pour une heure dans les années 1930.

C'est ce que j'ai aimé aussi dans Downtown Abbey, bien que les histoires d'amour romantiques dans l'univers des princesses et des grands châteaux me gonflent très vite en général.
Et puis, Downtown Abbey, c'est Maggie Smith. Quand-même.

Contemporain de la série des enquêtes de Murdoch.
Une période charnière qui a le vent en poupe grâce notamment au mouvement Steampunk.

C'est vrai qu'à cette époque, avec la vapeur, l'électricité, le développement du train, les grands explorateurs, l'avancée de la médecine, des techniques... Tout paraissait possible d'une certaine manière. Epoque charnière effectivement entre l'Amérique de la Guerre de Sécession et le "monde moderne".

Ayant bien aimé Dowtown Abbey, aimant énormément les films et séries historiques et ces deux-là étant du même créateur, je me suis donc plongé dans The Gilded Age.
Et pour moi, en dépit de qualités certaines, cette dernière est moins bonne.

Downtown Abbey a un aspect beaucoup plus social et politique : à travers les aventures de la petite famille, c'est un monde en pleine mutation qu'on découvre, bouillonnant, avec la guerre qui approche, les premières revendications féministes, les grands mouvements sociaux... L'opposition entre la vie des élites et des petites gens est bien marquée, on suit en parallèle aussi bien les aventures des gens fortunés que des domestiques et gens du commun. Ce n'est pas seulement une belle histoire en jolies robes et beaux décors.

Car c'est ce que je reproche à The Gilded Age. La série est surtout basée sur la rivalité entre les vieilles familles aristocratiques et les nouveaux millionnaires du train, du gaz, de l'électricité qui affichent leur fortune mais ça ne va guère plus loin. On reste majoritairement en bonne compagnie, entre champagne et caviar, jolies robes et messieurs en gants blancs. La naissance et la montée des syndicats, du monde ouvrier, le travail des femmes, les millions de migrants qui débarquent pour travailler, tout ça n'est qu'effleuré.
De plus, l'héroïne principale pour moi est franchement nunuche, la jolie et naïve ingénue aux amours romantico-contrariés et c'est le genre de personnage qui me gonfle très vite. Par contre, j'ai une vive sympathie pour le couple Russell, ces nouveaux riches et plus particulièrement pour Bertha. Contrairement à Mme Oleson de La petite maison dans la prairie, elle n'est ni méchante ni prétentieuse ou coincée. Elle cherche simplement à se faire accepter par une haute société qui la rejette automatiquement avec snobisme et mépris parce qu'elle vient "d'en bas". Elle forme avec son mari un couple finalement complice, soudé, ces deux-là se soutiennent l'un l'autre et c'est un plaisir de les voir par moments humilier à leur tour les vieilles coincées qui les snobent.



La série est à voir aussi pour les décors, costumes et accessoires, magnifiques. Visuellement, c'est une réussite, à l'exception des vues du New York de l'époque en images de synthèse, dégueulasses, indignes d'une série datant de 2022. Et c'est l'occasion, pour les amateurs d'Histoire, de découvrir ou connaître un peu mieux cette époque souvent méconnue du Gilded Age. Mais ça reste pour moi trop romancé, trop sucré et trop "princesse". Downtown Abbey me paraît plus profond, plus fouillé, balayant un spectre plus large.