SOLEIL VERT
Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1974 : Grand prix
Saturn Awards 1975 : Meilleur film de science-fiction
Soleil vert (Soylent Green) est un grand classique de la SF. Ce film d'anticipation américain réalisé par Richard Fleischer, sorti en 1973, est inspiré du roman Make Room! Make Room! d'Harry Harrison.
Charlton Heston y tient le rôle principal, habitué des films d'anticipation puisqu'il jouait déjà dans
La Planète des singes (1968) et
Le Survivant (1971).
Le réalisateur Richard Fleischer s'était lui aussi déjà illustré dans le même genre, avec le
Voyage Fantastique (1966), voire son célèbre
Vingt mille lieues sous les mers (1954). Il est très connu également pour
Les Vikings (1958). On ne peut pas ne pas mentionner qu'il est aussi l'auteur, dans un registre beaucoup moins inspiré, de
Conan le Destructeur (1984) et de
Kalidor, la légende du talisman (1985), qui précédèrent son ultime film.
D'après Wikipedia :
- Citation :
Soleil vert, comme Fahrenheit 451, Alphaville, 2001, l'Odyssée de l'espace, Orange mécanique, ou THX 1138, fait partie de ces films d'anticipation de la décennie 1965-1975, des films très écrits et référencés, se voulant prophétiques, habités par l'angoisse d'un avenir lourd de menaces, en l'occurrence ici la surpopulation et l'épuisement des ressources naturelles.
Synopsis :
L'action du film se déroule en l'an 2022 à New York qui est devenue une mégapole de 44 millions d'habitants. Il règne en permanence une température élevée, soit plus de 30 °C. L'eau est rare. La faune et la flore ont quasiment disparu. La nourriture issue de l'agriculture également. La plupart des habitants n'ont pas les moyens d'acheter des aliments naturels, les prix étant exorbitants. Ils en sont réduits à manger des produits de synthèse, fournis par la multinationale « Soylent », des tablettes de forme carrée, jaunes, rouges ou bleues. Un nouvel aliment vient d'être lancé, le soylent green, beaucoup plus nutritif, cher et disponible uniquement le mardi : ce jour-là, des émeutes de citoyens affamés ne sont pas rares et sont sévèrement réprimées.
Thorn, un policier « de premier ordre », vit avec son ami Sol Roth (joué par Edward G. Robinson), un vieux juif lettré, dans un petit appartement délabré et surpeuplé. Sol peste contre l'état du monde et a la nostalgie du passé tandis que Thorn se contente des seules choses qu'il a connues, à savoir la nourriture synthétique et la canicule perpétuelle.
Thorn est va être chargé d'une enquête et va découvrir qu'un crime crapuleux se révèle être en fait lié à un complot visant à empêcher la révélation un terrible secret.
Autour du film :
Comme souvent à Hollywood, Soleil vert a failli ne pas se faire. La MGM n'aime pas le scénario de départ, la seule utilisation du thème de la surpopulation leur paraît insuffisante : c'est une bonne idée, mais il faut rendre le film plus frappant. Plus ou moins associé au script, Harry Harrisson doit donc batailler pour éviter la dénaturation de son œuvre, mais reconnaîtra plus tard que les idées « imposées par le studio », étaient excellentes : à la surpopulation seront donc ajoutées l'euthanasie des vieillards (mais pas seulement : on aperçoit des jeunes gens dans la file d'attente, le suicide, ouvert à tous, y est donc institutionnalisé), puis une idée encore plus terrifiante, le fameux secret dont il est question dans le film :
- Spoiler:
le soylent green sera fait à partir de cadavres, c'est donc l'industrialisation du « cannibalisme »
Décidée presque au dernier moment, une scène d'euthanasie offre un contraste hallucinant avec le reste du film : utilisant des stock-shots choisis par le monteur du film, de documentaires animaliers, de films sous-marins, de paysages naturels magnifiques, images banales mais qui surgissent à l'écran après une heure et demi de plans généraux d'un New York devenu un bidonville, baignant dans un smog jaunâtre, rempli d’émeutiers affamés et dormant dans la rue : le spectateur, en empathie avec l'acteur euthanasié, comprend que tout cela n'existe plus, détruit par la pollution.
Le film décrit en outre des politiciens corrompus, des nantis cyniques repliés dans leurs tours d'ivoire sécurisées où les femmes sont des "meubles", des scènes de rue où les paniers à salade ressemblant à des camions-poubelles ramassent des êtres humains comme de vulgaires déchets. Il fait écho également aux camps de concentration.
- Spoiler:
Edward G. Robinson était totalement sourd quand il a fait le film, ce qui occasionna plusieurs problèmes durant le tournage. Ce fut sa dernière apparition à l'écran ; cruelle ironie, alors qu'il interprète cette terrible scène d'euthanasie, il est déjà très malade. Atteint de cancer, il meurt peu de temps après la fin du tournage (le 26 janvier 1973). Charlton Heston a déclaré plus tard qu'il pleure vraiment dans la scène où Thorn découvre qu'il ne peut plus arrêter le suicide de Sol. En fait, il était le seul à savoir sur le plateau de tournage que Robinson était réellement en train de mourir du cancer.
Mon avis :
un grand classique de la SF de cette époque, sombre et dystopique, hélas toujours d'actualité car traitant de surpopulation et d'écologie. Le côté social et l'absence de valeur de l'individu, perçu comme une marchandise, l'opposition aux forces de l'ordre (la machine), centaines de réfugiés hébergés les églises, les complots politiques... tout cela fait que le film est toujours aussi fort. La scène d'euthanasie est culte, avec les images bucoliques contrastant avec tout le reste du film, accompagnée entre autre d'extraits de la Sixième symphonie de Tchaïkovski et de la Sixième symphonie de Beethoven.
Dommage que la musique du reste du film ne soit pas au même niveau, plutôt transparente.
J'ai apprécié également que le héros soit assez antipathique, chose plutôt rare et étonnante pour l'époque : dès le début, il se comporte en rustre, macho, plus ou moins ripoux. Au final un héros assez contradictoire et pas très reluisant, dans un monde qui l'est encore moins et dans lequel on n'a clairement pas envie de vivre.
Mention spéciale aussi à
- Spoiler:
la fin, peu Hollywoodienne, assumée et dystopique jusqu'au bout.
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