Nous avons déjà découvert les sanctuaires des îles du lac Tana dans
Le sanctuaire. Mais ils ne sont qu'une partie d'une véritable route fluviale, celle du Nil Bleu, surnommé "Les larmes de Dieu". En route, donc...
Les sources du Nil ont fait rêver des générations d'explorateurs et d'aventuriers. César lui-même, lors de son séjour en Egypte, fût tenté de partir à leur recherche lors de son voyage sur le fleuve sacré aux côtés de Cléopâtre. En fait, le Nil est issu de deux cours d'eau qui se rejoignent, le Nil Blanc et le Nil Bleu. Les deux se réunissent à Khartoum, capitale du Soudan.
Le Nil Bleu naît donc en Ethiopie, dans les gorges de Gish Abbay, au sud du lac Tana. Il n'est alors que ruisselets d'eau suintant de la paroi rocheuse. Pour les éthiopiens, le Nil Bleu est à l'origine un livre sacré dont les pages sont devenues flots, les premiers ruisselets d'eau de la source étant "Les larmes de Dieu" :
Nous ferons une première halte au monastère de Debre Libanos, fondé au XIIIème siècle par saint Tekle Haymanot, dont le nom signifie "arbre de la foi" car il serait resté en méditation en position debout sans jamais s'asseoir, s'enracinant ainsi dans la terre pendant 29 ans... En contrebas se trouve une église moderne pourvue de magnifiques vitraux, inaugurée par le dernier empereur, Hailé Sélassié Ier, en 1961 :
C'est plus bas sur la route que nous attend un lieu des plus originaux, le Pont des Portugais : plusieurs arches de style roman enjambant par moments un à-pic de plus de 50 mètres. Son nom témoigne de la venue des portugais, premiers occidentaux à vraiment découvrir l'empire d'Abyssinie à la fin de la période médiévale. Reçus à la cour impériale, les hardis explorateurs furent bien accueillis et aidèrent à la construction de ce pont. Ce sont eux qui utilisèrent des oeufs d'autruche (!) dont le blanc, le jaune et la coquille étaient mélangés au mortier pour le rendre plus résistant.
Un pont toujours utilisé. Marcheurs infatigables, les pélerins éthiopiens traversent ici pour rejoindre le village de Motha à cinq jours de marche :
A partir de là, le Nil Bleu prend toute sa force, toute sa puissance : sa largeur et son débit augmentent, ses eaux prennent la couleur qui lui a donné son nom, la région se fait encore plus verdoyante et fertile. Et c'est l'apothéose des Chutes du Nil Bleu :
Ces dernières ont néanmoins perdu une partie de leur splendeur après la construction d'un barrage qui a détourné une partie des eaux. Barrage qui a d'ailleurs suscité de vives tensions avec l'Egypte voisine, les deux pays lorgnant sur la manne hydraulique apportée par le fleuve, principalement pour l'agriculture.
Tout au long du fleuve, monastères et églises se succèdent, de même que les pélerins et voyageurs sur les hauteurs :
De nombreux baptêmes ont lieu dans de grandes cuves, séparées pour les hommes et les femmes. Les baptisé(e)s s'y immergent nu(e)s, protégé(e)s des regards par de grandes toiles déployées sur les côtés.
La route qui rejoint le lac Tana n'en est pas moins dangereuse, aussi bien à pied qu'en voiture. A tel point que les éthiopiens n'ont pas hésité à la surnommer Al-Quaïda... Ce qui prouve un solide sens de l'humour...
Et c'est enfin le lac Tana, troisième plus grand lac d'Afrique après le Victoria et le Tanganyika :