LE CHATEAU DE VERSAILLES

La dernière fois que je suis allé à Versailles, c'était en 2021, en pleine période Covid et avec les restrictions que l'on sait ... ceci dit, l'avantage, c'est que j'avais (presque) la Galerie des Glaces pour moi tout seul !


Mais au moins, cela m'aura permis de profiter du château sans être bousculé par des hordes de touristes tous les 50 cm...

Ma dernière visite remonte à longtemps. J'avais réservé une visite privée avec un petit groupe et guide conférencier pour le Petit Trianon et le Hameau. Etant arrivé en avance, j'ai décidé de me balader dans le château (que je n'avais pas visité depuis longtemps) mais c'était blindé à mort. J'ai fait un tour dans la Galerie des Glaces, un passage dans la chambre de la reine et je me suis vite enfui dans les jardins.

La visite guidée était très sympa, avec une guide passionnée qui aimait partager ses connaissances et son enthousiasme. On a pu voir certains endroits d'ordinaire inconnus du public, c'était vraiment plaisant et on a même passé un moment dans la fameuse grotte de Marie-Antoinette. Dommage qu'il faille en arriver à payer une visite privée pour être peinard.
Mais bon, ne crachons pas dans la soupe non plus : que serait Versailles sans ses visiteurs ? Louis XIV lui-même l'avait ouvert au public...

Voyageur Solitaire a écrit:

Louis XIV lui-même l'avait ouvert au public...

Et la seule condition était de porter une épée à la ceinture. D'où les "loueurs d'épée" qu'on trouvait à l'entrée.

Et le chapeau aussi si je me souviens bien.
De manière générale, il fallait être correctement habillé. Mais effectivement, après, on pouvait venir voir le roi passer, manger, se promener... Le château était un vrai moulin, les appartements royaux se visitaient quand le roi et la reine n'y étaient pas...

C'est le dernier grand chantier de Louis XIV puisqu'elle est inaugurée et bénie en 1710, soit cinq ans à peine avant la mort du Roi-Soleil. De nombreux projets s'étaient succédés puis avaient été abandonnés avant ce sanctuaire définitif où auront lieu la messe quotidienne, les grands mariages et baptêmes de la monarchie.



Sur l'extérieur, 28 statues d'apôtres, d'évangélistes, de dignitaires de l'Eglise ou de vertus ornent l'édifice. Il devait y en avoir 34 à l'origine. Chacune fait trois mètres de haut.




L'intérieur, baigné de lumière, est à dominante de blanc et or.



Le sol est couvert d'un dallage de marbres polychromes :



Le plafond voûté, richement orné, est peint d'une immense composition, Dieu en gloire :




Du mobilier originel ne restent que les autels, dont le maître-autel et le grand orgue.

C'est donc ici que se déroulaient toutes les grandes cérémonies religieuses et c'est ici également que la cour assistait aux offices et à la messe.
Cette dernière avait lieu chaque matin, tard dans la matinée, après la cérémonie du "lever du roi" qui avait lieu en général vers 11h00/11h30. Une fois prêt, le roi était rejoint par la reine et le couple royal traversait à pas lents la galerie des glaces au milieu des courtisans inclinés pour rejoindre la chapelle. La reine était suivie par ses dames, en grand habit de cour, chacune faisant attention à ne pas marcher sur la traîne de celle qui précédait. Pour ne pas glisser sur le parquet lustré et ciré, ces dames faisaient simplement glisser leurs pieds, sans lever le talon.

C'est ici que fût célébré le mariage du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette.
A la messe, Louis XVI, très croyant, suivait l'office avec intensité, ce qui ne l'empêchait pas de consulter sa montre à la dérobée : un jour que le maître de chant fît chanter un air sacré un peu trop long, ce qui prolongea la cérémonie, le roi le fît réprimander.
Marie-Antoinette, elle, suivait l'office avec moins d'attention, entourée de ses dames. A leur arrivée, les valets leur avaient remis leurs livres de messe, tirés de grands sacs de velours rouge à crépine d'or.

En fait, la reine guettait pour voir qui officiait et se mordait la lèvre quand il s'agissait de Louis de Rohan, cardinal, grand aumônier de France, qu'elle détestait, haïssait même depuis toujours. Selon Madame Campan, sa première femme de chambre, "la seule mention de son nom la mettait hors d'elle". C'était lui qui, de surcroît, baptisait les enfants de la souveraine. Elle refusait de lui parler, l'ignorait totalement et rejetait systématiquement toutes ses demandes d'audience. Il sera l'un des principaux acteurs du scandale de "l'affaire du collier".

C'est un peu la chapelle Sixtine de la France.

Parce que plus que d'être la chapelle du roi, ce lieu revêt aussi toute une dimension sacrée et spirituelle.

Trois souveraines se sont succédées ici : Marie-Thérèse (épouse de Louis XIV), Marie Leszczynska (épouse de Louis XV) et Marie-Antoinette (épouse de Louis XVI). Nous sommes au cœur des "grands appartements", c'est à dire des appartements officiels de la souveraine, là où avait lieu sa vie publique.

Cette chambre fastueuse est donc la chambre de parade, située au premier étage. C'est là que les souveraines accouchaient en public, là qu'avait lieu la fameuse cérémonie du lever, là où elles mourraient aussi, toujours en public. La pièce est dans l'état où Marie-Antoinette la laissa quand elle dût quitter Versailles. C'est ici quelle recevait le roi quand il passait la nuit avec elle. C'est ici qu'elle donna naissance à ses quatre enfants. C'est ici qu'elle dormait quand les émeutiers envahirent le château, la forçant à fuir avec ses dames par un passage secret.

La pièce conserve le passage des trois reines : le plafond date de Marie-Thérèse, les boiseries et les peintures de Marie Leszczynska. A son arrivée en France, Marie-Antoinette garda la chambre en l'état, se contentant de rajouter une cheminée et de changer le mobilier. La chambre avait un décor pour l'hiver et un pour l'été au niveau des tentures. L'actuel décor est celui d'été.
On notera le buste en marbre de la souveraine sur la cheminée. Au-dessus de la glace, en médaillon, un portrait de son frère aîné, Joseph II. Lui faisant face de l'autre côté, au-dessus du miroir toujours, un portrait de leur mère, l'impératrice Marie-Thérèse.





Le plafond, orné sur son pourtour de médaillons "en grisaille", peints par Boucher et représentant, de façon allégorique, les enfants de Marie Leszczynka. L'épouse de Louis XV avait voulu avoir les portraits de ses enfants sous les yeux quand elle était dans sa chambre.





On notera, comme dans la chambre de parade du roi, la balustrade de bois doré qui entoure le lit à la duchesse, délimitant l'alcôve, espace réservé à la souveraine et à ses femmes de chambre. Ceux et celles qui venaient dans la chambre ne pouvaient franchir cette barrière qui séparait espace privé et public. Les tabourets devant la balustrade étaient réservés aux duchesses ayant le droit de s'asseoir pour assister au lever, au petit-déjeuner ou à la toilette de la souveraine. Pouvaient également s'y asseoir les dames très âgées ou enceintes.





Parmi les pièces intéressantes, on notera la pendule à musique de Marie-Antoinette, incrustée dans les miroirs et qui, lorsqu'elle sonnait, jouait le fameux air Il pleut, il pleut bergère, composé par Fabre d'Eglantine en 1780 :



Autre pièce fameuse, le serre-bijoux de Marie-Antoinette, où la souveraine rangeait ses bijoux, meuble fastueux et imposant, orné d'allégories des quatre saisons. Miraculeusement épargné par la Révolution, il a été restauré et replacé dans la chambre.







C'est à côté de ce meuble que se trouve la porte dérobée, par laquelle la reine s'enfuit avec ses femmes de chambre, en octobre 1789, lorsque les émeutiers envahirent le château, à l'aube. Elle eût la vie sauve grâce à ses gardes (massacrés) et grâce à ses femmes de chambre. Refusant de dormir comme la reine le leur conseilla, elles veillèrent toute la nuit et, alertées, lui permirent de fuir à temps.




Si le roi et la reine avaient leurs "grands appartements" officiels, où avaient lieu les différentes cérémonies dont le lever du roi et le lever de la reine, ils avaient également, à leur usage privé, des "petits appartements", qui leur étaient réservés et où ils étaient plus tranquilles. Le château de Versailles vient de terminer la rénovation des petits appartements de Marie-Antoinette, dont sa chambre. Contraste saisissant...






C'est ici que la reine dormait la plupart du temps, quand elle n'était pas à Trianon. A partir de 1783, elle ne dort plus que dans cette chambre, plus commode pour elle : la reine s'était blessée à une jambe suite à une chute de cheval et ses petits appartements, situés au rez-de chaussée, étaient plus faciles à rejoindre pour elle que ses appartements officiels au premier étage. Elle était ici vraiment chez elle, elle y dormait seule, ne rejoignant sa fastueuse chambre officielle que pour la cérémonie du lever et les audiences. Aux murs, des portraits d'elle et de ses enfants.
A proximité, sa salle de bains où elle se baignait et procédait à sa toilette, avec un lit de repos où elle se reposait après s'être baignée :





Avant de se faire aménager cette salle, la reine prenait son bain dans sa chambre de parade, dans un grand "sabot" de bois qu'on roulait dans la pièce. Afin d'être plus tranquille, Marie-Antoinette fît donc aménager cette salle de bains à côté de ses petits appartements. La baignoire était toujours garnie d'un drap pendant le bain : la majorité des baignoires à l'époque étaient en bois et le drap permettait de se protéger d'éventuelles échardes.

Un petit bijou de mécanique qui créait toujours son effet...
Le XVIIIème siècle a connu la mode de la table volante. Il s'agit en fait d'une table toute prête, toute chargée, qui surgit du sol de la salle à manger.

En fait, la table est installée au sous-sol ou à l'étage inférieur, toute prête, sur une machine qui va la monter à l'étage supérieur.
Voici par exemple celle du château de Lunéville :



On posait la table toute dressée sur la machine (1), un serviteur tournait la manivelle sur le côté (2) et la table montait, passant par une ouverture du plafond (3) qui communiquait avec la salle à manger au-dessus. La table sortait donc du plancher, devant les invités ébahis.

Pour vous donner une idée en images, voici celle de Catherine II de Russie, au palais de Tsarskoye Selo :



C'est en 1770 que Louis XV commanda trois de ses tables volantes pour la salle à manger du Petit Trianon. Quand Marie-Antoinette prît possession des lieux, en 1774, elle ne donna pas suite au projet, trop coûteux. On peut toutefois voire encore aujourd'hui la maçonnerie et l'emplacement prévu, dans le sous-sol, pour la machinerie.
On trouve également une table volante dans un des palais de Marie-Caroline, reine de Naples et sœur de Marie-Antoinette, dans un des palais de Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche et mère de Marie-Antoinette ou encore au château de Lunéville ou à l'Hôtel de la Marine, à Paris.

Outre le fait d'épater ses invités, la table volante permettait avant tout de se passer de la présence des domestiques. Ces derniers chargeaient et dressaient la table à l'étage en-dessous avant de la faire monter et les convives pouvaient se servir seuls et être ainsi tranquilles. Louis XV, souverain timide et qui trouvait le protocole trop lourd parfois, appréciait ce genre de meuble pour ses "petits soupers" où il dînait avec quelques intimes, en privé, sans domestiques ni service.
Celle de Catherine II est encore plus ingénieuse puisque la partie centrale était amovible. On pouvait donc continuer à manger pendant que cette partie centrale descendait, que les domestiques la préparaient (avec les fruits ou les desserts par exemple) avant de la faire remonter.




Endroit méconnu du public, à l'écart, ces maisonnettes étaient l'endroit où l'on conservait la glace.
Louis XIV appréciait glaces et sorbets, à l'orange surtout, et il voulait pouvoir en savourer à n'importe quel moment. Ces maisonnettes sont donc équipées, à l'intérieur, d'un puits, d'une fosse très profonde, plus de 15 mètres de profondeur. L'hiver, des ouvriers allaient casser la glace des fontaines ou du Grand Canal gelé et déposaient les pains de glace dans ces puits. Un système d'isolation très efficace puisque la glace ainsi entreposée pouvait tenir sans fondre pendant... trois ans ! Le roi-soleil pouvait donc ainsi déguster ses glaces préférées ou faire rafraîchir son eau et son vin en toute saison. Marie-Antoinette, quand elle s'installera au Petit Trianon et fera aménager son hameau, ne manquera pas elle aussi d'utiliser ces "glacières". Et quand la souveraine avait de la fièvre, c'est ici qu'on venait chercher de la glace pour lui appliquer sur le front...

C'est Louis XIII qui, le premier, fît construire ces fameuses glacières. Sous Louis XIV, on en comptait treize mais aujourd'hui, il n'en reste plus que trois.
La glace une fois récupérée dans les bassins ou cours d'eau gelés par l'hiver, on garnissait les parois du puits avec de la paille et on y jetait la glace par couches entre lesquelles on versait de l'eau qui se congelait instantanément. Pour maintenir la glace, on la recouvrait de planches alourdies par des pierres.

Intéressant. La table volante me paraît assez inutile mais au moins celle de Russie a cette partie centrale indépendante. Quant aux glacières, elles avaient l'air sacrément efficaces ! En fait, le top aurait été un mélange des deux : faire remonter des glaçons via une table volante.

Le problème des glacières, c'est qu'elles sont éloignées du château. En été, quand on allait y chercher la glace, il fallait faire vite pour éviter qu'elle ne fonde pendant le trajet. On employait donc de jeunes garçons, des gamins qui "galopaient" entre les glacières et le château avec leur seau rempli de glace. D'où leur surnom de "galopins".

Le XVIIIème siècle aimait les arts mécaniques, on se passionnait pour les automates dont nous avons vu quelques exemples dans la section Objets d'art.
En 1770, pour le mariage du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette, on inaugura la nouvelle salle d'opéra modulable du château. Cette salle pouvait se transformer en salle de bal : un système de treuils permettait d’élever le parquet où se trouvaient les fauteuils pour l’amener au niveau de la scène. On enlevait alors les fauteuils et on se retrouvait avec une vaste salle de bal. La salle servait donc de salle d'opéra et de salle de bal.

Au Petit Trianon, Marie-Antoinette se fît installer un "cabinet des glaces mouvantes" : une petite pièce où de grands miroirs pouvaient monter du sol et glisser le long des murs pour masquer les fenêtres et clore ainsi la pièce.

Un autre endroit inattendu et méconnu à Versailles.
Si Louis XIV aimait pouvoir déguster glaces et sorbets, il aimait également pouvoir savourer les fruits et légumes de ses jardins.

Le potager du roi est un quadrilatère de neuf hectares, toujours en activité : il produit par an 50 tonnes de fruits et 12 de légumes que les gourmets pourront retrouver aux Halles de Rungis. 16 carrés de légumes et 29 jardins clos abritant les arbres fruitiers, succession de "chambres abritées" générant des différences de températures, permettant ainsi d'adapter des espèces habituées à d'autres climats, implantation d'une "figuerie"... Ainsi, on trouvait à la cour des fraises dès la fin mars, des cerises en mai ou des asperges en décembre...

Pourtant, au début, l'endroit n'était guère attrayant, "un marécage puant". La Quintinie, maître des lieux, fît la grimace mais on ne discute pas la volonté du Soleil. Drainage du sol, brouettes apportant terre fertile et fumier, système d'irrigation... Rien ne fût négligé. Louis XIV eût donc son potager, où il venait souvent d'ailleurs au cours de ses promenades. Lors de ses campagnes militaires, dans ses lettres, il s'en inquiétait autant que du reste.

Herbes aromatiques, fraises, prunes et cerises, mais aussi melon (servi salé ou poivré à l'époque), les figues (très appréciées du roi, il les trouvait sur sa table dès la fin juin) ou les 700 arbres en pot de l'Orangerie, 30 variétés de pommes, 70 de poires...
Le tout avec des noms pittoresques : mouille-bouche, , messire-jean, cuisse-madame...
Les légumes ne sont pas en reste et je vous laisse quelques minutes pour trouver ce qui se cachait derrière la nasturce, la perce-pierre ou encore la tripe-madame... Sans oublier les petits pois, très appréciés du Maître.

Spoiler:

On notera la même abondance pour les fleurs : le roi-soleil exigeait, tant que faire se pouvait, une floraison permanente. Tubéreuses, jonquilles, narcisses, œillets, jacinthes... Certains bulbes arrivaient de très loin à Marseille d'où l'Intendant les renvoyait à Versailles. Plus de 3000 jonquilles et 1300 jacinthes expédiées en une seule fois ! Arrivées à Versailles, les fleurs partaient directement dans les serres. Pour l'anecdote, c'est de Marseille que venait également le café, directement commandé aux souks d'Alexandrie par le Gouverneur de la ville.

Plus tard, Marie-Antoinette aura également son (petit) potager dans son Hameau :



La reine était très fière de servir à ses invités les fruits et légumes de son jardin. A sa table, on trouvait également des pigeons venus de son colombier et des poules de son poulailler, des carpes venues de l'étang et des fromages, du beurre et des produits laitiers, fabriqués sur place, le Hameau étant équipé d'une laiterie. Le moulin était fonctionnel aussi mais il semble qu'on n'ait jamais cuit du pain au Hameau. L'endroit était pédagogique également : la reine s'y promenait avec ses enfants pour leur montrer les animaux, les différentes plantes et fleurs... Le Hameau était géré par un vrai fermier, Valy (Valérius) Bussard, que l'on fît venir de Touraine avec sa femme et ses enfants en 1785. Le brave homme resta fidèle à la reine, allant jusqu'à lui apporter chaque jour, à la prison du Temple, le lait de sa ferme.

Après les glacières et le potager, un autre endroit méconnu des jardins et qui vient de rouvrir au public (en visites guidées uniquement).

Le jardin du parfumeur est l'endroit où étaient cultivées les fleurs destinées au château mais aussi et surtout à la fabrication des parfums. Dès Louis XIV, les fleurs sont partout, Louis XV aimait les bouquets que la Pompadour répandait dans les salons du château et Marie-Antoinette avait la passion des roses.
On trouve donc ici plus de 300 variétés de végétaux odoriférants, des parterres entiers de roses, de lavande, d'iris, de jasmins, tubéreuses, jacinthes, pivoines et violettes...  Mais aussi des fleurs dites "muettes", c'est à dire qui ont un parfum mais dont on ne peut extraire d'essence pour confectionner un parfum justement. Le parfumeur est alors obligé de le recréer artificiellement.

Si les fleurs viennent de toute la France et d'Europe par brassées entières, on y trouve également des espèces exotiques, venues de très loin et qui ravissent les courtisans au cours de leurs promenades. Elles sont regroupées dans une partie appelée "le jardin secret", séparé des autres et enclos par un muret de pierre : paulownia, cerisiers du Japon, rosiers et lys géants de l'Himalaya, lauriers du Caucase, orchidées...



On trouve enfin un endroit nommé "sous les arbres" qui est une double allée de cerisiers du Japon bordée de jasmins, de lilas et de seringats.
Sans oublier une serre enterrée où étaient cultivés aromates et herbes odoriférantes (pour les cuisines) et des citronniers et orangers en pots. Comme pour ses fruits et légumes, le roi-soleil pouvait avoir ses fleurs quasiment tout au long de l'année.

Le parfum était primordial à l'époque où l'on pratiquait la "toilette sèche" : on se lavait peu, on s'essuyait et on changeait fréquemment de linge. Le parfum venait donc masquer les odeurs indésirables et parfumeur était une profession qui tenait le haut du pavé. Seigneurs et nobles dames étaient prêts à dépenser des fortunes pour les essences les plus rares, les parfums les plus sophistiqués. Louis XV appréciait beaucoup l'eau de Cologne (créée au XVIIIème siècle, majoritairement utilisée par les hommes à l'époque, les militaires surtout) pour se rafraîchir et Marie-Antoinette adorait les roses : lors de la fuite de Varennes, la souveraine avait sur elle un petit flacon d'essence de roses.

Le jardin du parfumeur est depuis peu ouvert au public, en visites guidées uniquement. Il est situé dans le domaine de Trianon, dans un coin reculé et discret. A l'époque, déjà, ce n'était pas tout le monde qui y avait accès...
"J’ai fait Versailles pour ma cour, Marly pour mes amis et Trianon pour moi" (Louis XIV)
"Ici, je ne suis plus reine, je suis moi" (Marie-Antoinette)