Comme souvent dans les mythes, il existe plusieurs versions d'un personnage, brouillant encore plus les pistes.
Ce qui apparaît certain, c'est que la future reine est la fille du roi Léodegran de Cameliard qui entretenait de très bonnes relations avec le roi Arthur. C'est grâce à ces relations qu'il réussit à faire connaître sa fille au roi. Il existe pourtant une autre version où Guenièvre, selon Geoffroi de Monmouth, est issue d’une grande famille romaine et laissée par son mari Arthur à la garde de Mordred lorsque lui-même part sur le continent attaquer l’empereur Lucius Hiberius. Mordred usurpe le trône et la reine également. Version interessante, où Guenièvre, par son union avec Arthur, symboliserait le lien entre l'empire romain finissant et les temps nouveaux.
Sa relation avec Lancelot s'est imposée avec une telle force qu'on en oublie que Guenièvre suscita le désir ou la convoitise de beaucoup d'autres... Ainsi, dans la "Vie de Gildas" (av. 1136) du moine Caradoc de Lancarfan, elle est enlevée par un certain Melwas, roi d’Aestiva Regio (« Pays de l’Été »), et emprisonnée à Glastonbury. Après une recherche d’un an, Arthur la localise enfin et se prépare à intervenir avec son armée. Mais la guerre est évitée grâce à l’entremise de Gildas et le couple est réuni.
Bref, dans le mythe arthurien, Guenièvre est souvent séduite ou enlevée. Etant fille et épouse de roi, on peut en déduire qu'elle devient une sorte de symbole de la royauté : celui qui l'enlève enlève également le trône et peut ainsi prétendre au royaume de son mari. N'oublions pas qu'à l'époque, les femmes des grandes familles apportaient souvent province ou royaume en guise de dot...
C'est Chrétien de Troyes qui imposera son adultère avec Lancelot, adultère qui causera leur perte à tous. A ce moment, Guenièvre rejoint l'image, si répandue dans la tradition chrétienne, de la tentatrice et séductrice...