Les films de Stanley Kubrick

Stanley Kubrick a finalement réalisé peu de films (on a parlé de son côté méticuleux voire maniaque, et de ses problèmes de santé), mais 4 d'entre eux se sont retrouvés dans le top 100 des films américains de l'AFI, l'Américain Film Institute.

Parmi sa filmographie :

Dr Folamour (1964)
2001 l'odyssée de l'espace (1968)
Orange mécanique (1971)
Shinning (1981)
Full metal jacket (1987)

Il s'attaque à des genres assez différents mais ne laisse pas indifférent. Son côté dérangeant, provocateur, trouvera son paroxysme avec Orange mécanique, qui sera finalement interdit au Royaume-Uni pendant 27 ans, jusqu'à sa mort.

Mais il y avait déjà eu un précédent :
Autre film interdit, pendant 18 ans cette fois-ci, en France, en raison de son côté antimilitarite :

Les sentiers de la gloire (1957). 1957, date de la bataille d'Alger, contexte politique brûlant et pro censure.
Ce film en noir et blanc est tiré d'un roman sur la guerre des tranchées de 14-18. Il montre l'assaut suicidaire ordonné par des officiers supérieurs, puis le simulacre de procès pour condamner 3 soldats innocents pour lâcheté, afin de faire un exemple, des boucs émissaires pour que ce fiasco ne nuise pas trop à ces officiers supérieurs.
Kirk Douglas est le seul acteur de renommée du film et y incarne le colonel qui s'oppose à cet assaut, puis prend la défense de ses hommes lors d'une parodie de procès.
Le film dénonce effectivement la lâcheté, comme celle des officiers faisant la guerre par procuration en restant dans leur salon, et pour qui une médaille vaut bien quelques vies humaines.

Mon avis :

un film intéressant pour lui-même et pour la censure historique qui lui a répondu. Un film sur l'injustice au sein de l'armée, machine à broyer ses propres soldats quand il s'agit de préserver les apparences de la grande muette. La gravité historique du sujet, l'éveil des consciences, trouve un medium intéressant dans un film qui évite totalement le côté documentaire. Le film a l'avantage d'offrir des images marquantes sur la guerre des tranchées et les condamnés à mort, entre autres. Un film à voir et qu'on oublie pas.

Je suis un peu embêté avec Kubrick. Ce fut un très bon cinéaste mais la plupart de ses films sont malgré tout des trahisons de l’œuvre littéraire qu'il adapte.

Son 2001 s'éloigne du roman d'Arthur C. Clarke ; son Orange Mécanique, malgré son ton dérangeant est beaucoup moins violent que le livre d'Anthony Burgess et son Shining est certainement la pire adaptation de l'oeuvre de Stephen King.

Et pourtant malgré cela, il arrive à nous pondre à chaque fois un chef-d'oeuvre filmique incroyable.

Barry Lyndon et c'est tout, bien que trop long et un peu chiant par moments.
Je reste complètement hermétique à tout le reste de son œuvre.

Je ne concois pas trop ces films "pour plaire", mais plutôt pour "marquer les esprits".
2001 l'odyssée de l'espace je me suis fait avoir plusieurs fois. Déjà parce que je suis allé en famille le voir au ciné : grosse erreur, je devais avoir environ 8 ans. Je m'ennuyais tellement que j'ai du manger au moins 2 eskimo, je me remuais sur mon siège. Un de mes pires souvenirs de ciné, même si ça m'amuse maintenant.
Une fois adulte, je pense que j'ai du me faire piéger 2 fois en voulant voir le film pour le comprendre, et comprendre son succès. C'était un fiasco à chaque fois, je ne suis jamais rentré dans le film. C'est assez frustrant pour un ancien dévoreur de livres de Sf et plutôt amateur du genre au cinéma.
Le pire, c'est que malgré tout, je pense que je tenterai encore l'expérience un jour, dans quelques années, une fois que j'aurai enfin une culture cinéphile valable, histoire d'être bien sûr.

Shining, je l'ai vu l'an dernier pour la première fois, comme Full metal jacket d'ailleurs. Je ne suis pas rentré dans Shining mais je peux comprendre en partie son succès.

C'est clair que 2001 c'est pas le film à voir quand on est gamin. On s'y emmerde. D'ailleurs, je n'ai pas découvert ce film - ni d'ailleurs aucun film de Kubrick - avant l'adolescence.

Le plus facile d'accès - relativement du moins - c'est Full Metal Jacket qui se scinde en deux parties : une consacré au "dressage" des recrues et l'autre au combat. La seconde partie étant une vision personnelle de la guerre, propre à Kubrick, qui n'est pas sans rappeler le Platoon d'Oliver Stone qui était sorti un an auparavant.

Barry Lyndon aussi, très bon film, très bonne reconstitution. Excellente musique. Sans oublier Spartacus avec son message social très fort.

Comme tout le monde, je pense, j'ai beaucoup séché sur la fin de 2001 et encore maintenant je ne sais pas si je pourrais l'expliquer clairement. Peut-être d'ailleurs qu'il n'y a que Kubrick qui en soit capable !

Pour moi Kubrick c'est avant tout :

Les sentiers de la gloire, un film fort intense sur la folie de la guerre et l'extrémisme des militaires. Spartacus, un péplum majeur et enfin Shining, très loin du roman de King, mais sur la forme un film d'horreur remarquable et marquant.

Warlock a écrit:

Shining, très loin du roman de King, mais sur la forme un film d'horreur remarquable et marquant.

Quand je disais que c'était une adaptation "manquée", ce n'est pas pour dénigrer Kubrick. C'est juste pour signifier qu'il a pris énormément de libertés de l'oeuvre originelle au point d'en faire quelque chose de différent. Mais, en même temps, un cinéaste fait ce qu'il veut et un film peut avoir sa vie propre même s'il est censé être une adaptation.

Comme la très bien dit King, Shining est un très bon film d'horreur, angoissant de base, mais il est bien trop éloigné du roman. Surtout sur la nature du personnage principal de Nicholson et de l'apparence de sa femme, et bien d'autres choses.

King en a fait sa propre adaptation dans le milieu des 90's avec une mini serie de 4 épisodes. Cette version évidement bien plus fidèle que la version de Shining, mais beaucoup moins effrayante que la version de Kubrick. C'est dû certes à une adaptation plus respectueuse du roman, mais aussi parce que le milieu des années 90 était une époque ou le cinéma horrifique (et TV) se trouvait dans le creux de la vague.

En effet, les années 90, c'était surtout la période des "action man", des thrillers et des polars, le côté horrifique reviendra en force avec la fin des années 90 avec le retour des slashers mais aussi Le sixième sens.

VIC a écrit:

2001 l'odyssée de l'espace [...] j'ai du me faire piéger 2 fois en voulant voir le film pour le comprendre

Pour le comprendre, il faut lire le roman de Clarke qui en est tiré.

Je crains que cela n'arrivera pas pour moi vu ma pile à lire et mon absence de temps consacré à la lecture. D'autant plus que j'ai un préjugé de lecture concernant l'auteur à cause de certains éléments de sa biographie...

Mmmm ? J'ai regardé sur le Wikipédia anglais et je ne trouve rien de sulfureux. Tu ne confonds pas avec Isaac Asimov et son comportement, disons, pré-#MeeToo ?

Après : le bouquin se lit assez rapidement et je trouverai dommage de passer à côté de cette référence, quitte à ce qu'il soit tout en bas de la PAL. (J'ai une PAL dynamique ; présentement, Lovecraft est passé tout au-dessus, je prépare une éventuelle comm' pour le colloque des 50 ans du JdR.)

Si on tape sur la toile Arthur c Clarke et pédophilie et on tombe sur un article très inquiètant, repris par plusieurs journaux. Ça remonte à 1998 et je me souviens en avoir entendu parlé aux infos à l'époque.
Pour Asimov, je me suis farci son autobiographie Moi Asimov, où il étale plutôt de manière comique sa mégalomanie et ses autres défauts, ainsi que ses qualités. Il n'y avait rien d'écrit dedans sur du prémitou, et ça ne colle pas vraiment avec son agoraphobie : il ne quittait jamais son domicile. Il me semble qu'il n'est parti en vacances qu'une fois loin de chez lui. Il était toujours avec son épouse. C'était compliqué pour le faire venir en conventions de SF. Après je l'ai lu il y a plus de 20 ans je dirai, mes souvenirs sont peut-être vagues.

Réponse sur le sujet qui va bien.