(image : user:Di (they-them)
Romuva est un culte moderne, d'obédience néo-paganiste, inspiré de la mythologie lituanienne principalement et qui perpétue les anciennes pratiques religieuses de la Baltique, antérieures au christianisme. Le nom de Romuva est celui d'un ancien sanctuaire païen datant de 523, commun à tous les peuples baltes de l'époque. Il signifierait "temple", "sanctuaire" ou encore "demeure de paix intérieure".
Les membres de la communauté Romuva perpétuent donc les cultes et les rites d'autrefois, mais aussi les récits et les contes de la mythologie baltique, transmis oralement de génération en génération. Cette communauté a son centre en Lituanie, où elle connaît un fort regain ces dernières années, bien qu'elle ait des membres se réclamant d'elle à travers le monde.
Ses membres ne sont pas tournés vers le prosélytisme, ils cherchent à perpétuer les traditions, mythes et rituels des temps d'avant le christianisme, par la célébration de fêtes traditionnelles, l'usage de langues anciennes, un artisanat spécifique (travail du bois notamment), une musique traditionnelle. L'écologie et la préservation de certains sites font également partie de leurs préoccupations.
La Lituanie a une longue tradition païenne : alors que le reste de l'Europe était déjà profondément christianisé, les lituaniens demeurèrent majoritairement païens jusqu'au XIVème siècle. Au XIIIème siècle, le pape Grégoire IX proclama une croisade contre les peuples baltes (surnommés les "sarrasins du nord"), croisade qui déboucha sur 80 ans de combats féroces. Malgré cela, malgré la conversion au christianisme de grands seigneurs (souvent dans des buts politiques), le peuple continua à adorer en secret les divinités baltes comme
Andajus,
Perkūnas,
Teliavelis (dieu des forgerons) et
Žvorūna (déesse des forêts et des chasseurs). Une nouvelle attaque fût menée, cette fois par les redoutables chevaliers teutoniques et en 1387, la religion païenne fût officiellement abolie. Mais en secret, dans les profondeurs des campagnes, les paysans continuèrent à adorer les anciens dieux jusqu'au XVIIIème siècle.
Le mouvement Romuva n'a pas d'Ecritures ou de livre saint, et les aspects théologiques s'effacent devant les traditions, la préservation des rites, des légendes et du folklore issus d'avant la christianisation. Feu sacré, célébrations du solstice et de l'équinoxe, musique traditionnelle, préservation des récits et des légendes... le mouvement est principalement tourné vers la préservation et la protection de la nature, le respect de toute forme de vie. Le feu demeure l'élément fédérateur, primordial, un feu sacré, purificateur et unificateur. Un autel de pierre sur lequel un feu est allumé est souvent édifié lors des fêtes et cérémonies. Les participants se lavent les mains et le visage avant de l’approcher, puis ils chantent des hymnes rituels. De la nourriture, des boissons, des herbes et des fleurs sont offertes à la flamme sacrée pendant les chants. Puis les participants apportent leurs propres offrandes qui vont aux dieux et aux ancêtres, portées par la fumée et les flammes. Polythéiste, le mouvement affirme le caractère sacré de la nature et la vénération des ancêtres. Ses adeptes croient en une survie de l'âme après la mort. Certains animaux sont sacrés, comme l'ours et le héron et de nombreuses fêtes rythment l'année.
Réprimé sous l'ère soviétique, le mouvement connaît depuis un fort engouement et lutte pour être reconnu comme une religion officielle par les autorités. C'est pour beaucoup une manière d'affirmer avec fierté leurs racines, leur identité culturelle.
(image : adruidway.wordpress.com)