Auteur afro-américain, Milton J. Davis a écrit pas moins de 17 nouvelles et nous propose ici un héros atypique, dans un monde coloré et exotique, empli de voyages, mêlant histoire et imaginaire.
L'action se passe donc au XVème siècle, dans un monde mi-réel, mi-imaginaire. Changa est un guerrier noir, solide et intrépide mais c'est aussi un marchand, un négociant habile et, reconnaissons-le, plutôt porté vers le profit, toujours à la recherche d'une bonne affaire. Exilé plus ou moins volontaire (il a fui son royaume envahi par des démons envoyés par un redoutable sorcier), il aime également explorer le monde à bord de son navire,
Sendibada, cherchant de nouvelles routes commerciales, de nouveaux marchés. Changa va ainsi naviguer à traverser l'océan Indien, entre Kenya et Mozambique. Au passage, il se lie avec ceux qui vont devenir ses compagnons : le Touareg, drapé de ses robes et voiles bleus, ayant fait voeu de silence et Panya, une belle guérisseuse. Les voici rencontrant un prince en exil, Zakee ibn Basheer, qui leur demande leur aide pour récupérer l'obélisque de jade, un précieux talisman aux mains d'un sorcier.
D'aventures en aventures, notre petit groupe se lie avec une ambassade chinoise venue en Afrique et en profite pour rejoindre le Céleste Empire. Voici Changa et les siens déambulant entre Shanghaï et Pékin, non sans susciter une énorme curiosité, et bientôt entraînés dans de ténébreuses intrigues politiques. Pressés par des moines de délivrer le Fils du Ciel en personne, enlevé par de mystérieux chamanes, nos héros devront affronter pirates, cavaliers mongols et de redoutables guerriers chevauchant des tigres dans la moiteur des forêts de bambous.
Trois livres, dont le premier avec une introduction signée Charles Saunders, le créateur d'
Imaro, le premier héros de Fantasy noir.
J'ai bien aimé, beaucoup même par moments. Certes, l'écriture n'est pas révolutionnaire et on reste sur du basique. Mais il y a de gros points positifs :
le monde imaginé par Davis est solide, cohérent et crédible, mêlant histoire et imaginaire. Et surtout, il est formidablement dépaysant. On voyage du Kenya à Pékin, des ruines du Grand Zimbabwe à Shanghaï en passant par les steppes mongoles et les pirates de la Mer Jaune. La fameuse ambassade chinoise est inspirée d'un fait réel, celle de l'amiral Zheng He qui, de 1405 à 1433, voyagea jusqu'en Afrique de l'Est. Les personnages sont sympathiques, dont le héros bien sûr, farouche guerrier mais en même temps marchand intéressé et négociant roublard, qui ne se lance pas dans l'aventure pour la gloire mais bien pour le profit. Ses compagnons, le touareg qui ne parle jamais et la belle guérisseuse sont un plus. Bon, on n'échappe pas au "je t'aime moi non plus" entre Changa et la guérisseuse en question, même s'il ne se passe rien : "Panya n'appartient à aucun homme. C'est un membre de mon équipage". N'empêche qu'on reste dans les basiques, la femme canon et indépendante par laquelle le héros est bien sûr attiré mais je la respecte trop pour aller plus loin, oui je t'aime mais il ne faut pas, non reviens, oui repars... Bof.
Alors, je dirais qu'au final, c'est (très) plaisant et dépaysant. Ne cherchez pas l'épique, la violence et l'onirisme, les grandes envolées lyriques et les personnages torturés sur fond de prophéties implacables. Non, on est ici dans ce qui me paraît proche d'un bon
Loup Solitaire ou d'un bon scénario de jeux de rôle qui tient la route. On suit avec plaisir les pérégrinations de nos héros, on voyage avec eux et on passe un bon moment.