LE TRESOR DE NAGYSZENMIKLO

Le trésor de Nagyszenmiklo (à vos souhaits !) est un fabuleux ensemble de 23 pièces de vaisselle en or, d'un raffinement barbare.

Le trésor a été découvert en 1799, dans une région de l'actuelle Roumanie. Il est difficile de le dater car, selon les analyses, toutes les pièces n'ont pas le même âge. Mais les archéologues pensent qu'il date de l'époque des Royaumes Barbares (pas si barbares que ça vu la beauté des œuvres…), entre fin de l'Antiquité et début du monde médiéval. L'ensemble pourrait s'étaler du VIème au Xème siècle.

Les différentes pièces offrent en tous cas un époustouflant catalogue de l'artisanat de l'époque et de ces régions, avec des influences slaves, perses, byzantines, grecques (certaines pièces étant ornées de lettres grecques), voire même indiennes (l'un des objets étant orné d'une divinité hindoue). A lui seul, le trésor invite à voyager de la Roumanie à la Hongrie en passant par les terres slaves, Byzance et l'Asie Centrale.
Ce chef-d'oeuvre est actuellement conservé à Vienne, en Autriche : à l'époque, l'endroit où il a été découvert par deux fermiers, appartenait à l'empire Austro-Hongrois. Depuis 2008, les autorités roumaines demandent officiellement sa restitution. Les hongrois et les bulgares s'y intéressent aussi, les lieux concernés ayant fluctué entre tous ces pays au fil des siècles. Afin d'apaiser les tensions, l'Autriche a prêté le trésor pour une exposition temporaire exceptionnelle à Budapest et Sofia, attirant les foules.














Alors qui ? Qui buvait et mangeait dans cette fastueuse vaisselle ? Difficile sinon impossible à dire. Le fait que plusieurs pièces datent visiblement d'époques différentes, du VIème au Xème siècle, laisse penser que le trésor trouvé par hasard par deux braves fermiers en 1799, est probablement dû à un pillage. Le trésor aurait été enterré là, mais jamais récupéré. Il reste aujourd'hui un formidable témoignage artistique de tout un monde, de ces royaumes "barbares" et mal connus d'Europe Centrale, connectés via Byzance aux steppes d'Asie Centrale. Un trésor où se croisent grecs, byzantins, slaves, hongrois, Huns, bulgares et tant d'autres…

Certaines pièces sont un peu surchargées à mon goût, mais la plupart sont superbes.

On réalise surtout que ces peuples "barbares" étaient loin de l'être. Cet artisanat, cet art même, éclaire différemment ces "royaumes barbares" encore assez flous aujourd'hui, tous ces peuples qui allaient et venaient en Europe Centrale et dans les pays slaves. On se rend compte également qu'ils étaient ouverts à des influences variées, de la Russie à Byzance en passant par les Balkans, la Thrace, l'Asie Centrale…

Pour l'anecdote, les coupes montrées sur les premières photos (avec les trois petits pieds et la tête d'animal cornu) sont nommés "coupes d'Attila" car elles dateraient de l'époque du farouche roi des Huns, ce qui est loin d'être certain. On a sûrement là un phénomène d'appropriation semblable à celui de Dracula en Roumanie, censé avoir dormi dans tous les châteaux que compte le pays...