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| | LE SIÈCLE DES LUMIÈRES EN PEINTURE | |
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Auteur | Message |
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Voyageur Solitaire Admin
Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
| Sujet: Re: LE SIÈCLE DES LUMIÈRES EN PEINTURE Dim 7 Mai - 14:39 | |
| Le tableau imprévu... Datant de 1783, ce portrait, sans doute le plus célèbre de la dernière reine de France, a été réalisé par sa portraitiste attitrée, Elisabeth Vigée-Lebrun. Mais au départ, il n'était pas prévu. Celui qui était prévu, c'était celui-là : Ce portrait représente la reine vêtue très simplement de mousseline, en tenue informelle, un chapeau de paille sur la tête et sans bijoux, une rose à la main, peut-être composant un bouquet. La souveraine y porte une "robe chemise", très simple, à la mode anglaise. Une tenue qui correspond à son nouvel état d'esprit : Marie-Antoinette en a quasiment fini à cette époque avec les frasques, les soirées interminables, les folies, les dépenses en bijoux... Ses enfants sont venus donner un sens à sa vie, elle passe beaucoup de temps au petit Trianon où elle vit simplement, comme "à la campagne", où elle se promène... Le problème, c'est que le public, lui, n'apprécie pas. Ce portrait, exposé au Salon de 1783, fait scandale. Il ne correspond pas à l'image que le peuple a d'une reine de France. On s'insurge de voir la reine vêtue "en femme de chambre", sans bijoux, dans une activité du quotidien. Une reine de France doit poser majestueusement, en grande tenue, comme il convient à son état. Cette version est jugée trop "moderne", trop intimiste et inconvenante. La reine y est vue comme trop accessible, trop proche d'une femme du commun. Les critiques sont si violentes que le portrait doit être retiré. La portraitiste en réalise alors, en urgence, une copie plus "acceptable". Ce sera donc Marie-Antoinette à la rose. La souveraine y est représentée cette fois en robe de cour, porte une coiffure élaborée et des perles, l'attitude est plus majestueuse, l'ensemble plus officiel. Ce nouveau portrait sera salué de toutes parts. Au-delà de sa valeur artistique, ce tableau (comme tant d'autres) nous renseigne au passage sur l'état d'esprit de son époque... |
| | | Voyageur Solitaire Admin
Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
| Sujet: Re: LE SIÈCLE DES LUMIÈRES EN PEINTURE Ven 22 Sep - 20:02 | |
| Les hasards heureux de l'escarpolette Un tableau de Jean-Honoré Fragonard, tableau léger au premier abord mais, comme nous allons le voir, bien plus coquin en fait... Le tableau représente, dans un cadre bucolique, une jeune femme faisant de l'escarpolette (balançoire) et, emportée par son élan, perdant sa chaussure, sous les yeux ravis d'un homme dissimulé dans un buisson de fleurs. Mais il y a bien plus... L'homme à gauche est le commanditaire lui-même, le baron de Saint-Julien, receveur général du clergé, c'est à dire en gros ministre des finances du clergé à l'époque. Sa commande est assez claire : "Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant, et mieux même". Selon sa demande, l'homme dans l'ombre, à droite et qui manipule la balançoire, devait être un évêque. Doyen, le peintre à qui le baron s'était en premier adressé, trouva le sujet trop léger et orienta son client vers Fragonard. Ce dernier accepta la commande mais remplaça l'évêque par un homme assez âgé. Et c'est là que le tableau prend tout son sens : l'œuvre représente en fait un homme, sa maîtresse et le mari trompé. La jeune femme sur la balançoire est en fait la maîtresse du commanditaire. En plein centre du tableau, en pleine lumière, elle capte l'attention par son teint et le rose soyeux de sa robe. Emportée par son élan, elle en perd sa chaussure qui s'envole. Détail qui n'en est pas un puisqu'au XVIIIème siècle, la cheville est considérée comme érotique. Une femme "comme il faut" peut à l'époque arborer un décolleté profond mais ne doit pas montrer ses pieds ou le bas de ses jambes. Là, en plus de la cheville, la belle montre ses jambes et plus encore. Surtout quand on sait qu'à l'époque les "dessous" n'existaient pas, ces dames étaient nues sous leurs robes. A son corsage, la belle porte un bleuet, symbole de la timidité, de l'ingénuité. culturezvous.com Le commanditaire est lui renversé en arrière, il chavire littéralement et pas n'importe où : dans un buisson de fleurs, symbole de la volupté, de la sensualité. A sa boutonnière, il porte une rose, symbole de la volupté, en contraste avec la timidité, l'ingénuité de la jeune femme, symbolisée par le bleuet à son corsage. Son regard porte directement sur l'intimité de sa maîtresse. culturezvous.com L'homme assis à droite est dans l'ombre et, si on regarde bien, il est assez âgé et arbore un sourire satisfait. C'est clairement le mari cocu et content, relégué dans l'ombre et inconscient de ce qui se passe entre sa jeune compagne et l'amant de cette dernière. Il sourit de voir sa compagne s'amuser sans réaliser ce qui se passe entre elle et l'amant, qu'il ne voit pas de là où il est. culturezvous.com On notera aussi, à gauche, au-dessus du commanditaire, une statue représentant un Amour qui porte son index à sa bouche comme pour taire un secret et qui se trouve juste en face du regard de la jeune femme qui semble lui sourire. Deux autres Amours sont représentés sous la belle, semblant contempler son envolée (vers le plaisir ?). Et avez-vous aperçu, aux pieds du mari trompé, le petit chien blanc qui aboie et qui semble ainsi réprimander la conduite de sa maîtresse ? Les hasards heureux de l'escarpolette ne doit donc rien au hasard. Au premier abord, c'est une scène légère, un "incident" avec cette jeune fille qui, emportée par son élan, perd son soulier et dévoile ses jambes à un inconnu. En réalité, c'est bien une scène érotique, mettant en scène le classique triangle amoureux, le mari cocu, la femme et son amant. De nombreux détails (la chaussure qui s'envole, les Amours, les fleurs, le rose soyeux, lumineux, qui se détache du fond bleu-vert) symbolisent la volupté, le plaisir, selon les codes de l'époque. Si Fragonard était déjà connu, cette toile fût vraiment l'un de ses premiers grands succès. |
| | | VIC
Messages : 4293 Date d'inscription : 18/01/2012
| Sujet: Re: LE SIÈCLE DES LUMIÈRES EN PEINTURE Sam 23 Sep - 22:42 | |
| Merci pour ces explications. J'avoue que je n'avais jamais regardé le tableau plus de quelques secondes, n'aimant pas son style, et j'étais complètement passé à côté du sujet. |
| | | Voyageur Solitaire Admin
Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
| Sujet: Re: LE SIÈCLE DES LUMIÈRES EN PEINTURE Dim 24 Sep - 8:00 | |
| Pas mon style non plus, je n'ai jamais accroché à ces tableaux "légers" ou "coquins" avec tout ce merdier de frous-frous, de dentelles, de préciosité et de poses maniérées.
Mais j'aime bien les tableaux à codes on va dire, avec un message caché. Les peintres d'autrefois disposaient d'une large gamme de symboles (souvent certains fruits, certaines fleurs) qui permettaient de donner un sens particulier à leurs œuvres. Le langage des fleurs était utilisé au maximum, celui des fruits aussi. Une pluie de pétales de roses symbolisait la volupté, une pêche ou un abricot le sexe féminin, la grenade la fertilité, la fécondité... Mais encore les animaux, certains objets, certaines couleurs... Le simple fait de placer tel objet, telle fleur ou tel animal à côté d'un personnage pouvait donner une toute autre signification au tableau. |
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