ASTOR HOUSE (Londres)

Une belle visite à ne pas rater, en plein cœur de Londres, avec vue sur la Tamise.

Cette maison a été construite en 1895 par John Loughborough Pearson pour William Waldorf Astor, le fondateur du célèbre palace newyorkais The Waldorf Astoria. Dans un style "gothique-élisabéthain", elle était pour lui un refuge (Américain à l'origine, il craignait les tentatives de kidnapping de ses enfants en vue d'une rançon et était venu s'installer en Europe), chargé de toute une symbolique que nous allons découvrir au fil de notre visite. Plus tard, elle fût à la fois sa maison, son musée personnel et le siège de ses affaires. Elle est entièrement bâtie en pierre de Portland, une pierre de très haute qualité, très réputée, celle-là même dont on s'est servi pour édifier la cathédrale Saint Paul ou Buckingham Palace.
Vendue au début des années 1920, endommagée par un bombardement en 1944, restaurée au début des années 1950, elle appartient aujourd'hui au Bulldog Trust, une association caritative qui l'a transformée en galerie d'art en 2011.

Le vestibule :

De style Renaissance, les murs couverts de ces superbes panneaux de boiserie que nous allons retrouver dans toute la demeure, son sol est recouvert de porphyre, jaspe, onyx et marbre. Près du grand escalier d'acajou trône une cheminée de marbre surmontée d'une statuette de bouledogue, emblème du Bulldog Trust, propriétaire actuel de la maison.

Le pavement, œuvre de Robert Davidson , vu du grand escalier :







L'escalier :


Imposant, splendide, le grand escalier d'acajou dessert les deux étages. Sa rampe est ornée à intervalles réguliers de sept personnages sculptés dans le bois, illustrant les personnages des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas : D'Artagnan, Mme Bonacieux, Aramis, Milady, Bazin, Athos et Portos. Ils sont parfois enlevés pour être alors exposés tous ensemble. C'est l'artiste Thomas Nicholls qui les a réalisés :

Bazin, le valet d'Aramis et Aramis et Milady



C'est Nicholls également qui a réalisé la frise ouvragée du dernier étage, sous la verrière du plafond et qui représente 82 personnages du répertoire des pièces de Shakespeare Othello, Mc Beth, Antoine et Cléopâtre et Henry VIII. En-dessous, dix piliers d'ébène chacun surmonté d'une statue rythment la galerie du dernier étage :




Une vue du grand hall depuis la galerie du dernier étage :


Un grand hall surmonté d'une immense verrière qui inonde la pièce de lumière.

Nous voici à l'étage, avec le grand bureau où Astor recevait ses visiteurs et gérait ses affaires mais où il entassait également livres précieux, tableaux de maître, instruments de musique et œuvres d'art, le tout avec vue sur la Tamise. La pièce maîtresse, centrale, de son empire, de sa maison :



Là aussi, le travail du bois est époustouflant. Place au travail de Sir George Frampton qui a réalisé neuf panneaux décoratifs incrustés d'argent représentant neuf héroïnes de la légende Arthurienne, de la Dame du Lac à Morgane en passant par Guenièvre...

Dans l'ordre, la Dame du Lac, Morgane et Guenièvre





Les murs sont également ornés, par Nathaniel Hitch cette fois, de panneaux de cèdre peints surmontés d'une frise sculptée ornée de 54 bustes de personnages célèbres de l'Histoire ou de la littérature, Richard Cœur de Lion, Roméo et Juliette, Robin des Bois, Ivanhoé...






Ici, Juliette



Aujourd'hui, Astor House est donc la propriété du Bulldog Trust, une institution charitable et culturelle qui organise des expositions en ces lieux. Attention donc si vous venez à Londres et seriez tentés par une visite, renseignez-vous bien avant ! La maison n'est ouverte au public que pendant les expositions, à des dates précises et seules quelques pièces sont alors accessibles. L'endroit se loue également pour des mariages, soirées mondaines, dîners d'affaires ou de gala. Les sommes récoltées sont majoritairement affectées à l'entretien et la restauration de la maison.
Un endroit assez incroyable, que votre Voyageur vous recommande chaudement, bien qu'il l'ait fait au pas de course malheureusement... Pour être franc, l'expo ce jour là m'a laissé de marbre, c'est la maison que je voulais admirer, sur les conseils d'un ami londonien (merci à lui !)

J'avoue : c'est mon style.

Tu vois, si j'avais la chance d'être milliardaire, je me ferais construire un manoir du même genre. Avec un grand parc et une allée en gravier rose. J'enverrais des limousines vous chercher à l'aéroport ou à la gare. Je ferais préparer des suites à votre intention. Je vous offrirais un grand banquet en votre honneur dans la bibliothèque avec des serveurs en livrée et un orchestre de chambre.

On terminerait la soirée en fumant quelques cigares au salon en se racontant nos souvenirs de voyage ou en débattant sur divers sujets.

Tu oublies l'essentiel Gorak, de charmantes demoiselles pour agrémenter la soirée davantage


Très belle demeure, que je n'ai pas pu voir lors de mes séjours à Londres. J'aime beaucoup son intérieur boisé, c'est richement décoré, et le travail du bois est en effet magnifique et admirable. C'est tout à fait le genre d'endroit que j'aime visiter.

Si c'est effectivement un bel endroit à visiter, c'est peu ou prou aux antipodes de mon lieu d'habitation de prédilection. Surchargé, prégnance des figures littéraires, le bouledogue. Ce n'est pas le côté ancien qui me gênerait, d'autant plus que j'adore bois et boiserie, mais bien ici sa pesanteur. Par contre, recevoir ainsi une invitation de l'ami Gorak m'enchanterait, même si, je l'espère, il me permettra de remplacer le cigare par des macarons frais et un espresso serré ^^ , vu que je n'ai jamais fumé.

On est en plein dans la maison victorienne, mélange de gothique, Renaissance, style Elisabéthain, un peu "too much", je suis d'accord.
Astor savait ce qu'il voulait et ne lésinait pas : architecte et artistes bénéficièrent de moyens "illimités". Ce fût d'abord sa maison puis il y installa ses bureaux, y reçût ses visiteurs, y organisa les conseils d'administration de son empire. Dans le même temps, il y laissa court à son goût pour la littérature, l'imaginaire, l'Histoire... Dans le grand hall, on trouve une autre frise sculptée illustrant Le dernier des Mohicans, des bustes de Marie-Antoinette, Anne Boleyn, Machiavel, Robin des Bois... La chambre du maître de maison était tapissée de boiseries et son plafond rehaussé de feuilles d'or...

Un tour à l'extérieur ?
Passées les grilles de fer forgé et la cour pavée, on découvre la porte principale, encadrée de deux Chérubins dont l'un téléphone et l'autre brandit une lampe, glorification de l'électricité, sommet de la modernité à l'époque :




Dans les angles, des masques et des "grotesques" sculptés :



La girouette ? Une réplique de la Santa Maria, caravelle de Christophe Colomb. Astor voulait ainsi symboliser le lien entre sa patrie d'origine, l'Amérique, et sa nouvelle terre d'accueil, en Europe.



Retour à l'intérieur avec une vue de la cheminée de marbre, surmontée de la statuette du bouledogue, symbole du propriétaire actuel :



On y voit également les statuettes de bois sculpté tirées des Trois Mousquetaires sur la rampe de l'escalier.

N'étant ouvert que ponctuellement, à certaines dates et pour des expos temporaires, le lieu reste assez confidentiel. Je crois n'en avoir jamais rien lu dans aucun guide, seuls les londoniens doivent vraiment connaître. Pour ma part, c'est l'ami qui me logeait lors de mon dernier et court passage qui m'en a parlé, j'y suis allé un peu au pif, il faut l'avouer...
Même si c'est trop chargé pour mon goût, il faut reconnaître que ça a de la gueule. En plus, l'intérieur étant assez sombre, les lampes sont souvent allumées, ce qui renforce le côté féérique de l'ensemble.