MICHEL DE MONTAIGNE

Moins puissant que Rabelais, mais plus délicat et par sa sagesse plutôt indulgente, forte d'expérience, pénètre mieux les esprits.

Philosophe païen nourri de lettres latines, il exprime avec une simplicité forte et sincère l'impuissance de la raison et, en définitive, l'ignorance de l'homme.
Il dit ce qu'il voit, peint non l'humanité mais les individus, tels qu'ils sont, sans les embellir ni les défigurer.

Il ne doute pas par mépris ou par raillerie ; son "que sais-je ?" est avant tout la formule d'un scepticisme apaisé et indulgent, qui parait être à ce dilettante de génie la condition du bonheur, le moyen de savoir jouir loyalement de son être.
Ses Essais sont un incomparable trésor d'observations morales formulées en un style énergique et familier, plein de tournures vives, d'épigrammes et de saillies plaisantes.

Tout son ouvrage est comme un séminaire de belles et notables sentences, et elles entrent d'autant mieux qu'elles courent et se pressent, sans s'afficher.