SALSA, BOSSA NOVA ET MUSIQUE LATINO, DE RIO A CUBA ET BUENOS AIRES...

Nouveau voyage en musique. Direction l'Amérique Latine, sur les traces de la Salsa, de la Bossa Nova et des rythmes de la musique sud-américaine, des plages de la Havane à celles de Rio, des faubourgs de Buenos Aires aux ruelles de Mexico.
Mais qui est donc cette fameuse Salsa ? Une frangine portoricaine, qui vit dans le Spanish Harlem, les reins cambrés au bon endroit...


La musique sud-américaine ou latine est en fait un vaste ensemble de styles différents, à la mesure de la diversité de ce continent. On y trouve la musique andine, très ancienne et remontant avant la conquête espagnole et beaucoup de musique d'origine africaine, créole, jamaïcaine... Salsa, tango, bossa nova, reggae... L'offre est variée.

- La salsa est née à Porto Rico et s'est fait connaître à New York où elle prend son nom définitif. Elle se décline également sous forme de danse.

- La bossa nova, nonchalante et sensuelle, nous vient des plages de Rio de même que la samba.

- Cuba nous a laissé un riche héritage musical également sans oublier la rumba et le mambo.

- L'Argentine est la patrie du tango et le reggae reste attaché aux faubourgs de Kingston en Jamaïque.

- La musique andine est l'héritage culturel et musical de la Bolivie, du Pérou et du Chili, avec tambours, petite guitare et flûte de pan.

Avant d'aller plus loin, un petit détour par Rio s'impose avec la chanson emblématique de la "ville merveilleuse", The girl from Ipanema...

Pas fan de la musique latine et des airs sud américains, ce sont des musiques bien souvent trop enjouées et trop chaudes pour moi.

Seulement il y a une exception, celle là...

Hé hé hé, Gilberto Gil, ce n'est pas n'importe qui effectivement et j'y reviendrai d'ailleurs.
Pour ma part, j'aime beaucoup la musique sud-américaine, sensuelle, enjouée et colorée. Après, je reconnais que, comme pour beaucoup de styles musicaux, on finit par y mettre n'importe quoi et s'y perdre.
Ce nouveau voyage nous permettra sans doute d'y voir plus clair...

Genre musical, mais également danse endiablée et festive, la salsa est d'origine portoricaine. En 1952, la création de l'état libre de Porto Rico entraîne un important flux migratoire vers les USA, vers New York et plus précisément le Spanish Harlem. Ces nouveaux arrivants apportent avec eux la salsa qu'ils font découvrir à l'Amérique. En 1959, beaucoup de cubains quittent leur île suite à la révolution cubaine. Parvenus à New York, ils s'emparent à leur tour de la salsa pour l'imprégner de leur marque. C'est donc bel et bien à partir des bars et clubs de la Big Apple que la salsa va partir à la conquête du monde.

Définir la salsa en tant que genre musical est quasiment impossible tant s'y mêlent et confondent diverses influences (le mambo, la bomba, la guaracha...). On y trouve en général une basse, un piano, des congas, bongos et timbales (batterie mais sans grosse caisse) et des cuivres tels que saxophone et trompette. On peut y ajouter du chant et des choeurs.

Mais la salsa, c'est également une danse et là, il est plus facile de l'identifier. Bien qu'elle respecte des pas de base, la salsa est une danse improvisée qui laisse une grande liberté aux danseurs. On la danse bien sûr en couple, mais aussi seul ou en groupe (dans ce dernier cas, on forme une ligne le plus souvent). C'est l'homme qui entraîne et guide sa partenaire. Le principe est d'alterner les pas gauche et droite tandis que la cavalière fait l'inverse. Le plus difficile est de synchroniser ses pas avec la musique, très rapide. La danse se décompose en 8 temps dont 6 de danse et 2 de pause.
Il existe de surcroît des variantes selon les origines avec salsa portoricaine, cubaine ou colombienne, cette dernière étant la plus nerveuse et la plus rapide. Les deux partenaires sont bien plus proches l'un de l'autre et le mouvement l'emporte sur les pas imposés ou les règles. Cette version colombienne, plus instinctive et rythmée, est la plus répandue en Amérique du Sud.

Quelque soit la version choisie, la salsa est une danse très physique qui exige une grande souplesse et une synchronisation parfaite. Elle fait travailler essentiellement le bas du corps, jambes, cuisses, tailles, abdominaux et le dos.

Un petit exemple avec l'ouverture d'un concours mondial de salsa à Porto Rico, avec les champions du monde, Raphael Barros et Carine Morais. Accrochez-vous ! Caramba !


Alors, ça vaut pas toutes les séances de gym du monde ? Allez, maintenant que vous êtes chaud, on reprend !

On change de rythme avec quelques pas de tango...
Le tango est avant tout une danse, très spécifique, presque géométrique et qui souvent paraît très complexe. Pour certains, c'est même plus une marche qu'une danse. Contrairement à l'idée reçue, dans la version actuelle du tango, les pas ne sont pas fixés à l'avance et répétés comme dans les autres danses : il y a une grande part d'improvisation, le cavalier décidant de la direction et sa partenaire le suivant, avec le poids du corps, sans chercher à deviner les pas. C'est avec le buste et le poids de son corps que le cavalier entraîne et guide sa partenaire, bien plus qu'avec les bras.
L'essentiel reste l'abrazo, le fait de rester enlacés, embrassés. Plus que des pas définis, il y a toute une série d'éléments techniques dont chacun des partenaires dispose à son gré pour soit guider l'autre (l'homme), soit le suivre (la femme). Il n'y a donc pas vraiment d'école de tango : chacun des partenaires improvise, suivant son ressenti, pour suivre l'autre et maintenir le fameux abrazo. On est donc dans une danse bien plus instinctive que codifiée et deux personnes ayant suivi les mêmes cours pourront danser différemment.


Le tango évoque immédiatement l'Argentine, l'Uruguay, l'Amérique du Sud... Il est pourtant afro-américain, voire même africain à l'origine, apporté par les esclaves noirs massivement déportés vers l'Amérique. Il se mêle ensuite aux danses de salon européennes, valses, mazurkas, polkas, apportées elles par les milliers d'immigrants européens qui débarquent à Buenos Aires ou Montevideo.
Le tango a d'abord mauvaise presse et reste attaché à une image de bas-fonds et de bordels. A cette époque, début du XXème siècle, il y avait en Argentine principalement une très forte immigration européenne, des milliers de travailleurs qui venaient s'installer, majoritairement des hommes, et dans des emplois peu qualifiés (dockers, ouvriers...). Le soir, ils se retrouvaient dans les bordels de la ville pour se distraire, maisons où l'on dansait volontiers. L'histoire veut également qu'à l'origine, le tango se dansait entre hommes, ces derniers étant bien plus nombreux que les femmes dans ce pays d'immigration.
Aujourd'hui, ces hypothèses ont du plomb dans l'aile, on sait par exemple que le ratio Hommes/Femmes n'était pas si déséquilibré, 54% d'hommes pour 46% de femmes. Il n'en reste pas moins que beaucoup d'hommes dansaient entre eux, certes, mais en fait pour apprendre et s'entraîner avant de sortir et d'aller danser avec les filles :



Ce qui est certain, c'est que le tango reste à l'époque inconvenant pour les jeunes filles "bien comme il faut" et traîne derrière lui une réputation sulfureuse. C'est la danse "des bouges et des tripots". Dans les années 1920/1930, nos immigrants désormais installés retournent en Europe et initient les danseurs parisiens, en quête de nouveautés, à cette danse "canaille" dont on raffole vite dans les cabarets et dancings de la capitale. De sulfureux, le tango devient bourgeois. L'Europe restant à l'époque le modèle du bon goût, de retour en Amérique du Sud, le tango pénètre à son tour les salons de la haute bourgeoisie et des élites. Ce qui n'empêche pas certains dirigeants européens comme Victor Emmanuel III, Guillaume II, François Joseph et d'autres d'interdire dans les bals officiels cette danse "indécente" (pour mémoire, la valse avait connu pareille réprobation à ses débuts). Mais rien n'y fait : le tango est lancé et rien ne l'arrêtera. Dans les années 1930, le tango connaît son âge d'or, il est incontournable dans tous les dancings et les cabarets.
Dans les années 1950, il s'efface, balayé par le souffle du Rock and Roll (aussi bien la musique que la danse). De son côté, l'Argentine sombre dans trente ans d'instabilité politique et de violences, climat qui n'incite pas vraiment à l'amusement et à la danse. Il faudra attendre les années 1990 pour qu'il revienne à la mode.

Un des plus célèbres tangos de Carlos Gardel, Por una cabeza, datant de 1935 et illustré dans le film Ease virtue :


Quelques pas de danse avec Kim Basinger et Sean Connery dans Never say never again :