GEOFF JOHNS, l'artisan

Il m'est arrivé un truc étrange hier soir...

D'abord, il faut savoir que j'ai beaucoup d'histoires qui circulent dans ma tête et pas que des écrites par d'autres. Bon, les miennes ne deviennent pas grand chose puisqu'en général lorsque je les couche sur le papier/ordi, elles n'arrivent jamais à la fin, à une exception près.
Enfin bref, dans l'une d'elles, un de mes personnages à une cicatrice bien particulière sur le visage.

Hier, donc, je lissais la dernière production de Geoff Johns en VO. C'est l'un des deux auteurs pour lequel je fais cela. Là, au détour d'une page, je découvre que l'un de ses personnages à la même cicatrice sur le visage. Cicatrice reçue dans les mêmes circonstances que mon personnage. Une grosse différence tout de même le mien est un gentil, le sien un méchant.

Ça me fait tout drôle d'avoir eu une idée similaire à monsieur Johns.

Il y a du Johns en moi ! Pas beaucoup, mais c'est toujours ça de pris !

Les grands esprits se rencontrent, c'est bien connu

Un petit article sur Johns sur le site d'Urban Comics : https://www.urban-comics.com/mois-auteur-mars-geoff-johns/

Si vous n'avez pas le courage de le parcourir, voici la chose la plus intéressante qui s'y cache :

Citation :

Devenu coutumier de ce genre de cataclysme éditorial, il réalise plus tard avec Gary FRANK DOOMSDAY CLOCK, faisant entrer en collision l’univers de WATCHMEN avec le reste de la galerie des super-héros DC, un récit qui s’installe comme l’une des pierres angulaires de l’ère Rebirth et dont il développera les conséquences dans… un titre à découvrir en 2023.

2023 sera peut-être pas mal après tout.

Sous la direction de Geoff Jones et sous les crayons d'Andy Kubert (deux valeurs sures) en 2011 DC comics sort une mini-série destinée à relancer l'univers DC (et les ventes). A l'époque toutes les parutions régulières cessèrent et furent remplacées par de courtes séries "Flashpoint" .
Les auteurs nous content les aventures de Flash (Barry Allen) qui se réveille sans ses super-pouvoirs et dans un monde sans JLA, sans Superman, dans lequel Batman n'est pas celui qu'il connaissait, où Hall Jordan n'a pas reçu d'anneau de Green Lantern... Dans cette réalité les Atlantes d'Aquaman et les Amazones de Wonder Woman sont en guerre et ont déjà détruit l'Europe de l'Ouest. Barry Allen, au milieu de ce monde au bord de l'apocalypse, tente de retrouver ses pouvoirs et affronte le responsable de cette situation, Eobard Thawne alias Professeur Zoom. Mais, mais, mais les méchants ne sont pas toujours ceux que l'on croit...
Je ne révélerai rien d'important en disant qu'à la fin de cette série les univers de DC, Vertigo et Wildstorm fusionnent et que leur histoire est réécrite. Après Flaspoint l'univers DC fut donc relancé et entra dans l'ère new52. Les meilleures séries de cette périodes sont celles de Johns dont je parle plus haut (Green Lantern, Aquaman, Justice League).
La série fut quelque peu décriée par certain fans pour cette fusion (et j'avoue partager un peu cette opinion). Mais d'un point de vu qualitatif, je la trouve très bonne même si elle est un peu courte. Je ne suis pas sur qu'un néophyte apprécierait autant qu'un "amateur éclairé" mais je conseille vivement la lecture de ce volume. Globalement elle peut se lire sans avoir de références antérieures et peut se prendre comme une histoire indépendante. Seul bémol à cela les quelques renvois aux séries annexes qui peuvent être très frustrant.

A l'occasion de la réédition "10 ans" de Flashpoint, Urban sort également ce que Johns écrivit sur ce personnage avant l'événement. Ce volume n'est pas indispensable à la lecture de Falshpoint, mais est une bonne entrée en matière. On y trouve notamment l’excellent The Flash: Rebirth, dessinée par le talentueux Ethan van Sciver qui conte le retour de Barry Allen dans l'univers DC. Ce dernier était quand même porté disparu depuis 1986 et Crisis on infinity earth. Johns est un amoureux de l'âge d'argent et aime à faire revivre les héros de son adolescence. Je ne l'en blâme pas, il fait cela avec tellement de talent.
L'autre partie du volume contient la série The Flash, dessinée par Francis Manapul et Scott Kolins, qui est un peu plus classique, mais qui à le mérite de s'adresser à tous et en particulier à ceux qui ne seraient pas familier avec l'univers de Flash. Elle explique surtout le choix de Barry...

Pour être complet, Urban à l’occasion des "10 ans" sort également les séries 'Flashpoint" lancées à cette époque (écrite pas d'autres que Johns, il est doué mais pas à ce point) dans les volumes suivants.
Les sous-titres sont un peu trompeurs puisque chaque volume comporte plusieurs séries en plus de celle nommée. En se basant sur ce que j'ai lu (dont je parle ici), le volume 1 vaut le coup pour le Batman et les Secret Seven, les autres à voir...

Flash ne m'a jamais attiré. Encore une fois parce que c'est un super héros DC avec un pouvoir extrêmement puissant, et parce que ce pouvoir permet à mon avis de se sortir de toutes les situations. J'ai du mal à imaginer comment on peut maintenir du suspense avec lui..

Pourquoi avoir reparlé de Flashpoint dans mon précédent message ?
Parce que Flash est un bon personnage ? Oui, quand il a des ennemis à sa mesure ;-).
Parce que c’est une bonne série ? Oui.
Parce que cela a été réédité avec des compléments intéressants ? Oui.
Mais surtout à cause de ce qui suit, Falshpoint Beyond !


Par où commencer quand il y a tant à dire sur ce nouveau volume…

Déjà par souligner la surprenante parution. Pourquoi surprenante ?
Car le Flashpoint devait être une parenthèse dans l’univers DC permettant le reboot new52 et ne devait donc pas avoir de suite. Certes, mais depuis on a croisé le Batman de l’univers Flashpoint de ci de là dans l’univers "normal". Oui, mais (petit spoiler) il a été tué par un gros méchant. Tant pis, on va quand même raconter son histoire. On pourrait trouver ce détail de taille incongru, mais puisque nous nous trouvons dans un univers qui ne devrait plus exister ce n’est pas plus surprenant/dérangeant que ça.

Mais qui a eu cette idée folle de lui donner une suite ?
Elle vient de deux auteurs transfuges de la branche animation de DC et passés ensuite à l’écriture de comics, Jeremy Adams et Tim Sheridan. Fans du Batman de Flashpoint, et je les comprends, ils proposèrent leur idée à Geoff Johns qui non seulement les adouba, mais se joignit à eux pour écrire ce nouvel opus.

Qu’a donc de si intéressant ce Batman ?
Déjà, ce n’est pas Bruce Wayne ! Toutefois, tout comme lui, c’est la mort violente de l’un de ses proches dans une ruelle sombre qui lui fit endosser le costume. Mais là où pour Bruce réside sa motivation héroïque (que personne ne vive la même tragédie, sa répulsion des armes à feu…) il n’existe qu’une quête de vengeance sans fin dans le Batman de Flashpoint. Ce Batman est également moins riche que celui que tout le monde connait et beaucoup moins hightech.

Et donc qu’est-ce qu’on trouve dans ce bouquin ?
Pour commencer un prologue écrit par Geoff Johns tout seul et dessiné par Eduardo Risso. Ce dernier était déjà l’auteur de Batman Knight of Vengeance au côté du scénariste Brian Azzarello. On a ainsi une continuité enjambant 11 ans de parution. Avoir lu ce Batman Knight of Vengeance que l’on trouve en français dans le tome 1 du monde de Flashpoint (cf. message précédent) est un plus indéniable. Notamment, parce que la série de trois épisodes vaut vraiment le coup (cf. ici). Mais ce prologue dense, très dense, permet tout de même de planter le sombre décor de l’histoire.
Ensuite, s’enchainent les six épisodes écrits donc par les trois scénaristes et par deux dessinateurs, Xermánico et Mikel Janin.

Pourquoi deux dessinateurs ?
Car l’histoire est double, une partie se déroule dans "notre" univers, l’autre dans celui de Flashpoint. Chacun s’occupant de l’un deux. Tous deux ont le trait fort sombre et servent tout aussi bien que Risso l’ambiance tragique qui règne dans ces pages.

C’est bien beau tout cela, mais qu’est-ce qu’on y raconte ?
Humm… beaucoup de choses et comme toujours difficile d’en dire trop sans trop en dire… "Notre" Batman ne se comporte pas trop comme un héros, mais comme un manipulateur à l’échelle cosmique. C’est peut-être là le côté un peu to much de l’histoire, mais passons. Le Batman de Flashpoint, lui, comme tout bon Batman, mène l’enquête sur une série de meurtres perpétrés par le mystérieux Horloger. Bon pas si mystérieux que ça pour moi, mais je suis peut-être un peu trop calé en comics ;-). Toutefois, il n’est pas au top dans son enquête, obnubilé qu’il est par sa quête nihiliste. Voilà où réside le plus grand intérêt de ce livre. Pas dans la cosmogonie Johnsienne qui amalgame plusieurs aspects développés par ses camardes scénaristes et qui passera bien loin des intérêts des néophytes. Mais dans ce Batman et dans son deuil impossible à faire et qui le rend aveugle à l’essentiel, y compris aux indices de son enquête et aux sentiments de ses proches. En fait, c’est un livre sur le deuil.

Mais comme il y a Johns aux manettes, même s’il les partage, il n’y a pas que cela. Tout d’abord, on entame le livre sur une horloge et sur deux personnages de Doomsday Clock, la Marionnette et le Mime. Même si leur présence est anecdotique, c’est toujours plaisant de les revoir. Adjoignons tout ceci à l’Horloger et on se demande si Johns n’est pas l’héritier de Moore. Certainement pas de la volonté du Maître, mais il faut bien concéder qu’il se comporte comme tel avec beaucoup de respect et de talent. Flashpoint Beyond comporte en effet les prémices d’une suite à Doomsday Clock. On s’en rend compte à la fin avec les deux dernières planches dessinées par un certain Gary Franck.
Car Johns est un finisseur. Il sait terminer ses histoires, ce qui n’est pas le cas de tous les scénaristes, loin de là. Tout d’abord, il faut attendre le sixième épisode pour comprendre ce que faisait vraiment "notre" Batman et pour conclure l’histoire de l’autre Batman. Mais aussi pour ouvrir d’autres portes narratives, pour le monde de Flashpoint, et sur les quatre dernières pages pour l’âge d’or et pour Domsday Clock comme je le disais plus haut.

En conclusion, Johns a encore des choses à raconter et il le fait toujours aussi bien. Cette histoire à plusieurs degrés est une bonne histoire, même si elle comporte quelques faiblesses. Ce n’est pas sa meilleure production, mais n’oublions pas qu’il n’était pas seul sur l’affaire. En-tout-cas cela reste une bonne lecture. À mon sens, le plus intéressant réside dans le deuil impossible de ce sinistre Batman cynique et dans l’aveuglement qui en résulte. Le lecteur extérieur à l'histoire se doute bien qu'il n'y a que deux façon d'en finir avec cette quête impossible, mais connaissant Johns on ne peut que se demander au fil des pages s'il n'y en a pas une troisième... N’en reste pas moins que ce comics pourtant complet et se suffisant à lui-même risque peut-être d’être difficile d’accès pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec l’univers DC et/ou avec Flaspoint. Je serai curieux de savoir ce qu’en pense un néophyte.

J'ai déjà du mal à suivre les Batman de base, alors les parallèles... Ça donne envie ceci dit...

Merci, merci ! Il faudra à l’occasion que je parle du Superman de Johns alors...

Astre*Solitaire a écrit:

Flash n'est pas non plus mon personnage de prédilection, ni Batman d'ailleurs – je leur préfère de loin Superman et Green Lantern. Mais Flashpoint m'a toujours semblé être aujourd'hui un incontournable de l'univers DC. [/justify]

Tout pareil, surtout pour Superman du coup.
Par contre, il faudrait que je lise les Flashpoint pour le coup, car cela fait un moment que je me fait cette réflexion.

Astre*Solitaire a écrit:

Oui, Superman !! Et puis je connais quelqu'un qui sera – peut-être – contente quand tu parleras de Supergirl ^^.

J’ai vu ce message que après coup, mais oui carrément. Même si dans les comics que j’ai lu, je préfère l’homme d’acier

Bon, je voulais parler d'autre chose, mais puisque le Grand Bleu en intéresse certain.e.s... Ça tombe bien dans le catalogue d'Urban figurent les recueils de ce qu'écrivit en son temps un certain Geoff Johns sur ce personnage.


En 2006, Geoff Johns arrive sur Action Comics, mais pas tout seul. Action comics est quand même la série où apparut superman en 1938 et donc considéré comme le premier comics de super-héros. Nous pourrions discuter de l'antériorité des pulp héros et en particulier d'un certain Doc Savage, mais là n'est point mon propos du jour.
Pas tout seul, disais-je. En effet, car il est accompagné au scénario par Richard Donner. Oui, oui, le Richard Donner qui réalisa en son temps les premiers films sur Superman. La boucle est bouclée et pas uniquement autour du personnage, mais également avec les deux auteurs, car Johns fût l'assistant de Donner à une époque. Alors que John à la recherche d'un stage se faisait balader de poste en poste dans les bureaux de Donner, ce dernier décrocha par accident le téléphone et le pris en stage après leur discussion. Il fut ensuite embauché et resta chez Donner jusqu'en 1997 avant de partir chez DC. Je m'égare, mais tout ça me permet de dire que Johns considère Donner comme son Mentor. À mon humble avis l’élève à dépassé le maître depuis bien longtemps.
Pour en revenir au premier volume de ces recueils, qui trouve-t-on au dessin ? Adam Kubert. C'est le fils de l'un des monuments de l’âge d'argent, Joe Kubert (cf. Flashpoint). Personnelement, je préfère son frère Andy Kubert à Adam, mais c'est un bon dessinateur. On pourra tout de même lui reprocher sa lenteur d'exécution au sujet de cet arc, car si je ne m'abuse les lecteurs américains durent attendre plusieurs mois avant d'avoir en main le dernier épisode.

Alors avant de parler de l'histoire, je tiens à préciser que je ne suis pas un grand fan de Superman, il est pour moi trop lisse, trop puissant, trop inflexible... beaucoup de "trop" en fait.
L'arc en question s'appelle "Le dernier Fils". Ben oui tout le monde sait que Kal-El est le dernier fils de Krypton, on nous l'a déjà dit et rabâché... Oui, mais, non, enfin comment dire sans divulgâcher... Ben lisez, vous comprendrez... avec Johns, on a toujours de bonnes surprises.
Du coup, je ne peux pas trop vous raconter l'intrigue, c'est moche ça. Sachez que les auteurs prennent les codes des comics de Superman avec beaucoup de recul et un brin d’autodérision. Comme par exemple : mais si on peut cacher une identité secrète derrière des lunettes ! Tiens, regarde Loïs...
Pour être honnête ce n'est pas mon histoire préférée de Superman (Cf. Grant Morrison, tiens ça me fait penser...) et certainement pas celle écrite par Johns. Mais je dois avouer qu'il y a de bonnes choses dans ce récit, notamment de la dérision, mais également une réflexion sur la filiation qui rejoint mon propre point de vu.

spoiler pas très grave à lire, mais je déconseille si vous voulez lire cette histoire.:

Et puis cette histoire a une bonne fin ! J'ai déjà dit que Johns sait finir ses histoires ?

spoiler très grave à lire si vous voulez le lire:

Voilà, j'en dis peu, mais si on aime le personnage et sa mythologie, je pense que c'est en haut du panier.


À l'époque j'ai lu ces histoires dans le magazine Superman et Batman de Panini et le contenu de ce volume n'y a pas été présenté en France. Du coup, je ne l'ai pas lu. Désolé... pardon tout ça...
Pour ceux qui ne connaissent pas Bizzaro, c'est un clone raté et inversé de Superman qui fonctionne à l'envers (souffle enflammé au lieu de glacé, ect...) et qui cause à l’envers (Au-revoir! Bizarro aime superman ! Bonjour !). Généralement les histoires avec ce personnage sont plutôt loufoques et marrantes qu'autre chose. Les auteurs déjantés ont fini par créer un monde à son image, le Bizzaroworld et des contraires de héros à son image (Batzarro, ect...). Dans ce volume il semblerait que quelqu'un veuille s'évader du Bizarroworld.
Si vous le lisez, n'hésitez pas à me dire ce que cela vaut ! C'est une des rares choses écrites par Johns que je ne possède pas. Si c'est bien, je l'ajouterais à ses petits frères.

Prochainement, le volume 3... et peut-être plus...

Humm... cela fait longtemps que je n'ai pas parlé Histoire des comics... Juste un petit peu...
En 1958 apparaît dans Adventure comics trois adolescents originaires du début du 31ème siècle et venant faire un petit coucou à Superboy sous les crayons d'Al Plastino (c'est pas une blague) et le scénario d'Otto Binder. (Superboy contait les histoires de la jeunesse de Clarck Kent, cette série était très populaires). Ces adolescents appartenaient à un groupe nommé La Légion des Super-Héros. Groupe constitué de héros venant de différentes planètes et qui s'étaient constitué autour de l'idéal héroïque incarné par Superman. En gros, les trois fans voyageaient dans le temps pour rencontrer leur héro.
Ces personnages eurent beaucoup de succès et revinrent régulièrement dans le comics jusqu'à avoir leur propre série en 1962, Superboy and the Legion of Super-Heroes. Oui, Superboy après l'école ou les week-ends faisait des sauts dans le futur pour participer aux aventures de la Légion et protéger les Planètes Unies. On y découvre les autres membres de l'équipe, ainsi que les élections régulières du président de groupe (où parfois les lecteurs votaient), ou encore les castings pour les nouveaux membres... Comme souvent, à l'époque, les histoires sont gentillettes et plutôt orientées humoristiques.
En 1966, un lecteur de 14 ans, fan de la Légion,  propose quatre scénarii à l'éditeur. Ils seront tous adaptés et le lecteur, Jim Shooter, embauché sur la série. Pour ceux qui lisent des comics depuis longtemps, Jim Shooter est une légende. Il est notamment le rédacteur en chef qui produisit Secret War chez Marvel en réponse à l’écrasant succès du Crisis on infinity earth de DC. Il est aussi le créateur de la maison d'édition Vaillant et de ses comics "différents".
Avec Shooter, la Légion subit d'énormes évolution et ce dernier crée beaucoup de concepts et de personnages qui perdurent encore de nos jours. Il gomme le côté Kitsch des séries de l'âge d'or, réduit considérablement la rigolade et intègre surtout des problèmes "humains" à ces héros dans un style "Stan Lee" : A grands pouvoirs, grosses responsabilités, et gros problèmes, mais aussi vie quotidienne compliquée... Mais surtout, l'acte le plus important de Shooter sur cette série, fut la création de la version adulte de ce groupe. Cela devait évidemment finir ainsi un jour ou l’autre, mais la paternité doit lui revenir.
Après Shooter, la série connut des hauts et des bas accompagnés d'interruptions éditoriale et/ou de réécriture de son Histoire.
L'autre auteur qui est à citer, car marquant, dans les 30 années qui suivent, c'est Keith Giffen. Oui, oui le papa de Lobo, pour ceux qui connaissent. Giffen est surtout connu et reconnu, pour amener de l'humour souvent/parfois très adulte dans les comics et pour dynamiter les biens pensants. La Légion dans ses mains n’échappe pas à cela avec la découverte de l'homosexualité ou la transsexualité de certains personnages par exemple. Bon, on était dans les années 90, mais, quand même, il fallait oser.
Ensuite la Légion fut encore arrêtée, reboutée, puis arrêtée, puis reboutée, puis... en fait je ne sais plus trop...
En France, on ne peut pas dire qu'on ait beaucoup profité de ces histoires. Les plus intéressantes étant sorties dans la période creuse des traductions DC, faute d’éditeur français prêt à les publier. Personnellement, je ne m'en plains pas. Oui, oui après avoir écrit tout ça, je dois avouer que j'ai peu d'appétence pour cette équipe. Pourquoi ? Certainement, parce que je trouve qu'il y a bien trop de monde dans ces histoires. Une équipe de 5 à 8 personnages est pour moi un maximum dans les comics, au delà, c'est vite fadasse, le développement des personnalités souffrant de profondeur. Mais il ne doit pas y avoir que cela, l'idéal gentillet de Superman et le 31ème siècle y sont peut-être également pour quelque chose.
Bien maintenant que je vous ai bien vendu le groupe, je peux parler du troisième recueil sur le travail de Geoff Johns sur Superman !
J'avais déjà remarqué que Johns aimait ces personnages. Voilà le premier point que je ne partage pas avec lui. Il profite donc de son passage sur Action Comics pour les ressortir de la naphtaline. En fait, je n'avais peut-être pas besoin de me fendre de cette présentation puisque Johns le fait très bien dans le comics. Notamment en nous remettant la rencontre fondatrice avec Superboy dans un flash-back et surtout en intégrant les personnages progressivement afin de ne pas noyer le lecteur qui les découvrirait pour la première fois. Bon, il ne met pas les 80/90 personnages ayant intégré cette équipe au fil du temps (ouf !), mais à l'arrivée, il y en a quand même pas mal (je ne les ai pas comptés, mais il y en a trop à mon goût).
N’empêche que cela m'a fait plaisir de relire cet arc avant d'écrire tout cela. Johns essaye de rester dans la mythologie originelle de la Légion tout en modernisant les concepts. Grand écart difficile s'il en est, mais je dois avouer qu'il s'en sort bien. Même si ce que j'ai le plus apprécié, c'est justement la modernité avec un réflexion sur le totalitarisme et la xénophobie.
Pour pitcher l'histoire sans rien en dévoiler de crucial : le futur est bien sombre et la Légion dans un sale état, car la Terre est devenue le siège d'une dictature xénophobe sous la coupe de la Ligue de Justice (du 31 ème siècle). Les quelques Légionnaires encore en activité ne veulent pas en appeler à Superman pour une obscure raison. Pourtant, l'un des leurs, Brainiac 5, le fait tout de même venir à travers le temps contre l'avis de ses camarades. Oui "Brainiac" comme l'ennemi de Superman au 20/21ème siècle. Attention, celui-ci est son descendant et fait partie des héros... normalement...
Voilà, comme précédemment, ce n'est pas mon histoire préférée de Superman, mais une des mieux que j'ai lues concernant la Légion (je rappelle que j'en ai lues peu). Mais, là aussi, il y a de bonnes idées dans ce récit, j'en attendais plus c'est sûr, mais c'est une lecture agréable et certainement l'un des meilleur moyen de découvrir ce groupe.

Oups ! J'ai presque failli oublier de parler du dessin. Mais, non, je l'ai fait exprès, parce que c'est ce qu'il y a de meilleur dans cet arc de cinq épisodes ! Gary Frank, oui encore lui, ça fait un moment que ces deux-là travaillent régulièrement ensemble. Ces épisodes sont sortis en 2008. Gary Frank, disais-je donc, nous livre des planches superbes et dynamiques aux dessins parfaits. Détail à souligner : il donne à Superman les traits de Christopher Reeves. C'était déjà le cas avec Adam Kubert et je pense donc que c'est une demande de Johns (et de Richard Donner ?) mais Gary Frank est bien plus efficace au niveau des visages que son confrère.

Oh ! Mais que vois-je, il y a encore deux numéros dans ce volume ? Effectivement et le premier est dessiné par Joe Prado, acceptable, mais pas l'égal de Frank. On y parle encore de la légion... tiens donc ! Oui, enfin du retour au 21ème siècle de Sup et de deux membres de la Légion retrouvés mort à Gotham. Quel vilain de Johns ! Je disais que j'attendais plus de l'arc précédent... bah oui, car ce qu'il ne nous a pas raconté et qui fait partie du côté sombre de la Légion est abordé dans ce numéro épilogue. Numéro commenté par un mystérieux narrateur. Certes, c'est surtout pour nous dire qu'il a encore des choses à raconter sur la Légion et donc on reste sur sa faim, mais c'est tellement bien fait ! Il nous endort avec une histoire classique qui comporte quelques petits plus et juste derrière une petite claque narrative. J'aime !

Enfin, le dernier épisode du volume est dessiné par Jesus Merino. Je pense que c'est là son meilleur travail. Johns nous parle dans ce one-shot d'un méchant, Toyman, et de son histoire qui l'a amené dans le crime. Ce n'est pas le vilain le plus glamour que l'on puisse trouver, mais il faut savoir que Johns excelle dans cet exercice, il nous l'a déjà montré à plusieurs reprises lorsqu'il travaillait sur Flash ou lors de Forever Evil : En juste un numéro, prendre un méchant et enrichir son histoire en reprenant des aspects développés par ses prédécesseurs. Là, je vais vous spolier un tout petit peu l'histoire, car si vous ne connaissez pas plus que ça Toyman vous passerez à côté lors de la lecture du comics (si vous le lissez). Le personnage de Toyman ayant peu d'envergure, il connut de nombreuses incarnations différentes ayant des aspects divers et variés. Johns les réunis toutes chez son Toyman expliquant que ce sont des créations du Toyman dont il nous compte l'histoire et que ce dernier les utilise pour ses dessins criminels. Il est fort ce Johns !

Belle trouvaille de fin en effet !
J'adore la première image, visionnaire, des 3 super héros aux buzzers. J'avoue que cela me plairait de lire l'une de ces histoires, même un peu kitsh.