GEOFF JOHNS, l'artisan

Pour Wonder Woman c'était la curiosité qui m'avait poussé à le lire, là, pour Aquaman, c'est l'équipe créative. La dream team qui a porté Green Lantern au sommet sévit de nouveau !
Scénario : Geoff Johns.
Dessins : Ivan Reis.
Editeur : Urban (6 premiers épisodes de la série US).

Je commencerai par le dessin, et sans surprise il n'y a rien à jeter, les planches de Reis sont tout simplement magnifiques, détaillés, les personnages sublimes, tout comme les effets du pouvoir de Mera sur l'eau. Je me demande même si je ne commence pas à préférer Reis à Lee et pourtant j'aime ce que fait Jim Lee.

Johns avait déjà superbement relancé le Green Lantern et le Flash de l'âge d'argent. On pouvait donc compter sur lui pour faire sortir Aquaman des profondeurs océaniques. Et justement il prend cet état de fait au pied de la lettre, l'histoire démarre à Amnesty Bay alors qu'Aquaman et Mera vivent une vie de couple paisible dans une petite maison isolée au pied d'un phare sur une falaise. Quid d'Atlantis ? Il faudra attendre pour le savoir... Johns surfe sur le manque de réputation du personnage auprès du lectorat, en faisant de lui un héros raillé, méconnu et ignoré par la population, aussi bien ignorante de ses origines que du nom de sa femme que tout le monde appelle Aquawoman ;-). L'auteur réhabilite le personnage auprès des habitants d'Amnesty Bay en même temps qu'auprès des lecteurs. Mais Johns donne un sens plus profond à cette "impopularité" en décrivant la quête identitaire du couple qui a fui sa destinée, et se retrouve déchiré entre le monde de l'eau et celui de la terre. Cela donne de la profondeur aux personnages et les rend plus attachants.

C'est bien beau tout ça mais c'est pas un Comics ? Ah oui c'est vrai, une menace sous-marine fond sur les habitants de la côte lorsque des créatures  inconnues à grandes dents se ruent sur eux, pour les dévorer et/ou les enlever... Faut bien que notre héros se comporte comme tel... Non mais !!

Johns signe une fois de plus une série excellente aidé par l'un des plus grands dessinateurs du moment. A lire sans modération !


Deux autres volumes de même facture suivent ensuite :
Hélas Johns quittera la série ensuite laissant à d'autres le soin de faire beaucoup moins bien. Il laissera également des amorces non exploitées dans les comics mais qui seront reprises dans l'adaptation cinématographique (qui vaut ce qu'elle vaut...)

Quelques dix ans avant d'écrire Aquaman, Geoff Johns s'attaque au Green Lantern de l'âge d'Argent, Hal Jordan. Il était le meilleur des Green Lantern, le premier Terrien à avoir accédé à cet honneur à travers la galaxie, mais un jour, Hal Jordan fut corrompu par une entité maléfique, Parallax, et devint le plus grand fléau de l'Univers. Aujourd'hui, Jordan répand la justice sous l'avatar du Spectre.
Johns amoureux des héros de l'âge d'argent, ne peut laisser ce personnage ainsi et va donc s'atteler à le faire revenir sur le devant de la scène. Non seulement lui, mais également les trois autres Terriens membres du corps des Green Lantern.
Urban étant en train de rééditer, en intégrale à 28€, ces dix années de pur plaisir et voyant certains se constituer une bibliothèque des chefs d’œuvres DC, il était temps d'en parler ! J'en ai déjà beaucoup dit sur la Taverne mais voici une petite revue des 6 premiers volumes :

Constitué de Green Lantern Rebirth #1-6, Green Lantern #1-13, Green Lantern Secret Files Origins 2005.
La première série sert d'introduction à ceux qui ne connaissent pas cet univers et de réintroduction de certains personnages gentils comme méchants. C'est "le cap" à passer, une fois lu vous avez en mains l'essentiel pour suivre tout le reste. Le fait que ce soit dessiné par Ethan van Sciver n’enlève rien au plaisir de la découverte.
Puis on enchaine sur la nouvelle série Green Lantern (qui n'est pas moins que la quatrième historiquement) où nous avons des récits assez classiques. Sauf pour les quatre derniers où sous couvert de réintroduire d'anciens personnages le filou nous amorce les prémices de quelque chose de bien plus grand. C'est ce qui m'émerveille dans cette série : cette qualité du détail. Il introduit des petits éléments graphiques de ci de là qui prendront de l'importance bien plus tard pour certains même des années plus tard (du moins pour ceux qui le lisaient à sa sortie à l'époque). Aux dessins : Carlos Pacheco, Simone Bianchi (pour un numéro), de nouveau Ethan van Sciver et bien sûr le partenaire de toujours Ivan Reis.

Constitué de Green Lantern #14-25, Green Lantern Corps #14-18, Sinestro Corps Special #1
Dans ce volume on trouve le premier grand événement de la série The Sinestro Corps War qui justifie la présence de l'autre série Green Lantern Corps où officient les autres Lantern Terriens. Cette dernière est scénarisée par Dave Gibbons, oui oui, le dessinateur des Watchmen. Bon, je pense que Johns avait une influence sur ses scénarii mais il s'en sortait très bien. Quant au dessin on a Patrick Gleason dont je trouve le travail fort satisfaisant.
Pour la série principale aux dessins : Ivan Reis sauf pour trois épisodes concernant les Star Sapphir où l'on a Daniel Acuna dont je ne suis pas fan. A noter également la présence de backup dessinés par Dave Gibbons.

Green Lantern #26-42 + Final Crisis : Rage Of The Red Lanterns
Fin de The Sinestro Corps War dans ce troisième volume. Là on pouvait se dire à l'époque qu'on avait atteint le summum mais que nenni les amis. Avec les arcs suivants Johns passe à la vitesse supérieure en nous présentant les autres variations de la bague verte des Lantern. On avait déjà le jaune, voici le violet, le rouge, le bleu et l'orange. Là tout bon lecteur se dit "mais bien sûr ça tombe sous le sens", mais à part le jaune jusqu'à ce jour nul n'y avait pensé... Il est fort ce Johns ! Il est même très fort en donnant des caractéristiques inhérentes à chaque type de bague qui est de plus associée à une émotion particulière.
Aux dessins : Mike McKone, Ivan Reis et Philip Tan, que des manchots !

Contient Blackest Night #0-8, Blackest Night : Tales of The Corps #2, Green Lantern #43-52, Untold Tales of Blackest Night #1
Donc dans le précédent volume on était arrivé au summum ? Mais non, homme de peu de fois, le voilà le summum : Blackest Night !
Dans le serment des Green Lantern on parle grosso modo de combattre le mal même dans la nuit noire. Johns prend le serment au pied de la lettre et crée une histoire autour de ce thème en plongeant dans la nuit la plus noire. Après nous avoir présenté les mystérieux porteurs des anneaux indigos bien sûr. On avait les sept couleurs de l'arc en ciel, qu'à cela ne tienne ajoutons le noir !
Aux dessins arrive sur la série principale Doug Mahnke. Il fait partie des dessinateurs qui de prime abord ne m'ont pas séduit mais son trait sombre sert parfaitement l'ambiance de cette sinistre nuit et depuis j'avoue avoir une affection particulière pour son dessin.
Pour Blackest Night, c'est Ivan reis qui s'y colle et qui nous livre son travail le plus abouti. On le compara alors au maitre George Pérez, mais personnellement, je pense que le maître s'est trouvé surpassé sur ce coup là ! Il dessine vingt mille personnages  dans une explosion de couleurs avec cohérence ! Chapeau bas l'artiste (et le coloriste) !

Green Lantern #53-67, Green Lantern Corps #58-60, Green Lantern:Emerald Warriors # 8-10
On redescend d'un cran après Blackest Night mais rassurez vous on ne retombe pas très bas. Dans ce volume Johns nous fait de la rétro-continuité qui consiste à réécrire des événements du passé. Il fait ça très bien en améliorant la substantifique moelle de l'histoire.
En même temps que ce volume, se déroule Brightest Day qui n'est pas indispensable à sa compréhension même s'il y a quelques références. Mais j'en parlerai plus tard.

Avec ce volume se termine la quatrième série Green Lantern ainsi que toutes les autres séries DC puisque l'éditeur fit à l'époque un reboot complet de l'ensemble de ses parutions mais Johns reste aux commandes de son bijou. Heureusement puisque certaines choses restent encore à éclaircir.

Punaise, avoir parlé de tout ça me donne la furieuse envie de relire l'ensemble, mais j'ai plein d'autres choses à lire ! Sniff !

Là où Blakest Night était un gros évent ayant des ramifications dans toutes les séries Lantern et accompagné de moult séries annexes, Brightest Day est plus raisonnable. "Seulement" 24 épisodes plus trois autres avec Brightest Day Afermath. Le tout réunnit en France dans trois volumes.
Le problème pour parler de cette maxi série c'est qu'elle suit le dernier rebondissement de Blakest Night et que trop en dire en gâcherait sa lecture. En tout cas quelque chose ne va pas dans l'univers DC. Certains personnages sont confrontés à des problèmes inquiétants. Le Martian Manhunter a une vision se rapportant à ses origines qui n'est pas conforme à ses souvenirs, Firestorm ne peut plus dé-fusionner, Aquaman ne commande plus aux créatures aquatiques vivantes mais à autre chose,... et surtout Deadman n'est plus un fantôme. C'est peut être dû à l'anneau blanc qu'il porte à son doigt, qui lui parle et qui le balade à travers l'univers...
Geoff Johns, aidé aux scénario par Peter Tomasi, utilise les seconds couteaux voire les troisièmes. Pas de poids lourd comme Batman pour mener l'enquête cette fois. Même si certains apparaissent de ci de là, tels des Green Lantern ou Superman, l'ensemble de l'intrigue tourne autours de personnages moins connus. Johns adore utiliser de tel personnages certainement car ils sont plus flexibles.
Bon, autant le dire tout de suite, on n'est pas au niveau de Blakest Night mais ce n'est pas nécessairement un défaut. La série se suffit à elle seule et certains la trouveront, de ce fait, plus digeste. Toutefois je trouve que l'on voit rapidement où l'intrigue nous mène mais c'est peut être le résultat de ma connaissance de l'univers DC et de l'auteur qui m'a donné cette impression. Un néophyte sera peut être moins armé pour décoder les indices disséminés au fil des pages. En tout cas c'est une fois de plus une bien bonne série.
Coté dessins la série souffre un peu du fait que plusieurs artistes travaillent dessus. Mais rassurez-vous il y a tout de même de belles pointures dont notamment Ivan Reiss.

Pour revenir au Green Lantern de Geoff Johns et Doug Mahnke, le reboot de New52 fut un problème. Comment rebooter la meilleure série du moment sans tout gâcher. Ben en ne la rebootant pas ! Oui, on redémarre la série au numéro 1 mais tout ce qui précède reste dans la continuité. Ce qui soit dit en passant génère des incohérences avec les autres séries !!! Mais passons puisque cela n'a pas d'impact sur ce qui nous intéresse.

Green Lantern (vol. 5) #1-12
Johns aimant faire un lien subtil entre ce qu'il raconte et l'actualité éditoriale, bouleverse le quotidien de notre héros. Hal Jordan se retrouve dans la panade et celui qui lui tend la main pour en sortir est le dernier à qui il voudrait être redevable. Nous avons aussi dans ce volume quelques éclaircissements sur des mystères laissés en suspend jusque là et en particulier sur les étranges porteurs des anneaux indigos.

Le volume 7 est prévu pour décembre 2020, il regroupera le contenu déjà édité dans les deux volumes suivants :

Green Lantern #0, 13-20 + Green Lantern Corps #16 + Green Lantern Corps Annual #1 + Green Lantern: New Guardians #19
Pour terminer sa dernière année sur la série, Johns n'y va pas avec le dos de la cuillère, il crée un nouveau Lantern Terrien. Oui encore un... D'aucun diront que c'est abusé, c'est peut-être vrai mais Simon Baez est un personnage intéressant. Dommage que Johns ne l'ait pas eu en mains plus longtemps. Il nous révèle également le grand secret des Gardiens d'Oa les patrons des Green Lantern et enfin il présente un personnage qui jusque là n'était qu'un nom... Enfin sur quelques pages, il dit adieu à ses personnages de bien belle manière.

Voilà dix ans de parutions et rien à jeter, que du grand comics de super-héros. Oui la partie New52 est un peu moins bonne que la partie pré52 mais cela reste tout de même tout en haut du panier. S'il ne faut lire qu'une chose de l'histoire de Green Lantern, c'est ce qu'a écrit Geoff Johns !
Ensuite les personnages tombent dans le giron de Robert Venditi  qui sans être un gros nul souffre la comparaison. Il lui faudra pas mal de numéros assez faiblards avant de commencer à être vraiment à l'aise. Par contre au dessin l'on trouve Billy Tan qui assure ! Mais tout cela est une autre histoire...

Merci pour ces articles qui me rappellent que le Green Lantern est le super héros connu que je connais le moins. Je crois que j'ai pu découvrir pour la première fois l'une de ses histoires dans l'anthologie DC, et puis à travers tes articles. Mais aucune lecture ancienne du temps où j'étais ado, dommage. Ton intérêt pour le GL remonte à bien longtemps je crois, bien avant Geoff non? Si c'est le cas ça doit être kiffant de retrouver son héros préféré dans une saga adulte de grande qualité.

En fait pas vraiment, DC ayant souffert en France d'une absence d'édition pendant de nombreuses années, on ne peut pas dire que j'ai eu grand chose à me mettre sous la dent dans ma jeunesse. Les premières éditions étaient assez inintéressantes ou alors dans des formats peu attractifs (en noir et blanc et en poche). J'ai en tout et pour tout eu un seul Green Lantern, où Hal Jordan était le héros principal, dans ce format (perdu lors d'un déménagement). C'est donc plutôt dans les autres parutions que j'ai découvert les autres Green Lantern, en général dans la JLA. Mais par curiosité j'ai tout de même parcouru certaines périodes en VO. J'ai alors peu accroché à ce personnage n'étant pas très séduit par son côté Top Gun. Il a vraiment fallu que Johns le reprenne pour que je l’apprécie pleinement. Il faut dire que comme la majorité des "vieux" lecteurs l'intérêt porté aux personnages s'est mué en affection vis-à-vis des auteurs au fil du temps.

Une exception tout de même à ce que je dis plus haut sur les premières éditions françaises : Les new Teen Titans de Marv Wolfman et George Pérez. C'était une excellente série de la fin de l'âge d'argent. C'est même, pour moi, celle qui marque l'entrée dans l'âge de bronze. On y trouve une bande de jeunes qui deviennent adultes (comme les comics). Ils sont confrontés à des histoires super-héroïques mais aussi à des problèmes plus terre à terre. Robin qui s'affranchit de l'influence de Batman, Wonder Girl, orpheline, qui recherche ses origines, Kid Flash qui a des problèmes de cœur au sens propre et un peu au figuré, Raven qui est la fille d'un démon et doit maîtriser ses émotions... Une très bonne série qui est une excellente entrée dans l'univers DC (en tout cas c'est comme ça que mon ainée y est venue). A l'époque pour ceux qui connaissent la référence, c'était la série rivale des X-Men de Chris Claremont et John Byrne chez Marvel. Mais quand Pérez quitta la série, elle déclina et la parution cessa en France. Je me suis toujours dit que je lirai la suite en VO jusqu'au départ de Marv Wolman mais je n'ai jamais trouvé le temps et je pense que ce ne sera jamais fait...

(petite parenthèse concernant l'entrée des comics dans l'âge adulte, une tentative antérieure aux Teen Titans de Marv Wolfman existe. C'était, au début des années 70, le Green Lantern & Green Arrow de Dennis O'Neil et Neal Adams où les héros parcourent les USA s'attaquant aux maux de la société (drogue, maffia...). Mais surement trop précurseurs les auteurs ne rencontrèrent qu'un succès mitigé)

Pour ceux qui seraient curieux de découvrir cette excellente série, Urban la réédite en intégrales (à 35€).

Le prochain est prévu pour décembre 2020.

Oh là là, le gros hors sujet ! Mais non, mais non, car sachez que quelques années avant d'officier sur green Lantern, Geoff Johns avait relancé les Teen Titans. En vrai amoureux de l'âge d'argent, il reprend donc ces personnages enfin presque car seulement quatre sont de l'équipe d'origine dont trois qui furent créés par Marv Wolfman à l'époque : Cyborg, Starfire et Raven. On trouve dans l'équipe les nouvelles versions de Kid Flash, Wonder Girl, Superboy et Robin. Les deux premiers avec Changelin étant là pour encadrer les plus jeunes.
Johns arrive à enjamber presque vingt ans de parutions et donne l'impression que sa série suit celle de Wolfman. Un tour de force : flirter avec l'hommage sans tomber dans le plagia ! D'excellents arc narratifs constituent la série, mon préféré tournant autour de l'origine de ce nouveau Superboy. A chaque fois qu'il s'occupe de ce personnage, il en fait quelque chose de bien plus intéressant que son potentiel ne pourrait l'imaginer. Mais ne serait-ce pas le cas de tous ses personnages ?

Pour lire cette série pour le moment la seule solution est de trouver un lot de DC Univers de 2004-2008. Magazine qui contenait à chaque numéro entre deux et quatre séries signées Johns. Je pense qu'on peut dire que c'est lui l'artisan indirect de la relance de DC en France. Toutefois si les intégrales de la série de Wolfman se vendent bien, cela ne m'étonnerait pas qu'Urban enchaîne sur cette version...

Merci Long Jong Silver! Toute ta passion transparaît dans ton message avec l'érudition qui va bien, et l'envie de faire partager. Puisqu'on est un peu dans le HS, je mesure aujourd'hui combien je te dois de découvertes en comics au fil des années. The swamp thing de Moore, the Authority, et j'en passe plein d'autres. Grâce à toi je vais bientôt lire Joe l'aventure Intérieure, et the Magic Order. Et ce n'est pas fini. Merci !

Ça fait chaud au cœur de lire cela et ça me fait plaisir de vous faire découvrir les perles d'outre atlantiques les amis.

D'ailleurs je vais continuer, puisque comme souvent quand je me mets à écrire des articles ici, je replonge dans les comics déjà lu. Là c'est la Justice League de Geoff Johns que je viens de reprendre.
Avec le reboot New52 L'auteur n'écrivait pas moins de trois séries en même temps : Aquaman dont je parle dans le premier post, Green Lantern (cf. ci-dessus) et donc la Justice League qui a perdu son America. J'ai déjà parlé du premier volume mais je vais tout de même le reprendre et compléter.

Justice league #1-6
C'était des New 52, le titre que j'attendais le plus à cause de l'équipe créative : mon scénariste fétiche Geoff Johns et l'un de mes artistes préférés Jim Lee (qui travaille peu et à du mal à tenir les cadences).
Johns nous propulse dans ce premier arc de six épisodes aux origines de la Ligue de Justice. Il réécrit complétement l'évènement fondateur et les membres originels de l'équipe. En effet cette fois la menace qui nécessitera l'union des plus grand héros de la Terre se nomme Darkseid ! Le New Gods (créé par Jack Kirby) d'Apokolips envoie ses troupes sur Terre et il faudra l'union de Batman, Green Lantern, Flash, Superman, Wonder Woman, Aquaman et Cyborg pour déjouer ses plans.
On notera quand même que les touches d'humour et d'autodérisions de Johns sont bien présentes. On relèvera l'absence du Martian Manhunter remplacé par Cyborg (oui celui des Teen Titans) qui voit ses origines complétement refondées. On remarquera qu'à l'origine ces héros étaient craints et honnis.
Au niveau graphique c'est irréprochable comme toujours avec Jim Lee qui nous gratifie dans chaque épisode d'une superbe double page (ce qui contribue à limiter la place de la narration ^^).
Rien de bien innovant en somme, limite décevant quand on sait ce dont Johns est capable. Attention cela reste de bonne facture mais somme toute c'est très classique et surtout trop rapide. Six épisodes c'était peut être un peu court pour un tel contenu.
Toutefois en le relisant et sans spoiler, une petite phrase mérite qu'on s'y arrête. L'un des sbire de Darkseid nous révèle que son maître est sur Terre non seulement pour la conquérir mais aussi pour retrouver sa fille. Or pour ceux qui ne connaissent pas Darkseid plus que ça, sachez que jusqu'à ce jour, il n'avait pas de fille. Étrange, non ? Je reconnais bien là Johns qui nous livre une petite info qui donne à réfléchir...

Justice league #7-12
Quand je disais que Jim Lee a du mal à tenir la cadence d'un comics par mois... Ben, au bout de 6, le voilà déjà remplacé pour les 7 et 8. De plus pour les 7 à 11, Johns intègre un backup ce qui représente moins de planches à réaliser. Mais je reviendrais sur ces backups plus tard car ils ne sont pas présents dans ce recueil. En tout cas ce volume marque la fin de la collaboration régulière de Lee sur la série. C'est d'ailleurs un peu ce que l'on peut reprocher globalement au reboot New52 qui démarre sur les chapeaux de roues avec des sacrés équipes créatives pour chaque série mais qui rapidement passent la main.
Coté narration rien de bien marquant les deux premiers épisodes (qui se déroulent 5 ans plus tard par rapport aux précédents) servent à placer le background et mettent bien en exergue le fait que la Justice League n'est pas au service du gouvernement américain. La suite entraine nos héros dans un affrontement contre une nouvelle menace qui n'a rien de bien exceptionnel, si ce n'est que l'on voit que Johns traite ces héros sur-puissants plus à la façon Marvel que DC. Ce sont presque des dieux mais leurs problèmes sont bien ceux des humains.

En bref, ces deux volumes sont bons, agréables à lire (si on passe outre le petit changement d'artistes) mais sont assez loin de ce que le scénariste est capable de faire. Johns serait-il faillible et la Ligue de Justice un trop gros morceaux pour lui ?

Alors ces backups (+ deux numéros complets) ? Geoff Johns profite de ces quelques pages pour réintroduire un personnage de l'âge d'or : Captain Marvel. Il est en cela aidé par l'excellent Gary Franck. Oui, oui, ce sont les mêmes qui commettront quelques année plus tard Domsday Clock.
Captain Marvel, à l'origine un personnage Fawcett Comics, était un héros à la limite du plagia de Superman. Au summum de sa gloire ses comics se vendirent même mieux que ceux de Sup. C'est surement cela qui décida les dirigeants de DC d'attenter un procès à Fawcett, qu'ils gagnèrent. Les parutions de ce personnages cessèrent jusqu'à ce que DC rachète Fawcett et le réintroduise dans leur univers. Enfin sur Terre S, à la grande époque des Terres multiples de l'âge d'Argent.
Il faut bien avouer que ce personnage ne m'a jamais vraiment séduit. Résolument tourné vers un public familial, les histoires de ce héros et de sa clique de sidekids prêtaient plutôt à sourire (au mieux !). Il faut attendre la fin des années 80 pour trouver des histoires intéressantes avec ce personnage.
Mais Johns aime les personnages délaissés et peu aimés et il a toujours une idée derrière la tête... Il réintroduit donc Captain Marvel dans l'univers DC version New52 et le renomme à l'occasion Shazam. Pourquoi ? Je ne sais pas trop mais deux raisons me viennent à l'esprit et c'est possible que cela soit pour les deux en même temps. La première pour éviter d'avoir deux comics portant le même titre dans les linéaires, Marvel ayant son propre Captain Marvel (dont je pourrais parler longuement, mais ne nous dispersons pas !). La seconde parce que Shazam ça claque ! J'irai même jusqu'à dire que ça claque comme la foudre !

ou ou
Oui, oui, pas moins de trois versions pour le même recueil... J'ai l'impression que cela se vend bien...
Autant le dire tout de suite, j'ai adoré ! De cette première année de parution du comics Justice League, c'est cette partie que je préfère. Et pourtant ce n'était pas gagné d'avance ! Mais ce qui m'épate le plus, c'est que Johns n'est pas loin de l'histoire originale, que cela reste familial, que l'alter ego de Shazam est toujours Billy Batson et portant j'accroche. C'est sûr qu'il sait raconter des histoires et Gary Franck les dessiner mais il ne doit pas y avoir que ça... J'ai du mal à me l'expliquer clairement alors pour le faire comprendre à d'autres... Peut-être une histoire d'ambiance... Le fait que l'on s'occupe plus de l'histoire Billy que celle de Shazam, que le docteur Sivana ne soit pas aussi stéréotypé et ridicule que dans le comics originel... de toute façon tout est dépoussiéré... Mais il ne doit pas y avoir que ça...
On constatera d’ailleurs que je ne suis pas le seul à avoir apprécié puisque les scénaristes du film éponyme l'on assurément lu et repompé allégrement ;-)

Vraiment, s'il ne faut lire qu'une chose sur Shazam, c'est bien ça ! Mais qu'a donc en tête Johns pour ressortir ce personnage de la naphtaline ? Il est encore trop tôt pour répondre à cette question. ^^

Justice League #13-17 + Aquaman #14-16
Volume un peu plus épais que les précédents pour cause de crossover entre deux des séries de Geoff Johns.

Mais avant d'attaquer ce gros morceaux, deux épisodes consacrés à Cheetah, l'une des adversaires récurrente de Wonder Woman. C'est assez classique mais Johns modifie fondamentalement le personnage qui jusque là était une pauvre scientifique possédée par une déesse Sud-américaine. Les deux épisodes sont dessinés par l’excellent Tony Daniel. Très plaisant à lire et à regarder ! Surtout pour des épisodes qui sont là pour synchroniser les deux séries avant le crossover.

J'avais dit plus haut : Quid d'Atlantis ? Et bien, c'est Orm le demi-frère d'Aquaman qui règne sur les sept mers. Il affectionne peu les gens de la surface et déclenche une guerre contre ses habitants suite à une  petite erreur d'un sous-marin américain qui provoque l'explosion de missiles sur la cité des Atlantes. Aquaman se retrouve donc entre le marteau et l'enclume voulant minimiser les pertes des deux cotés, s'opposant ainsi à ses amis de la league et aux forces d'invasions.
On retrouve là ce qui fait le succès de Johns, il n'y a pas que de l'affrontement physique mais aussi de la psychologie et de l'intrigue... Ouf ! Il n'a pas perdu la main !
Aux dessins c'est Ivan Reiss qui reprend la Justice League laissant Aquaman dans les mains de Paul Pelletier. Le second n'est pas aussi talentueux que le premier mais nous livre tout de même un travail globalement agréable. Mais surtout ce qui est appréciable c'est que leurs styles sont très proches et donne ainsi un aspect de continuité que l'on ne trouve pas dans tous les crossover (loin de là !).

Après avoir lu cela, l'on se rend compte que la première année de parution était surtout destinée à attirer de nouveaux lecteurs d'où cette sensation de "sous-Johns". Là on vient de franchir une grande marche qui nous rapproche de ce à quoi il nous avait habitué sur Geen Lantern !

 Justice League of America #1-5
Nouvelle série lancée par Geoff Johns juste à la fin du crossover du volume précédent. Quelle drôle d'idée ? Mais non, mais non, La Justice League échappant au USA, les autorités décident de monter leur propre équipe qui, elle, obéira à leurs ordres.
C'est Amanda Waller qui s'y colle. C'est certainement la femme la plus dangereuse des États-unis. Manipulatrice et prête à tout pour défendre son pays, c'est elle qui dans le passé a organisé le Suicide Squad. Composée de repris de justice, cette équipe constituée d’agents sacrifiables s'occupe de toute les basses besognes. Mais je m'égare... Je regrette toutefois que la version d'Amanda Waller de New52 ait la taille mannequin. J'aimais bien l'idée que cette femme, petite et en léger surpoids, soit également une vipère mortelle. Dans le genre l'habit ne fait pas le moine...
Pour encadrer l'équipe, elle utilise Steve Trevor, l'ex de Wonder Woman, qui avait déjà fait plusieurs apparitions dans l'autre série.
Dans cette équipe on trouve :
- Hawkman, ce personnage qui a connu beaucoup d'incarnations est ici la brute de service qui n'hésite pas à venir en réunion de la League couvert de sang. Mais comme il le dit lui même pas d’inquiétude ce n'est pas le sien.
- Le Martian Manhunter, métamorphe, télépathe et dernier survivant de la planète Mars, qui est là fort sombre et inquiétant. Personnage que j’appréciais grandement mais qui gagne en intérêt sous la plume de Johns. Je ne comprenais pas pourquoi, il l'avait écarté de la refonte de la Justice League, maintenant je comprends.
- Katana qui parle à son sabre qui soit disant contient l'âme de son mari. Une pour ne pas dire la meilleure tueuse de la planète.
- Catwoman, voleuse et reprise de justice qui ne fait pas officiellement partie de la League en attendant qu'elle ait fait ses preuves et que Waller blanchisse son casier, si elle se conduit correctement (si elle obéit aux ordres, en fait).
- Simon Baez le dernier Green Lantern Terrien en date qui a lui aussi quelques problèmes avec la justice. Tiens, tiens, ne ce serait pas là la raison de la création de ce personnage dans les derniers numéros de Green Lantern de Johns. Surement en partie, ce filou a toujours des idées à long terme.
- Vibe, un jeunot qui balance des ondes dimensionnelles.
- Stargirl, une toute jeunette qui en plus d'avoir une lance cosmique est très appréciée du grand public. Elle est notamment là pour servir de vitrine à l'équipe, mais c'est une forte tête.

(Petite parenthèse sur Stargirl : C'est la version féminine de Star-Splangled Kid, un héros de l'âge d'or créé par Jerry Siegel, le cocréateur de Superman. C'est, si je ne m'abuse, la première création de Johns pour DC, en 1999. Je n'ai pas lu ce comics, Stars And S.T.R.I.P.E., non traduit en France, mais je pense qu'il était résolument orienté adolescent (à vérifier). Peu de temps après cette série, il coécrit la nouvelle mouture de la JSA où il l'incorporera. C'est donc un personnage qu'il affectionne beaucoup et pour cause car le scénariste s’est inspiré de sa propre sœur pour créer ce personnage. Celle ci est décédée très jeune dans l'explosion du vol TWA 800 en 1996. Il a donné à Stargirl le prénom de sa sœur, Courtney, son apparence et sa personnalité.)

Revenons à cette nouvelle JLA, vous conviendrez que mis à part les deux derniers membres cette équipe semble composée de héros plutôt borderlines. Ils seront rejoints par un nouveau membre qui est lui aussi quelque peu ambigu même s'il verse plus dans l'héroïsme forcené. C'est ce qui fait tout l'intérêt de cette nouvelle équipe ces héros ne sont pas nécessairement très gentils...
En guise de baptême du feu, ils devront s'attaquer à une nouvelle société (très) secrète de vilains qui se trouve être dirigée par un nouveau personnage qui lors de ma première lecture me disais quelque chose... Mais alors quoi ? Qu'est ce que j'aime quand Johns me roule dans la farine !!!

Aux dessins deux pointures : David Finch (#1-3) et Brett Booth (#4-5). Le premier colle plus à l'ambiance de la série avec son trait assez sombre mais le second ne démérite pas !

Du très bon Johns, mais avec toutefois un défaut : ce n'est que le début et il faudra donc lire la suite pour savoir où il veut en venir... Mais j'avais quand même une petite idée puisqu'il le dit clairement dans le déroulé de l'histoire. Histoire résolument orientée action mais pas que...

Justice League #18-23, Justice League of America #6-7, Justice League Dark 22-23,  Pandora 1, Phantom Stranger 11
Encore un crossover made in Geoff Johns aidé de Jeff Lemire au scénario. Les trois Leagues se retrouvent confrontées aux machinations de Pandora (la Pandore de la mythologie) qui veut une nouvelle fois ouvrir la boîte mais cette fois son but est de réparer ses erreurs. Tout part en vrille à cause d'une action de Shazam liée à la fin de l'histoire du volume qui lui est consacrée. Ne pas l'avoir lu n’empêche pas de comprendre ce qui suit mais c'est dommage de ne pas l'avoir fait ;-).
Difficile d'en dire plus sans en dévoiler plus sur l'intrigue où les ramifications sont complexes et les allégeances très changeantes... C'est tordu à souhait et il vaut mieux avoir lu les deux précédents volumes pour bien voir comment le vilain Johns nous balade !
Par contre au niveau dessins, c'est très contrasté. On y trouve des dessinateurs plutôt bof sur certains épisodes et des convenables sur d'autres comme Mikel Janin ou Doug Manke. Oui, j'avais dit beaucoup de bien sur ce dernier plus haut mais là il n'est pas au max. En plus, plusieurs encreurs travaillent sur ses planches ce qui n'arrange pas les choses. Heureusement, Ivan Reis nous réalise trois épisodes dont le dernier superbe et explosif ! Explosif dans tous les sens du terme, on en prend plein les mirettes, c'est bourré d'action et la fin mes amis, la fin !!!!!! Si j'avais l'âge de mes enfants, je dirais que j'ai trop kiffé la fin !

Qu'est-ce que j'adore tes recensions ! Un vrai plaisir. Merci, merci.

OK si je lis in jour je commencerai par le meilleur, donc par la fin.

Attention, ça reste tout de même du comics de qualité, c'est juste en deçà de ce que Geoff Johns est capable de faire. Justement, la transition est ainsi aisée vers Forever Evil !

Forever Evil est une mini-série de sept numéros qui a des répercutions sur quasiment toutes les parutions de la maison d'édition. Elle est accompagnée de séries annexes dispensables et les fameuses répercutions le sont tout autant pour la plupart.

On trouvera donc l'indispensable, à savoir Forever Evil #1-7 et Justice League #24-29, dans les deux volumes suivants :


Pour ceux qui me lisent et qui ont de la mémoire, j'avais parlé, il y a déjà un bon moment de cela, de la version du Syndicat du crime de Grant Morrison. Voici que débarque de Terre 3 celle de Geoff Johns.

Une belle bande d'assassins qui font régner la terreur sur leur Terre. Le syndicat de Johns comporte quelques différences avec celui de Morrison, il est constitué de :
Ultraman (l'équivalent de Superman), tout puissant lorsqu'il ingère de la kryptonite mais affaibli par les rayons du soleil.
Owlman (Batman), fils ainé des Waynes, accompagné de l'Outsider son fidèle serviteur.
Superwoman (Wonder Woman), alias Loïs Lane, amazone équipée d'un fouet de soumission.
Power Ring (Green Lantern), peureux et lâche maltraité par son anneau de pouvoir.
Johnny Quick (Flash) et Atomica (Atom), un couple de psychopathes à la Tueurs Nés.
Deathstorm (Firestorm), qui a fusionné avec un cadavre pour obtenir ses pouvoirs.
Grid (Cyborg), un virus informatique ayant évolué en IA, très poli, et s'étant trouvé un corps robotique.

En fait, cette bande de salopards fuit leur monde en proie à une menace bien plus grande que celle qu'ils représentent. Ils sont accompagnés d'un mystérieux prisonnier dont l'identité ne sera pas révélée tout de suite (mais que les vieux lecteurs auront certainement devinée). Dans un premier, ils se débarrassent des Justice Leagues. Seuls deux membres et demi en réchapperont. Mais le mystère plane sur la façon de procéder et le devenir des héros. Les plus puissants héros de la Terre écartés ne reste que les plus "faibles" qui vont bien avoir du mal à s'opposer à ces adversaires qui n'hésitent pas à avoir recours à la sanction finale contrairement à eux. D'autant plus qu'il rallient la majorité des Vilains à leur cause pour instaurer le règne du mal !

Mais s'il n'y a plus de héros, qui pourra s'opposer à ces monstres venus d'un autre monde ? J'ai donné un indice ci-dessus. Mais je ne sais pas si je suis aussi douté que Johns pour les dissimuler. Rassurez-vous j'en ai dit bien peu jusque là.
On retrouve dans Forever Evil tout ce qui constitue l'art de Johns. Tous ces indices qui convergent vers cet événement et prennent ainsi leur sens, des petites innovations qui semblent si logiques, des personnages fouillés, une bonne intrigues, des rebondissement que même les vieux lecteurs n'ont pas vu venir (même ceux qui avaient deviné l'identité du prisonnier) et une fin d'enfer ! Quand on arrive à cette fin outre le fait d'être soulagé d'avoir du Grand Johns on se dit la vache qu'elle bonne série et puis on constate qu'il reste quelques pages... Oui quelques pages qui soulignent que tout n'est pas résolu et qui ouvrent de nouvelles perspectives ! Quoi il y une suite à ça  ? Oui, oui et ça s’annonce dantesque !!!!

Mais au fait et Justice League ? Ben oui si les héros ont disparu, qu'est ce qu'on y raconte ? Les trois premiers épisodes sont consacrés aux membres du syndicats et nous livrent une partie de leurs origines. Du très très bon ! Les autres suivent un des survivants de la League. C'est un poil moins bien, de mon point de vue, car on y croise les Metal Men qui sont loin d'être mes personnages préférés. Mais il faut reconnaitre que Johns en fait quelque chose de bien et qu'il en profite pour glisser un peu d'humour qui manquait au reste fort sombre.

Aux dessins on trouve David Finch pour Forever Evil, dont le dessin sombre colle parfaitement au thème, et Ivan Reis ou Doug Manke pour Justice League. Que du tout beau tout bon, même si le dernier est le plus faible des trois.

Voilà par quoi il faut commencer si l'on est prêt à sacrifier toute la mise en place développée dans les volumes précédents !

Cela a l'air pas mal du tout.

Spoiler:

Oui, c'est vraiment très très bien, il y a juste une petite incohérence au départ de l'histoire mais je ne sais pas si tout le monde la verra. En tout cas, ça ne m'a pas empêché d'apprécier tout le reste.

Justice League #30-39 + Justice League of America #14

L'arc suivant, de cinq épisodes, étant directement lié aux retombées immédiates de Forever Evil, il  va m'être difficile d'en parler. Surtout qu'il faudrait alors que je donne la réponse au contenu du spoiler ci-dessus...
On y croise la Doom Patrol , équipe dont les membres ont été fortement malmenés par la vie. Tous ses membres doivent leur survie à leur Chef, Niles Caulder, qui a toujours eu un côté ambigu. Mais dans les mains de Geoff Johns, il est très très limite...
Un nouveau porteur de bague fait également son apparition dans cet arc. Oui, oui, encore un... Mais une fois de plus l'auteur nous propose un nouveau personnage très intéressant.
Au dessin pour quasiment tous les épisodes on trouve Doug Manke qui nous livre du bon boulot. Un épisode est dessiné par Scott Kolins qui a déjà travailler longuement avec Johns dans le passé (J'y reviendrai !). Son trait est fort particulier et le passage d'un dessinateur à l'autre peut être surprenant, les styles étant fort disparates.

L'arc suivant, de cinq épisodes lui aussi, est quant à lui presque entièrement dessiné par Jason Fabok. Ce canadien est à mon sens l'un des trois meilleurs dessinateurs ayant oeuvré sur la Justice League avec Johns. Il encre lui même ses planches, ce qui doit jouer sur la qualité de son travail. Ses dessins sont magnifiques et dynamiques et ses visages forts expressifs. Par contre il est un peu plus faible au niveau couvertures. Elles sont assez inégales allant du superbe au trop excessif.
Relire cet arc que j'avais déjà adoré à l'époque dans la période actuelle lui donne une autre dimension, puisqu'on y traite d'une pandémie. Johns maitrise son sujet nous parlant des phases de la maladie, de l'importance du patient zéro, donnant des références historiques... Mais surtout, il part, pour construire son histoire, d'un ancien adversaire de la league pour une fois encore en faire quelque chose de bien plus intéressant et profond. Pour ce personnage, il y aura clairement un avant et un après Johns. Quel talent !
De tout ce que j'ai présenté jusque là concernant la Justice League de Johns, je me demande si ce n'est pas mon morceau préféré. Même s'il est fort difficile de faire un choix...

Avant d'attaquer les volumes suivants, une petite digression sur Jack Kirby. Celui que de nombreux fans appellent le King Kirby et qui est le père de bon nombre de personnages dont les comics sont encore publiés de nos jours. Je dois avouer que, même sans minimiser l'apport conséquent de ce monsieur à l'art séquentiel d'outre atlantique, je ne fais pas partie de ses fans inconditionnels. Je pense qu'à l'époque on trouvait de bien meilleurs dessinateurs mais qui n'avaient pas, certes, la rapidité d'exécution de Kirby. Comme scénariste, enfin plutôt comme créateur, je le trouve un peu léger. Il a eu de très bonnes idées indéniablement mais ses créations manquent de finitions. Toutefois, il faut bien admettre qu'au moment du renouveau des super-héros, il fut un acteur essentiel quoi qu'en dise Stan Lee et qu'il a imprégné sa marque sur ce type de comics.
Après s'être fâché, à juste titre, avec Marvel, Kirby se retrouve chez DC, dans les années 70, où il crée Le Quatrième Monde constitué de quatre séries de comics racontant l'histoire de deux races de néo-dieux en conflit depuis des temps immémoriaux. Le succès n'étant pas suffisant du point de vue de l'éditeur, les séries furent annulées les unes après les autres. Kirby revint sur sa création au début des années 80 afin de conclure l'histoire de ses personnages dans New Gods: The Hunger Dogs où le génie côtoie le pitoyable.
Oui, c'était un grand artiste et un créateur qui foisonnait d'idées mais qui, hélas, n'a pas toujours su exploiter pleinement leur potentiels.

Les New Gods restèrent ancrés durablement dans l'imaginaire des lecteurs et donc chez DC. D'autres grandes pointures comme Jim Starlin, John Byrne ou Grant Morrison, entre autres, réutilisèrent ces personnages et essayèrent d’éclaircir certaines zones d'ombres laissées par Kirby. Pour recoller à notre thème un certain Geoff Johns s'est lui aussi permis de reprendre les personnages du King. On le savait déjà, puisque je rappelle qu'il a utilisé Darkseid comme catalyseur à la création de sa Justice League.

Justice League #40-50 + Justice League Darkseid War Special #1
On se doutera bien qu'avec un titre comme Darkseid War, les New Gods sont de retour et surtout les méchants. Trois chapitres constituent cette histoire le premier et le troisième sont dessinés par Jason Fabok égal à lui même. Le deuxième par Francis Manapul, un autres gars doué avec des pinceaux mais au style très différent de celui de Fabok. Toutefois, je pense que ce passage d'un artiste à l'autre est volontaire et destiné à marquer l'évolution de la situation suite au chapitre 1.

Que dire sur cette excellente saga qui ne dévoilerait rien de crucial... Quelques explications pour les néophytes peut être :
- Des retombées directes de Forever Evil trouvent leurs conclusions ici, ne pas avoir lu la saga précédente serait dommage avant d’entamer celle-ci.
- Dès les premières pages on découvre Metron, personnage créé par Kirby qui n'est pas réellement un New Gods. C'est plutôt un observateur qui intervient peu et dont les motivations sont obscures. Tellement obscures que jusque là les auteurs n'en faisaient pas grand chose. Johns nous dévoile une partie de son interprétation du personnage et c'est bien plus intéressant que tout ce que j'avais lu jusque là sur celui-ci.
- Tout cela est d’ailleurs lié à une autre divinité qu’affectionne l'auteur, crée par Marv Wolman, qui jusque là n'avait pas vraiment de nom ni d'histoire. En quelques cases Johns lui donne l'un comme l'autre. Non seulement c’est bien fait mais cela interroge le lecteur et en plus il reprend un outil de Wolfman et lui donne une utilisation meilleure qu’à l’origine !
- Depuis des temps immémoriaux Darkseid est à la recherche de l'équation d'anti-vie, concept qui n'a jamais été explicité par Kirby. Ses successeurs ont bien tenté de donner leur explications mais toutes ces tentatives sont éclipsées par celle de Johns dans cette saga. Cela semble simple et logique et surtout cela sert l'intrigue. Il est top fort ce Johns ! (je l'ai déjà dit, non ?)

Johns termine donc sa Justice League en apothéose sur une grande saga épique constituée de combats titanesques mais aussi de rebondissements et qui en plus complète (pour ne pas dire rectifie) des éléments de la mythologie de Kirby et de Wolfman. Le top niveau de cet auteur ! En fait sa série n'a fait que croitre en qualité tout au long de sa parution pour finir sur trois révélations majeures et un épilogue mystérieux. Rassurez vous la saga est finie, des personnages voient leur vies changer durablement mais en plus il ouvre de nouvelles portes narratives.

Il n'est pas dans mes habitudes de glisser des spoilers dans mes commentaires mais là j'ai du mal à résister. Saurez-vous, résister à leur ouvertures ?

première révélation (la moins grave à lire):

deuxième révélation (très grave à lire):

L’histoire qui fait suite à cette révélation devrait sortir en aout aux USA (presque quatre ans après !). Trois numéros de 48 pages dessinées par Jason Fabok (tiens donc !). Assurément l’un de mes futurs achats !

troisième révélation (très grave à lire aussi):

Il y a fort à parier qu'il avait déjà en tête une suite à cette révélation mais il semble qu’il ait passé la main puisque James Robinson a conté cette histoire dans Wonder Woman rebirth # 4. Je l'ai lu récemment et sans être complétement nul c'est assez faible et surtout décevant. Robinson a écrit de bonnes choses mais est loin d'avoir le talent de Johns. C'est dommage ce levier scénaristique avait un potentiel considérable.

Un bémol sur l'édition ci dessus : Elle n’intègre pas les six one-shots parus dans Justice League Univers Hors Série #2.

Ces six numéros écrits par d'autres scénaristes et dessinateurs s'attardent chacun sur un membre de la Ligue et se passent pendant le chapitre 2. Il faut avouer que la plupart sont fort dispensables. Toutefois celui consacré à Batman est intéressant mais n’apporte rien à l’histoire principale, celui consacré à Shazam est un petit complément à la saga principale, et dans celui consacré à Green Lantern des événements surviennent dont on parle dans le chapitre 3. Ce n'est pas dommageable pour la série principale mais ça peut être un plus intéressant. Cela aurait été également une petite parenthèse avant de lire l’époustouflant chapitre 3. Dommage de ne pas avoir intégré au moins les trois que je viens de citer.

Enfin pour clore mes "chroniques" sur cette excellente série, sachez qu'Urban les réédites, en ce moment, dans des intégrales à 28€.


Si l'envie vous prenait de découvrir cette série, attention lors de vos achats car comme vous pouvez le constater les couvertures sont plus que similaires.
De toutes les parutions de l'époque New52 c'est, pour moi, la meilleur série. Pourtant le reboot était prometteur mais beaucoup de séries se sont rapidement mises à décliner contrairement à celles de Johns. Après cette histoire, DC procéda à un nouveau reboot nommé cette fois rebirth (oui encore un ). Mais avec quatre ans de recul, on peut constater que ce qu'a écrit Johns dans ces deux volumes est bien canon. En gros, on reboot, on reboot mais on ne touche jamais à ce que Dieu Johns écrit.

En 2000, Geoff Johns reprend la série Flash à la suite de Mark Waid. Défi fort difficile à relever puisque Waid en a fait une des séries les plus populaires de l'éditeur. Il faut dire que ce dernier la scénarisait depuis 1992 et avait eu tout le temps d'installer des personnages secondaires et surtout de développer les pouvoirs du bolide écarlate. Citons tout de même que lors de brèves pauses il fut suppléé par notamment Mark Millar et Grant Morrison. Je ne cracherais d'ailleurs pas sur des éditions françaises de cette période qui semble valoir le coup d'être lue. Peut être que si celles de Johns se vendent bien, Urban les proposera...
Petite remarque avant d'attaquer : quand on sait que les premières BD que Johns acheta étaient des comics de Flash, cela a dû être jubilatoire pour lui de reprendre le personnage.



Nous sommes confrontés ici à un autre style de narration de la part de l'auteur. Pas de grande saga qui monte en crescendo jusqu'à un événement grandiose. Non ici Johns prend le temps de raconter des histoires, paradoxe lorsque le héros principal est Flash. Mais c'est très subtil car on a l’impression que Flash est sans cesse en train de régler ses affaires de super-héros qui s'enchainent à vitesse grand V. Pourtant des histoires se déroulent bien en toile de fond et en particulier autour des personnages secondaires. Johns est capable de sortir un épisode où le héros n’apparait pas s'attardant ainsi sur un personnage secondaire et en particulier sur ses adversaires leur donnant plus de profondeur et d'intérêt.

La première moitié du volume 1 est fort dispensable. L'histoire raconte les aventures de Flash dans un univers parallèle où personne ne le connais. Une histoire à la Alice au pays des merveilles qui n'est pas inintéressante mais qui est fort mal illustrée par Angel Unzueta. Je doute de le relire un jour ne serait-ce pour éviter de reposer mes yeux sur ces planches.
Au dessin, ensuite, arrive Scott Kolins qui a un bien meilleur niveau même si son dessin est un peu particulier. Mais il sait donner l’impression de vitesse indispensable à la représentation de notre héros (la couverture du volume 1 est de lui). C'est surtout la coloration assez pastelle qui peut surprendre chez cet auteur mais une fois habitué c'est tout à fait agréable.
A noter également que les couvertures US sont l’œuvre de l'illustre Brian Bolland, du moins jusqu'à ce que Kolins les reprenne. Ce qui est amusant à constater, c'est qu'elle sont assez faibles sur les épisodes d'Unzueta et qu'ensuite on retrouve le meilleur niveau de Bolland.



Le volume suivant reste dans la même veine pour amener tranquillement un événement majeur de l'histoire de notre héros qui se déroule au début du volume 4. Non seulement Johns donne un nouvel adversaire digne de ce nom à Flash mais lui impose également une tragédie  que l'on pourrait presque qualifier de grecque. Je disais plus haut pas de crescendo mais quand même un petit peu, pas d'événement grandiose mais un événement capital tout de même.

Suite à cet événement, Scott Kolins passe la main à Alberto Dose pour le dessin. De prime abord, nous ne somme pas gagnant, la qualité étant bien inférieure. Mais je pense que c'est volontaire de la part de Johns. Ainsi il souligne la terrible période que traverse le héros en l'illustrant par des dessins sombres et des couleurs ternes qui tranchent avec les précédentes. Utiliser l'élément graphique pour donner plus de poids à la narration, il est fort ce Johns !

Ces quatre volumes (et le cinquième s'il sort un jour) sont donc plus classiques par rapport à ce qu'il ferra plus tard et dont je parle ci dessus. Mais ils ne sont pas pour autant dénués d'intérêt. Johns y raconte des histoires intéressantes et surtout rend plus humain, attachant et fragile le personnage de Flash. Ce qui n'est pas une mince affaire lorsqu'on a en mains l'une des pointures de l'univers DC. A découvrir si l'on apprécie l'auteur !

Un petit aparté (en tant que maître des lieux, je me permets) : je n'y connais pas grand-chose aux Comics et ce n'est pas ma tasse de thé, c'est pourquoi je ne réponds pas à ces sujets, sauf exceptionnellement.
Ce qui ne m'empêche pas de les lire et surtout, de vraiment te remercier pour faire profiter notre maison de ton incroyable érudition dans ce domaine. Merci encore.

Très intéressante remarque sur le changement de dessinateur voulu pour coller plus à l'ambiance. Après, je ne suis pas grand connaisseur de Flash et son pouvoir ne me faisait pas rêver contrairement à ceux des x-mens par exemple.

Bon, bon, bon, depuis la fin de Darkseid War, j’attendais de pied ferme le fameux Trois Jokers de Geoff Johns et Jason Fabok. Cela fait déjà plusieurs semaines que je l’ai lu mais j’ai eu beaucoup de mal à écrire cette critique.

Déjà, coté dessins Fabok est au sommet de son art c’est magnifique et sombre à la fois. Aucun reproche ne peut lui être formulé.

Le récit, quant à lui, est bien plus compliqué à juger. Tout d’abord, car on (je ?) en attendait beaucoup. Il est évident que ce devait être le point culminant de l’époque Rebirth, mais il semblerait que Johns, se soit fait damé le pion par Scott Snyder et ses Metal et Dark Metal. Il faut savoir que Johns n’est plus en action de grâce chez DC depuis le départ de l’éditeur Dan DiDio. Je pense que DC est en train de faire une grosse bêtise en le laissant partir, tout comme ils l’ont fait avec DiDio, mais passons.

Comme ce récit n’était plus destiné à être un crescendo de Rebirth, il semblerait que Johns ait décidé d’écrire autre chose. C’est là que bon nombre ont dû être déçus, et moi même désappointé, car à la lecture, il apparaît clairement que ce n’est pas vraiment ce qu’on nous avait esquissé à la fin de Darkseid War.

Mais encore ? Bon, ben, comme son nom l’indique, il y aurait trois Jockers qui rendent la vie infernale à Gotham. Certains diront que c’est trop gros ! Peut-être, mais en fait, ce n’est pas réellement l’intérêt de l’histoire.

Johns reprend trois événements principaux du mythe du Joker pour base de son récit. Son apparition dans la vie de Batman écrite par Bill Finger et Bob Kane, la mort de Jason Todd, le second Robin, battu à mort par le clown et conté par Jim Starlin et Jim Aparo et le Souriez !, d’Alan Moore et Brian Bolland, où Barbara Gordon, Batgirl, prend une balle dans les vertèbres et termine clouée dans un fauteuil roulant.

L’histoire en elle-même tourne autour d’une enquête menée par Batman, Batgirl et Red Hood. Mais ce qui est surtout développé en toile de font ce sont les blessures des trois héros, physiques bien sûr, mais également psychiques. C’est en cela que ce triptyque est réellement intéressant et s’éloigne d’un comics classique. On savait déjà que Johns savait écrire des histoires et bonifier ce qu’ont fait ses prédécesseurs. C’est une fois encore vérifié. Il arrive à enjamber les grossièretés des mauvais scénaristes (résurrection de Jason et guérison de Barbara) pour nous donner une histoire profonde. De plus, il nous sert une fin qui a du sens et qui ajoute une petite brique à la mythologie du Joker en retournant comme une crêpe une invraisemblance qui trainait depuis bien trop longtemps dans l’univers DC.

N’en reste pas moins qu’il subsiste une impression de deux pas en avant et trois pas en arrière assez répandue dans le monde des comics. Je pense que c’est essentiellement dû à cette promesse non tenue d’évènement phare dans la vie de Batman. Pourtant, si l’on prend ce récit tel quel, c’est une très bonne production du duo d’artistes. Pour l’apprécier réellement, il faut l’aborder sans attente particulière et vous pourrez apprécier une enquête palpitante doublée d’une plongée dans la psychologie des héros.

On n'a même pas commencé les réveillons que tu nous parles déjà de crêpe . C'est quoi cette invraisemblance dont tu nous parles ? Merci pour cette présentation.

Attention c'est à la limite du spoiler :

Spoiler:

Johns contourne cela de main de maître quitte à ne pas être cohérent avec ce que lui même avait amorcé dans Darkseid War.

Merci !