Conan le Cimmérien, volume 1 (1932-1933)
Il s'agit du premier volume d'une réédition des histoires de Conan (les volumes suivants étant L'Heure du dragon Les Clous rouges).
Dirigée par Patrice Louinet, cette édition s'appuie sur les textes de Howard seul, d'après ses manuscrits (ou les premières publications originales lorsque ceux-ci n'existent plus). Les textes sont débarrassés des ajouts, réécritures et censures apocryphes de Lyon Sprague de Camp et Lin Carter.
J'ajoute qu'elles sont publiées dans l'ordre chronologique non pas de leur publication, mais de leur écriture.
Enfin, les nouvelles sont ici soit (re)traduites par P.Louinet, soit basées sur les traductions révisées de François Truchaud. J'avais pu rencontrer les deux traducteurs lors de leur venue au salon de l'imaginaire à Montrouge, il y a quelques années, pour une série de conférences dédiées à Conan et à la collection Titre SF.
L'ensemble du contenu de l'ouvrage est visible ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conan_le_Cimm%C3%A9rien,_volume_1
Pour ce qui est des nouvelles seules, voici celles présentes ici :
Le Phénix sur l’épée (The Phoenix on the Sword) (1932)
La Fille du Géant du gel (The Frost-Giant's Daughter) (1932)
Le Dieu dans le sarcophage (The God in the Bowl) (1932)
La Tour de l’Éléphant (The Tower of the Elephant) (1933)
La Citadelle écarlate (The Scarlet Citadel) (1933)
La Reine de la Côte noire (Queen of the Black Coast) (1933)
Le Colosse noir (Black Colossus) (1933)
Chimères de Fer dans la clarté lunaire (Iron Shadows in the Moon) (1933)
Xuthal la crépusculaire (Xuthal of the Dusk) (1933)
Le Bassin de l’homme noir (The Pool of the Black One) (1933)
La Maison aux trois bandits (Rogues in the House) (1933)
La Vallée des femmes perdues (The Vale of Lost Women) (1933)
Le Diable d’airain (The Devil in Iron) (1933)
Mon avis :
Un mot sur les traductions tout d'abord. N'ayant pas lu les originaux en anglais, il m'est difficile de savoir si certaines répétitions sont volontaires, mais il m'est arrivé à 3 ou 4 reprises de relever d'une phrase à l'autre l'emploi du même mot. D'ordinaire, j'ai appris il y a longtemps qu'on évitait ce genre de répétition d'une phrase à l'autre. En dehors cette remarque, je n'ai pas relevé de problème, donc tout va bien.
Un mot sur les illustrations intérieures. Signées Mark Shultz, déjà présenté sur le forum notamment pour sa série Xénozoïque, elles sont très efficaces, old school, en noir et blanc. Et bien sûr, conformément au souhait de Louinet de respecter la vision originale d'Howard, elles ne présentent pas la caricature bodybuildée véhiculée à tort par les pâles imitations conanesques. Ici Conan est donc relativement "sec", tout en muscle, agile comme une panthère, et non pas un catcheur qui a fait de la gonflette.
Tout cela serait parfait si ... si les illustrations ne venaient pas souvent quelques pages trop tôt par rapport aux texte ! Choix éditorial ou du maquettiste, je ne sais, mais j'ai trouvé très irritant de se voir ainsi divulgâcher quelles scènes à venir. J'ai finalement opté pour faire l'effort de ne pas regarder les illustrations avant d'avoir fini chaque nouvelle. Dommage.
Pour les histoires elles-mêmes, les connaisseurs de Conan reconnaîtront dans la liste de ce premier tome un grand nombre d'histoires classiques d'Howard, de très bon crus, certaines parmi les meilleures ou les plus emblématiques. Je trouve un peu dommage sur la fin qu'un certain nombre de nouvelles s'enchaînent justement avec la présence d'une personnage féminin assez interchangeable qui semble répondre au cahier des charges pour s'assurer d'être publié, ficelle un peu facile ce que l'on retrouvera d'ailleurs dans les nouvelles les moins inspirées ou quand Howard sera à une période de besoin financier.
Sinon, c'est à peu près du tout bon. Un peu redondant toutefois dans la mécanique (inévitable boss final, etc.). Cette redondance me fait faire une pose avant d'attaquer et de présenter le volume 2 de Bragelone.
Pour cette édition, je trouve évidemment louable le voeux de publier Conan dans l'ordre chronologique d'écriture, et sans les honteux ajouts posthumes qui ont été faits sur son dos et celui d'Howard. Louinet le rappelle dans la préface : finalement, il était impossible de se représenter l'oeuvre réelle d'Howard tant les précédentes éditions avaient été falsifiées, enrichies, réécrites, parfois pour présenter ses aventures comme une suite chronologique, vision un peu simpliste.
Avec le recul et les années de lectorat, le fait de lire les aventures d'Howard se passant à des époques différentes, avec des sauts dans le temps, est bien plus appréciable. Peut-être est-ce que cela m'aurait gêné en tant que jeune lecteur. Je suis assez expérimenté pour apprécier justement cette incertitude temporelle, comme si l'on découvrait au fur et à mesure des morceaux de mosaïques du passé de Conan. Comme s'il ressassait ses différents souvenirs au crépuscule de sa vie.
Au final, une lecture incontournable pour tout amateur de fantasy souhaitant revenir aux fondamentaux. Un classique à (re)découvrir.