BIENHEUREUSE LUDOVICA ALBERTONI / Le BERNIN

L'église San Francisco a Ripa, à Rome, abrite, dans une des chapelles, un joyau de la sculpture baroque, la Bienheureuse Ludovica Albertoni.


Cette oeuvre forte du Bernin âgé est, pour certains, supérieure à la Sainte Thérèse conservée à Santa Maria della Victoria.

Il est vrai que la forme que prend l'extase de cette femme est assez exceptionnelle.

Elle me semble plus provocante que son homologue conservée à Santa Maria della Victoria :
celle-ci se touche un sein et elle est alitée. Je suis étonné de l'accord de l'Église, et tant mieux pour l'Art.

Encore un chef d'oeuvre du Bernin, un de mes sculpteurs préférés.
Pour ce qui est de la comparaison, je préfère quand même "L'extase de Sainte Thérèse", beaucoup plus impressionnant à mon avis. Le visage de la sainte y exprime clairement un sentiment d'abandon et d'extase. Là, c'est plus flou, on pourrait presque voir de la douleur chez Ludovica, la position allongée donne l'impression d'un gisant, d'un agonisant...
Mais l'oeuvre reste magnifique, je suis ébloui par les plis et le drapé du vêtement.

VIC a écrit:

celle-ci se touche un sein et elle est alitée.

C'est justement cette ambiguïté qui me plait.

Le Bernin, Michel-Ange, tous ces artistes étaient vraiment des génies. Ils savaient se jouer des codes les plus austères et les plus rigides, détourner la censure, pour flirter avec l'érotisme dans une image de sainteté.

Et en plus, sur le propre terrain du pape...

Michel Ange était trés fort à ce jeu là. Il a imposé son goût marqué pour les beaux éphèbes jusque sous les plafonds de la Sixtine, avec une cohorte de saints et de personnages bibliques masculins nus et à la beauté païenne. Sans oublier le "détournement" du légendaire roi David, statufié en jeune athlète à la beauté triomphante...