LA ROUTE DU NOROESTE (ARGENTINE)

Direction l'extrémité nord-ouest de l'Argentine, terre indienne au relief tourmenté, à la frontière du Chili et de la Bolivie. Départ de la région viticole de Mendoza pour rejoindre Arizaro. Un périple étonnant, époustouflant, éprouvant aussi, le long d'une piste qui traverse un monde minéral et tellurique, digne des premiers matins du monde. On est loin ici des immenses espaces de la Pampa : blocs rocheux, montagnes brûlées de soleil, monde minéral et aride écrasé de chaleur... Ici, c'est le règne des
Quebradas, de profondes failles entaillant montagnes et paysages, comme un coup d'épée. Un paysage lunaire mais de couleur orangé et fauve, sorte de Far-West argentin qui n'est pas sans rapeller l'Utah ou l'Arizona.
Première étape à Cafayate, ville métissée au climat doux et sec qui offre surtout le canyon Quebrada de la Conchas, sans oublier les ruines précolombiennes perdues dans un océan de roches aux formes fantastiques écrasées de soleil, parsemées de petites églises par endroits et de troupeaux de moutons. La culture indienne reste vivace et trés présente en ces lieux, même si elle prend souvent une forme touristique, sous forme de festivals ou manifestations diverses.
Vient ensuite Salta à environ 100 kilomètres. Cité coloniale, "capitale" de la région, avec ses églises baroques et colorées, surchargées, qui m'ont fait penser aux délires baroques des églises mexicaines ou brésiliennes. L'endroit est assez moderne, avec cafés, terrasses et restaurants et peut décevoir après les paysages primitifs que l'on vient de traverser. C'est ce que j'ai ressenti personellement. Pour nous, c'était une étape pour se reposer, sans plus.
Mieux vaut continuer pour la Poma : piste difficile, qui grimpe sec à travers des paysages âpres et sauvages. Sentiment d'être seul assez excitant (flippant aussi), les seules rencontres étant de rares villageois indiens vaquant à leurs occupations. Et là, on atteint les sommets (dans tous les sens du terme) : le col de Acay, qui donne sur le Chili, un monde désert et minéral, le fabuleux lac de sel de Salinas Grandes (lunettes de soleil obligatoires pour se protéger de la réverbération du soleil), groupes de vigognes (animaux proches du lama, exploitées pour leur laine d'une douceur incomparable, j'ai ramené une écharpe)... Deux regrets majeurs : le vent, éprouvant, sifflant et violent, à en avoir mal à la tête et le fait de ne pas avoir pu voir le "train des nuages", une ligne de chemin de fer qui traverse la région, perchée à des milliers de mètres d'altitude, malheureusement désaffectée aujourd'hui. A signaler également l'altitude élevée, qui peut provoquer malaise ou sensation d'oppression respiratoire.
Il est possible de continuer encore plus loin, vers le sud, en prenant la "ruta 40" (la route 40), longue de 5000 kilomètres et qui rejoint Calafate et Rio Gallegos sur le détroit de Magellan, tout au sud du pays, en longeant la frontière chilienne. A faire la prochaine fois.
De mes deux longs séjours en Argentine, ce deuxième reste sans aucun doute l'un des plus beaux voyages que j'ai jamais fait.
(Attention, c'est un itinéraire éprouvant, il faut être en bonne forme physique).