LES GUERRIERS-GUERISSEURS (Le Kalarippayat)
Le Kalarippayat, ou Kalarippayattu est un art martial originaire du Kerala en Inde du Sud. Kalarippayat signifie, en malayalam, « le lieu des exercices », de kalari, le lieu, l'arène, l'espace de dialogue et payatt, dérivé de « payattuka » signifiant combattre, s'exercer, s'exercer intensément. Le kalarippayat serait, avec le Varma Kalai originaire de l'État voisin du Tamil Nadu, l'une des plus anciennes techniques martiales et mais aussi médicales connues. Les gurû de kalarippayat, appelés gurukkal, sont guerriers et médecins, car ils sont censés connaître les techniques qui tuent mais aussi celles qui soignent.
Les pratiquants de kathakali utilisent aussi bien des techniques de combat comme les quatre sortes de lancers de jambes (kalugal) mais aussi des techniques de massages liées à l'ayurveda, la médecine traditionnelle indienne.
Le kalaripayat est l'un des plus anciens arts martiaux et constitue un système complet, alliant spiritualité et technique de combat.
Tout en étant un moyen de défense redoutable, il est considéré à la base, comme beaucoup d'arts martiaux, comme non-violent. Il apparaît plus comme une démarche personnelle où, comme on l'a vu, la médecine et le soin sont aussi importants que le combat et ses techniques.
Les mouvements sont calqués sur ceux de certains animaux (chat, poisson, cheval, éléphant...), l'inspiration venant de l'observation de la nature et du monde environnant.
Cet art, cette discipline, a connu une grande importance politique également : aux alentours du XVème siècle, les guerriers qui le pratiquaient formaient une caste particulière, garants de l'ordre. Les marchands portugais qui commercaient avec les côtes de Malabar à l'époque ont témoigné de l'ordre et de la sécurité entretenus par ces guerriers lors de leurs échanges, dans une région pourtant troublée.
La domination anglaise signera le coup d'arrêt de cette discipline : cette dernière sera interdite, ses pratiquants poursuivis ou surveillés... Il faudra toute la foi et l'obstination des maîtres pour maintenir la flamme et faire renaître cet art après l'indépendance à l'aube des années 1950.