LES PERLES

Parmis les nombreux trésors que les aventuriers recherches en trouve un à la fois organiques et minéral. La perle, ou plutôt les perles compte tenu des variétés. Avant 1893, les aventuriers se contentaient d’ouvrir misérablement des milliers d’huitres pour espérer récupérer une seule perle, pas forcément ronde d’ailleurs. La perle était donc très rare et seul les plus puissants pouvaient se permettre d’en avoir.

En 1893 Kokichi Mikimoto mis au point les techniques de culture de perles. Auparavant seul un élément perturbateur extérieur et improbable pouvait commencer le processus. Avec Mikimoto, un processus similaire était mis en place par introduction d’un noyau en nacre et un bout de manteau (cellules produisant la nacre) dans la gonade de l’huitre. En 1 à 3 ans le noyau est recouvert de nacre (plus ou moins épaisse) et donne une perle commercialisable. Il s’agit ici des perles d’eau de mer provenant huître. On trouve aussi des perles d’eau douces issus de moules cette fois, la moule est beaucoup plus productive, ne nécessite pas de noyau mais fait des perles moins ronde. Leur valeur est moindre en général.
Comme toute les bien précieux elle suscite la convoitise, John Steinbeck l’a illustré dans son roman La perle, qui conte la découverte par un pêcheur dans la misère d’une perle énorme. Celle-ci ne tarde pas à bouleverser sa vie…

Si on s’en tient à une approche froide et rationnelle, la perle est beaucoup moins sexy. La nacre c’est de l’aragonite (Carbonate de calcium, en gros c’est presque du calcaire) de la conchyoline (molécule organique produite par le manteau, de la bave d’huitre) de l’eau et puis c’est à peu près tout (quelques pigments pour la couleur mais franchement quand on y pense c’est pas la classe). D'un autre coté, ce n'est pas le matériaux qui en fait la valeur, c'est la beauté, sinon le diamant tout en carbone ne vaudrait pas plus. On oublie les dernières lignes et on regarde, c'est presque aussi beau qu'une rolex .

Quantité d'histoires et de croyances courrent depuis l'Antiquité sur les perles. César les appréciait énormément, les seigneurs indiens, Rajats et Nababs, les portaient en sautoir ou sur leurs turbans. A Rome, les familles aisées achetaient une ou deux perles à leur fille chaque année afin qu'elles disposent d'un collier entier à leur majorité. En Occident, vers le XVIIIème, elles devinrent la parure des jeunes filles, les pierres précieuses étant réservées aux femmes. On conseillait de les porter à même la peau pour leur conserver toute leur beauté. Celles qui servaient de boucles d'oreille étaient en forme de poire, portées indifféremment par les hommes et les femmes à la Renaissance et au XVIème siècle. Pour déterminer leur brillance, leur éclat, on parle de l'orient de la perle. La plus grosse jamais trouvée est la perle d'Allah, découverte en 1934 aux Philippines (6,4 kg et 24 cm de diamètre !)

les perles étant composées de carbonate de calcium, le vinaigre les dissout ( le carbonate de calcium réagit à l'acide acétique pour former de l'acétate de calcium et du dioxide de carbone, eh oui )

donc, si vous voulez savoir si les perles de ce merveilleux collier sont fausses, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

D'après Astérix, le vinaigre additionné de perle était très apprécié de Cléopâtre.

Youpi l'alchimiste a écrit:

D'après Astérix, le vinaigre additionné de perle était très apprécié de Cléopâtre.

Il s'agit d'une allusion à un épisode raconté par Pline l'Ancien :

« Et ce ne sont pas les dernières extrémités auxquelles le luxe se soit porté : il y a eu deux perles, les plus grosses qu'on ait jamais vues ; elles furent toutes deux possédées par Cléopâtre, la dernière des reines d'Égypte, et les rois de l'Orient se les étaient passées de main en main. Chaque jour Antoine se rassasiait de repas splendides ; elle, avec l'orgueil et le faste dédaigneux d'une courtisane royale, rabaissait toute la somptuosité, tout l'appareil de ces festins. Antoine demanda ce qu'on pourrait ajouter à tant de magnificence : elle répondit qu'en un seul repas elle dépenserait 410 millions de sesterces.

Antoine désirait apprendre comment, bien qu'il crût la chose impossible : on paria. Le lendemain, jour où devait se vider l'affaire, elle fit servir un repas magnifique, sans doute pour que la journée ne fût pas perdue, mais qui ne valait pas mieux que les repas ordinaires d'Antoine. Celui-ci plaisante, et demande le compte. Cléopâtre répond que ce n'est qu'un accessoire ; elle ajoute que le repas coûtera le prix fixe, et que seule elle mangera les 10 millions de sesterces. Elle fait apporter le second service. Ses serviteurs, qui étaient dans le secret, ne placent devant elle qu'un vase plein de vinaigre, liquide dont la force dissolvante fond les perles.

Elle portait en ce moment ces deux perles, chef-d'œuvre singulier de la nature, et véritablement sans pareil. Antoine examinait ce qu'elle allait faire : la reine en ôte une, la jette dans le vinaigre, la fait fondre, et l'avale. L. Plancus, juge du pari, mit la main sur l'autre au moment où elle se préparait à la dissoudre de la même façon, et déclara Antoine vaincu ; présage que l'événement confirma. L'autre perle n'a pas une réputation moindre. Après la prise de cette reine, qui avait gagné un aussi grand pari, elle fut sciée en deux ; et de la moitié de leur souper on fit deux pendants d'oreilles pour la statue de Vénus dans le Panthéon, à Rome. »

(Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Livre IX, section 58)
http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/livre9.htm

C'est un esclave africain qui la trouve au XVIème siècle dans un coquillage minuscule du golfe de Panama. En forme de poire parfaitement symétrique, elle est alors la plus grosse perle du monde.

Elle est remise au roi d'Espagne Philippe II qui l'offre à sa fille aînée. Elle fait ensuite partie des bijoux de la Couronne espagnole pendant 250 ans, les différentes souveraines se la transmettant de reine en reine. Certaines la portent comme le montrent certains portraits de Velasquez. Pour la protéger, lorsqu'elle n'est pas portée, la perle est préservée dans un petit cocon en or sur mesure qui s'ouvre en deux.

Joseph Bonaparte, frère aîné de Napoléon, devient roi d'Espagne en 1808. Cinq ans plus tard, il fuit le pays en emportant la perle et l'offre à son neveu, futur Napoléon III. Vaincu à Sedan en 1870 et exilé en Angleterre, ce dernier vend la perle à un grand seigneur anglais qui l'offre à sa femme. A deux reprises, la Pérégrina est perdue et retrouvée (entre les coussins d'un sofa au château de Windsor et au cours d'un bal à Buckingham Palace).

En 1969, elle est vendue aux enchères et achetée par l'acteur Richard Burton pour orner le cou de sa femme, Elizabeth Taylor. Il l'offre à l'actrice pour la Saint-Valentin. Aux dires de l'actrice, Burton adorait cette perle et aimait voir sa femme la porter. Elle apparaît même au cou de l'actrice dans un de ses films :



Mais le léger collier qui la supporte est trop fragile et, un matin, dans la suite d'un palace, Elizabeth Taylor se rend compte que le collier a lâché et que la perle est perdue... Sans alerter Richard Burton qui est dans la pièce d'à côté, l'actrice fouille la chambre, la salle de bains, regarde à quatre pattes sous le lit... Elle s'aperçoit alors qu'un de ses petits chiens semble mâchonner quelque chose... Lui ouvrant la gueule, elle y découvre la perle, intacte...
Echaudée, l'actrice demande alors à la maison Cartier de lui créer un collier de perles et diamants pour y fixer la fameuse perle. C'est cet ensemble qui est vendu aux enchères en 2011 pour 11,8 millions de dollars.

Aujourd'hui encore, la Pérégrina est considérée comme l'une des perles les plus grosses, plus belles et plus pures au monde, intacte après plus de 500 ans... Du Panama à l'Espagne, la France et l'Angleterre, au cou de nombreuses reines et belles femmes, elle a bien mérité son nom qui signifie "la pélerine", "la vagabonde"...


Ne pas confondre la Pérégrina avec la Pélégrina. Ici, il devient difficile de suivre...

La Pélégrina serait une autre perle en forme de poire, elle aussi célèbre pour avoir voyagé et orné le cou de jolies femmes.
Elle aurait été notamment portée par la très belle princesse Zinaida Youssopov, la mère du prince Félix Yussopov, celui qui organisa l'assassinat de Raspoutine :


Elle aurait été nommée également "la Régente" pour avoir été portée par l'impératrice Marie-Louise, seconde femme de Napoléon et par l'impératrice Eugénie, femme de Napoléon III, toutes deux régentes à un moment du règne de leurs maris.
En 1876, elle est achetée aux enchères par l'envoyé spécial du prince Yussopov à Paris, un certain Fabergé... Le prince l'offre alors à la princesse Zinaida, sa fille, comme nous l'avons vu plus haut.
La Pélégrina/Régente (pour certains, il s'agit de deux perles différentes, pour d'autres, c'est la même) disparaît sous la Révolution russe : Félix Youssopov l'avait caché avec d'autres trésors, dans une cache sous l'escalier du palais familial, avant de fuir le pays, persuadé d'y revenir un jour récupérer ses biens. Après bien des péripéties et des aventures, la perle réapparaît en 1988, au cours d'une vente aux enchères avant de disparaître.

Finalement l'affaire du collier de la reine et autres anecdotes romanesques ne paraissent plus aussi invraisemblables à côté de la réalité.
On a échappé de peu à ce que la perle soit avalée par un chien. Ça aurait été dégradant de la récupérer...

Comme tu le disais à propos des oeufs de Fabergé, il y a presque les éléments d'une aventure romanesque avec ces joyaux qui voyagent à travers le monde et l'Histoire, disparaissent, sont retrouvés, disparaissent à nouveau...

On l'ignore la plupart du temps, mais derrière le décor feutré, discret, de la haute joaillerie, il y a parfois de véritables chasses au trésor, des hommes qui arpentent de nombreux pays ou les salles de ventes les plus prestigieuses pour retrouver des bijoux ou des pierres célèbres. Rien que les trésors des familles nobles ayant fui la Révolution russe, même s'il y a beaucoup de romanesque à ce sujet, enflamme l'imagination...