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Aux prétentions de son prédécesseur, Louis XII ajoute aussi ses droits personnels sur le duché de Milan, qu'il tient de sa grand-mère Valentina Visconti.
Louis XII s'empare de Milan en capture son duc, Ludovic Sforza (1499-1500). Puis, après avoir conclu un accord secret avec le roi d'Aragon, il entre à Naples.
L'entente entre les deux rois ne dura pas. En 1504, les Espagnols chassent les Français, malgré tous les efforts du chevalier Bayard.
Voyageur Solitaire Admin
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Dim 3 Déc - 21:49
Années 1590 : Shakespeare crée Roméo et Juliette
Difficile de dater exactement la création de cette pièce qui, de son vivant même, fait entrer William Shakespeare dans l'histoire. Ecrite vers le début de sa carrière, probablement dans la dernière décennie du XVIème siècle, elle va devenir un classique, intemporel, décliné sous toutes les formes au cours des siècles suivants jusqu'à aujourd'hui. Il faut dire qu'on y trouve tous les ingrédients nécessaires : l'amour fou et impossible, la tragédie, le pouvoir, la mort et la fatalité...
Inspirée des tragédies antiques et d'un conte italien dont Shakespeare avait lu et apprécié la traduction, l'histoire est celle d'un amour impossible entre un homme et une femme issus de deux puissantes familles italiennes qui se vouent une haine féroce. Pour faire court :
A Vérone, les familles Capulet et Montaigu s'opposent en une rivalité sanglante pour le pouvoir. Mais Juliette, jeune héritière des Capulet et Roméo, héritier des Montaigu tombent amoureux l'un de l'autre. Excepté le confesseur de Roméo, le Frère Laurent, qui voit dans cet amour la possibilité de mettre enfin un terme à la rivalité des deux clans, personne n'y trouve son compte. Surtout que Juliette est promise à un autre par les siens. Les deux amants passent outre et se marient en secret. Entretemps, suite à une rixe où des membres des deux familles trouvent la mort, Roméo est exilé et le mariage de Juliette avancé. Accablée, la jeune femme demande l'aide du Frère Laurent. Ce dernier lui offre alors une potion qui lui donnera toutes les apparences de la mort. Elle sera alors déposée dans le caveau familial où Roméo, prévenu en secret, la rejoindra. Ils pourront alors fuir la ville. Juliette boit la fameuse potion et tout fonctionne : on la croit morte et, pleurée par sa famille, elle est déposée au caveau. Malheureusement, en raison d'une épidémie de peste, le message destiné à Roméo ne lui parvient pas et ce dernier apprend la mort de Juliette. Fou de douleur, il se rue au caveau des Capulet et y trouve le fiancé de Juliette venu se recueillir. Les deux hommes se battent en duel, le fiancé est tué puis Roméo se suicide par le poison. La jeune femme revient alors à elle, comprend ce qui s'est passé et rejoint son amant dans la mort en se poignardant. Très vite, la vérité se fait jour grâce au Frère Laurent et la mort des deux amants réconcilie, dans le deuil et le chagrin, les deux familles.
Roméo et Juliette connaîtra un immense succès du vivant même de son auteur avant de traverser les siècles, adaptée et réadaptée, sujet d'inspiration inépuisable pour le théâtre, la littérature, la peinture, la musique, le cinéma, la BD et même en Manga...
cdang
Messages : 1465 Date d'inscription : 15/10/2014 Localisation : Le Havre (76)
Rappelons que Juliette à treize ans et que sa mère luis fait remarquer qu'à son âge ses copines sont déjà maman. Ça peut paraître un peut étrange en 2017, mais en France avant la révolution, l'âge nubile pour les femmes était de 12 ans.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Juliette_Capulet
Dernière édition par cdang le Lun 4 Déc - 13:06, édité 1 fois
Gorak
Messages : 5582 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
l'[url=https://fr.wikipedia.org/wiki/Nubilit%C3%A9@âge nubile[/url] pour les femmes était de 12 ans.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Juliette_Capulet
Attention, toutefois. Cela veut dire que l'on pouvait marier une femme à partir de 12 ans mais cela ne signifie pas le mariage était forcément consommé.
En général, on mettait les jeunes mariés dans le lit nuptial, pour la forme, puis on les y retirait aussitôt et chacun des deux rejoignaient leur chambre avec leur suite.
Voyageur Solitaire Admin
Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
Pour les hommes, la majorité était à 14 ans. Les filles étaient souvent considérées comme femmes dès qu'elles étaient réglées et avaient leur premier enfant vers 14/15 ans. La mortalité infantile était très élevée, la vie était courte et on ne perdait pas de temps, à 30/35 ans, on pouvait être grand-père ou grand-mère... Nos rois étaient déclarés majeurs à 14 ans. Louis XIII épousa Anne d'Autriche à cet âge et le mariage étant politique, il fallait que l'union soit consommée physiquement. Nuit de noces pas très glamour avec les deux jeunes époux se découvrant pour la première fois, glacés de timidité et de gêne derrière les rideaux tirés du lit et surtout avec dans la chambre, la présence de nourrices chargées de veiller à ce que tout se passe bien... De retour dans sa chambre, le jeune roi dût subir un examen de la part de son médecin, Héroard, pour vérifier qu'il avait bien "honoré" la reine (et cette dernière dût sans doute subir la même chose). On imagine ce que dût être ce moment pour le pudique et timide Louis XIII qui garda toujours de sa nuit de noces un sale souvenir...
Gorak
Messages : 5582 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
La majorité des rois était fixée à 13 ans. Mais c'était là une vieille tradition instaurée depuis les premiers Capétiens.
Mais, dans le peuple, l'âge moyen du premier mariage était 26-27 ans pour les hommes, 25-26 ans pour les femmes. Et cela depuis le XIIIe siècle.
C'est d'ailleurs cet âge tardif du mariage qui évitait les naissances trop nombreuses : entre 8 et 10 pour la durée de mariage la plus longue, plus souvent 4 à 5. Mais avec une mortalité infantile très élevée : la moitié des enfants seulement atteignait l'âge de 20 ans.
Il faut arrêter de croire à cette vieille légende que l'on se mariait à 12 ans et que l'on était parent à 13 sous l'Ancien Régime...
Voyageur Solitaire Admin
Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
- Le droit romain de Justinien (VIème siècle) fixe la majorité au mariage à : 14 ans pour les hommes 12 ans pour les femmes
- Le Concile de Trente (1542) confirme et fixe la majorité au mariage à : 14 ans pour les hommes 12 ans pour les femmes
- L'Ancien Régime fixe la majorité au mariage à : 15 ans pour les hommes 13 ans pour les femmes
- Le Code Napoléon (1803) fixe la majorité au mariage à : 18 ans pour les hommes 15 ans pour les femmes
Si on prend donc l'Ancien Régime, une femme peut se marier à partir de 13 ans. Vue l'absence de contraception et la mentalité de l'époque, il est donc tout à fait possible d'imaginer qu'elle tombe enceinte dans l'année qui suit, ce qui la rend mère à 14 ans quand-même... Evidemment, il s'agit de droit officiel. Dans la vie, ce n'est pas parce qu'une femme pouvait légalement se marier à 13 ans qu'elle le faisait. Mais légalement, c'était possible.
Attention : il s'agit là de la majorité requise pour pouvoir se marier. La majorité civile elle, était à 25 ans sous l'Ancien Régime pour les deux sexes. Elle passera à 21 ans en 1803 et à 18 ans en 1974.
Gorak
Messages : 5582 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
Evidemment, il s'agit de droit officiel. Dans la vie, ce n'est pas parce qu'une femme pouvait légalement se marier à 13 ans qu'elle le faisait. Mais légalement, c'était possible.
Voilà. Là, on est d'accord. Entre le possible et la réalité, il y a une grande différence. C'est comme nous : on peut se marier à 18 ans (17 ans avec l'accord des parents) mais, en dans la pratique, l'âge moyen du mariage tourne actuellement autour de 28-30 ans à peu près (du moins, quand on se marie).
Donc, évidemment, il devait y avoir de très jeunes couples à ces lointaines époques, mais il devait y être rares. Déjà, parce que je l'ai dit plus haut : il y a une mortalité infantile très élevée. Ensuite, parce que les usages faisaient que, comme chez nous, les jeunes gens restaient auprès de leurs parents le plus longtemps possible. Les jeunes faisaient aussi des études, notamment dans les collèges de Jésuites ou dans les couvents (pour les filles) ; chez les paysans, les adolescents aidaient leurs parents aux champs. On ne se mariait que lorsque l'on était devenu un homme et donc mûr pour faire vivre une famille.
Quant à l'histoire de Roméo et Juliette, il s'agit avant tout d'une romance que d'une histoire réelle. L'accent est mis davantage sur l'amour entre deux êtres jeunes que sur un couple "normal" qui envisage de fonder un foyer.
Voyageur Solitaire Admin
Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Mar 5 Déc - 16:21
Je ne sais pas si ces couples mariés très jeunes étaient si rares... Saint Louis a épousé sa femme, Marguerite, alors qu'elle n'avait que 13 ans, Louis XIII et Anne d'Autriche se sont mariés à 14 ans, la duchesse de Guiche, fille de madame de Polignac (meilleure amie de Marie-Antoinette) a accouché à 14 ans...
Ce qui me surprend surtout, c'est la majorité civile à 25 ans. Si on considère que l'âge moyen de l'époque oscillait entre 40/45 ans, ça veut dire que tu passais quasiment la moitié de ta vie sous la tutelle de tes parents ! Tu avais beau te marier à 22 ans par exemple, tu n'en étais pas moins encore mineur si j'ai bien compris. On comprend mieux les mariages "arrangés" de l'époque, quelque soit le milieu : jusqu'à 25 ans, si tes parents souhaitaient te marier, que tu sois homme ou femme, t'avais pas vraiment le choix...
Warlock
Messages : 3533 Date d'inscription : 11/01/2012 Age : 45 Localisation : Au milieu de nulle part Humeur : Le monde est un ego sans fond
Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Mar 5 Déc - 18:01
On a eu effectivement chez les rois de France pas mal de mariages ou de naissances avant les 16 ans, des mariages arrangés, pour des raisons politiques évidentes.
Quand on regarde la moyenne d'âge des décès chez les têtes couronnées françaises on se rend compte que de Hugues Capet à Louis-Philippe beaucoup disparaissent entre 53 et 58 ans.
cdang
Messages : 1465 Date d'inscription : 15/10/2014 Localisation : Le Havre (76)
Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Jeu 7 Déc - 10:52
Gorak a écrit:
Donc, évidemment, il devait y avoir de très jeunes couples à ces lointaines époques, mais il devait y être rares. Déjà, parce que je l'ai dit plus haut : il y a une mortalité infantile très élevée. Ensuite, parce que les usages faisaient que, comme chez nous, les jeunes gens restaient auprès de leurs parents le plus longtemps possible. Les jeunes faisaient aussi des études, notamment dans les collèges de Jésuites ou dans les couvents (pour les filles) ; chez les paysans, les adolescents aidaient leurs parents aux champs. On ne se mariait que lorsque l'on était devenu un homme et donc mûr pour faire vivre une famille.
Je n'ai pas d'élément d'information particulier sur l'âge réel du premier enfant mais le raisonnement ne me semble pas bien tenir.
Le fait qu'il y ait une forte mortalité infantile, je ne vois pas bien le rapport.
Les études, ça ne concernait qu'une infime partie de la population.
Les enfants restaient chez leurs parents, oui, ça n'empêchait pas de se rencontrer au village (d'ailleurs même de nos jours, il est fréquent qu'on ait son premier rapport sexuel alors qu'on habite encore chez nos parents nespa ?). Quand l'espérance de vie est de 40 ans — espérance signifie moyenne —, ça ne me paraît pas idiot qu'on soit déjà un homme à 13 ans ; c'est un quart de la durée de vie moyenne (l'équivalent à 20 ans pour une espérance de 80 ans).
Voyageur Solitaire Admin
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Mar 20 Fév - 19:34
La route des épices
Elles ont enflammé l'imaginaire des grands navigateurs, autant sinon plus que l'or ou la soie. Les épices... Poivre, safran, cannelle, clous de girofle, muscade, fenouil, coriandre... Et pas seulement pour mettre du piquant en cuisine comme nous allons le voir.
Dès l'Antiquité, les épices sont un bien rare et précieux. Mais encore plus dans le monde médiéval où elles remplacent parfois l'argent. De là vient d'ailleurs notre expression "payer en espèces" qui était autrefois "payer en épices". Pourquoi cet engouement ? Outre le mérite de relever les aliments, les épices avaient surtout celui de les conserver, principalement la viande (c'était déjà le cas du sel qui, soit dit en passant, n'est pas une épice, pas plus que les aromates). On les utilisaient également en médecine, apothicaires et médecins leur attribuant de grandes vertus médicinales dans de nombreux domaines. On pouvait également s'en servir pour purifier ou désinfecter car certains alchimistes parvenaient à les distiller pour obtenir ce qui s'approche plus ou moins de nos huiles essentielles.
Pendant longtemps, le monde arabe se réserva le monopole du commerce des épices : en contact avec l'Extrême-Orient, l'Inde et la Chine, les marchands arabes étaient des intermédiaires incontournables pour les occidentaux, pour qui les épices s'achetaient au prix de l'or. D'où la nécessité impérieuse de découvrir de nouvelles routes maritimes pour contourner le monde arabe et un autre intermédiaire très gourmand, Venise. L'époque des grandes découvertes se lança donc avec passion à la course aux épices... Ce sont elles que Vasco de Gama avait en tête lors de son expédition vers l'Inde et Christophe Colomb y pensait sûrement aussi. Les habiles navigateurs portugais entrèrent même en conflit avec la Sublime Porte pour le contrôle et l'accès au Golfe Persique, point de départ vers l'Extrême-Orient. De leur côté, les hollandais s'élancèrent vers l'Indonésie, Java, Sumatra, à la conquête du poivre, de la muscade, du clou de girofle... Ce dernier entra bientôt dans la composition d'une gourmandise que tous voulaient goûter : le pain d'épices (orthographe de l'époque). Rois, reines et riches négociants étaient prêts à couvrir d'or le navigateur assez habile qui découvrirait une nouvelle route vers les épices si ardemment convoitées.
La course aux épices, une épopée qui ne manquait pas... de piquant !
Gorak
Messages : 5582 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Mer 7 Mar - 9:52
L'épopée des Conquistadores au Mexique
Les grandes dates
8 novembre 1519
Treize ans après la mort de Christophe Colomb, l'hidalgo Hernan Cortès et ses quelques 300 hommes débarquent dans la péninsule du Yucatan et entreprennent la conquête méthodique de l'Empire Aztèque. Au terme d'un long et douloureux siège, la ville de Tenochtitlan - actuelle Mexico - capitale de l'empire, tombe : son souverain, Moctezuma, est mis à mort et la moitié de ses bâtiments, notamment les temples, sont rasés.
30 juin 1520
Un homme, lucide sur les intentions véritables des envahisseurs, comprend que ceux-ci ne sont pas les "dieux" annoncés par la prophétie mais de vulgaires pilleurs d'or. Cet homme, c'est le prince Cuauhtemoc, neveu de Moctezuma, qui veut, non seulement venger la mort de son oncle mais aussi libérer son pays et son peuple. Il prit alors la tête d'une rébellion et dans la nuit du 29 au 30 juin 1520, il organise un véritable massacre des troupes espagnoles stationnées dans Tenochtitlan. Les Espagnols se souviendront de cet épisode sous le nom de "Noche Triste" (Triste nuit) mais pour les compagnons aztèques de Cuauhtemoc, ce sera un jour de gloire et de libération.
Face à cette révolte imprévue, Cortès ne peut qu'ordonner la retraite. Mais c'est pour mieux reconstituer ses forces avec lesquelles il entreprit un nouveau siège de 75 jours. Cuauhtemoc et ses insurgés résistèrent du mieux qu'ils purent mais victimes de dissensions internes et de trahisons, ils finirent par abandonner la lutte. Tenochitlan fut de nouveau investie par les Espagnols. Cuauhtemoc est fait prisonnier et soumis à la torture afin qu'il révèle l'emplacement du trésor de son oncle. Ses pieds et ses mains sont aspergés d'huile bouillante, mais il se refusera à parler. Il sera exécuté en 1525.
Sur les ruines de l'Empire aztèque, les Espagnols fonderont une nouvelle colonie de la Couronne : la Nouvelle-Espagne.
Voyageur Solitaire Admin
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Sam 9 Mai - 15:53
La redoutable Opritchniki russe
(Image : pinterest.com)
Alors que l'Europe s'éveille à la Renaissance et sort lentement du monde médiéval, la Russie d'Ivan le Terrible, elle, bascule dans la terreur.
1564. Le Tzar vient d'être trahi par un de ses nobles en qui il avait une totale confiance. Silencieux, visage fermé, Ivan le Terrible prie une dernière fois en public avec sa famille avant de quitter brusquement la capitale, emportant trésor impérial, reliques et icônes, pour aller s'enfermer dans une forteresse à 123 kilomètres de Moscou. Il revient un mois plus tard mais avec un terrible projet en tête… A cette époque, Ivan créé la Opritchniki, mélange de police secrète et de garde prétorienne, une unité d'élite qui lui est dévouée corps et âme. Ce serait sa deuxième femme, Maria Temrioukovna, qui lui en aurait soufflé l'idée.
Ses membres viennent de partout et sont de toutes conditions. Un seul impératif : ne pas être lié à la noblesse. Un seul maître : le Tzar. On leur réserve un quartier de la ville pour s'y installer, quartier dont les habitants sont aussitôt expulsés sans ménagements ni compensations. 1000 au départ, ils se retrouvent bientôt 6000 et vont faire régner la terreur sur tout le pays.
Ils vont, ils viennent, sans prévenir. Envoyés par le Tzar, ils n'ont de comptes à rendre qu'à lui seul. Ils sont vêtus de noir, montent des chevaux noirs et portent de sobres tenues faisant penser à celles des gens d'église. Leur arme : le fléau d'armes et le fouet. Le cou de leurs chevaux est orné d'une tête de chien (pour "dévorer les traîtres") et leur selle d'un balai, (pour "nettoyer le royaume"). Perquisitions, torture, exécutions sommaires, spoliation, vols, espionnage, courrier intercepté… Rien ne les arrêtent. Personne ne leur échappe. Un mot, un geste de l'un des membres de l'ordre suffit à sceller le sort d'un suspect. Après son exécution, les biens de ce dernier revenaient aux membres de l'ordre. Pas perdus pour tout le monde donc… Jusque dans les villages les plus reculés, on tremble de les voir surgir au galop sur leurs chevaux noirs.
(Image : planetfigure.com)
Véritable escadron de la mort de l'empire, devenu un état dans l'état, l'ordre serait responsable de la mort de plus de 10 000 personnes. Il finit par pourrir de l'intérieur, trop puissant, rongé par les intrigues, les rivalités, et de plus en plus dénoncé par les russes eux-mêmes, malgré la terreur qu'ils inspiraient. La noblesse, un moment tétanisée, réagit et les puissants seigneurs russes se dressèrent contre le Tzar, menaçant de tout mettre à feu et à sang. L'ordre fût donc aboli et dissous vers 1572.
Astre*Solitaire
Messages : 2377 Date d'inscription : 09/12/2012
Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Dim 10 Mai - 14:12
Rien que le fait de pouvoir récupérer les biens de ceux qu'ils font exécuter ne peut qu'entraîner les pires dérives. Il n'y a pas eu de vengeance de la part des opprimés une fois l'ordre dissous ?
_________________ Goburlicheur de chrastymèles
Voyageur Solitaire Admin
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Dim 10 Mai - 14:46
Il y a sans doute eu les règlements de comptes qu'on devine… Après, ces hommes étaient des combattants aguerris, des tueurs, qui se déplaçaient souvent en groupe. Cavaliers émérites, ils surgissaient sans prévenir, frappaient et repartaient. Pas facile pour de pauvres paysans armés de bâtons et fourches de faire face à des tueurs professionnels et bien équipés.
Mais en fait, mes recherches m'ont appris que tout ça est allé beaucoup plus loin. Lorsqu'Ivan le Terrible quitte Moscou suite à la trahison d'un de ses princes, il est si désabusé et écoeuré qu'il songe à abdiquer. Il s'en ouvre même aux religieux qui l'entourent et au Patriarche. Effrayés par une vacance du pouvoir, ces derniers supplient le Tzar de revenir sur sa décision. Ivan accepte à une condition : il aura les pouvoirs absolus, le clergé renoncera à son droit et privilège de gracier qui il veut et de garantir aux nobles une justice équitable. L'Eglise accepte, ce qui revient à livrer la noblesse à la vengeance du Tzar.
De retour à Moscou, ce dernier crée l'Opritchnina, un territoire réservé où il est le maître absolu, sans appel, et qui sera géré en son nom par les fameux Opritchniki. Le reste du pays devient la Zemchtchina qui conserve, elle, l'administration habituelle. A la frontière entre les deux, on assiste alors à de formidables mouvements de population, des villages entiers fuyant la zone contrôlée par les escadrons du Tzar pour gagner l'autre partie du pays, avec trafics, passeurs, passe-droits...
Ces redoutables tueurs agissaient donc sur un territoire qui leur était dévolu. Rien ne les arrête : la propre cousine du Tzar et son fils sont contraints au poison, le Métropolite qui intervient en faveur des prisonniers est assassiné… Puis ce sont deux très proches du Tzar, membres de l'ordre pourtant, qui sont exécutés, suspectés de trahison. Au fil du temps, le Tzar s'inquiète, l'ordre lui échappe. Chez les nobles, la colère monte, un groupe de puissants seigneurs s'est réfugié en Lituanie et monte une armée pour le renverser. Et surtout, la troisième épouse d'Ivan meurt, empoisonnée, quinze jours après son mariage. Le Tzar est convaincu que l'ordre est derrière cette mort, pour venger ses deux membres exécutés dont j'ai parlé plus haut. Le tournant a lieu en 1571 : les Tatars, venus de Crimée, envahissent le pays, atteignent Moscou et l'incendient sans que les 6000 hommes de l'ordre interviennent. Le système de l'Opritchnina est dissous en 1572.
Astre*Solitaire
Messages : 2377 Date d'inscription : 09/12/2012
Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Dim 10 Mai - 15:12
Merci de ces précisions. C'est très intéressant à lire, surtout la manière dont ce pouvoir sans contre-pouvoir échappe au pouvoir en place.
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Voyageur Solitaire Admin
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Dim 10 Mai - 15:38
Ivan le Terrible était à couteaux tirés avec ses nobles, les fameux Boyards.
Sa propre mère, la régente Hélèna Glinska, mourût vraisemblablement empoisonnée par une puissante famille qui convoitait le trône alors que le futur Tzar n'avait que sept ans. Plus tard, il perd sa première femme qu'il aimait énormément, Anastasia Romanovna, qui meurt dans de grandes souffrances. Le Tzar se retourne alors vers ses nobles, les accusant d'empoisonnement là encore. Avec raison semble-t-il puisque le corps de la Tzarine, exhumé, a permis aux scientifiques de découvrir des doses massives d'arsenic, de plomb et de mercure dans son organisme.
Quant à cet ordre, son destin me paraît semblable à celui de tant d'autres comme les Prétoriens ou les Janissaires, d'abord garde d'élite censée protéger le souverain puis devenu véritable état dans l'état, rongé par les rivalités, les intrigues, les jalousies… Plus d'un César est mort des mains des Prétoriens, plus d'un sultan a été assassiné par ses Janissaires...
Voyageur Solitaire Admin
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Sam 6 Fév - 10:57
La controverse de Valladolid
(Image : 20minutes.fr)
Beaucoup ont entendu parler du téléfilm avec de grandes pointures comme Jean Carmet, Jean-Louis Trintignant et Jean-Pierre Marielle. Mais qu'était donc cette fameuse controverse ?
Il s'agissait d'un débat théologique, organisé en deux séances, en 1550 et 1551, par l'empereur Charles Quint. Les discussions réunissaient juristes, théologiens, membres de la haute administration impériale, pour débattre sur "la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde, suspendues par lui (l'empereur), pour qu'elles se fassent avec justice et en sécurité de conscience". En gros, deux systèmes s'affrontaient : coloniser et dominer les "indigènes" par la conquête, avec une justification morale, celle de mettre par exemple fin aux sacrifices humains perpétrés par ces mêmes populations ou admettre que ces gens avaient des droits légitimes que l'on devait respecter. En attendant la réponse, la colonisation espagnole au Nouveau Monde fût suspendue.
Ce n'était pas la première fois que l'empereur s'emparait du sujet : en 1526, il avait déjà interdit l'esclavage des indiens précolombiens et proclamé leur liberté individuelle, leur droit à la propriété et à la liberté de résidence. Il avait été aidé par le pape Paul III qui avait affirmé que les Indiens étaient "de véritables êtres humains". Mais cette fois, Charles Quint allait bien plus loin et posait une question non seulement théologique mais aussi politique. Pendant les deux grandes sessions qui eurent donc lieu à Valladolid, s'opposèrent principalement le dominicain Bartholomé de las Casas et le théologien Juan Ginés de Sépulveda. Pour schématiser, le premier était favorable aux Indiens, le second justifiait la conquête et l'évangélisation (ce fût bien entendu beaucoup plus nuancé et bien moins manichéen).
Un grand débat qui se termina en queue de poisson puisque les deux partis se proclamèrent vainqueurs... Contrairement à l'idée trop répandue, l'objectif du débat n'était pas de savoir si les Indiens avaient une âme : comme on l'a vu, Paul III y avait déjà répondu treize ans plus tôt en affirmant que les Indiens étaient des êtres humains et que s'ils devaient être convertis, ce devait être par la prédication uniquement. Le débat de Valladolid posait une question certes religieuse à la base, mais derrière, on trouvait d'importantes questions politiques et économiques.
Au final, le débat déboucha sur un ralentissement certain de la colonisation espagnole au Nouveau Monde. On objectera qu'elle était déjà quasiment achevée et que, par conséquent, cela ne changea pas grand-chose... Il y eut pourtant un grand perdant : l'Afrique. La controverse de Valladolid officialisa définitivement le fait que les Indiens précolombiens avaient un statut égal à celui des blancs européens. Par conséquent, leur esclavage n'était plus possible. Du coup, les européens se tournèrent vers le continent noir et amplifièrent la traite des noirs pour alimenter en main-d'oeuvre le Nouveau Monde... (Source : Wikipédia)
VIC
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Dim 7 Fév - 22:38
Un très bon téléfilm avec de grands acteurs, et un sujet passionnant.
Voyageur Solitaire Admin
Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
Le téléfilm est en effet très bon (Carmet, Marielle, Trintignant quand-même) mais je lui reproche de s'éloigner du sujet réel de la fameuse controverse.
Dans le téléfilm, le sujet devient en gros "les Indiens ont-ils une âme ?" Or, comme on l'a vu plus haut, treize ans plus tôt, le pape Paul III avait proclamé que "les Indiens sont de véritables êtres humains" et que "leur liberté et propriétés doivent être respectées". La véritable question posée par l'empereur portait sur la façon de coloniser le Nouveau Monde, ce qui n'est pas exactement la même chose : "traiter et parler de la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde, suspendues par l'empereur, pour qu'elles se fassent avec justice et en sécurité de conscience".
Le véritable débat avait des implications politiques, économiques, sociétales mêmes. Et des enjeux du même ordre. Enfin, le débat semble avoir eu lieu principalement à distance, par courrier et échanges de thèses et rapports, certains historiens doutent même que de las Casas et de Sépulveda se soient retrouvés physiquement face à face. Ce qui n'enlève rien à la qualité du téléfilm.
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Sam 30 Oct - 22:31
William Adams, le premier samouraï occidental
(image : vitantica.net)
Navigateur anglais né en 1564, toujours présent dans l'histoire japonaise, William Adams est le premier anglais à aborder au Japon où il s'installera pour finalement devenir samouraï et conseiller d'un puissant seigneur. C'est lui qui inspirera James Clavell pour son roman Shogun d'où sera tirée la série du même nom.
Dès son plus jeune âge, notre homme apprend la construction navale, l'astronomie et la navigation avant de prendre enfin la mer en devenant pilote. Avide de voyage et d'aventures, il part deux ans en Arctique, trouvant néanmoins le temps de se marier, sa femme lui donnant une fille. A 34 ans, il est engagé par les Hollandais pour piloter depuis Rotterdam une flotte de cinq navires envoyés vers l'Extrême-Orient afin de trouver de nouveaux débouchés commerciaux avec l'Asie. Tempêtes, naufrages, scorbut, abordages, attaques et autres péripéties se succèdent, des côtes de l'Afrique à celle de l'Argentine et du Chili jusqu'au Japon où aborde finalement, en 1600, un seul navire, piloté par notre homme, exténué. Il ne reste que neuf membres d'équipage encore debout...
Les nouveaux arrivants sont accueillis par les jésuites qui, jaloux de leur influence et position, voient leur venue d'un sale oeil. Adams et ses hommes sont donc faussement accusés de piraterie, ce qui doit normalement les conduire à la mort. En attendant, ils sont transférés au château du seigneur local, Ieyasu Togukawa. Ce dernier, intrigué, accorde un entretien à Adams et se montre intéressé par les solides connaissances de ce dernier. Rapidement, une amitié et une estime réciproque se nouent entre les deux hommes. Les jésuites, blêmes, ravalent leur dépit et voient la faveur du nouveau venu augmenter de jour en jour. Ieyasu demande à Adams de lui construire un vaisseau de type occidental, puis un second, plus grand. Le seigneur, après avoir vu évoluer les deux navires, est très satisfait et dit à Adams de venir au palais "quand il voudra" et de "toujours être présent à ses côtés". Les membres de l'équipage échoué sont également bien traités : certains reçoivent l'autorisation de rentrer en Europe, d'autres restent et se lancent avec succès dans le commerce.
L'ascension d'Adams ne connaît plus de limite : il devient conseiller privé, diplomate. Puis, honneur incroyable, il est fait samouraï. Il reçoit un domaine, des terres et de larges revenus, honneurs et privilèges. En échange, il instruit les hommes de Ieyasu et les initie aux sciences et techniques occidentales, à l'astronomie, la navigation... Ce qui permet à Ieyasu de renforcer son influence, sa puissance, et de gravir les marches du pouvoir jusqu'à devenir Shogun. Il y a malgré tout un prix à payer : Adams se voit formellement interdire de quitter le Japon. Des compatriotes de passage dans l'archipel le découvrent vêtu à la japonaise, parlant japonais couramment et vivant à la japonaise. Adams se marie même avec la fille d'un haut dignitaire avec laquelle il aura des enfants. Infatigable, l'ancien pilote fonde une compagnie de commerce et commande deux expéditions commerciales au Siam et deux en Indochine en 1614, 1615, 1617 et 1618, au nom de son seigneur. C'est un plein succès en dépit des typhons, tempêtes, pirates et autres péripéties. De retour à la cour, Adams apprend la mort de Ieyasu, qui le marque profondément. Le nouveau Shogun, fils d'Ieyasu, lui assure néanmoins tout son soutien et sa protection.
Cette vie d'aventures et de roman s'achève lorsque William Adams meurt, en 1620, à 56 ans. Il n'est jamais retourné dans son pays mais dans son testament, il lègue sa fortune à sa première femme restée là-bas et à leur fille (il avait reçu l'autorisation de correspondre avec elles et leur donnait de ses nouvelles par courrier). Il repose donc au Japon où des rues portent son nom japonais, Miura Anjin et où il est présent dans les manuels scolaires, comme Yasuke, le samouraï noir dont nous avons déjà parlé. Chaque 15 juin, une célébration a lieu en son honneur et un village qui appartenait à son domaine porte son nom.
Sa pierre tombale
C'est de sa vie dont s'est inspiré l'écrivain James Clavell pour écrire en 1975 son roman à succès, Shogun. Le roman raconte en fait l'histoire du seigneur Toranaga, inspiré de Iesayu et son ascension de petit seigneur local à Shogun à travers les yeux d'un naufragé occidental qui devient son ami et lui apporte ses connaissances. Suivra la série TV éponyme, à succès elle aussi, mais qui modifiera la perspective du roman : dans la série, c'est le marin échoué qui est le héros, le personnage principal, alors que dans le roman, c'est le seigneur japonais. Pour l'anecdote, c'est Sean Connery qui était pressenti pour ce rôle puis, devant son refus, Roger Moore. Ce dernier ayant refusé également, Richard Chamberlain, très connu à l'époque (surtout au théâtre) obtiendra le rôle. A la fin d'une de ses pièces, un ami lui offrira un exemplaire du roman en lui promettant que ce dernier devrait lui plaire. Bien que Shogun fût un best-seller, Chamberlain n'en avait pas entendu parler. Il le dévora d'une traite et fonça aux studios, affublé d'une fausse barbe pour ressembler au personnage et demanda avec insistance à pouvoir l'incarner.
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Ven 29 Juil - 15:40
Diane de Poitiers, la presque reine
(image : histoire-et-secrets.com)
Henri II, fils de François Ier, l'aima (platoniquement ou pas, on en débat encore) et, pendant 20 ans, la couvrît d'honneurs, de privilèges et de richesses, faisant d'elle sa presque reine. Presque ? Effectivement, Henri II était déjà marié, à une certaine Catherine de Médicis...
Diane de Poitiers naît vers 1500. Issue de la noblesse, elle finira, en dépit de deux mariages, par devenir la maîtresse d'Henri II, vers ses 40 ans. Ce qui à l'époque est la vieillesse pour une femme... Mais la favorite est réputée pour sa beauté, sa fraîcheur, intacte malgré le temps qui passe et Henri II est vraiment amoureux d'elle, bien qu'il ait 20 ans de moins. Il lui offre des bijoux appartenant à la Couronne, un hôtel particulier, un duché, des terres, le château de Chenonceaux... La belle reçoit jusqu'à 100 000 écus, somme "extraordinaire" pour l'époque. Au château de Saint-Germain, son appartement est situé sous celui de la reine et possède une chapelle privée, privilège d'ordinaire réservé aux femmes de la famille royale. Encore plus fort : Henri II prend pour emblème le croissant de lune, symbole de la déesse Diane et l'appose partout, sur les tenues de ses pages, les couvertures de ses livres, les vitraux de ses demeures... Quand il part à la guerre, il écrit à sa favorite tous les jours et jamais à sa femme... De plus, Diane se révèle femme d'affaires avisée : elle s'entoure d'hommes de loi et de juristes qui lui permettent de faire confortablement fructifier ses avoirs.
Un secret de beauté
A la cour, on s'interroge : comment fait la belle Diane pour être aussi fraîche, aussi radieuse, à plus de 40 ans ? La belle avait semble-t-il adopté un mode de vie assez original : elle se levait de grand matin et allait faire une promenade, à pied ou à cheval, puis retournait au lit où elle se reposait, lisait ou rédigeait son courrier après une collation légère. Elle marchait beaucoup, faisait jusqu'à trois heures de cheval en une journée, nageait dans la rivière, prenait un bain froid chaque jour pour se tonifier et refusait tout maquillage (souvent toxique à l'époque). Il semble également qu'elle surveillait de près son alimentation. Certains n'hésitaient pas à dire qu'elle était sorcière et usait de charmes et de filtres pour conserver sa beauté.
(image : histoire-pour-tous.fr)
Et la reine ?
(image : fr.vikidia.org)
A cette époque, loin de son image "noire", Catherine de Médicis est une jeune fille pas très jolie, timide, folle amoureuse de son mari qui la délaisse totalement. De plus, pendant longtemps, elle n'a pas d'enfants au point qu'on la croit stérile et elle craint d'être répudiée et renvoyée en Italie. Par chance, elle s'entend très bien avec son beau-père François Ier qui apprécie son intelligence et la protège. Mais elle se sait perdante d'avance face à l'éclat insolite de la belle Diane et elle endure sa présence en silence, chose d'autant plus difficile que Diane est devenue (sur ordre du roi) une de ses dames de compagnie ! Elle va même jusqu'à s'occuper des enfants royaux... Amoureuse de son mari, Catherine craint de lui déplaire, de le perdre, et elle préfère donc se taire et ronger son frein. La redoutable Catherine de Médicis fût d'abord une amoureuse timide et humiliée, discrète et attendant son heure. Pendant ce temps, Henri II n'hésite pas à séjourner à Anet, chez sa maîtresse qu'il fait peindre à plusieurs reprises et avec laquelle il fait de longues promenades à cheval dans le parc.
La fin
1559. Diane approche de la soixantaine et elle est toujours aussi séduisante. Témoignage de Brantôme : " Je vis cette dame six mois avant qu'elle ne mourût, si belle encore que je ne sache coeur qui n'en serait pas ému. Sa beauté, sa grâce, sa majesté, étaient toutes pareilles qu'elle avait toujours eu ". Elle règne depuis quasiment 20 ans sur le coeur du roi quand ce dernier meurt, mortellement blessé au cours d'un tournoi. Diane n'est pas la seule à pleurer : Catherine de Médicis est effondrée, elle prend le deuil en noir (alors que jusqu'ici, le deuil des reines était en blanc) jusqu'à la fin de sa vie et se couvre la tête d'un voile noir qui ne la quittera plus. Mais la voilà désormais reine-mère... Pourtant, aucune vengeance ne s'abat sur Diane de Poitiers. La reine-mère lui laisse quasiment tout : ses bijoux, son or, ses terres, ses titres et ses biens... Elle ne récupère que les bijoux de la Couronne et le château de Chenonceaux. Elle va même jusqu'à offrir à son ancienne rivale le château de Chaumont en échange ! Diane de Poitiers se retire à Anet où elle meurt à 66 ans.
Une tombe profanée
En 1795, alors que la Révolution se déchaîne, la tombe de Diane est profanée par les révolutionnaires. Son sarcophage de marbre noir est ouvert, révélant un corps "parfaitement conservé" et les dépouilles de deux petites filles mortes en bas âge. A l'air libre, le corps se dégrade très vite et il est jeté dans une fosse proche, les longs cheveux se détachant du crâne lors de la manoeuvre (une mèche, récupérée par un des profanateurs, est encore aujourd'hui exposée au château d'Anet).
En 2008, le squelette de la belle est retrouvé et identifié. En 2010, la dépouille revient dans son tombeau d'origine. Les analyses permettent de découvrir la cause probable de la mort de Diane : les os révèlent une concentration d'or et de différents minéraux anormalement élevée. Désireuse de conserver son éclat, ce teint si frais qui faisait sa renommée, la belle absorbait en fait chaque jour de l'or dissous dans de l'eau. C'est ce que l'on appelle "l'or potable", une solution qui, à la Renaissance, passait pour être un élixir de jeunesse. Le mélange, hautement toxique, ingéré régulièrement, a sans doute emporté Diane. Ceux qui la disaient sorcière ou l'accusaient d'user de philtres alchimiques n'avaient finalement pas tellement tort...
Voyageur Solitaire Admin
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Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Dim 9 Oct - 9:06
Les huit femmes d'Yvan le Terrible
Image : ladepeche.fr
On pense souvent aux successives épouses d'Henry VIII d'Angleterre. Mais un autre souverain, Yvan le Terrible, a eu lui aussi des relations complexes avec de nombreuses femmes et n'a rien à envier dans ce domaine à son royal confrère. Petite revue de détail :
Anastasia Romanovna Zakharina-Iourieva
Elle est sa première épouse et lui donnera six enfants. Il semble l'avoir sincèrement et profondément aimé. Elle avait visiblement sur lui un effet apaisant, modérateur, et une influence certaine. Elle apaisait ses colères, la violence qui bouillonnait en lui. On la disait timide, discrète et douce, d'une grande beauté. Mais son influence déplaisait à certains à la cour... Elle meurt subitement, encore bien jeune, de manière inexpliquée. Yvan, terrassé de chagrin, soupçonne un empoisonnement, fait arrêter et torturer plusieurs grands seigneurs qu'il savait hostiles à l'impératrice. Le corps de cette dernière, exhumé et analysé par les scientifiques, a révélé une concentration anormalement élevée de mercure, d'arsenic et de plomb, ce qui semble accréditer l'empoisonnement.
Maria Temrioukovna
Avec elle, c'est l'amour passion. La seconde impératrice est une princesse nomade, musulmane, qui se convertit à l'orthodoxie. Flamboyante, intrépide et rebelle, bonne cavalière, elle n'a peur de personne et elle ose tenir tête au Tzar lui-même, ce qui étonne ce dernier et l'excite sans doute aussi. Mais la nouvelle souveraine passe très mal, tant auprès des nobles que du peuple : analphabète à son arrivée, trop rebelle, rejetant les usages de la cour, elle reste une étrangère, une femme trop libre, incapable de s'intégrer et de s'adapter à son nouveau rôle. Des bruits courent, on la dit sorcière, on parle de rituels sataniques. Elle meurt à 25 ans, sans doute empoisonnée. Par un complot des nobles pour certains, par Yvan lui-même pour d'autres.
Marfa Vasilevna Sobakina
Sur ordre du Tzar, 2000 filles nubiles sont rassemblées au palais. Après un choix minutieux, le souverain en garde 12. Parmi ces dernières prétendantes, il choisit la fille d'un marchand, Marfa Vasilevna. Sitôt désignée, la belle tombe gravement malade : elle maigri à vue d'oeil, tient à peine debout. C'est une morte vivante qui épouse le Tzar avant de mourir quelques jours plus tard. Ce serait sa mère qui l'aurait empoisonnée involontairement, en lui donnant une potion censée augmenter sa fertilité. Ce qui n'empêche pas Yvan, une fois encore, de faire arrêter et torturer certains de ses seigneurs en les accusant d'empoisonnement...
Anna Alexeievna Koltovskaïa
La quatrième impératrice, fille d'un courtisan, ne règne pas longtemps. Yvan l'accuse de complot, obtient l'annulation de son mariage et la fait enfermer à vie au couvent avant de faire massacrer toute sa famille...
Anna Vassiltchikova
Elle semble avoir été épousée sur un coup de tête car sans le consentement de l'Eglise. Elle disparaît très vite et de façon mystérieuse, on ne sait quasiment rien d'elle.
Vassilissa Melentieva
Destinée toute aussi terrible pour la sixième Tzarine : quelques mois après leur mariage, Yvan apprend par la police secrète impériale que son épouse a une liaison avec un prince. Furieux, il fait empaler ce dernier sous les yeux de l'impératrice avant d'enfermer cette dernière dans un couvent.
Maria Dolgoroukaïa
De très haute naissance, son règne sera éphémère : Yvan la fait noyer car elle ne serait pas arrivée vierge au mariage.
Maria Fiodorovna Nagaïa
Elle a le destin le plus inattendu. Sa relation avec Yvan tourne mal assez vite mais la naissance d'un fils, Dimitri, lui sauve sans doute la vie. Problème : comme l'Eglise orthodoxe n'autorise que quatre mariages successifs, l'enfant n'est pas reconnu. Entretemps, Yvan meurt. Devenue veuve, la Tzarine, ses frères et son fils sont envoyés en exil. C'est là que son fils, très jeune, meurt de façon mystérieuse, crime ou accident. Accusée de négligence, Maria est condamnée au couvent à vie. Mais en attendant, le trône reste plus ou moins vacant. On met alors en place un "faux Dimitri", que l'on fait passer pour le fils perdu de Maria. Cette dernière est alors libérée de son couvent et rentre à Moscou où elle doit reconnaître officiellement cet imposteur comme étant bien son fils. Maria redevient alors souveraine en tant qu'impératrice-mère, ses frères sont rétablis dans leurs rangs. L'impératrice-mère ne s'entendra jamais avec ce fils imposé : quand il meurt, elle n'hésite pas à le renier et à dénoncer l'imposture. Elle meurt, peu de temps après, au palais.
Pour ceux qui seraient intéressés, il y a une récente série de 2020 (pas mal romancée sans doute et qui ne se concentre que sur six des huit épouses) mais que je trouve plaisante, sur le sujet :
VIC
Messages : 4256 Date d'inscription : 18/01/2012
Sujet: Re: RENAISSANCE-GRANDES DECOUVERTES Mer 12 Oct - 9:20
Le terrible... C'est l'adjectif qui convient pour toutes ces épouses. Alors effectivement, on a là de bons ingrédients pour une série TV. Cette répétition des décès ou emprisonnements a presque quelque chose de comique, un peu comme les Darwin awards.