TRESOR FUNERAIRE DE TOUTANKHAMON

Le joyau des 500 pièces et objets de la chambre funéraire du jeune pharaon. Sans doute l'une des oeuvres les plus célèbres au monde.



Ce masque protégeait la tête, les épaules et le haut du buste du défunt. En or massif, il pèse 11 kg et mesure 54 cm de haut sur 39 de large. Le visage du pharaon (sans doute idéalisé) est coiffé du némès, coiffe traditionnelle nouée en catogan sur la nuque. Coiffe striée de bandes de verre bleu imitant le lapis-lazuli. Le front porte le serpent et le vautour sacrés, en or incrusté de verre coloré et pierres semi-précieuses. Les yeux sont en quartz et obsidienne discrètement rehaussés d'un point rouge dans les angles. Des yeux soulignés de fard en verre bleu tandis que le menton s'orne d'une barbe postiche en or incrustée de verre.
Le large collier est composé de 12 rangées de lapis-lazuli, de quartz, d'amazonite et de verre coloré. Il se termine à chaque épaule par une tête de faucon incrusté d'obsidienne. Les épaules et le dos du masque sont recouverts de hiéroglyphes reprenant une formule magique du "Livre des morts", intitulée "Formule pour la tête mystérieuse".

Détail de l'arrière du masque :



Cette merveille se trouve au musée des antiquités égyptiennes du Caire, comme le reste du fabuleux trésor.

Le trône de Toutankhamon est l'une des merveilles de son "trousseau" funéraire. Il est en bois recouvert de feuilles d'or, la scène sur le dossier est incrustée de verre coloré, de pierres semi-précieuses et de faïence. Elle représente le pharaon et son épouse.
Ce trône est haut d'un mètre, large de 54cm et long de 60cm. Les accoudoirs sont ornés sur le côté du vautour sacré portant la double couronne, des têtes de lion ornent le devant du siège et les pieds sont des pattes de lion.



Le dos du siège n'était pas moins richement ornementé, notamment avec des Uraeus, le cobra sacré :

Les vases canopes sont les récipients où les embaumeurs déposaient les organes prélevés sur le corps du défunt (seuls le coeur et les reins étaient laissés en place). Soigneusement préservés, les organes étaient alors placés dans ces vases afin que le défunt puisse reconstituer son corps dans l'au-delà. La plupart du temps, ces vases sont fermés par un couvercle représentant une divinité.
Ceux de Toutankhamon diffèrent, leur couvercle étant à l'effigie du souverain. Ils sont en albâtre, de même que le "coffre" qui les accueille, gravé des quatres déesses protectrices, Nephthys, Isis, Neith et Selkis. Nephthys protégeait les poumons, Isis le foie, Neith l'estomac et Selkis les intestins.

Mais pour plus de sécurité, cet ensemble a été enfermé dans une fabuleuse châsse en bois doré :


Frangée sur le sommet d'un rang d'uraeus, le cobra sacré surmonté du disque solaire, gravée de formules protectrices, la châsse est ornée de chaque côté d'une statue des quatres déesses protectrices, montant la garde. Elles ont la tête tournée sur le côté pour montrer leur vigilance, fait inhabituel dans la statuaire égyptienne.

Rien n'était trop beau pour protéger le sommeil éternel du Pharaon. Pas moins de trois sarcophages, tous plus magnifiques les uns que les autres et emboités les uns dans les autres, abritaient la dépouille momifiée du souverain. Mais ces trois sarcophages étaient placés au coeur de quatre chapelles successives ! A gauche un extrait du livre des morts gravé dans l'or sur l'un des côtés d'une des chapelles. A droite, une vue de devant, avec les portes ouvertes permettant d'y intégrer (ou sortir) les chapelles suivantes.


Quatre immenses chapelles en bois richement décorées à la feuille d'or, s'emboitant comme des poupées russes :


La dernière contenait la cuve funéraire, chef-d'oeuvre en quartz rose, dont le couvercle pesait à lui seul 1250 kilos... ornée aux angles des déesses protectrices :


C'est sous ce lourd couvercle que reposaient les trois sarcophages :


C'est le premier que vît Carter après l'ouverture de la cuve funéraire. En bois couvert de feuilles d'or, décoré de verre coloré, d'une longueur de 2,20 m, il contenait le sarcophage intermédiaire qui contenait lui-même le sarcophage principal.


Plus petit (2 m de longueur) il est orné de pâtes de verre coloré et de pierres semi-précieuses. Plus richement orné, il contenait le sarcophage principal.
Ici, les deux sarcophages, l'extérieur au second plan et l'intermédiaire au premier plan :


1,80 m de longueur et 110 kilos d'or pur... A l'intérieur reposait la dépouille momifiée du pharaon, entourée de ses bandelettes entre lesquelles les embaumeurs avaient placé des amulettes protectrices. Dernier chef-d'oeuvre, le magnifique masque mortuaire recouvrait le visage du défunt :


Détail émouvant :
"Ce qui nous toucha surtout par sa tendre simplicité, c'est la petite couronne de fleurs qui entourait ces emblèmes. Il nous plût de penser que c'était là le dernier adieu de la veuve royale à son époux. Parmi ces splendeurs royales, toute cette magnificence déployée et tout cet or, rien n'était plus beau que ces quelques fleurs fânées qui avaient gardé un peu de leurs fraîches couleurs."
Howard Carter

C'est incroyable la richesse de cette découverte et de ce tombeau, surtout dans un tel état de conservation, sans profanation, c'est assez remarquable et unique. Et surtout ce doit être magique et grisant quand on est les premiers depuis des millénaires à y entrer, la soif de découverte...

Ce qui donne le vertige, c'est ce trésor incroyable, ces soins, cette minutie, ces attentions, pour un pharaon mineur, mort à 19 ans, et qui n'a rien laissé dans l'histoire. Sinon le plus fabuleux des trésors...

On s’émerveille devant cette découverte mais aurait on été ravi si des Égyptiens étaient venus déterrer et profaner les tombes de nos rois ?

Ce qui est unique dans ce cas c'est que pour une fois les pillards ne l'avait pas trouvé. Car a mon avis les tombeaux de Pharaons plus célèbre et rayonnant devaient receler des trésors fabuleux.

Albatur a écrit:

On s’émerveille devant cette découverte mais aurait on été ravi si des Égyptiens étaient venus déterrer et profaner les tombes de nos rois ?

Ce qui est unique dans ce cas c'est que pour une fois les pillards ne l'avait pas trouvé. Car a mon avis les tombeaux de Pharaons plus célèbre et rayonnant devaient receler des trésors fabuleux.

Des barbares bien français sont venus profaner les tombes royales de Saint-Denis en 1793... On a pas eu besoin des Egyptiens.

Sinon, le pillage des tombes de pharaons existaient déjà sous l'Egypte antique. Bien souvent même seulement quelques heures après que le sarcophage ait été entreposé dans la pyramide, il y avait déjà des pillards qui commençaient leur besogne...

Il semble bien que la mort "prématurée" du pharaon ait pris de court son entourage. A 19 ans, il n'avait sûrement pas eu le temps de s'occuper de sa demeure d'éternité. Beaucoup de spécialistes pensent aujourd'hui que ce tombeau était à l'origine destiné à un autre et qu'on l'a inhumé là, faute d'avoir eu le temps de lui construire son tombeau "officiel".

Ce qui me fascine, c'est cette attention, cette dévotion, ces soins pieux et méticuleux pour quelqu'un qui ne les verra jamais... J'imagine ces mains respectueuses qui posent le masque d'or sur le visage emmailloté, referment et scellent le premier sarcophage... L'emboîte dans les deux autres... Et puis, la cuve funéraire, on place les sarcophages, on fait coulisser le lourd couvercle... Et après, on "rentre" la cuve dans sa première chapelle, on referme les portes de cette dernière, on la rentre dans la suivante... J'imagine ces hommes, silencieux, respectueux, opérant dans la pénombre avec des gestes lents, précautionneux, sans doute au milieu de parfums, d'odeurs, d'invocations et de prières... Je trouve ça fascinant.

Voyageur Solitaire a écrit:

Ce qui me fascine, c'est cette attention, cette dévotion, ces soins pieux et méticuleux pour quelqu'un qui ne les verra jamais... J'imagine ces mains respectueuses qui posent le masque d'or sur le visage emmailloté, referment et scellent le premier sarcophage... L'emboîte dans les deux autres... Et puis, la cuve funéraire, on place les sarcophages, on fait coulisser le lourd couvercle... Et après, on "rentre" la cuve dans sa première chapelle, on referme les portes de cette dernière, on la rentre dans la suivante... J'imagine ces hommes, silencieux, respectueux, opérant dans la pénombre avec des gestes lents, précautionneux, sans doute au milieu de parfums, d'odeurs, d'invocations et de prières... Je trouve ça fascinant.

On procédait aussi, dans une moindre mesure, de la même manière avec nos Rois de France puisque le coeur était enlevé et placé dans une urne. Le corps était embaumé et inhumé à Saint-Denis et le coeur était déposé au Val-de-Grâce.

Même leurs entrailles étaient enterrées à part.

Bien sur, il n'étaient pas entièrement momifiés mais on retrouve à peu près la même idée.

Reprenons notre découverte des richesses du Pharaon...
Parmi ces dernières, il n'y a pas que l'or et les pierres précieuses. En témoigne la fameuse barque d'albâtre :



On ignore le but de ce petit chef-d'oeuvre d'albâtre peint, tout en grâce et finesse. Il s'agit peut-être d'une représentation de la barque funéraire du Pharaon, censée transporter son sarcophage vers sa dernière demeure.
La proue et la poupe sont ornées d'une tête de bouquetin, une jeune femme nue se tient à l'avant, portant perruque nattée, une fleur de lotus à la main. Le personnage à l'arrière est une naine, debout (Elle tenait peut-être une perche pour faire avancer l'embarcation). Au centre, la cuve destinée au sarcophage.
Chose étrange, le bouquetin était inconnu ou quasiment en Egypte, pourquoi alors le faire figurer à la proue d'une nef royale ? Peut-être s'agit-il en fait d'une espèce de gazelle... La naine symboliserait peut-être le dieu Bès, divinité de la joie, du rire et du divertissement et souvent représenté sous la forme d'un nain. La mystérieuse jeune femme nue à l'avant peut être vue comme une allégorie de la jeunesse, de la vie et par extension, de la vie éternelle. Logique pour une nef emmenant le défunt vers l'au-delà et donc vers la vie éternelle.

Mais tout ceci n'est que conjectures : la nef d'albâtre garde encore ses secrets.

Une dague de son tombeau serait faite à partir de fer qui proviendrait d'une météorite.

http://www.maxisciences.com/toutankhamon/la-dague-du-pharaon-toutankhamon-serait-forgee-avec-du-fer-extraterrestre_art38035.html

(Qui a dit Stargate ?)

Ce que l'on appelait jadis les "pierres de foudre" étaient connues depuis la plus haute Antiquité.

Les Egyptiens n'y voyaient peut-être pas la main des extraterrestres mais le don d'un être divin. C'était le métal idéal pour la dague d'un roi.

Jacques Martin y fait allusion dans Le spectre de Carthage, un album d'Alix : il évoque l'orichalque, un fabuleux métal tombé du ciel dans le désert sous forme de météorites et découvert par les Pharaons.

Au-delà du fameux trône d'or vu plus haut, six autres trônes étaient présents dans la tombe, disposés dans l'annexe et l'antichambre.

Ce dernier se situait dans l'annexe, entièrement emmaillotté de bandelettes de lin. Il semble que le dossier ait été rajouté par la suite.
Il est en ébène, ouvragé d'or, d'ivoire, de verre coloré, de faïence et de pierres semi-précieuses.
En haut du dossier, sous une frise de serpents surmontés du disque solaire, la déesse vautour Nekhbet déploie ses ailes, encadrée par les cartouches ornés du nom du Pharaon.
La partie où ce dernier s'asseyait imite la peau tachetée d'un animal, les jambes sous le siège reprenant celles de l'animal, peut-être un guépard. Les extrémités du siège, en bas, représentent des têtes d'oie. Comme pour le trône d'or, il était accompagné de son repose-pieds.



Le siège est également muni d'un système de pliage, ce qui semble indiquer que l'on pouvait replier les pieds et ainsi le transporter commodément, hypothèse renforcée par le dossier visiblement rajouté par la suite. A l'origine, le siège aurait donc été un tabouret pliable.
Certains chercheurs pensent à un siège qui accompagnait le Pharaon à la chasse ou lors de ses sorties.
Certainement l'un des plus beaux en tous cas, ouvragé et décoré avec minutie et raffinement.

J'ai vu la grande majorité des pièces du tombeau de Toutankhamon l'an dernier lors de l'exposition à Paris sur son trésor, même s'il manquait quelques pièces.
L'exposition fut un grand succès. La beauté de certains trésors est époustouflante. J'ai une nette préférences pour les pièces épurées du trésor, mais même devant celle très chargées, il est facile d'avoir le souffle coupé.
Et puis il y a l'aura de mystère qui entoure la découverte archéologique, la plus spectaculaire du XXè siècle, la plus médiatique, la plus incroyable avec cette histoire de malédiction, qui enflamma l'imagination du monde entier. Comme celle d'un certain E.P.Jacobs, qui a son tour enflamma celle de ses lecteurs.

Vic parlait plus haut des pièces épurées du trésor.
Voici donc la "coupe au souhaits" :



Cette superbe coupe est en albâtre, en forme de lotus blanc, ses pétales délicatement ciselés sur les côtés. Le rebord supérieur est orné d'un long cartouche rectangulaire où se succèdent les noms officiels du Pharaon, suivis de la formule :"Aimé d'Amon, Seigneur des deux trônes et des deux Terres et Seigneur des Cieux".
Sur chaque flanc, un autre cartouche. L'un donne les titres du Pharaon, l'autre lui souhaite une longue vie : "Puisse ton essence vivre, puiss-tu vivre des millions d'années. Oh, toi qui aime Thèbes, assis avec ton visage tourné vers le vent du nord et tes yeux refermés sur le bonheur".

C'est cette formule qui a décidé Carter à nommer cette coupe "la coupe aux souhaits". Une coupe qui traînait au sol devant la porte de l'antichambre de la tombe et que Carter dût enjamber pour atteindre le panneau.
De chaque côté, les anses se divisent en fleurs de lotus surmontées d'une effigie de Heh, le dieu de l'éternité, tenant des palmes frappées de la croix Ank, symbole de la vie éternelle.

VIC a écrit:

J'ai vu la grande majorité des pièces du tombeau de Toutankhamon l'an dernier lors de l'exposition à Paris sur son trésor, même s'il manquait quelques pièces.
L'exposition fut un grand succès. La beauté de certains trésors est époustouflante. J'ai une nette préférences pour les pièces épurées du trésor, mais même devant celle très chargées, il est facile d'avoir le souffle coupé.
Et puis il y a l'aura de mystère qui entoure la découverte archéologique, la plus spectaculaire du XXè siècle, la plus médiatique, la plus incroyable avec cette histoire de malédiction, qui enflamma l'imagination du monde entier. Comme celle d'un certain E.P.Jacobs, qui a son tour enflamma celle de ses lecteurs.

Vu aussi et c'était bluffant (sauf pour deux nazes qui disaient que c'était pas si vieux "ça date de 1600" ! Bandes de crétins 1600 av JC ! Mais il faut encore savoir lire)...

Cette coupe était très belle. Moi j'ai adoré une petite statue du dieu Horus qui était magnifique.