FRANK FRAZETTA

Frank Frazetta, né le 9 février 1928 à Brooklyn (New York) et mort le 10 mai 2010 d'une attaque cardiaque à Fort Myers (Floride), est l'un des artistes américains les plus influents de la science-fiction et de la fantasy.
Il reste un géant de l'illustration de l'Heroic Fantasy, principalement par le personnage de Conan. Ses célèbres couvertures pour cette saga ont fait le tour du monde et contribué à son colossal succès. Ses illustrations débordent de vie, d'énergie et de couleurs sans oublier la présence récurrente de femmes opulentes aux rondeurs voluptueuses.
Il participa également à l'animation du dessin animé de Fantasy "Tygra, la glace et le feu". Il illustra Flash Gordon, Buck Rogers, Vampirella... Mais de son propre aveu, Conan reste son personnage préféré. Il créa également des bandes dessinées et des affiches de films. Son succès reste phénoménal : son livre d'illustrations en cinq volumes "The fantastic art of Frank Frazetta" se vend à plus d'un million d'exemplaires.
En 2009, la peinture originale de l'illustration de la première édition de "Conan the Conqueror", publiée par Lancer en 1967, est achetée pour la somme d'un million de dollars par Kirk Hammett, le guitariste du groupe Metallica. Un musée est même créé pour exposer ses toiles et dessins.
En décembre 2009, un de ses fils, Alfonso, fut arrêté pour avoir tenté de voler 90 peintures de son propre père qui y étaient exposées (estimées pour un total de 20 millions de dollars).
Frazetta a la douleur de perdre sa femme Eleanor des suites d'un cancer en juillet 2009. Il la suit dans la mort le 10 mai 2010 en Floride.

Ah si j'avais pu garder les cartes couleurs reprenant les dessins des couves de Conan J'ai Lu à l'époque, j'aimais bien ce principe d'avoir une belle image à détacher du livre surtout quand c'était du Frazetta;;;.

En 1973, Frazetta réalise une de ses oeuvres les plus célèbres : The Death dealer (Le pourvoyeur de mort) :


Cette peinture va connaître une célébrité immédiate et va devenir une référence de l'illustration Heroic Fantasy. Son succès sera si énorme qu'elle va donner naissance à des produits dérivés (statuettes, figurines) mais aussi BD et romans. Ainsi, James Silke a écrit quatre romans autour du Death Dealer :

- Prisoner of the Horned Helmet
- Lords of Destruction
- Tooth and Claw
- Plague of Knives

De nombreux artistes, dans tous les domaines et tous les styles, reprendront cette image et ce personnage emblématique.

The death dealer a servi notamment de couverture au livre des règles du jeu de rôle Bloodlust. Plusieurs autres de ses dessins sont utilisés pour les suppléments suivants.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bloodlust

Le maître ! C'est clair que les illustrations de Conan sont cultes et le Deathdealer a dû en faire fantasmer plus d'un(e). Par contre, les nouvelles illustrations utilisées par J'ai Lu sont très mauvaises.
Un petit bouquin sympa sur Frazetta, paru aux Editions Corentin :

http://editionscorentin.com/shop/frank-frazetta-2/

Le livre est assez mince (79 pages), mais parcourt rapidement la carrière de Frazetta en partant de ses débuts dans la BD. On peut le trouver à pas cher d'occas' ou même en neuf.

Pour ceux que cela intéresse, il y a un blog sympa qui relève les "Frazettades", c'est-à-dire des utilisations ou des plagiats mesquins d’œuvre de ce cher Franck :
http://laurentlefeuvre.over-blog.com/categorie-11453095.html

Et il y a aussi ce jeu, Nightstone (une bouse, soit dit en passant) dont la jaquette est scandaleusement pompée sur Frazetta (en plus, c'est ça qui me l'avait fait acheter ! ) :

Oui, Frazetta reste incontournable et son influence sur toute une génération d'illustrateurs en témoigne.
Je trouve à ses oeuvres un côté païen, sensuel et sauvage, il s'en dégage une énergie vibrante qui semble crever la toile. En plus, ses oeuvres font vraiment "peintures", loin de l'hyperréalisme dû à l'aérographie et photoshop...

I am speechless... Je reste sans voix... Astre* Solitaire, tu viens de décrire exactement ce que je ressens devant une toile de Frazetta.
Une toile de Frazetta, c'est animal, ça éclate, ça vibre, ça vous pête à la gueule ! On dirait une éclaboussure de couleurs, comme plusieurs seaux de peintures balancés sur une page blanche et qui forment un dessin. C'est le mouvement, c'est la vie. Trop fort.

Ravi qu'on soit sur la même émotion - car en fait je pense que c'est ce dont on parle. Et c'est pourquoi la peinture a encore de beau jour devant elle - elle crée ou génère une émotion sans pensée. Le lien entre la toile et le cœur est instantané. (Et c'est vers ce lien immédiat qu'à mon avis la poésie tend.)
Ensuite, cela dépend des individus : ça prend ou ne prend pas.
C'est aussi une des raisons pour lesquelles j'abhorre viscéralement l'art moderne à base de concept. Ils inversent cette notion pour parler au cerveau. On quitte à mon sens le domaine de l'Art pour pénétrer dans celui de l'Idée. Je n'ai rien contre, sauf à vouloir nous faire prendre l'un pour l'autre...
Mais là, on quitte Frazetta et ce serait dommage.

Quelques célèbres Conan de Frazetta :


Et pour les personnages d'Edgar Rice Burroughs, Tarzan bien sûr, mais surtout John Carter de Mars :

Celle-ci est bien SF mais ne me semble pas tirée de John Carter :



Ce soir, d'autres Frazetta ...

Pour ta dernière image VIC, j'ai fait une courte recherche sur le net et voici ce que j'ai trouvé : deux pochettes d'album de musique.


Groupes de Heavy:

Wolfmother - album Woman


Groupe de Metal :

Saber - album Call to Glory


Maintenant, ce sont très probablement des utilisations postérieures de l'image et je n'ai rien trouvé de particulier sur son utilisation première, à part le fait qu'elle s'appellerait Sound ou Olympic Sound.

Merci pour ces informations. Pour le plaisir des yeux ...

Un jour, dans les années 70, le téléphone sonne chez les Frazetta. Ellie, la femme du peintre décroche et entend :
- Bonjour Madame, c'est Clint Eastwood...
Elle réplique par une boutade du genre "Bien sûr ! Et moi, je suis les Rolling Stones !" avant de raccrocher.
Nouvelle sonnerie :
- Madame, ne raccrochez pas ! C'est vraiment Clint Eastwood !

Le célèbre acteur avait en effet décidé de demander à l'artiste d'illustrer l'affiche de son prochain film, The gauntlet. Il vînt passer le weekend chez les Frazetta avec Sondra Locke, sa compagne à l'époque et qui jouait à ses côtés.

Superbe hommage au maître, créé par un fan :


Frazetta y est représenté arrivant dans ce que l'on peut penser être le paradis, accueilli par une de ces plantureuses beautés qu'il aimait tant dessiner. Mais surtout par les personnages de ses toiles les plus emblématiques : the Death Dealer, la Reine égyptienne, les ours blancs tirant le char du Silver warrior, le barbare et son mamouth de The age of Stone, Vampirella, Conan...

Détail (si l'on peut dire) que je viens d'apprendre sur Frazetta : suite à des accidents cardiaques répétés, il était devenu hémiplégique du côté droit. Il a alors appris seul, à force de volonté, à dessiner et peindre de la main gauche...
Respect.

Bel hommage mais je n'aime pas le petit côté cartoon, décidément très à la mode.

Frazetta ... tout simplement le maître. Je viens de revoir notre galerie. C'est une tuerie.

Oui, c'est vraiment un maître... En plus, je retrouve chez lui le genre de femmes que j'aime, assez voluptueuses et païennes.
Autre tour de force de Frazetta : lorsqu'il présenta ses premiers dessins, on lui fit remarquer que l'anatomie des personnages était imparfaite. Il acheta alors un traité d'anatomie et le consulta une nuit entière avant de déclarer, au petit matin, que désormais, il connaissait l'anatomie.
Et effectivement, il n'a plus ouvert ce livre...

Je viens de visionner le DVD bonus consacré à Frank Frazetta, joint au DVD du D.A Le feu et la glace que j'ai récemment acheté.
Un portrait complet du maître, de plus d'une heure et demie, avec l'intervention de ses amis, collègues, membres de sa famille et surtout, lui-même. On y découvre le jeune gamin qui a toujours su qu'il voulait peindre et qui réalise ses premières toiles à 8 ans, son mariage heureux, sa femme qui gérait de manière avisée tout l'aspect commercial et financier de son art, ses enfants et le lien très fort avec une de ses filles, ses petits-enfants... Egalement tout le petit univers bouillonnant et incroyablement créatif de l'illustration, de la BD et des maisons d'édition des années 1950-1960, sa faiblesse pour Conan, son personnage préféré... Son goût du sport, sa passion du baseball, du karaté (ceinture noire), de la vie au grand air...

Mais surtout, sa passion, son art. Comment il a appris l'anatomie en une nuit en lisant un livre sur ce sujet... On apprend avec stupéfaction qu'il peignait ses toiles en une nuit, en 5 ou 6 heures à peine. Sa fille raconte qu'il branchait la cafetière, mettait de la musique classique en boucle et s'enfermait dans son atelier pour la nuit avant d'en ressortir au matin avec l'oeuvre achevée. Il raconte lui-même qu'après, il était épuisé, vidé et se reposait une semaine entière. On découvre l'artiste rarement satisfait qui reprenait certaines toiles pour les refaire en plusieurs versions jusqu'à celle qui lui convenait enfin. Encore plus fou : il n'a jamais fait poser de modèle ni travaillé d'après photo. Il se concentre et "visualise" la scène dans son esprit pour la retranscrire sur la toile.
Son succès lui apporte la liberté : les éditeurs lui demandent :"Peint-nous quelque chose, ce que tu veux, on s'en fout, on trouvera un bouquin qui correspond à ce que tu auras fait".

Frazetta ne cache rien de ses épreuves dont la maladie : à 50 ans, sa thyroïde est atteinte mais aucun médecin ne diagnostique le mal, il tousse, prend des crises d'étouffements, tombe à 54 kg... Les médecins ne détectent rien, le persuadent presque qu'il somatise, que le problème est uniquement dans sa tête, il séjourne dans une clinique psychiatrique, suit des thérapies de groupe, avoue avoir crû devenir fou... Un enfer qui dure 10 ans, à tel point qu'il pense au suicide à de nombreuses reprises. Finalement, un dernier médecin trouve l'origine du mal et lui prescrit un traitement pour sa thyroïde. Il revit.
Et puis, les attaques (cérébrales et cardiaques) : deux importantes et six mineures. Il s'en sort avec des problèmes d'élocution et le bras droit partiellement paralysé. Alors, il décide de dessiner et peindre de la main gauche. Tout simplement. A force de volonté, il "domestique" sa main gauche et poursuit son travail. "Ne plus pouvoir peindre, c'est mourir" dit-il. Seul regret : ses toiles de la main gauche sont plus douces, moins vibrantes, moins fortes, d'après lui.
Respect.

C'est Ellie, son épouse (Qui gérait tout l'aspect commercial et financier du travail de Frazetta) qui est à l'origine de ce projet. Un musée spécialement dédié au maître et où il exposerait ses toiles, des plus célèbres aux moins connues.
Le projet voit donc le jour à East Stroudsburg, Pensylvanie, au milieu des années 1980. Un incendie le détruit partiellement en 1997, mais aucune des toiles n'est endommagée. Frazetta pense alors le délocaliser en Floride. Il y trouve un local à son goût avec vue sur l'océan, mais le climat avec ses étés étouffants et sa moiteur lourde ne convient guère aux oeuvres, ni à lui-même. Après bien des hésitations, le musée réintègre la Pensylvanie.

C'est alors qu'intervient un évènement assez triste et qui reste encore flou : alors que Frazetta est affaibli par la maladie et le décès de son épouse, l'un de ses fils est arrêté alors qu'il tente de s'emparer des oeuvres exposées, "pour les mettre à l'abri" sur demande de son père selon lui. Toujours selon sa version des faits, son père serait "manipulé" par ses trois autres enfants et aurait donc chargé son fils de mettre les oeuvres du musée en un autre endroit. Version démentie de façon cinglante par son père lui-même, peu avant sa mort, dans un entretien au Pocono Record. S'ensuit une série de poursuites engagées par le clan Frazetta contre Frazetta Junior.

Le musée a finalement réouvert ses portes en mai 2014, après de nombreux travaux.
Les oeuvres qu'il renferme sont estimées à plus de 20 millions de dollars.