BLOOD DIAMOND (2006)

Un bon film, efficace, intense, bien joué, qui n'a pas eu selon moi le succès qu'il mérite.
Sorti en 2006, il est réalisé par Edward Zwick qui nous a déjà offert Le dernier samouraï.

Sierra Leone, 1999, la guerre civile fait rage. Solomon Vandy, simple pêcheur et père aimant, voit son village attaqué et massacré par les rebelles. Si sa femme, son fils et sa fille, parviennent à s'enfuir, lui est capturé et envoyé dans un gisement de diamants, exploité par les rebelles pour financer leur mouvement. C'est là qu'il découvre un diamant rose magnifique, d'une pureté exceptionnelle, qu'il parvient à dissimuler. Le gisement est libéré par l'armée régulière et Solomon rencontre Danny Archer, un descendant des anciens colons blancs, devenu trafiquant de diamants et aventurier. Solomon lui propose de l'aider à retrouver sa famille en échange de la moitié de la somme rapportée par la future vente du diamant.
Ils tombent sur la journaliste américaine Maddy Bowen, qui enquête sur le trafic de pierres précieuses et réussit à localiser la famille de Solomon dans un camp de réfugiés. Mais le pêcheur n'y retrouve que sa femme et sa fille : son fils a été enlevé par les rebelles pour devenir un "enfant soldat", reconditionné par l'alcool, la drogue et un bon lavage de cerveau. Mady réussit à faire libérer la femme et la fille de Solomon et à les évacuer avec elle, en tant que citoyenne américaine, lors d'une opération humanitaire de l'ONU. Solomon et Danny se mettent en quête du fils de Solomon...




Je n'aime pas Di Caprio comme acteur en général. Mais là, je fais une exception.
Il est très bon, mature, adulte. C'est peut-être parce qu'il joue le rôle d'un salaud. Danny Archer est un descendant de colons blancs, il a tout perdu, les siens ont été tués ou chassés lors des inévitables soubresauts du continent noir et il est devenu trafiquant. Il ne porte pas les noirs dans son cœur, il considère l'Afrique comme son pays, son monde et il n'a que mépris ou indifférence pour les noirs qui sont pour lui des voleurs, des sauvages. Di Caprio incarne sans faute ce type déplaisant et pourtant charismatique, cynique, vénal mais pas si mauvais, amoureux de l'Afrique mais pas des africains.
Djimon Hounsou est impeccable en Solomon Vandy, le simple pêcheur tranquille, père aimant, qui va être plongé dans la violence et la sauvagerie pour devenir aussi impitoyable que ceux qu'ils traquent afin de retrouver son fils. Un gars normal qui pète les plombs et bascule.
Enfin, Jennifer Connelly éclaire le film de sa beauté naturelle, sans chichis, brute. Son rôle est plus réduit et on pourrait se dire qu'il n'apporte pas grand chose dans une histoire d'hommes, sinon l'inévitable romance qu'Hollywood se sent obligé de nous sortir à chaque fois. Sauf que là, il n'y a pas vraiment de romance et que sa présence féminine est bienvenue pour aérer un peu un film dur, puissant, violent.


C'est ce que le film nous propose.
Tout y passe : l'inévitable guerre civile, les conflits tribaux et ethniques, la corruption, les déplacements de population, les camps de réfugiés dont le sort n'intéresse personne ("ça passera en une minute à la TV entre le sport et le bulletin météo"), les richesses d'un continent pillées sans vergogne par tout le monde... Et aussi ces fameux "enfants-soldats", des gamins arrachés à leurs familles et reconditionnés, par la propagande, l'alcool, la drogue et transformés en tueurs, en assassins. Le personnage de Di Caprio évoque également ces anciens colons blancs qui ont tout perdu mais qui se considèrent toujours chez eux et méprisent la population noire, ayant oublié que l'Apartheid n'est plus. On rajoutera les paysages et la lumière d'une Afrique qui reste magnifique, envoûtante mais qui n'arrive pas à se débarrasser de ses démons.
Le film nous livre donc une radiographie sans concessions d'une Afrique violente, dure, loin de la carte postale et des touristes arpentant tranquillement les parcs animaliers. La musique est bonne, avec un rythme énergique et des personnages attachants, marquants.

On pourra lui reprocher des longueurs et coups de mou, quelques clichés et stéréotypes et un ton bien Hollywoodien mais ça passe. On regrettera le côté rédemption inévitable du personnage incarné par Di Caprio à la fin, un côté "la morale est sauve et Happy End" chiant au bout d'un moment et très américain. Sans parler des leçons de morale à deux balles du genre :"Un moment d'amour, même chez un homme mauvais, peut donner un sens à une vie". Mais pour autant, ne passez pas à côté de ce film qui vaut le coup.

Jamais entendu parlé de ce film avant. Je le note vu le sujet un peu atypique et tes conseils.

A la base, le film dénonce, comme son titre l'indique, les "diamants de sang" aussi nommés "diamants de conflits".
Il s'agit de pierres découvertes et extraites en Afrique, exploitées dans des conditions douteuses par des gens douteux et qui se retrouvent sur le marché de la haute-joaillerie. Des diamants extraits dans des zones en guerre et dont la vente finance des groupes violents en armes, munitions et matériel. A l'époque, la part des diamants issus de la contrebande pouvait atteindre 15 % du commerce mondial de cette pierre.
En 2003 fût mis en place le Processus de Kimberley qui vise à supprimer le trafic mondial des diamants de sang, les États participants s'engageant à strictement contrôler leurs importations et exportations de ces pierres.
Mais au final, le film nous livre un panorama de la plupart des démons de l'Afrique contemporaine : guerres civiles et ethniques, corruption et contrebande, instabilité politique, richesses pillées, enfants-soldats... Ne manquent que les épidémies et le braconnage. Clichés ? Pas toujours hélas.

Le personnage de Danny Archer est intéressant, il met en lumière ces blancs d'Afrique Australe, descendants des anciens colons hollandais et germaniques, qui forment une communauté à part, avec leur propre langue, l'Afrikaans, qui ont leurs médias, journaux, radios, télévisions et qui vivent souvent entre eux, dans des copropriétés ou des lotissements sécurisés. Beaucoup possédaient des terres et des fermes et se sont joints à eux les fermiers blancs du Zimbabwe voisin, chassés de leurs terres par la réforme agraire de Mugabe et qui se sont installés en Afrique du Sud (70% des terres cultivables du Zimbabwe étaient propriété des blancs avant la réforme de Mugabe).
Aujourd'hui, la communauté Afrikaner tente de gommer son image raciste, réactionnaire et élitiste en parlant de préserver sa culture, ses traditions et son héritage, comme toute minorité. A Orania par exemple, dans la région du Cap Nord, on trouve une petite ville habitée et régie par une population uniquement blanche, qui vit de l'agriculture biologique et de l'énergie renouvelable. Les habitants parlent l'Afrikaans et suivent les rites de l'église luthérienne hollandaise. La ville a sa propre monnaie (indexée sur le Rand sud-africain) et elle est administrativement autonome. Son drapeau est celui de l'ancienne Afrique du Sud, avant la fin de l'Apartheid. Son investissement dans l'énergie solaire lui permet de fournir sa propre électricité et de ne pas dépendre du réseau électrique national.

Après bien sûr, tous les afrikaners n'ont pas cette mentalité, loin de là et tous les blancs ne sont pas forcément afrikaners.
Malgré tout, la "nation arc-en-ciel" n'en a pas fini avec ses dissentions...

J'ai toujours beaucoup aimé ce film, un mélange de drame, d'aventure et de film politique, les rebondissements sont nombreux et le casting du trio impose une véritable personnalité au film.

C'est en effet l'image d'une Afrique dure, bousillée par les occidentaux l'exploitant sans vergogne, un continent pillé, livré à lui-même après. Résultat, dans certains pays c'est le chaos et l'anarchie, ce film le montre bien, la photographie du film est superbe.