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Bien que considérée par certains comme une danse, la Capoeira est bien un art martial à la base.
Elle est née au Brésil, parmi les esclaves importés d'Afrique et qui travaillaient sur les vastes plantations sucrières. Elle fût d'abord une technique de lutte clandestine, car il était interdit aux esclaves d'apprendre à se battre ou à se défendre, afin d'éviter de possibles rébellions. C'est pourquoi les pratiquants l'auraient fait évoluer vers une forme acrobatique, afin de la faire passer pour une danse folklorique, la pratique de cette dernière étant autorisée. Les esclaves qui s'entrainaient, quand ils voyaient le maître ou le contremaître approcher, faisaient alors croire qu'ils dansaient et s'amusaient. La Capoeira s'est ensuite répandue, avec des variantes, dans tous les pays concernés par la traite des esclaves et dans les îles. Ses origines restent floues puisqu'elle était interdite au départ, il n'y a donc aucune trace écrite ou aucun enseignement consigné quelque part. Il est par contre certain qu'elle emprunte énormément à des techniques de lutte africaine, amenées par les esclaves.
A la fin de l'esclavage, la Capoeira reste encore mal vue, car considérée comme violente. Elle était devenue également la lutte des brigands, des voleurs et des malfrats qui se réunissaient parfois en bandes dans les rues pour y régler leurs comptes de cette manière. Elle fût même interdite à certaines périodes, considérée comme une "danse de guerre". C'est au début du XXème siècle qu'elle se démocratise, soutenue par des intellectuels qui y voient un témoignage historique, une pratique culturelle. La première école est fondée en 1930. La Capoeira est alors à un tournant : elle n'est plus enseignée oralement et pratiquée dans la rue mais en salle, avec des règles précises et l'apparition de différents grades et niveaux. Afin de gommer définitivement son côté sulfureux, les premiers élèves se devaient de pouvoir certifier d'un travail "honnête" et de n'avoir commis aucun délit. Mais c'est seulement dix ans plus tard, en 1940, que la loi condamnant cet art fût abrogée.

Johann Moritz Rugendas
La Capoeira est un art martial qui peut paraître assez violent, avec une part importante donné à la danse et aux acrobaties. Elle utilise majoritairement les pieds et, de façon moindre, les mains, la tête, les genoux et les coudes. Elle est souvent accompagnée par de la musique et des chants, les spectateurs déployés en cercle autour des combattants accompagnant ces derniers en frappant dans leurs mains. Chant et musique sont très importants car ils vont en grande partie déterminer le rythme et l'intensité de la rencontre. Dans les écoles, chaque élève a un nom particulier, en-dehors de son propre prénom, sous l'autorité du
Mestre. Le passage au grade supérieur est le
Batizado (baptême).
On trouve enfin, indissociable de la Capoeira, le
Maculele. Une danse qui remonte aux temps de l'esclavage également, à laquelle les esclaves s'adonnaient en cachette dans les hauts champs de canne à sucre, avec leurs machettes... Aujourd'hui, par sécurité, ces dernières sont remplacées par des bâtons de bois.
La Capoeira au féminin
En partie à cause de sa violence, la Capoeira fût très longtemps interdite aux femmes. On trouve cependant de rares témoignages de femmes faisant partie autrefois de bandes de brigands et se battant aussi bien qu'un homme : " Isabel et Ana passent leur vie à se battre, et pour cela elles défient quiconque leur adresse des paroles désagréables et lorsqu’elles engagent une lutte, elles se montrent expertes en capoeira".
Il y a eu surtout Maria Felipa de Oliveira, une marchande de coquillages qui quitta tout pour devenir une combattante émérite. Elle alla même plus loin : le 7 janvier 1823, alors que la guerre d'indépendance faisait rage, Maria a héroïquement défendu son île contre les Portugais. A la tête de 40 hommes qui lui étaient entièrement dévoués, elle veilla sur la plage pour prévenir l'arrivée des vaisseaux portugais, creusant des tranchées pour les empêcher d'aborder. Elle et ses hommes combattirent même et incendièrent plusieurs navires, repoussant ainsi le débarquement. Le 26 juillet 2018, une loi fédérale a déclaré Maria Felipa de Oliveira "héroïne de la patrie" au Brésil. Son nom a été inscrit dans le "Livre des héros et héroïnes de la nation", conservé à Brasilia.
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Aujourd'hui, les femmes pratiquent la Capoeira, souvent plus pour son côté dansant et acrobatique que pour l'aspect combat lui-même. Mais il faut rester prudent, le souvenir de Maria Felipa Oliveira n'est jamais loin...