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Epsilon le fils du néant est une histoire scénarisée et dessinée par Jean-Yves Mitton en 1988 et parue dans le magazine
Titans.
Une histoire faussement adolescente, bien plus mature et sombre qu'on ne pouvait le penser au premier abord.
Epsilon a 15 ans et il est le fils du PSI, autrefois comte de Montsegur, devenu maître absolu de Paris en 2086. Un Paris futuriste, hérissé de tours étincelantes, parcouru de jardins, où vit une population parlant l'Europan (mélange de langues européennes), où la monnaie est l'Ecu, sous l'autorité absolue du fameux PSI. Ce dernier vit à
Eden, une immense tour au toit transformé en jardin idyllique où évolue notre héros. L'ordre règne et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais Epsilon va bientôt découvrir de terribles secrets...
canalbd.net
Le Paris où il vit n'est que Paris la Haute, une ville privilégiée, refuge des élites et dont les sous-sols abritent la vieille ville, sorte de ghetto désaffecté livré à la misère, la corruption, au marché noir et aux guerres de gangs rivaux. Accompagnée de sa fiancée Dzeta, Epsilon fuit l'autorité écrasante de son père et se retrouve dans cet autre monde où il va rencontrer un jeune garçon noir qui va devenir un compagnon d'aventures et un ami. De péripéties en péripéties, Epsilon va découvrir la terrible vérité : l'Europe n'est plus qu'un désert stérile, ravagée en 2010 par une guerre nucléaire. Les survivants se sont regroupés dans Paris, préservée par le comte de Montsegur. Devenu le PSI, ce dernier règne sans partage sur une élite dans le cadre préservé de Paris la Haute tandis que les autres survivants errent dans la vieille ville, livrés à l'anarchie. Epsilon va alors prendre la tête de la Rébellion et monter à l'assaut de Paris la Haute. Pendant que cette dernière est "libérée", le jeune héros va devoir affronter son père...

epistolarts.blogspot.com/
Une BD de grande qualité.
Le dessin est agréable, fluide, en ligne claire, dans la lignée des Comics de super-héros de l'époque, avec des couleurs attrayantes, un trait net et clair.
Le scénario est bien plus complexe qu'on ne le croit. En fait, au début, Epsilon se réveille dans sa chambre, en ne sachant rien de son existence antérieure. Il sait qu'il est le fils et héritier du PSI mais rien d'autre. C'est en cherchant à découvrir ses origines qu'il va également découvrir la vérité sur le monde "idéal" sur lequel règne son père. Et ce n'est qu'après l'avoir affronté qu'il apprendra qui il est vraiment et d'où il vient.
La série joue sur la SF (ville futuriste, robots, pistolets lasers...) mais aussi sur le Post-Apo (monde ravagé par une guerre nucléaire) et même sur le Cyberpunk par certains aspects (corporation du PSI International, état totalitaire, surveillance incessante...). Sans oublier une dimension politique et philosophique importante qui évoque la Seconde Guerre Mondiale. Paris la Haute est dirigée d'une main de fer par "l'ordre PSI", imposé par un tyran aux pleins pouvoirs, le tout pimenté d'un aspect religieux, avec des prêtres et prières, une emprise spirituelle, théologique et ésotérique autant que politique. Pendant ce temps, dans les entrailles de la ville s'organise la Résistance, déchirée entre gangs rivaux, marché noir, corruption, sur fond de ruines, de Seine radioactive et de misère. Dans l'épisode final, le compagnon du héros s'exclame même : "Whaow ! Paname est libérée !"
coolfrenchcomics.com
Epsilon peut paraître "adolescente" mais c'est en fait une série très adulte. Il ne faut pas se fier au dessin assez simple mais pas simpliste et au fait d'avoir un héros de 15 ans accompagné par sa fiancée et un ami du même âge.
La saga est entraînante, se lit facilement et vite car elle n'est pas très longue, 21 épisodes.