LE CHATEAU DE KSIAZ (Pologne)

Il est le troisième plus grand château de Pologne.
Construit au XIIIème siècle, il fût d'abord en bois, puis en pierre, profondément remanié et réaménagé à la Renaissance avant de nouvelles retouches baroques un peu plus tard. Ce qui en fait un ensemble imposant, mêlant plusieurs styles, un château assez féérique dans un cadre superbe. Mais un endroit au sombre passé également puisqu'il a failli devenir une des résidences d'Hitler...




Effectivement, en 1940, les nazis s'emparent du château et en expulsent la propriétaire. La comtesse, gravement malade, a toujours rejeté le régime hitlérien, d'ailleurs ses deux fils combattent les allemands. Bien qu'écartée, la comtesse parvient pendant de longs mois à faire parvenir de la nourriture et des médicaments aux prisonniers du camp de concentration proche avant de disparaître mystérieusement.
Les allemands ont en effet décidé d'inclure le château dans le projet Riese, qui consiste à créer un réseau de forteresses reliées entre elles le long de la frontière. Mais plus encore : le château est visiblement prévu pour devenir la nouvelle résidence d'Hitler ou du moins, son nouveau quartier général... Des appartements sont aménagés, la décoration refaite dans plusieurs pièces selon l'esthétique nazie et surtout, les allemands font creuser tout un réseau de tunnels et de souterrains sous le château, sans oublier un abri antiaérien. Des ascenseurs sont mis en place pour relier les appartements à ces tunnels. Encore plus sombre : ces souterrains auraient été utilisés comme laboratoire secret pour les recherches allemandes sur la bombe atomique. C'est ici qu'auraient été élaborés les projets de nouvelles bombes de forte puissance, destinées à toucher les USA. Il y a aussi cette histoire d'un train spécial, chargé d'or et d'œuvres d'art, évacuées en urgence à la fin de la guerre devant l'arrivée des Alliés et mystérieusement disparu... Ce qui est certain, c'est que des milliers de déportés juifs furent réquisitionnés du camp voisin de Gros Rosen pour effectuer les travaux et creuser les tunnels, dans les conditions qu'on imagine... L'ensemble des tunnels couvre 900 mètres et s'enfonce sous terre jusqu'à 50 mètres de profondeur.





Si le "train de l'or nazi" n'a jamais été trouvé, on a bien découvert dans ces souterrains des traces d'infrastructure ferroviaire.
Autre légende tenace, c'est ici qu'auraient été acheminés et conservés les panneaux de la fameuse "chambre d'ambre" russe (voir sujet consacré)...



Loin de ces heures sombres, le château reste aujourd'hui un petit bijou d'architecture qui attire les foules, le tout dans un cadre naturel superbe.




Il ne compte pas moins de 400 chambres, avec quantité de salons et de pièces meublés de styles différents et une foule d'escaliers, cheminées, tribunes... Salle des chevaliers, salon Conrad, salon Maximilien ou appartements "Princesse Daisy", rien ne manque. Bien que l'endroit ait été pillé et réaménagé par les nazis, l'ensemble reste très fourni. Des travaux de rénovation récents ont mis à jour des peintures murales qui avaient été masquées par les allemands, ces œuvres ne convenant visiblement pas à celui qui était censé s'installer en ces lieux...












Aux beaux jours, ne manquez pas les différentes terrasses. Elles sont au nombre de 12 et chacune a son nom : terrasse de Flore, terrasse des châtaigniers, terrasse des roses et des cascades... Le château étant bâti sur un promontoire de 395 mètres de haut, la vue est superbe de tous les côtés. En bas du château, un vaste parc de 125 hectares rafraîchi par une rivière et une allée de grands tilleuls plantés en... 1725.








On s'en doute, ce lieu enchanteur est pris d'assaut par les touristes, surtout aux beaux jours quand les terrasses sont ouvertes au public.
On peut manger sur place, il y a un restaurant et un camping à proximité peut s'avérer utile pour les routards. Pillé et détérioré par les nazis puis par les troupes soviétiques, le château a été entièrement restauré en 1974.
Les fameux tunnels se visitent également, avec en exposition des objets commémorant le travail des déportés juifs qui les ont creusés.
Sans oublier parmi la foule des touristes ceux qui cherchent le fameux "train d'or nazi" ou les restes de la célèbre "chambre d'ambre"...

Carrément un château-village, en réalité... J'apprécie ces tons rougeâtres. Merci pour ces précisions historiques qui rajoutent à son intérêt.

Oui, il est plutôt vaste et imposant, comme on le voit ici :


Un château entre ombre et lumière : un côté "château Disney", "conte de fées", dans un paysage bucolique et de l'autre, destiné à devenir la résidence d'Hitler avec ses souterrains creusés par les déportés du camp de concentration proche...

Ce sont les comtes d'Ochberg qui l'ont le plus marqué. Propriétaires des lieux pendant 400 ans, de génération et génération, ils l'ont réaménagé, agrandi, embelli... Création des jardins, d’une bibliothèque, d’une nouvelle aile de style baroque, d’une cour d’honneur, d’un pavillon d’été (qui deviendra le mausolée familial) mais aussi rajout d'écuries, installation de serres... Jusqu'à la comtesse Daisy, qui fût dépossédée du château par les nazis :



Née en 1873 en Angleterre, elle était une aristocrate de haut rang (sa sœur épousa l'un des hommes les plus riches de l'époque et son frère fût le second mari de la mère de Winston Churchill). Elle épousa Hans Heinrich Hochberg en 1891 et lui donna deux fils qui combattirent les allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Elle servît comme infirmière volontaire durant la Première Guerre Mondiale et milita ensuite activement pour la paix, combattant la montée des idées nazies. Elle organisa également de nombreuses œuvres de charité au profit des nécessiteux de ses domaines et fît même dépolluer et assainir la rivière proche, après avoir constaté qu'elle était source de nombreuses épidémies dans la région. Elle créa également plusieurs écoles et orphelinats et fît venir des scientifiques français sur ses terres pour pasteuriser le lait des vaches afin de garantir un lait de qualité pour les enfants. Quant à ses domestiques, ils étaient hébergés gratuitement et la comtesse payait les frais de crèche et de scolarité de leurs enfants, ainsi que leurs soins et leurs retraites.

Le château de Ksiaz lui appartenait personnellement et elle s'y installa de manière permanente en 1935, époque où, déjà malade, elle se déplaçait en fauteuil roulant, veillée par un personnel dévoué et fidèle.
Elle en est dépossédée en 1941 avant d'être mise à l'écart dans une villa lointaine. Très malade (elle aurait souffert de sclérose en plaques), elle réussît quelques temps à faire passer de la nourriture aux prisonniers du camp de concentration proche du château avant de mourir en 1943, dans une relative pauvreté.
Elle fût enterrée au château dans le mausolée familial mais ce dernier fût détruit par l'Armée Rouge en 1945. La légende veut que les domestiques, restés très attachés à leur maîtresse, aient déplacé son cercueil juste avant l'arrivée des russes pour l'installer dans un lieu resté inconnu.
Elle est encore connue et respectée en Pologne où l'on trouve des statues en son honneur.
Un appartement du château porte son nom également.


Il est ouvert au public et il y a foule aux beaux jours, quand les terrasses et jardins sont ouverts également ou lors de certains évènements comme un concours floral qui attire des milliers d'amateurs sur plusieurs jours chaque année.
Attention, le château est souvent fermé le lundi pour son entretien, principalement en hiver.
Il est fermé également pour le Nouvel An, le jour de Pâques et les jours fériés.
Le personnel sur place ne parle pas toujours anglais en dépit des nombreux touristes, quelques notions de polonais ou d'allemand peuvent être utiles.
Vous aurez le choix entre parcourir les lieux seul, selon un circuit spécifique, ou réserver un tour avec guide (possible en plusieurs langues) pour une durée de 90 minutes environ. Cette seconde option est recommandée si vous voulez visiter les souterrains. On vous montrera alors la fameuse chambre visiblement prévue pour Hitler avec, dans l'antichambre, un ascenseur privé qui rejoignait directement les souterrains.
De très nombreuses photos aussi, sur la vie quotidienne au château, sur la famille Hochberg et la comtesse Daisy ainsi qu'un petit musée en hommage aux déportés qui ont creusé les souterrains.
Rester sur place ? Un hôtel est tout proche du "château rose" ou de "la perle de la Silésie" comme on surnomme le château parfois.
Ce dernier est accessible par train depuis la ville proche de Wroclaw, comptez une petite heure de trajet.