LA PYRAMIDE D'OUNAS

Située à Saqqarrah, une vaste nécropole près de Memphis, moins connue que ses trois soeurs installées près du Sphinx, la pyramide d'Ounas mérite néanmoins le détour. Car elle est probablement la première des pyramides "à texte". C'est à dire que les salles funéraires qu'elles contient sont entièrement gravées de formules magiques et protectrices, le tout placé dans un ordre précis, pour guider avec succès le défunt vers la vie éternelle.
Voyons cela en détails...

Ounas est le dernier Pharaon de la Vème dynastie. C'est lui qui fait donc édifier cette pyramide, découverte dans les années 1880.
Très dégradée et partiellement effondrée à l'extérieur, la pyramide mesure 43 mètres de haut sur une base de 57 mètres. Elle est entourée d'un véritable complexe funéraire, avec plusieurs temples, deux étant reliés par une chaussée pavée de 750 mètres de long et 6 mètres de large :





Sur le côté, on trouvait deux grandes fosses qui contenaient les barques solaires, destinées au défunt pour son ultime voyage.

Mais c'est surtout l'intérieur qui nous intéresse : plusieurs pièces, disposées dans un ordre précis, qui figurent le chemin suivi par le Pharaon défunt pour atteindre l'Au-delà. Et pour être certain d'y arriver, Ounas s'est fait faire son petit guide de voyage : plus de 800 formules gravées dans la pierre. Elles sont considérées aujourd'hui comme les plus anciens textes religieux au monde.



Le Pharaon repose dans sa chambre funéraire, à l'ouest de la pyramide, du côté du couchant. Son corps est mort, soigneusement embaumé, mais son Ba, son double spirituel, s'éveille, comme l'indique une des premières formules gravées : Debout, ôte la terre qui est sur toi, secoue la poussière qui est sur toi, lève-toi pour voyager au sein des esprits ! Un Ba qui est très faible et a donc besoin de se nourrir : la paroi nord de la chambre est donc gravée de formules "listes d'offrandes", lui fournissant en quantité le pain, le vin, les fruits et légumes : Ounas n'aura pas soif ni faim, son coeur ne s'attristera pas.
O roi, tu n'es pas mort, tu es vivant !
C'est ce qui est écrit sur la paroi sud de la chambre funéraire. Le défunt peut donc entamer son voyage.







Le voici dans l'antichambre, dont le nom égyptien signifie "horizon". C'est ici que le défunt se présente devant le tribunal d'Osiris, dieu des morts et de la résurrection. Il y sera jugé et assuré du verdict grâce aux formules fournies : il n'y a pas d'accusation d'Ounas sur Terre et chez les hommes, il n'y a pas de calomnie contre lui au ciel, chez les dieux.




Le jugement est favorable. L'esprit du Pharaon pénètre alors dans le Serdab, image du royaume d'Osiris, situé à l'est de la pyramide et où se trouve une statue le représentant. Le défunt va enfin s'unir au dieu : Tu prendras place sur ce trône qui est le tien pour donner des ordres aux esprits. Le roi n'a plus qu'à emprunter le tunnel qui conduit au ciel et aux étoiles (c'est à dire à l'extérieur), tunnel protégé des intrus par trois herses de granit.




Tel est, résumé, le périple suivi par le défunt qui disposait donc au total de plus de 800 formules gravées sur les murs de sa demeure d'éternité, pour le guider et le protéger. A chacune d'elles, l'esprit du roi se renforce, son être se transforme, jusqu'au but final. Les forces obscures et négatives ne l'atteindront pas.
La disposition du parcours ne doit rien au hasard : l’ouest (où repose le défunt) représente le monde funéraire, où le soleil se couche. L’est représente la vie, la lumière et le lever du soleil. Ainsi, le parcours et les formules qui s'y étalent font passer le souverain du monde funéraire au monde des vivants. L'esprit du défunt, affaibli après la mort du corps qui l'abritait, a retrouvé progressivement toute ses forces pour atteindre, rayonnant, sa plénitude à la fin de son périple.

Les textes, avant d'être gravés, ont probablement été peints sur les parois, à l'encre noire ou rouge pour les hiéroglyphes les plus importants. Particularité : le seul homme représenté dans les textes est le défunt, il doit être le seul être humain présent dans la pyramide.





Les pyramides à texte sont peu nombreuses, on en compte moins d'une dizaine. Progressivement, les gravures seront remplacées par des peintures puis les formules de protection seront transcrites sur le fameux "livre des morts", placé aux côtés de la momie dans son sarcophage, lui indiquant toute la route à suivre pour accéder à la vie éternelle.
La pyramide d'Ounas se visite à nouveau, après une campagne de restauration de 20 ans. Loin des foules de touristes agglutinées près du Sphinx, pour une Egypte antique différente. Mais non moins fascinante... On fait pour la visiter le parcours inverse de l'esprit du défunt : on entre par le tunnel de 14 mètres de long, on passe les trois herses de granit et on rejoint le Serdab, l'antichambre puis enfin la chambre funéraire. Un parcours entièrement gravé de formules magiques, de recommandations, d'invocations, sur chaque mur, chaque centimètre carré...

Cela me rappelle une avh qui doit bien avoir 15 ans, en français je crois, où on se réveillait au cœur de la pyramide et où on devait d'échapper. Elle était difficile et avait une bonne atmosphère.