Né à Loisieux en 1849, Nizier Anthelme Philippe, dit Maître Philippe, est un mystique et guérisseur français.
Déjà, sa mère enceinte, ayant consulté un curé, ce dernier lui prédît qu'elle donnerait le jour à un enfant "très élevé". Le jeune homme se fît bientôt guérisseur et on lui attribua de nombreuses guérisons miraculeuses. Lui pourtant, disait : "Je ne suis pas guérisseur, je ne suis rien, absolument rien".
Maître Philippe expliquait qu'il se servait d'une force absolument inconnue sur Terre, que le Christ lui-même employa pour faire plusieurs de ses miracles. Il appelait cette force "le 4ème pôle de magnétisme". Un don qui lui valût de nombreuses et féroces attaques mais aussi l'admiration, la reconnaissance et la protection de personnes hauts-placées, comme le roi d'Italie, de Grande-Bretagne, l'empereur d'Autriche, d'Allemagne, le Tzar de Russie...
En 1883, notre homme s'installe à Lyon et y ouvre un cabinet de guérisseur. On s'y bouscule aussitôt. Pendant plus de 20 ans, Maître Philippe y travaille, soignant riches comme pauvres. Très souvent, il ne demandait rien aux plus pauvres (on découvrît à sa mort qu'il payait personnellement les loyers de 52 de ses clients parmi les plus pauvres). Dans le même temps, il se tourne vers l'occultisme et l'ésotérisme, devient mystique et enseigne son art. Ayant de solides notions de chimie, il s'intéresse également à la confection de remèdes qu'il élabore lui-même avec ses assistants dans le laboratoire qu'il s'est installé. Une de ses admiratrices lui fait rencontrer son père, féru d'occultisme. Les deux hommes se lient d'amitié et ce nouvel ami lui fait rencontrer les occultistes les plus influents de l'époque.
En 1901, il est présenté au couple impérial russe en visite officielle en France (ce qui en dit long sur son influence et sa réputation). Il fait un effet favorable à la Tzarine et se retrouve invité à la cour impériale à deux reprises. Là-bas, son statut de guérisseur est respecté et Nicolas II le nomme même membre de l'Académie Impériale de Médecine, ce qui offusque les praticiens français, scandalisés. Couvert de cadeaux par le couple impérial, il prédit un fils à la Tzarine et surtout, la venue auprès d'elle d'un "grand prédicateur" qui serait "notre ami". C'est certainement cette prédiction qui amènera la Tzarine à recevoir favorablement un certain Raspoutine... En attendant, Maître Philippe est prié de partir : il a prédit un fils à la Tzarine et voilà qu'elle donne naissance à une quatrième fille, Anastasia. Le fils tant attendu viendra plus tard mais sur le coup, la Tzarine, furieuse, se sépare du français.
Rentré en France, ce dernier doit faire face à des attaques de plus en plus violentes, de la part de médecins, de pharmaciens, qui dénoncent le "charlatan", le "sorcier". Il se voit même surveillé par la police.
En 1904, sa fille Victoire (son unique enfant, il avait perdu un fils âgé de quelques mois) meurt brutalement. Pour Philippe, c'est un choc violent, "une crucifixion vivante" écrit-il. Dévasté, il meurt un an plus tard, à 56 ans. Jean Chapas, son disciple, prend sa relève jusqu'à sa propre mort, en 1932. Philippe aurait guéri Chapas alors que ce dernier, âgé de 7 ans, avait été déclaré mort par deux médecins suite à une méningite et qu'on venait de le préparer pour son enterrement.
Qui était Maître Philippe ? Difficile à dire, comme pour beaucoup de ses semblables.
Guérisseur, croyant fervent, voire mystique pour certains, charlatan et escroc pratiquant l'exercice illégal de la médecine pour d'autres, l'homme n'était en tous cas pas dénué de l'esprit de charité, soignant gratuitement ceux qui venaient à lui et n'avaient pas les moyens.
On notera qu'au lendemain de sa mort,
La dépêche de Lyon écrivît : "Philippe fut un brave homme qui, s'il ne guérît pas toujours, fît autour de lui beaucoup de bien. Sa libéralité était proverbiale et bien des déshérités le pleureront".
A chacun sa vérité.