HERCULE POIROT/DAVID SUCHET (téléfilms)

En général, les anglais réussissent bien leurs reconstitutions historiques télévisées, surtout quand elles ont lieu en Angleterre.
Cette série de téléfilms, reprenant les enquêtes du célèbre détective belge inventé par Agatha Christie, ne fait pas exception.

70 épisodes sur 13 saisons, diffusés entre le 8 janvier 1989 et le 13 novembre 2013.
Certains sont courts (50 minutes environ), d'autres plus longs, pouvant durer une heure et demie dans ce cas.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la reconstitution est très soignée : architecture, intérieurs, vêtements et accessoires, véhicules et trains à vapeur… on est vraiment plongé dans la seconde partie des années 1930. Si beaucoup d'épisodes se déroulent en Angleterre, on voyage également avec notre détective : côte normande, île de Rhodes, villas somptueuses sur une île de l'Adriatique, cottage et manoir anglais, rues londoniennes… On sent aussi monter la menace qui débouchera sur la Seconde Guerre Mondiale : dans certains épisodes, on croise des "chemises noires" et des portraits de Mussolini (Enigme à Rhodes), des militaires organisant un coup d'état (L'iris jaune), on voit Poirot lire un journal évoquant l'invasion italienne en Ethiopie…

Certes, certains épisodes prennent quelques libertés et arrangements avec les livres. On a aussi des personnages différents physiquement dans le téléfilm par rapport au livre. Le meilleur exemple reste le policier français Giraud dans Le crime du golf : dans le livre, c'est un homme grand, mince et élégant, dans le téléfilm, c'est un nounours barbu, débonnaire et vite colérique. Et joué par un acteur anglais...



Mais la qualité est là, l'atmosphère reste immersive, soignée dans les moindres détails et le charme est encore plus grand quand on les regarde en anglais bien sûr. Seul petit bémol, certains passages où Poirot explique la solution de l'énigme alors qu'il est en voiture ou en extérieur et où on entend mal ce qu'il dit. C'est par exemple le cas pour Enigme à Rhodes où, bien que comprenant l'anglais sans problème, j'ai dû visionner deux fois la scène et mettre les écouteurs pour le comprendre, alors qu'il détaille le fin mot de l'énigme dans le brouhaha de la circulation.






Enfin, la réussite et le succès de cette série tiennent évidemment pour une grande part à l'interprète principal.
Quand David Suchet signe pour le rôle du célèbre petit détective belge, il est sans doute loin de se douter qu'il l'incarnera pendant… 24 ans ! Suchet étudie méthodiquement chaque détail, chaque particularité du personnage, jusqu'au nombre de sucres qu'il met dans son café, sa manie de vérifier que les deux œufs à la coque de son petit-déjeuner soient exactement de même taille, sa démarche particulière à petits pas pressés… Poirot étant belge, Suchet s'impose de parler anglais avec un accent français assez prononcé, glissant régulièrement des "Monsieur", "Madame", "Mademoiselle", "Mon ami", "C'est exact" et autres dans ses phrases. En particulier quand l'action se déroule en France, comme dans Le crime du golf. Il en vient même à rendre son personnage un peu irritant, agaçant même par moments avec ses manières, son orgueil, ses certitudes affichées. A certains moments, j'en venais à souhaiter que Poirot, pour une fois, se plante, se trompe ou se fasse avoir… Il est dommage aussi qu'il occulte ses compagnons d'aventures, souvent simples faire-valoir. Notamment le flegmatique et nonchalant Arthur Hastings :



Mais pour la grande majorité des fans, David Suchet est Hercule Poirot, éclipsant tous les autres, y compris le grand Peter Ustinov.

Au final, une série de téléfilms très agréable, à la reconstitution très soignée, bien jouée, à l'atmosphère délicieusement rétro et pleine de charme. En plus, beaucoup d'épisodes sont assez courts, moins d'une heure, ce qui peut convenir aux réfractaires du genre. Je conseille Enigme à Rhodes pour les paysages magnifiques, Le crime du golf pour le charme fou du Deauville des années 1930 où La maison du péril qui permet de découvrir la beauté de la station balnéaire de St Loo, en Cornouailles, qui donne des envies d'été au pied des falaises, sur la Riviera anglaise… D'ailleurs, beaucoup de fans se sont mis en quête, à travers le Net, de certains endroits de tournage tandis que nombre de sites et blogs consacrés à la mode citent la série comme référence au niveau des tenues.
Sans trahir la solution de l'énigme, je reviendrai au fil de ce sujet sur certains épisodes qui, selon moi, méritent le détour.

Très juste pour moi, ma femme et même mon fils David Suchet est Poirot.
J'adore cette série et actuellement on peux encore la revoir l'après midi sur TMC.

Cette série a donné envie à mon fils de lire les livres (même si il a pas encore commencé : c'est un ado il a du mal a mettre ça en pratique, c'est plus facile de jouer à la console).

L'avantage, c'est que beaucoup d'épisodes font moins d'une heure. Donc, même si on n'accroche pas trop avec le genre, on est en général prêt à patienter un peu pour savoir qui est l'assassin.
Pour beaucoup d'épisodes, j'en viens même à préférer la version téléfilm par rapport au livre, chose rare chez moi. Le soin apporté à la reconstitution, aux décors et intérieurs, aux tenues, permet de visualiser l'époque mieux que les livres, souvent très (trop ?) sobres et peu fournis en détails.




On commence avec le dernier épisode de la série, un épisode très spécial donc, qui signe la fin du célèbre détective.
Le livre dont il est issu a une histoire particulière : Agatha Christie l'a écrit au début des années 1940, la guerre venait de débuter, Londres était sous les bombes allemandes. La romancière eut peur que, si elle venait à mourir, son mari et sa fille se retrouvent démunis. Elle écrivît donc deux textes, l'un consacrant la fin des aventures de Poirot (pour sa fille), l'autre la fin des aventures de Miss Marple (pour son mari), les mis sous enveloppe scellées et les déposa en lieu sûr. Ainsi, s'il lui arrivait quelque chose, son époux et sa fille pourraient exploiter ces deux inédits et tous les bénéfices qui en découleraient. L'immense succès du film Le crime de l'Orient Express en 1974, avait ravivé la passion des lecteurs pour l'œuvre d'Agatha Christie, toujours vivante mais alors très âgée. Ce n'est qu'en 1975, peu avant la mort de la romancière, que cette dernière autorisa la parution des deux textes, sous la pression de ses fans et de l'éditeur.

Ici, Poirot est bien diminué : en fauteuil roulant, vieilli, amaigri, rongé par l'arthrite qui lui déforme les mains, il rejoint pour une ultime enquête le lieu de sa toute première enquête justement, Styles Court. Il explique à son vieil ami Hastings que s'y trouve un meurtrier, coupable d'un grand nombre de crimes restés impunis et se targuant d'avoir imaginé le fameux crime parfait. Le détective est bien décidé à le confondre avant de tirer sa révérence.

Attention, le spoiler ci-dessous donne la solution de l'enquête !

Spoiler:

Un grand moment pour David Suchet qui tire sa révérence, après 24 ans passés à incarner son personnage fétiche. Outre le maquillage destiné à le vieillir, toujours perfectionniste, l'acteur a perdu 12 kilos pour paraître amaigri et a porté des prothèses pour mieux rendre les mains déformées par l'arthrite du détective. Un bémol au niveau de l'épisode : l'action est censée se passer au même endroit que la première enquête de Poirot et quand on compare le premier et le dernier épisode, on voit bien que le lieu de tournage n'est pas le même… On note également qu'en version française, ce n'est plus Roger Carel qui double notre détective depuis plusieurs épisodes.

Quoiqu'il en soit, ce dernier épisode fût un énorme succès d'audience.
Si l'intrigue et l'épisode en lui-même ne font pas partie des meilleurs, l'émotion due au fait que c'est la fin des aventures du célèbre détective belge est elle, bien au rendez-vous. Petit pincement au cœur...

J'ai bien aimé ce dernier épisode même si j'avais un peu les boules de savoir que c'était le dernier... Et vu la fin c'était dur de faire une suite

Un de mes préférés, bien que l'intrigue soit assez simple et prévisible. Mais le téléfilm développe bien d'autres atouts…

Hercule Poirot part en vacances seul sur l'île de Rhodes. Il y rencontre deux couples de touristes britanniques : les Gold et les Chantry. Dès le début du séjour Mrs Chantry flirte ouvertement avec Mr Gold au grand dam de leurs conjoints respectifs. Poirot n'aimant pas la tournure que prennent les évènements conseille à Mrs Gold de partir si elle tient à la vie. Dans la soirée, Mrs Chantry meurt empoisonnée mais le verre qu'elle a bu était celui destiné à son mari. Mr Gold est arrêté en possession du poison mais Poirot ne croit pas en sa culpabilité...

Tout d'abord, l'endroit. Les vues et paysages sont magnifiques, la photographie, la lumière, tout donne une impression d'été sur une île grecque et donne furieusement envie de découvrir l'île du fameux colosse. Certaines vues sont splendides comme celle depuis la colline où nos personnages vont en promenade où celle avec les trois femmes se prenant en photo près du temple en ruines sur fond de soleil couchant. Des ruelles de la vieille ville aux terrasses et à la plage de l'hôtel, on est vraiment en vacances avec Hercule Poirot dans "la perle des îles du Dodécanèse". Une réussite de ce côté là pour ce sixième épisode.

Second point fort, les costumes, surtout féminins.



Que ce soit à la promenade, à la plage, en soirée, c'est un défilé de tenues superbes, un catalogue de la mode des années 1930. Ce qui rend encore plus amusante la scène de la plage où, au milieu des baigneurs en costume de bain, Poirot reste sagement assis, jambes repliées et genoux serrés, en costume intégral, guêtres et chapeau (mais avec un éventail quand-même) :



Un Poirot qui dévoile certains aspects de sa personnalité : on apprend ainsi, à un moment, qu'il est croyant, catholique pratiquant (on le voit se signer en passant devant une chapelle et il assure au supposé coupable que sa foi lui sera d'un grand secours). On apprend également qu'il craint le soleil (on le voit porter des lunettes noires) et surtout, on le voit (et on l'entend !) s'emporter, lors d'un conflit avec les autorités, lançant un vigoureux :"You idiot !" On voit aussi à l'œuvre sa maniaquerie, quand il montre à la pauvre femme de chambre qui fait sa valise comment plier et ranger ses cravates...

C'est également un des rares épisodes où il est fait allusion à la guerre qui approche : en 1936, Rhodes est possession italienne et on voit passer, à plusieurs reprises, des miliciens fascistes dans les rues. Convoqué à la police, Poirot se retrouve devant un grand portrait de Mussolini. Sur la terrasse de l'hôtel, il lit un journal qui s'inquiète des menaces italiennes envers l'Ethiopie. Enfin, un des personnages se révèle être un agent britannique chargé de surveiller "l'agitation" italienne alors que les troupes mussoliniennes s'apprêtent à envahir l'Ethiopie.

Enfin, Poirot n'est pas seul : il rencontre Pamela, une sympathique et pétulante jeune femme qui va spontanément l'aider au cours de son enquête. Une collaboration sympathique et plaisante, conclue par un au revoir assez romantique : à la nuit tombée, Poirot quitte l'hôtel pour prendre le bateau du retour. Pamela lui dit au revoir en espérant qu'ils se reverront, Poirot s'incline et lui baise la main, accompagné d'un galant "Au revoir Mademoiselle" (en français dans la version originale). Un peu dommage qu'on ne les revoit plus ensemble par la suite.



Après, l'intrigue en elle-même ne casse pas des barres et le dénouement s'avère assez attendu. Surtout qu'il n'y a pas beaucoup de personnages impliqués dans cette histoire, la liste des possibilités se réduit donc assez vite. Autre bémol, on n'a pas vraiment le temps de faire connaissance avec les protagonistes, d'ailleurs souvent caricaturaux. L'épisode, qui fait 50 minutes, aurait gagné à être plus long, plus exposé. Dommage.

Malgré tout, j'ai trouvé cet épisode très plaisant et agréable avec son atmosphère estivale et dépaysante, ses paysages superbes et ensoleillés, le couple Poirot-Pamela très sympathique et son atmosphère rétro charmante.
D'après ce que j'en ai vu sur le Net, beaucoup de fans se sont renseignés sur les lieux du tournage et beaucoup de sites/blogs sur la mode citent cet épisode comme vraiment réussi au niveau des costumes.

Je me souviens aussi de cet épisode

C'est toujours drôle quand Poirot s’énerve. Dans un épisode il se fait "virer" d'une enquête (qu'il jugeait avant ça en plus trop banale pour son illustre cerveau, un truc du genre) car la cliente dit qu'elle n'a plus besoin de son aide et il est vexé comme un pou et tiens alors absolument a résoudre l’enquête ^^

Il y a un moment comme ça dans La maison du péril : Poirot et un inspecteur viennent questionner une femme dans sa chambre d'hôtel et la femme de chambre leur dit que Madame ne veux pas les voir. L'inspecteur est prêt à forcer le passage mais Poirot le repousse avec le sourire avant de donner sa carte à la femme de chambre, lui demandant pompeusement de bien vouloir l'annoncer.
Les deux hommes attendent, Poirot sûr de lui arborant un petit sourire narquois. La femme de chambre revient et annonce que sa patronne ne veut voir personne, Hercule Poirot ou pas. Gueule impayable du détective tandis que l'inspecteur, excédé, hausse les épaules et force le passage...

Trop bon ! Parfois aussi il se fout un peu d'Hastings et lors d'un épisode ce dernier avait raison mais Poirot n'en démord pas et s'en sors d'une pirouette.

Après Enigme à Rhodes, un nouvel épisode où le lieu de tournage se révèle magnifique. Je crois que l'office du tourisme de St Looe peut tresser des couronnes au téléfilm pour le remercier… St Looe est une station balnéaire située au bord de mer et sur l'embouchure de la Looe en Cornouailles. Loin du cliché de la campagne anglaise sous un ciel gris et pluvieux, on découvre une côte ensoleillée, lumineuse, avec de grandes maisons victoriennes blotties entre les falaises et surplombant la mer. A ses paysages superbes s'ajoute une reconstitution soignée, une fois encore. On a vraiment l'impression de déambuler dans les ruelles de la localité dans les années 1930, entre pubs, cabines téléphoniques rouges et petites maisons blanches. Sans oublier bateaux et voiliers dans le port et l'inévitable train à vapeur. Et bien sûr la fameuse maison, grande demeure ancienne entourée d'un jardin soigneusement entretenu. L'hôtel Majestic (qui est en fait un immeuble d'habitation d'époque transformé pour le tournage) où descendent nos amis semble presque incongru dans cette localité so british avec son décor Art Deco, ses terrasses blanches et sa piscine. Les tenues suivent, superbes, celles des hommes comme des femmes. Vraiment, de quoi avoir envie de découvrir l'endroit, pour un été lumineux et vivifiant entre bronzage, jardinage et yatching. Signalons quand-même qu'une partie du téléfilm fût également tournée à Salcombe, autre station balnéaire réputée, située dans le Devon.







Le casting est bon, avec deux personnages féminins incontournables, Nick et Freddie.



La première est une charmante et lumineuse jeune femme, propriétaire de la fameuse maison et pour laquelle notre détective semble avoir un faible. La seconde est excentrique, plutôt libre, passablement arriviste et intéressée. Les dialogues sont savoureux. Poirot demande à Freddie si elle aime vraiment l'homme avec lequel elle flirte. "Il est riche" répond-elle avec cynisme et franchise. Poirot, désapprobateur, lui fait remarquer qu'il s'agit là de bien vilaines paroles. "C'est pourquoi j'ai préféré le dire avant que ce ne soit vous qui le disiez" rétorque Freddie. "Vous êtes une femme intelligente Mademoiselle" sourit Poirot.
Beaucoup de monde dans cet épisode, dont Miss Lemon, la secrétaire de Poirot, qui tient une place importante et que l'on voit même en tenue de soirée, chose rare.

Outre le passage cité plus haut, à l'hôtel avec la femme de chambre où Poirot se prend un râteau, d'autres passages sont assez réjouissants, comme la scène d'introduction. Car c'est en avion que nos amis rejoignent St Looe. On a d'abord un plan général de la cabine avec tout le monde qui admire la vue par les hublots. On voit Hastings parler à Poirot du paysage, des nuages... Et là, gros plan sur une main crispée sur l'accoudoir du siège, puis recul de la caméra sur un Poirot tétanisé, yeux fermés et genoux serrés, blanc comme un linge et qui se force visiblement pour répondre à son ami…


On y voit également Poirot, à la table du petit-déjeuner, déclarer qu'il ne peut manger ses œufs à la coque car les deux œufs n'ont pas les mêmes dimensions…



Pour ce qui est de l'intrigue, je l'ai trouvé bonne mais sans plus et le twist final avec la séance de spiritisme m'a paru peu crédible, un peu gros et tiré par les cheveux quand-même. N'ayant pas lu le livre, je ne sais pas si cette fin est fidèle au roman.
Je retiens donc de cet épisode (plutôt long et en deux parties) l'ambiance, le charme fou de cette petite localité balnéaire de Cornouailles, un casting solide et une reconstitution très soignée qui entraîne l'adhésion.

C'est dans cet épisode ou il y a une guêpe morte dans l'avion et une sarbacane je crois ?

Non, pas dans celui-là.
Ici, l'avion est juste au début, dans la scène d'introduction. C'est comme ça que nos amis rejoignent St Loo. Hastings admire nonchalamment le paysage, le comparant à un patchwork, puis les nuages qu'il compare à une masse de coton pendant que Poirot serre les fesses. Voyant que son ami ne lui répond pas, Hastings soupire que Poirot n'a aucune imagination… Ce qui énerve encore plus le détective bien sûr.

Le meilleur.

Une belle interprétation, des acteurs au top et une esthétique toujours superbe et soignée dans l'usage des plans.

Série qui repasse encore sur TMC et que je regarde toujours avec plaisir. Il y a quelque chose d'apaisant.

Peut-être bien mon préféré au niveau reconstitution et atmosphère de l'époque.
De ce point de vue, cet épisode se révèle très intéressant.

Poirot et Hastings goûtent à Deauville quelques jours de détente. Peu de temps après leur arrivée, ils sont contactés par un certain Paul Renauld, un riche importateur de pierres précieuses, qui les informe de l'existence d'un vaste trafic de gemmes au Chili. Peu de temps après ces confidences, l'homme est découvert mort par Hastings sur un parcours de golf. Dans sa poche, celui-ci trouve une lettre d'amour signée des initiales B.D. Bientôt, Giraud, de la Sûreté française, débarque pour démasquer le coupable. Vexé, Poirot lui lance le défi suivant: s'il arrête le coupable avant Giraud, celui-ci devra lui céder la pipe dont il ne se sépare jamais. Dans le cas contraire, le détective belge devra subir l'humiliation de se raser la moustache...

L'ambiance donc.
Très bonne. L'épisode est clairement daté, par une banderole annonçant une course cycliste à Deauville : l'action se déroule en 1936. La reconstitution est très soignée, certaines maisons normandes sont superbes, le moindre détail est pris en compte, les costumes suivent. C'est d'ailleurs un des faits marquants de cet épisode, on n'est plus dans la haute couture sophistiquée et les toilettes élaborées. Même si l'action se déroule dans un milieu cossu, les tenues sont plus simples, aussi bien pour les hommes que les femmes, il y a un côté nettement moins aristocratique. Idem pour les demeures : si les maisons sont superbes, on est loin des grands manoirs imposants et des châteaux majestueux. On est ici clairement plus dans la haute bourgeoisie à la campagne que dans l'aristocratie en villégiature.


Il y a aussi plus de scènes de rues avec des gens qui vont et viennent, à pied, à vélo, on a un passage à la piscine municipale… La seule scène vraiment très mondaine se déroule un soir à l'hôtel où Poirot et Hastings, en smoking, assistent à la prestation d'une chanteuse.

Au niveau de l'histoire, il y a bien sûr la confrontation, la rivalité, entre Poirot et le français Giraud. David Suchet s'en donne à cœur joie, on sent l'agacement et l'impatience de son personnage, toujours contenues derrière une politesse impeccable. Mais c'est surtout l'épisode où Hastings tombe amoureux, ce qui permet d'illustrer joliment l'amitié de Poirot qui, à la fin, s'arrange pour réunir son ami et la jeune femme. Dans le roman, Hastings épouse cette dernière et part vivre avec elle en Argentine, ne revenant à Londres qu'épisodiquement.



Le scénario est bon, l'énigme pas évidente et surtout, on a droit à un rebondissement de dernière minute, on croit que c'est fini et non. Chose que j'apprécie également, on découvre quand Poirot démonte le scénario du meurtre, qu'il y a eu une erreur, un imprévu pour l'assassin qui a dû s'adapter par rapport à ce qui était prévu initialement, j'aime bien cette idée. Même le plan le plus pensé et élaboré peut merder à la dernière minute…

Côté bémol, on peut être déçu que Giraud, le commissaire français, soit clairement trop inspiré de Maigret alors que dans le roman, il est très différent, aussi bien physiquement que caractériellement. Sans oublier que dans le roman, il a 30 ans.



Le téléfilm modifie beaucoup la trame du roman d'ailleurs : dans le téléfilm, Poirot et Hastings débarquent en France pour les vacances et la victime, les rencontrant à leur hôtel, leur demande leur aide. Dans le roman, Poirot reçoit à Londres une lettre de la future victime, se sentant menacée, l'invitant chez lui en France. L'homme est retrouvé mort alors que Poirot et Hastings viennent d'arriver. Dans le roman, Hastings rencontre sa future compagne dans le train et elle est acrobate alors que dans le téléfilm, il la rencontre à l'hôtel où elle se produit comme chanteuse. Enfin, certains personnages du roman disparaissent dans le téléfilm.

Si l'action de ce dernier se déroule en 1936, le roman, lui, se situe en 1923. Les puristes noteront également que la chanson interprétée par l'artiste, lors de la soirée à l'hôtel, le fameux morceau J'attendrais, date en fait de 1938. De même, on voit dans les scènes de gare le sigle d'époque de la SNCF alors que cette dernière ne fût fondée qu'en 1938 également.

Il n'empêche, cet épisode a un charme fou, semble évoquer la douceur de vivre d'une France insouciante et inconsciente, à trois ans de la guerre. Il y a clairement une vision bien particulière, dans les images, la réalisation, de la France de l'époque vue par les anglais, jusqu'au cliché parfois. La confrontation Poirot/Giraud est poilante et la romance d'Hastings met en lumière ce personnage souvent un peu trop occulté par notre détective.
Un épisode que j'aime beaucoup. Mais les adorateurs de la reine du crime risquent de hurler à la trahison tant le téléfilm bouscule le roman...

Le personnage du commissaire Maigret apparaît en 1931 - il a 44 ans à l'époque. Ils auraient donc bien pu se rencontrer.

Exact.
Je pense que là, dans cet épisode, la réalisation a voulu faire un clin d'œil, un cliché à la France, en choisissant un acteur qui évoque le fameux commissaire. Cela correspond bien à l'atmosphère générale de l'épisode qui évoque une France de carte postale. N'en reste pas moins que le personnage de Giraud dans le roman n'a pas grand-chose à voir avec cette image.
Si l'épisode est très bon, il n'en est pas moins l'un de ceux qui bousculent le plus le roman.

Un de mes préférés, dans mon trio de tête, bien que le téléfilm là aussi bouscule un peu le roman.

Hastings, accompagné de Poirot, est invité par un ami passionné de mécanique et de bateaux. Ce dernier va tenter de battre un record du monde de vitesse en bateau à moteur sur un lac. L'occasion pour nos deux amis de faire la connaissance d'Emily Arundell, riche notable des environs, tante de Charles, l'ami d'Hastings. Et aussi de son entourage dont sa petite famille. La tentative de record échoue, ce qui n'empêche pas Hastings et Poirot de passer quelques jours dans le coin.
Un soir, Emily fait une grave chute dans l'escalier et manque en mourir. Pour toute la famille, elle a malencontreusement glissé sur la balle de Bob, son chien, un adorable fox-terrier. Mais la vieille dame confie à Poirot qu'elle est persuadée qu'on a voulu la tuer, elle pense que toute sa petite famille attend avec impatience son héritage. Poirot lui conseille alors de modifier son testament, de déshériter la famille et de l'annoncer officiellement. Ainsi, l'éventuel assassin n'aura plus de raison de s'en prendre à elle. La vieille dame fait ainsi mais elle meurt pourtant peu de temps après, officiellement d'une insuffisance du foie dont elle souffrait. Poirot reste persuadé qu'elle a été tuée et se sent rongé par le remords. Il réalise également qu'il y a un témoin capital dans toute cette affaire: le chien Bob...

Tout d'abord, le lieu de tournage, absolument magnifique.
Ce dernier se situe à Windermere, dans le Lake District, une superbe région de grands lacs, de collines et de montagnes, classé Parc National. Les paysages sont magnifiques, les maisons anciennes bourrées de charme, la reconstitution d'époque très soignée comme d'habitude. L'ensemble dégage un charme fou, un de ces endroits où le temps semble s'être arrêté, dans une douceur de vivre nonchalante. Lumière et photographie ne sont pas en reste et donnent envie de s'asseoir sur un ponton face au lac, à regarder le jour s'achever dans le chant des oiseaux.







La reconstitution, costumes, voitures, scènes de la vie quotidienne, est comme toujours impeccable :







Ensuite, le scénario donne à David Suchet la possibilité de montrer d'autres facettes de son personnage. On le voit rongé par le remords pour le conseil qu'il a donné à la charmante vieille dame, conseil censé lui éviter une autre tentative de meurtre et qui a échoué. Notre détective est perplexe également : puisque plus personne de la famille ne va hériter, pourquoi ce meurtre ? Pour quel motif, l'assassin n'a plus rien à y gagner.
Le téléfilm s'enrichit également d'une dose de mysticisme et de spiritisme, avec même une séance de ce dernier. Un des personnages féminins se révèle également comme battue ou maltraitée par son mari, sujet inhabituel dans les aventures du détective. On a également une allusion à la condition de certains étrangers à l'époque, avec le docteur Jacobs, mal vu et non accepté dans certains endroits parce que grec et non anglais. Quand Poirot fait remarquer, surpris, que lui est accepté en cet endroit alors qu'il n'est pas anglais non plus, on lui répond que lui, c'est différent car il est célèbre...

Et enfin, il y a Bob, le chien, véritable personnage à part entière et qui, comme on le voit au début du téléfilm, a vu l'assassin à l'oeuvre et le connaît.



Poirot se voit même confier le brave toutou après la mort de sa maîtresse et s'il est réticent au départ (au grand amusement d'Hastings), le détective se prend rapidement d'une grande affection pour Bob et c'est réciproque. Poirot en est persuadé : Bob essaie de lui dire quelque chose à propos de la mort de sa maîtresse.





La fin du téléfilm est inattendue et presque émouvante : après avoir laissé le chien à la garde de deux sympathiques amies de la défunte, Poirot s'éloigne sur le lac à bord du bateau qui le ramène à la gare.  Il observe longuement le toutou sur la rive, avec une émotion évidente, on s'attend presque à ce qu'il demande à faire demi-tour pour aller finalement le récupérer.

Un téléfilm long (plus de 01h30), riche et avec une intrigue pas évidente, pimentée d'un peu d'occulte et de spiritisme, dans un cadre magnifique. Le casting est excellent, tout le monde joue bien et au final, Bob le brave toutou en vient à voler la vedette à notre détective. Il m'arrive de deviner qui est l'assassin et là, je me suis planté. Un très bon épisode, malgré les entorses au roman (dont le rajout d'un personnage qui n'existe pas dans le livre).



A propos de ce dernier, comment ne pas citer la dédicace d'Agatha Christie elle-même :

A mon cher Peter, le plus fidèle des amis et le plus merveilleux des compagnons, un dieu comme on n'en fait pas.

Il s'agissait de son propre fox-terrier qui devient ici, sous les traits de Bob, le véritable héros de l'histoire.
Signalons enfin que dans le roman, Hastings récupère le brave toutou après la mort de sa maîtresse, sur demande de Poirot.

Ouiii moi aussi j'ai eu l'impression que Poirot a failli craquer pour ce chien.

Au début, il est clairement embarrassé par le chien qui, joyeux et excité, le traîne littéralement derrière lui, au grand amusement d'Hastings. D'ailleurs, très vite, c'est ce dernier qui le tient en laisse.
Malgré tout, Bob fait la fête à Poirot à chaque fois qu'il le voit et progressivement, le détective s'attache à lui. Vers la fin, il lui parle et se confie à lui tandis que l'animal l'écoute sagement.
Et à la toute fin, au moment du départ, Poirot ne le quitte pas des yeux tandis que le bateau s'éloigne.

C'est d'autant plus inattendu que dans l'épisode The italian nobleman, Miss Lemon récupère à la fin le chat siamois de la victime et que, rien qu'à voir sa tronche, le détective est loin d'en être enchanté...